Love in New York
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 Darling, ma chérie ♥ {Shanya & Nathan}

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MessageSujet: Darling, ma chérie ♥ {Shanya & Nathan}   Darling, ma chérie ♥ {Shanya & Nathan} Icon_minitime102.10.11 23:58

- Monsieur, je vous trouve absolument abutyrotomofilogène, vraiment, un véritable alvéopyge. Ce fut une discussion fort anérectogène. Passez une bonne journée.

Traduction : Monsieur, je vous trouve carrément con, mais le genre vraiment con, quoi, un vrai trou du cul. Ce fut une discussion vraiment pas bandante. Cassez-vous. L’homme me regarde d’un air éberlué, n’ayant manifestement jamais entendu parler de ces mots. Je souris d’un air affable avant de tourner les talons en soupirant, me demandant pourquoi venir me parler de politique et d’anarchisme à moi. Comme si ça m’intéressait. Je ne suis ni pour, ni contre le gouvernement. Je ne suis pas non plus abstentionniste. J’oublie juste que la politique existe, c’est tout. Tout le temps, tout ça, ça me sort de l’esprit, je pense à autres choses. Aux voyages que je ne ferai plus avant un moment, car la tombe d’Ethan est ici, parce que la musique de Nathan est ici, parce que j’ai une machine à laver, maintenant et que ce n’est pas facile à mettre dans un sac à dos, parce que j’ai un travail, et qu’il est peut-être banal, je l’aime. Parce que finalement, avant que je m’en sois rendue compte, Ethan a jeté notre ancre ici, et que maintenant qu’il n’est plus là, je n’ai pas la force de la remonter. Je commence à vraiment aimer New York, contre toute attente. Et tout ça, ça m’occupe trop les pensées, pour que je m’intéresse à la politique. Et puis si c’est pour converser avec des mecs qui ne font pas la différence entre une fille qui portent des rangers et une anarchiste, vraiment, j’aime autant ne pas m’intéresser à cette religion-là. Non parce que merde, j’étais fermière avant d’être vagabonde amoureuse puis serveuse. Pour l’anarchisme, on repassera. Donc je confirme, cette conversation était bel et bien anérectogène. Comme la Bourse de monsieur costume bleu, perdu de vue depuis que j’ai failli lui parler. Il m’évite, à tous les coups ; il ne veut probablement pas répondre à ma question pertinente.

Je ne sais pas où je vais, je crois que je m’ennuie, je veux voir la mariée, cette attente est longue, j’vais chialer si j’ai pas à bouffer.

- J’ai faim, vous savez quand ça commence ? Putain, je vous jure mon ventre gargouille tellement fort que ça va couvrir la marche impér… Euh nuptiale, pardon. Vous avez pas une barre de céréales, par hasard, ‘fin s’il vous plait, quoi…. Oui je sais c’est con, personne ne se trimballe avec une… Ah vous en avez une ? Je le regarde d’un air étonné alors qu’il sort une boite. Mais vous aviez peur de pas bien bouffer, à ce mariage, ou quoi ? Vaudrait mieux éviter de le dire au cuistot, vous risquez d’avoir une surprise dans votre assiette… Je souris, pour pas que la barre me passe sous le nez. Vous êtes un héros. Vous n’auriez pas une deuxième pour mon… mon Nathan ? ‘Fin s’il vous plait, quoi. C’est dingue, ça, j’ai perdu l’habitude de mendier, je ne sais plus très bien le faire. Avant, quand je vivais dans la rue, c’était plus facile. Bon peut-être que ça se perd en même temps que l’instinct de survie. Faut dire que j’ai un appartement, un job et une machine à laver, maintenant, donc forcément… Hey ! Dites le si je vous fais chier. Putain, j’y crois pas, il s’est barré pendant que je parlais ! MERCI, HEIN ! Pffff…

Je serre les deux barres de céréales dans ma main, puis hausse les épaules. Au moins, j’ai à bouffer, et je vais pouvoir y partager avec Nathan. J’espère qu’il aime les céréales, parce que je voulais les manger avec lui. Je n’aime pas trop manger toute seule quand il y a du monde. C’est comme être désociabilisé d’eux. Je me sens observée et ça, c’est comme quand je pisse, je n’aime pas qu’on me voit. Le reste du temps, j’en ai rien à foutre, mais ça, non, je ne peux pas c’est rédhibitoire.

