{Une brise dans le noir} - [Amanda Andrews & Sarah Howard] - CLOSED

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Sarah fond en larmes et moi, moi je lutte de toutes mes forces pour ne pas l'imiter car je ne l'aiderais pas en agissant de la sorte. Physiquement, rien ne nous associe, nous ne venons de toute évidence pas du même endroit, n'avons pas eu la même enfance, ne fréquentons pas les mêmes personnes et pourtant... j'ai cette impression de faire partie de quelque chose de grand, ici, en face d'elle. D'être associé à son être par le biais d'un malheur profond. C'est comme si une immonde bulle de chagrin nous avait prit pour cible et avait délibérément choisi de nous faire prisonniers de la solitude. Aucun rire, aucune caresse, aucun soutien ne parvient à percer les frontières du monde dans lequel nous sommes enfermés. Seulement qui que soit l'être vil qui a choisit de faire de nous ses victimes, il n'avait pas prévu de nous voir un jour unis. Mais ce jour est arrivé.

_ Si c'était aussi facile, ni toi, ni moi, ne serions ici.

Tout à fait. Elle esquisse un sourire triste et je suis conforté dans mon idée qu'elle me comprend mieux que personne.

_ mais... Merci. Il n'y a pas grand chose a dire dans ce genre de situation hein?
... Merci.

Sa gratitude me gène autant qu'elle me comble. J'ai l'impression d'exister auprès d'elle. Et de celle que j'apparente à une sœur qui vient de s'envoler. Mes mains s'emparent des siennes, et je me penche instinctivement vers l'avant. Elle fait de même et je pose mon front tout contre le sien.
La symétrie parfaite de nos profils renforce ce sentiment d'avoir trouvé le reflet exact de mon âme. Je suis elle. J'espère qu'elle ne deviendra pas moi. De tout mon cœur.

- Merci Sarah.

Ses sanglots s'apaisent, je me détache d'elle et plante mon regard dans le sien.

- Tu veux rester seule avec elle.

J'aurais voulu faire ressembler cette phrase à une question mais ses yeux m'en empêchent. Tout son être crie le nom de sa mère. Elle a des choses à lui dire.
Sarah n'est pas ma moitié, elle est une part de moi. Cette part réclame un instant de solitude. Je lui accorde de bonne grâce.

« Dis-moi qu'on se reverra. »
J'aimerais le lui dire, mais je refuse de passer pour un gamin capricieux qui exige de revoir celle qui lui ressemble pour ne plus se sentir seul, abandonné. Indésirable.

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Les mains de Charlie se refermèrent sur celles de Sarah. Elle baissa la tête,fixant ses mains, étonnements petites et fragiles dans l'étau des siennes. Il semblaient pouvoir les briser en une simple pression, comme il aurait pu la briser en cet instant. Car, ici et maintenant, elle ne vivait que par lui, elle ne vivait que pour lui. Pour cette partie d'elle, pour cette âme si semblable, si identique a la sienne.
Il s'inclina et Sarah fit de même, sans vraiment s'en rendre compte. Ce n'est que quant leurs fronts se touchèrent qu'elle prit conscience de leurs positions.
La même position, la même souffrance, ils étaient liés.

- Merci Sarah.

Cette gratitude eut pour effet de l'apaiser, sa voix l'avait bercé et elle avait retrouver son calme. Elle releva la tête et le fixa.

- Tu veux rester seule avec elle.

Ce n'était pas une question, une fois de plus, il savait. Il savait qu'elle avait besoin d'être seule avec sa mère, de pouvoir partager un moment qui n'appartiendrait qu'a elles seules.
Elle hocha la tête d'un mouvement vague et saccadé. Elle ne pouvait pas parler. L'idée qu'il l'abandonne lui déchirait le coeur, brisait le peu de réconfort qu'il avait su lui apporter et elle savait qu'il allait aprtir lui aussi, comme Amy l'avait fait peu avant lui.
Il était déjà debout lorsque sa langue de délit.

_ On se reverra.

Plus qu'une promesse, cette phrase sonnait comme une demande, une supplique. C'était un besoin, un besoin vital.

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_ On se reverra.

