SIX MOIS PLUS TARD

Six mois de plus, six mois de moins. Je ne fais pas la différence. Il me manque toujours quelqu'un. Ma vie se stoppe, je soupire, respire. Le métro va trop vite. J'ai mal, mal au cœur, au ventre, partout. C'est à l'intérieur de moi. Trop profond pour sortir de là. Comme un venin terrible qu'on ne stoppe pas. Je veux arrêter, qu'on m'empêche enfin de respirer. Ne plus ressentir cette sorte de force qui me permets encore d'avancer. Je ne la comprends pas, ne la veut pas. Je voudrai pouvoir la refuser. Je ne veux plus exister.

Je ne tourne pas rond, à l'image de ce monde qui ne va pas. Je veux mourir ce soir, croyez moi. Tout semble ne plus être à sa place, comme si rien. Comme si tout. Je veux avoir un enfant, je cherche ma Novaly, l'imagine ailleurs, dans cette vie où elle m'attend, sur un simple banc. Je me dis même que ce banc là, il sera blanc, comme ceux que l'on peut s’imaginer lorsqu'on pense à ce paradis tant convoité.

Elle a besoin de moi, je le ressens, le vois, le vis. Je ne sais pas. Je m'enfuie, je ne veux pas descendre de cette machine qui se prend pour un train. Les secousses font mal, encore plus. J'en ai besoin, de le ressentir. Me dire que si je ressens encore cette douleur, c'est que je suis toujours en vie, même si je ne le souhaite plus. Je n'ai plus envie, je n'ai plus la force. Contre ma volonté, mais je suis toujours là, pour accomplir je ne sais quoi.

Mes pensées se ressemblent toutes, j'ai l'impression de n'être l'ombre de quelqu'un. Je cours, je cours après quelque chose que je ne vois pas, ne comprends pas. Mon esprit se répète. Rengaine terrible dont je ne peux pas me sortir. Ma vie est identique à celle d'avant.

L'alcool cependant est là, plus présent. Il semble me faire oublier. Me communiquer une nouvelle folie, une dont je ressentais l'envie. M'évader faire semblant d'exister. De ne pas être rongée. Rongée de l'intérieur par l'extérieur. Je veux faire semblant encore quelques temps. Je veux me dire qu'il me la rendront, encore une fois, parce qu'ils savent tous parfaitement que je suis faite pour avoir un enfant.

Terminus, tout le monde descend.

Je ne plus suis rien, même pas une simple maman.