J’arrive au niveau de son arbre, il n’a pas bougé, à part que désormais, il a une des fleurs de Lexie dans les cheveux. Les miennes sont toujours à l’endroit où je les ai mises, une à mon oreille, et l’autre à côté de mon décolleté, accrochée à la bretelle. Je me dis que franchement, c’est marrant comme je n’ai pas un accessoire ou vêtement qui aille avec le reste. J’adore ça. Lexie a ajouté la petite touche de fantaisie, celle dont j’avais besoin pour me sentir encore plus différente, moins d’ici. Puis les fleurs me rappellent l’endroit où je suis née. Je me demande si je manque à ma maman. Est-ce qu’elle me croit morte ? Est-ce qu’elle m’appellerait, si elle le pouvait ? Pourquoi je n’ai pas gardé leur numéro de téléphone en tête ? Comment ça se fait que je ne l’ai jamais appris ? Elle fait toujours ses lasagnes aux épinards ? Putain, je vous jure, ces lasagnes là, c’est du grand art. J’ai envie d’en manger.

- Je suis désolée, y’avait la queue aux chiottes. Mais franchement, si j’avais su que c’était pour ça que je faisais la queue, j’aurais pissé dehors, derrière un arbre, n’importe où, à l’ancienne, ça aurait été moins crades. C’est peut-être l’un des endroits les plus dégueu dans lequel je suis allée. Et pourtant, j’en suis allée dans des endroits dégueu. Et puis alors, le bar, même pas ouvert, quoi. Ils attendent la fin de la cérémonie, pour le vin d’honneur, pour pas qu’il y ait des gens bourrés pendant l’échange des vœux. Ca m’a gonflée, je me suis posée contre un arbre. OH ! Devine quoi ! J’ai trouvé une saucisse qui a voulu parler de politique avec moi. Tu sais ce qui est le plus beau ? C’est qu’il ne s’est même pas rendu compte que je l’avais envoyé chier. Oh et j’ai croisé Lexie. Elle est belle n’est-ce pas ? Un peu bizarre de la voir les cheveux attachés et sans toi, j’ai eu l’impression de voir une autre fille, jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche et qu’elle s’excuse de penser que tu as des plus beaux cheveux que moi. J’étais contente, je me suis dit que finalement, non, c’était bien Lexie, quoi…. Fiou, je parle, je parle, mais tu as peut-être faim. Je nous ai chopé des barres de céréales. Apparemment, le mec a dû penser que je parlais trop, il s’est barré avant la fin. Tu trouves que je parle trop, toi ?

Je hausse les sourcils, dans l’expectative en donnant sa barre de céréale à Nathan, que je trouve vraiment bandant dans son costume. Il le sait, je lui ai dit. Je lui dit toujours tout, à Nathan. Je dis toujours tout à tout le monde. Mais Nathan, c'est plus fort. Je le dis la peur au ventre, une jolie peur toute bleue avec des teintes orangées. Celle qui te prend aux tripes sans te paralyser, mais qui te fait réfléchir quand même, parce que tu sais qu'un pas de trop, c'est une connerie et que tu vas te ramasser. C'est la peur pour laquelle j'ai tout quitté, il y a cinq ans de ça. Tu en deviens vite accro, d'ailleurs. Nathan, c'est mon crack. Ma petite pilule de LSD. Tout comme l'était Ethan, avant lui.

Ca me turlupine un peu, d'ailleurs, cette histoire, mais ça, j'en parle pas, parce que je ne comprends pas encore à quel point. Alors je croque dans ma barre de céréales, et attends la sentence, sachant que peu importe, je ne fermerai pas ma gueule. Enfin, pas trop.
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MessageSujet: Re: Darling, ma chérie ♥ {Shanya & Nathan}   Darling, ma chérie ♥ {Shanya & Nathan} Icon_minitime103.10.11 1:58



Ses doigts fins encadrent l’image fixe de la feuille qu’il a photographiée il y a de ça plusieurs mois. Ça paraitrait complètement con à qui ne partage pas sa vision particulière des choses, même mortes, d’observer de loin les paroles d’une chanson qu’il connaît déjà par cœur. Mais Nathan aime les contradictions tout en cherchant à les évincer de sa vie bohème de chanteur écumant les rues pleines, les poubelles vides. Il a jamais chanté en se tenant à une échelle. Il reconnaît son écriture et ça l’inspire, de voir comme ça ses propres mots qui en ce moment dorment au fond de sa tête, sur la photo et contre la feuille collée au mur. Elle est rendue trois fois plus grande, sa chanson, d’être ailleurs et partout en même temps.
La fleur de Lexie sent bon, comme lui, même s’il le sent pas. Il sait plus exactement qui lui a appris qu’un parfum qui nous allait, c’était un parfum qu’on sentait pas quand on le portait mais pense que du coup, le sien a du être inventé pour son cou, ses cheveux et ses poignets. Il a faim et une autre chanson lui vient.

