20 août

" Je viens d'arriver dans cette ville. Je ne connais personne et c'est un vrai bonheur, de pouvoir se dire que personne ne peut nous juger réellement, que personne ne nous connait, ou essaie de nous comprendre. C'est l'occasion de faire peau neuve. Je ne sais pas ce qu'il m'arrivera ici, des choses bien, des choses mauvaises. Je ne sais pas si je vais être heureuse, ou rester dans cet état neutre que je mène partout avec moi depuis J. . Je ne sais pas ce qui est pire : le fait d'avoir été détruite par la nouvelle, de sentir mon monde s'écrouler autour de moi, de voir toutes ces choses que j'avais connues se montrer différentes à mes yeux, pleurer, crier, m'essoufler, souffrir à en vouloir mourir. Ou bien le fait d'être d'une neutralité navrante, comprendre que je dois avancer, ne pas l'oublier, mais faire ma vie sans lui. Faire ma vie en sachant qu'il ne connaîtrait jamais ce que je connais. Je me sens comme une traîtresse. Comme si ces deux dernières années de souffrance n'avaient pas suffit, que j'aurais du souffrir intensément toute ma vie, au lieu de subir cette douleur sourde et ininterrompue, mais qui me permet quand même d'essayer d'avancer.

Je ne sais pas si passer de Phoenix à New-York était une bonne idée, ou si je me lance dans une aventure perdue d'avance. C'est quelque chose que je me demanderais jusqu'à avoir eu la réponse, je suppose. Mais avant de tenter ma chance ici, avant de déballer cartons & draps, je veux pouvoir emballer mes souvenirs, oublier tout ça. & pour y arriver, le mieux, c'est d'en parler. Je vais donc raconter une dernière fois, à un journal qui ne me répondra jamais, comment j'ai perdu mon frère, mes parents, & celui que j'aimais.

Même à un journal, c'est dur de devoir tout dire. L'intégralité de l'histoire, personne ne l'a jamais entendue. Tout s'est enchaîné si vite ... En quelques mois, ma vie avait changé du tout au tout. Jared Allan Tempton. C'était son nom. Le plus beau nom qui ait jamais sonné à mes oreilles. Il n'avait que trois ans de moins que moi, tu sais. L'incident s'est produit l'année de ma majorité. Il paraîtrait que c'était l'année du changement, des responsabilités et de la nouvelle vie. Quelle ironie, la nouvelle vie, je l'ai vue, ça oui. Elle fut bien amère. C'était un jour d'été. Plus de cours, plus d'études, personne pour te dire réellement ce que tu peux faire ou non. A Phoenix, il y en avait des choses à faire, surtout pour un adolescent comme Jared. Tout est arrivé si vite mon Dieu ... Je n'étais pas là, je ne le surveillais pas, parce que je n'avais pas l'habitude de le faire. Après tout, il était grand, n'est-ce pas ? Grand & suicidaire. & je n'avais rien vu venir. Je l'avais laissé dans son désespoir, convaincue par ses rires & son enthousiasme. Alors que tout était faux. Je n'ai rien vu venir. J'aurais du pourtant. J'aurais du le comprendre, savoir d'un seul regard pourquoi il était comme cela, le sauver, lui tendre la main, puis l'autre, le remonter. J'aurais du. Je me suis longtemps sentie affreusement coupable. Encore aujourd'hui, même si je ne l'avoue qu'à moitié, je suis persuadée que j'aurais pu le sauver. Il n'a rien laissé. Pas de mot, pas de phrases expliquant son geste, comme on pouvait le voir dans les films. Juste son cadavre, entouré de sang, une arme à feu comme seule preuve qu'il était bien mort, si ce n'est son corps sans vie. Je me demanderais sûrement toute ma vie pourquoi ce geste. Qu'est-ce qui a fait qu'il ait fait ça. Qu'il m'ait laissée seule.

