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 « It's too cold outside for angels to fly » | Ashley & Kieran

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MessageSujet: « It's too cold outside for angels to fly » | Ashley & Kieran   « It's too cold outside for angels to fly » | Ashley & Kieran Icon_minitime120.06.12 20:09


Spoiler:
Rien n’est plus dangereux que la reconnaissance de la douleur. Applaudir la misère chez quelqu’un qui s’y noie, même un instant, c’est lui crier que le chagrin s’assortie à ce qu’il est. Qu’on l’aime quand il pleure. Quand il saigne. Et qu’à ses sourires, on préfère son malheur.

Ma sœur est à quelques pas. Je languis son rire que les rires prolongent, sa chevelure toute blonde d’épis, ses yeux bordés par les étoiles qu’ont mis là nos enfances passées ensemble. Je presse l’allure, grappillant les mètres de mes jambes comme un écolier pressé de fuir l’école. Le vent siffle un air las entre les feuilles d’un arbre qui laisse faire, encore engourdi par le froid matinal lui usant l’écorce. J’hésite, ma main balançant entre mon vieux polaroïd et l’objectif quasiment létal de mon nouvel appareil. Puis choisis le dernier, me promettant de photographier Ashley avec l’autre, sans qu’elle ne le sache. Et qu’elle se trouve belle alors, voyant dans dix ans cette photo pour la première fois, criant au naturel, à la joie.

Je cherche l’angle, joue avec la lumière dans une danse semée d’énigmes où il me faut trouver la beauté avant même qu’elle ne s’anime. Le bruit du déclencheur m’électrise, tandis que je prends la fraicheur ambiante pour excuse auprès de mes frissons. Je photographie les passants, vrillé d’impatience face à cette cité qui s’éveille.

« Comment je suis ? » demande une voix féminine, les yeux posés sur mes mains. Je baisse les miens, trouve son portrait volé, l’époustouflant récit d’une inconnue pénétrant mon monde sans invitation pour finalement s’y trouver chez elle, tapissant jusqu’à l’air de ses yeux bruns. « Vénus rougit dans son jardin, jalouse d’une telle beauté. » Je l’ai lue dans un livre d’art, celle-là. De la main, elle balaye mes mots, souriant « baratin » avant de retourner à sa vie, ses pensées, son allure loin de moi.

J’exposerai son visage, un jour, sur un mur immense où ses lèvres domineront nos têtes. Je l’appellerai Vénus pour qu’ils la sachent ma muse et entre deux rires, la retrouverai. Chaque photo à son histoire et chacune de ces histoires est une légende que le temps oublie. Mais pas moi. Tant que mes yeux se poseront sur elles, je saurai qu’ils sont les bleus de mon âme à travers lesquels l’on me permet de lire le monde, le temps, la vie.

Sa porte, enfin, se dresse devant moi. Je frappe, un code de gamins qu’elle reconnaitra. Et souris quand elle ouvre, frappé par le manque que m’insuffle son visage fatigué. Je t’aime tellement, si tu savais.

    - Bonjour princesse. Devine qui vient juste de rentrer ?




Dernière édition par Kieran Bush le 04.07.12 19:09, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: « It's too cold outside for angels to fly » | Ashley & Kieran   « It's too cold outside for angels to fly » | Ashley & Kieran Icon_minitime124.06.12 21:43

    Les filles sont à l'école. Moi, je n'ai pas cours, mais j'ai une tonne de travail. Ca me démotive. Je n'aime pas les devoirs, les mémoires et tout ces trucs. Je ne veux pas faire ma soutenance, je ne veux pas faire de dossiers. Je ne veux pas de notes, je veux... du nutella. Mais j'me suis fixé une limite, pas de nutella tant que je n'ai pas sensiblement avancé... J'ignore pourquoi je me torture comme ça. Surement parce qu'au fond, je me plains juste parce que je suis fatiguée, mais qu'en réalité, je suis heureuse de m'être enfin jetée à l'eau. J'ai un avenir, et ça me grise plus que ça ne me fait peur. Je ne fais plus du sur-place, j'avance. J'ai l'impression que ma vie a fait un bond en avant, d'un seul coup, comme si le monde s'était arrêté pour repartir dans un battement de cil. Tout est allé vite, mon film en avance rapide. Il y a eu l'entrée de Charlie dans ma vie, la présence de Sahara, l'absence de Dean, l'arrivée d'Emily, le divorce de Jo, le départ de Kieran, la naissance de Ron, le mariage de Marianne... Et mon éveil, qui m'avait pourtant semblé mettre une éternité à se produire. Pourtant, tout ça n'a pas pris plus d'un an.