Mon ange a entendu mes prières. Rien ne serre de les taire puisque leur écho résonne en Sarah.
La lumière devenue plus vive m'offre un magnifique spectacle, son regard parfait me dit tout le bien qu'elle pense de moi tandis que je me lève, le cœur serré, les yeux brulants.
Elle traduit mes pensées et souffre d'un malheur identique au mien, sa réplique parfaite.
Sarah... si mon âme avait un nom, porterait-elle le sien ?
Je peine à croire qu'elle puisse être aussi sublime que la personne que je contemple. Tout son être réclame sérénité et protection. Nul doute possible, le voile de ses yeux ne masquent rien d'autre que son âme, parfaite et injustement torturée. L'égale de la mienne.
Sarah représente tout ce que j'incarne, magnifiant le tout au passage.
Je porte son nom, il est encré en moi. Cette découverte me rassure, me grandit.
Sarah est la personnification de mon âme. Elle est l'être que j'aurais aimé pouvoir devenir.
J'achève mon apogée et me dresse sur mes jambes, raides.
La promesse de se retrouver me donne le courage de me retourner et d'avancer.
J'avance de trois pas à peine tandis que résonne l'écho de ses pleurs derrière moi. Sait-elle que je me noies, que l'océan de mes larmes m'étouffe et que je ne demande qu'à prolonger cette nuit auprès d'elle et Amanda ? La plus belle nuit de ma vie. Sait-elle que je l'aime autant que je me haïssais quelques heures auparavant ?
Je ne peux plus maintenant, le grand portail m'ouvre les bras, les contours de la sortie se dessinent devant moi.
« Ce n'est pas trop tard ! » me hurle une magnifique voix.
Je n'ai plus honte du frère que je suis devenu et le laisse prendre les devants.
Je cours comme jamais, cours pour ma vie, pour la sienne et toutes les autres. J'aperçois Sarah au même endroit que je l'ai laissée. J'accélère le mouvement, quitte à en avoir le souffle coupé, ne méritait-elle pas que je m'épuise ?
Je me poste en face d'elle, elle lève son visage vers moi. Dieu qu'elle est belle. Je m'accroupis et emprisonne sa taille dans l'étau que forme mes mains pour la dresser sur ses jambes. Je l'attire alors dans une étreinte puissante, la serre à l'étouffer lorsque ses mains agrippent mes vêtements. Elle enfouit sa tête dans mon torse et je dépose un baiser sur le sommet de son crâne. Son être parfait manque cruellement d'affection.

- On se reverra, je répète alors dans un souffle.

J'ajoute un « mon âme » inaudible et déserre enfin mon étreinte. Elle a assez de force maintenant. Elle sait. Elle sait qu'elle a fait partie de la seule nuit de la vie de Charlie Burton.

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C'était la fin, cette folle nuit devait se finir, et elle devait le faire seule, elle avait besoin de se retrouver avec elle, seule avec sa mère.
Mais son âme était meurtrie, déchirée, broyée par la triste vérité, elle allait de nouveau etre seule. Sarah plongea une dernière fois son regard dans les yeux de l'homme en face d'elle, de cette partie d'elle qui s'apprêtait a s'éloigner. Mais elle l'a retrouverai vite, elle s'en fit le serment, une de ces promesse inviolable car inévitable, une de ces promesse qui sonne plus comme une évidence que comme une envie. Elle le reverrait.
Charlie ne détourna son regard que lorsque se dernier disparut du champ de vison de Sarah. L'hébétude l'envahit, au point que son esprit lui accorda quelques instants de répit avant que la violence de son chagrin ne la fasse pleurer a chaudes larmes. Et ce n'est qu'en prenant conscience de sa stupeur qu'elle se rendit compte de la vérité.
Son corps était affaibli, son esprit ébréché et son âme profondément tailladé, amoindri... Mais alors qu'elle entendait son âme s'éloignait d'elle dans un tintement de galets, comment pouvait elle encore tant souffrir?
Ses pleures s'intensifiaient, ne lui laissant l'ombre d'un répit; ne lui permettant pas de reprendre contenance. Elle se vit un instant noyé dans son chagrin, pleurant jusqu'à la mort.
Elle entendit l'écho de ses pas - résonnant dans toujours dans sa tête - se rapprocher, et sentit a nouveau sa présence. Elle leva les yeux, soudain éblouie par lui, par sa beauté, sa magnificence. En cet instant, elle n'eut souvenir d'avoir jamais vu quelque chose de semblable, quelque chose de si beau...
Les mains rassurantes de Charlie la releva et il resserra autour d'elle son étreinte. Elle enfouit son visage contre le torse du jeune homme, s'agrippant a ses vêtements pour se coller a lui le plus qu'elle put, étouffant presque, mais sentant qu'elle ne pouvait respirer pleinement que par lui. Lui qui était une part d'elle, lui qui était elle... Il était son âme, elle en était sure a présent.

- On se reverra .

Un murmure, un simple souffle qui suffit a sécher ses larmes et apaiser son corps. Ils relâchèrent enfin leur étreinte et Sarah déposa un léger baiser sur la joue de Charlie. Elle était prête, elle était suffisamment forte a présent. Grâce a lui, grâce a Amy, grâce a cette nuit qui resterai gravée en elle, a jamais. Elle adressa a Charlie un sourire radieux et le regarda s'éloigner, le suivant des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse de sa vue.
Elle inspira alors a plein poumons, et se dirigea vers la tombe de sa mère. Elle se laissa tomber a genoux et posa la main sur la tombe de sa mère.

_ Bonjour Maman...

Elle était la, avec elle, et tout était pour le mieux a présent.
...Grâce a eux.

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