Parce que je lui en ai voulu au début. Il paraît que c'est une réaction normale. D'en vouloir à celui qui nous quitte. Je lui en ai voulu en voyant les regards de nos chers parents qui me fuyaient. Ils étaient tristes. Tristes mais pas démolis. Pas comme moi. Ils ne sont pas devenus hystériques, ils ne se sont pas mis à pleurer. Pas comme moi. Ils sont restés calmes & stoïques, alors que Jared demeurait à quelques mètres d'eux, mort. Comment peut-on être aussi dépourvu d'humanité ? J'ai déporté la colère que je ressentais envers mon frère sur mes parents. Elle réside encore en moi. Je leur ai demandé pourquoi, quelques jours plus tard, alors même que mes larmes ne se tarissaient pas, pourquoi je ne les avais pas vu réagir comme ils auraient dû, comme n'importe quel parent aurait réagi. Ils étaient restés de marbre, lâchant tout de même une larme de convenance. La conversation reste ancrée en moi comme une lame que l'on aurait enfoncée en moi sans que je puisse m'en défaire. Je ne l'ai jamais oubliée . "

Aloïs Tempton : Ma chérie ... Tu penses réellement que la mort de Jared ne nous fait rien ? Tu penses vraiment que nous ne l'aimions pas ?? Tu sais très bien que nous devons garder une certaine attitude ... J'aurais eu envie de me laisser aller mais ma position m'en empêche, tu le sais très bien.

Tara : C'est une blague ? Tu crois vraiment que c'est une question "d'envie" ? Ton fils est mort bordel! Tu ne le reverras plus & la seule chose à laquelle tu penses c'est l'attitude que tu DOIS adopter ? Tu me dégoûtes ... Tu es encore plus pathétique que je le pensais . T'as jamais su t'occuper de nous, je pensais au moins que tes "instincts" de mère reprendraient le dessus une fois qu'on serait morts, mais apparemment je me trompais .

" Voilà la première et la dernière fois que je me suis faite gifler par mon père. Je m'en souviens comme si c'était hier. Il n'était pas très loquace, préférant nous frapper quand il en ressentait le devoir. Cela arrivait souvent avec Jared, il était du genre à faire des conneries & il se prenait gifles sur gifles. Moi non. Sur le coup, je me souviens avoir été surprise, puis sans un mot avoir quitté la table, pour rejoindre ma chambre. C'est depuis ce jour que je n'ai plus vraiment adressé la parole à mes parents.

Ma vie était un vraie désastre, dans tous les sens, de tous les côtés. Mais il me restait un soutien non négligeable. J'avais Andrew. Cinq ans de relation, nous en étions à cette époque aux fiançailles. A ce moment-là, je croyais encore avoir trouvé l'homme de ma vie. Andrew & moi, c'était plus que tout ce que j'avais jamais vécu. Il m'a aidé, véritablement, à surmonter les épreuves que j'ai du surmonter. C'est pour cela que je n'ai jamais réellement pu lui en vouloir de sa décision. Il est parti un jour. Tout ça est très flou, il ne m'a pas réellement donné de raison. Peut-être parce qu'il n'y en avait pas. C'était fini parce qu'on avait déjà vécu assez. Point. Rien d'autre à ajouter. Je l'ai laissé partir, je l'ai vu emmener mon coeur avec lui. Mais c'est comme ça, la vie est faite comme cela.

Ce qui a suivi après jusqu'à aujourd'hui n'est pas très important. J'ai arrêté mes études de psychologie, je me suis trouvé un petit boulot à Phoenix pour pouvoir me payer un aller simple pour New-York. & j'y suis arrivée. J'ai accepté de l'argent venant de mes parents, le dernier cadeau qu'ils pouvaient m'offrir. Je n'aurais pas dû, mais puisque leur argent les empêchaient de pleurer leur fils comme il se devait, il me permettrait en contrepartie de m'éloigner d'eux le plus possible.

Voilà où est ma vie maintenant, chère feuille de papier. Je ne sais pas où cette ville me mènera, je ne sais pas si je réécrirais sur une quelconque feuille de papier, mais ça m'a fait du bien. Je vais maintenant t'enfermer dans une boîte, enfermer ce passé que je veux oublier. Je te laisserais sûrement dans mon salon, mais ne te lirais jamais plus. Le passé est derrière moi. Mais je te promets que je te mettrais à côté de la photo de Jared. Parce que tu as ta place là ... & puis une fois cela fait, j'irais me renseigner pour un job. J'ai repéré un disquaire pas loin, voilà un boulot qui m'intéresserait !

Merci de m'avoir écouté. Au revoir, feuille de papier.

Bonjour New York, je m'appelle Cyrielle mais je réponds aussi au nom de Tara. Je suis un-une fille âgé de 18 ans. Mon personnage est un personnage inventé- qui porte le visage de Nina Dobrev. Ce compte est mon premier.J'aimerais terminer en vous disant que je finirais ma présentation le plus vite possible & que si vous aimez offrir des cadeaux je suis preneuse \o/