    Je me redresse sur ma chaise, jette un oeil à ma cuisine. Les photos de mes frères, mon père et moi, sur le frigo, on été rejointes par tous les nouveaux protagonistes de mon existence. Charlie, Sofia et Ron, entourés par Lexie et moi, à la maternité. Emily et Sahara, avec le bonnet de père-noël que je leur avait demandé de porter, avant de nous rendre chez papa pour fêter noël. Elles sont belles, elle sourient. Mais j'ai toujours peur que ce soit simplement pour me faire plaisir. La photo de classe de Sahara, que j'ai affiché pour l'embêter. J'ai donné celle d'Emily à Jo. Je soupire comme un soulagement, car il est évident que je ne serais plus rien depuis longtemps sans ma famille et sans celle que je me suis inventée en la personne de Charlie et sa petite tribu. Je leur dois tout, merci à eux.

    Je suis totalement déconcentrée, je suis incapable de penser "gommettes". Je décide donc de laisser un peu tomber la mise en page de mes notes de stage et décide de regarder un film. J'ouvre les yeux, choquée de me poser cette question, mais depuis combien de temps n'ai-je pas pris un peu de temps pour moi, pour décompresser ? Je me sens comme ces femmes qui se plaignent qu'elles n'ont plus l'impression d'exister depuis qu'elles sont mamans. Quand je ne suis pas en cours, je suis à mon stage à la maternelle, quand je ne suis pas à mon stage, je fais du baby-sitting, quand je ne garde pas Aaron, je prépare à manger pour les filles, range la maison, fais leur lessive, surveille qu'elles font bien leur devoir, prends le temps de leur demander comment s'est passé leur journée, de les écouter... Quand je ne fais pas ça... Je fais mes propres devoirs et... Il ne me reste plus qu'à dormir, après ça. De temps en temps, je prends le temps de voir ma famille... Et au final, posée sur mon canapé à regarder un film, ou un match des Knicks, ou une série... c'était quand, la dernière fois ?

    Je n'ai pas le temps d'y penser plus en avant, car l'on frappe à ma porte. J'aurais pu être blessée qu'on m'enlève à nouveau un moment de tranquillité que je voulais m'octroyer, mais je préfère voler allègrement vers ma porte, car je sais qui se trouve derrière. Les Tocs et les Tacs me l'ont dit. Je ne pourrais jamais lui en vouloir, non. Le contraire. Je VEUX le voir. Il me manque.

    Chaque frère avait son propre code. Celui-là, c'est celui de Kieran. J'ouvre.


- Bonjour princesse. Devine qui vient juste de rentrer ?

    Bon sang, ce qu'il m'a manqué. A court de mots, je laisse parler mes bras qui s'accrochent à son cou alors que je bondis sur lui. Il est grand, je ne touche plus le sol, et je sens qu'il me maintient en l'air. J'apprécie la force de mes frères, qui me donne encore l'impression d'être une enfants qu'ils se doivent de protéger, seule constante dans mon quotidien déglingué. Et dire que pendant longtemps, j'ai rêvé de liberté et d'indépendance. Aujourd'hui, j'aimerais, encore une fois, me cacher dans leur bras.

    Je ne m'attendais pas à le voir sur le pas de ma porte, je voudrais presque hurler de joie, réveiller les voisins. Que Jared courre hors de chez lui, alerté, qu'il voit Kieran, et rentre, soulagé, et un peu stressé. Il a toujours eu peur de mes frères, ils l'ont menacé, quand on sortait ensemble. Pendant longtemps, il m'avait demandé de ne pas leur dire que l'on s'était séparé, car il avait peur qu'ils croient que c'était de sa faute, qu'il avait merdé, et qu'il veuillent lui casser la gueule. Rien n'est plus faux, mais Jo, Oliver, Kieran et Jimmy aime l'embêter avec ça à chaque fois qu'ils le voient, car Jared n'est pas un garçon impressionnable, du tout. Mais c'est les frères Bush et ils ont une réputation, dans le quartier.

    Je voudrais n'avoir jamais à le lâcher. Cette famille... Les uns sans les autres, nous ne sommes vraiment pas complet. Mais je redescends sur la Terre ferme, atterris dans la réalité. Je garde sa main dans la mienne cependant, l'invite à entrer.


- J'avais même pas remarqué que tu étais parti.

