Je n'ai pas grandi, ce n'est pas vrai.
SIX MOIS PLUS TARD.
C'est un mensonge, le pire de tous. Celui qu'il te disent la nuit avant de t'endormir. La veille que tout commence. Que tout s'arrête. Que tout finisse. J'ai eu mal au ventre, je le sais. Je ne voulais pas. On m'a dit simplement : Emily, tu n'as pas le choix. Alors j'ai subis, j'ai subis comme aurait fait un grand, parce qu'ils ont toujours dit que je l'étais avant l'âge, grande.
Je n'ai pas grandi, ce n'est pas vrai. Ils ont soupiré aussi, pendant quelque seconde je me suis dit que ça y était, le marchand de sable allait venir m'enlever. M'amener vers la lune, dans le nid de ses hiboux. Me délivrer, me dévorer. Mais non, c'était tout le contraire. Ils ont simplement expliqué qu'ils allaient se séparer.
J'ai accusé le coup, comme toute personne normale. Comme si je le savais déjà. Je m'y attendais, je ne voulais tout simplement pas le croire. Un dernier rêve d'enfant, avant de passer de l'autre côté. D'entrer au lycée. Je ne voulais pas, ça non plus je n'ai pas eu le choix. Ashley m'a encouragé, et je me suis demandée comment elle faisait encore pour y croire. Un n'importe quoi.
Je n'ai pas grandi, ce n'est pas vrai. Je n'ai que quatorze ans et la première journée on m'a demandé ce que je voulais faire plus tard. J'ai voulu répondre : Vivre. Mais je n'ai pas osé. Je me suis dit : Partir. Mais ça aussi, je l'ai gardé pour moi. Alors j'ai inventé, j'ai gribouillé un mot, dans le vent, sans sens : Grandir. Ma professeure n'a pas comprit. Pourtant, j'aurai juré qu'elle n'était pas si conne. Apparemment, je m'étais trompée sur ce sujet.
La conseillère d'orientation m'a convoqué. Elle m'a dit que grandir n'était pas un projet d'avenir. J'ai eu envie de vomir autant que de pleurer. J'ai voulu lui répondre qu'elle n'avait pas le droit de briser les rêves de quelqu'un. Mais là aussi, je n'ai rien dit. Parce que j'ai appris à me taire le jour où tout s'est terminé.
Je n'ai pas grandi, ce n'est pas vrai. Je ne rentre plus vraiment chez moi, parce que papa et maman se déchire pour moi. Je ne comprends pas, il semblerait pourtant bien que moi, je ne veux pas faire partie de ce monde là. Je ne veux pas déclencher des guerres, juste les stopper. Votre petite fille n'est plus un bébé. Flash info a mémoriser.
Je ne suis que chez Ashley, je la regarde comme quelqu'un qui ne sait plus qui il est. Son sourire manque parfois, alors je continue à rire pour elle, quelques fois. Je regarde aussi Sahara elle traverse des choses qu'elle pense ne pas pouvoir surmonter, et puis à la fin tout va bien. Comme dans un conte de fée. Elles auront une belle vie, parce qu'elles le choisissent si bien.
Je n'ai pas grandi, ce n'est pas vrai. J'aurai voulu rester petite, j'aurai voulu que rien ne passe. J'aurai voulu des tas de choses. Et même si j'avais vu la fin arriver bien avant eux, j’espérais ... J'aurai voulu mon propre conte de fée avant que se signe la fin d'une histoire qui n'aurait jamais du débuter.