    Je mens dans un rire parce que je sais qu'il connait la vérité. Lance un jeu parce que j'ai grandi et que juste aujourd'hui, je n'en avais pas envie.

    Peut-être qu'en fait, accepter de grandir, c'est courir après son enfance, finalement.


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MessageSujet: Re: « It's too cold outside for angels to fly » | Ashley & Kieran   « It's too cold outside for angels to fly » | Ashley & Kieran Icon_minitime110.10.12 15:05


Mes yeux sont les yeux du monde par lesquels passent des lumières éternelles. Je témoigne, j’observe, me laisse éblouir et partage ce que les rétines de mes rétines capturent. Photographiant un ange d’un sourire, je clique sur le rire qu’elle craque, accrochant mes mains à son corps léger. Mes poignets dans ses reins se sentent chez eux et je me promets, bercé par son parfum, de ne jamais laisser qui que ce soit y poser le moindre bleu.

Des souvenirs éclatent dans l’écho de mon rire doux, sans voix, quand je la berce, dansant presque de la retrouver au fond de mes bras. Nos ombres ont elles-mêmes des ombres qui dessinent les rêves que nous faisions, les promesses que l’on disait et tout ce que l’on a partagé, décorant les murs de tout ce que notre enfance a donné de plus beau. Ses cheveux habillent ma propre nuque qui retrouve la chaleur des photos sur lesquelles je portais sa blondeur en perruque. J’en veux au temps de ne pas s’être accroché à nos cœurs, se mettant en suspend tandis qu’il sépare les frères de leur sœur. Mais j’ai le sentiment, cette fois, de retrouver mon nom, d’étreindre ma maison et c’est tout mon univers qui navigue sur sa douceur, sa force, son bonheur et son odeur qui n’a pas changé. Je suis chez moi, et je compte y rester.

    - J'avais même pas remarqué que tu étais parti.

Je ris dans la vague de son rire, chahuté par le miel de sa voix que rien n’a changé. Le manque me pince encore les souvenirs mais sa main très vite les rattrape, dénouant leurs fils pour les laisser voler autour de nous et les ombres des deux enfants qui, venant de se retrouver, jouent à ne plus se quitter.

J’entre chez elle et la chaleur ambiante m’accueille tout entier, saluant mes yeux de ses couleurs. Je m’y sens bienvenu, chaque parcelle de cette antre de douceur s’évertuant à apaiser mes sens, mes souhaits et mon regard qui, ne sachant pas où s’arrêter, se pose sur le visage de ma sœur. Je craque un sourire que mes intentions décodent, simplement heureux. Cet intérieur rappellerait la paix à n’importe qui. La joie à quiconque l’aurait oubliée. La vie à qui n’en aurait plus le goût et le temps, à qui l’aurait perdu.

Avant que j’oublie, je sors de la sacoche de mon appareil photo une enveloppe qui a eu tout le mal du monde à y entrer, tant elle a été épaissie par le va-et-vient incessant des trésors qui la gonflent. Ses bords rugueux témoignent à eux seuls d’un vécu transparent, un peu tâché, usé, malmené par mes mains dans leurs hâtes d’y poser quelques perles. Je la tends à Ashley, mon front plissé par la tendresse, mes yeux et fossettes rivés sur elle pour finalement attendre que les siens visitent avec moi la beauté, la tristesse et l’humanité de ces derniers mois.

    - Tiens, d’ailleurs, tu étais un peu partie avec moi.

Je lui montre le premier polaroid sur lequel on distingue une poupée blonde, habillée d’un t-shirt orange, un diadème posé sur sa crinière décoiffée, assise là sur un des contours pulpeux d’une colline à la mousse aussi brune que mes prunelles.

    - Tu te souviens de cette poupée ? Je l’ai retrouvée avant de partir- qu’est-ce qu’elle foutait chez moi ?- et je l’ai emmenée pour qu’elle soit tes yeux. Là, elle est assise sur la première marche du Machu Picchu. Tu verras le nombre de gens qu’elle a rencontrés, elle va beaucoup leur manquer. Comme tu m’as manqué.

Je pose un baiser sur ses cheveux, mes doigts enroulés sur leur longueur nouvelle, réchauffant son cou. J’ai choisi deux photos par jour, les autres inondant encore le parterre de mon salon, pas tout à fait décidées à être rangées. Je pense à toutes celles qui dorment dans mon ordinateur et celles que je n’ai pas encore développées mais il n’y a rien à faire, mes préférées se trouvent maintenant entre les mains de ma poupée.
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