Y a des mots, qui comme ça dansent au fond de ses yeux. On peut les voir si l’on regarde avec attention ses iris grises lorsqu’il est en train de vous parler. Il est jamais là, pas tout à fait en tout cas. Il vous écoute avec aux pensées des millions de notes accrochées. Y a une symphonie éternelle dans sa tête et il laisse rarement la poésie quitter ses pensées. Il sent un truc monstre enfler dans sa poitrine qui se recroqueville contre son cœur. Il a des moments comme ça ou il se fait peur. Mieux que personne, il peut s’effrayer en se disant qu’il crèvera seul tant il imagine et se faisant, se leurre. Il espère qu’il a pas oublié son marqueur.

Sa tête est encore pleine de vie, celle qui s’épelle d’un L, suivi d’un mot qui veut rien dire : « exie ». Il le chantera un jour, il en est sur. Il le changera et y foutra tout l’amour qu’il éprouve pour elle et qui lui vrille le cœur chaque fois qu’il y pense. Ça lui donne envie d’aimer plus fort, quelqu’un qui le démange. La faim lui bouffe le ventre, quand il devrait s’agir du contraire. Vraiment, ça l’inspire d’attendre là, que le temps reprenne sa course, accroché aux cheveux de Shanya.

Il a son stylo, bien sur qu’il la. Il retourne le polaroid sans savoir quoi écrire encore, alors il laisse faire son corps. Sa tête est pleine de métaphores. Il écrit « even more » parce qu’il sait que ça lui servira, plus tard.

Vraiment, il a faim et Shanya lui manque. Il faudra qu’il retrouve Lexie, y a un truc qu’il a oublié de lui dire. Il se dit qu’en fait, il est comme la plus triste moitié d’un corps entier, qu’il lui faut l’aide d’un quelqu’un de particuliers pour lui prouver qu’il est pas tout à fait aussi vivant qu’il l’a toujours pensé. C’est con, il se dit, comme une vie peut changer. Y a cette urgence au fond de son estomac qui lui rappelle qu’il est prêt, encore une fois. Ça lui fait penser à sa chanson et à la chaleur qui suinte de son cœur, pour bruler jusqu’en bas. Il pense écrire quelque chose de plus rock’n roll, de moins lent, la prochaine fois.

Shanya revient. Il la regarde et c’est bizarre mais il se produit comme une erreur, dans la région du cœur.

    - Je suis désolée, y’avait la queue aux chiottes. Mais franchement, si j’avais su que c’était pour ça que je faisais la queue, j’aurais pissé dehors, derrière un arbre, n’importe où, à l’ancienne, ça aurait été moins crades. C’est peut-être l’un des endroits les plus dégueu dans lequel je suis allée. Et pourtant, j’en suis allée dans des endroits dégueu. Et puis alors, le bar, même pas ouvert, quoi. Ils attendent la fin de la cérémonie, pour le vin d’honneur, pour pas qu’il y ait des gens bourrés pendant l’échange des vœux. Ca m’a gonflée, je me suis posée contre un arbre. OH ! Devine quoi ! J’ai trouvé une saucisse qui a voulu parler de politique avec moi. Tu sais ce qui est le plus beau ? C’est qu’il ne s’est même pas rendu compte que je l’avais envoyé chier. Oh et j’ai croisé Lexie. Elle est belle n’est-ce pas ? Un peu bizarre de la voir les cheveux attachés et sans toi, j’ai eu l’impression de voir une autre fille, jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche et qu’elle s’excuse de penser que tu as des plus beaux cheveux que moi. J’étais contente, je me suis dit que finalement, non, c’était bien Lexie, quoi…. Fiou, je parle, je parle, mais tu as peut-être faim. Je nous ai chopé des barres de céréales. Apparemment, le mec a dû penser que je parlais trop, il s’est barré avant la fin. Tu trouves que je parle trop, toi ?

Il éclate du rire qu’il contenait dans sa poitrine, ses poumons, sa gorge et derrière ses dents pour lui rendre enfin sa liberté, complètement amusé. Voilà, c’est ça qu’il adore et il pourrait lui dire là, s’il était pas en train de se marrer. Lui dire qu’il l’envisage, qu’il la trouve probable. Qu’un avenir avec elle serait potable mais avec des mots plus beaux, qui iraient à son corps, mais surtout des trucs qui rimeraient avec « even more ». Il cherche, rien qu’une seconde, parce que c’est à lui de parler et qu’il sait plus vraiment par où commencer.

    « Je trouve que tu chantes pas assez souvent. »

Y a tellement de sous-entendus dans sa voix rarement aussi grave qu’il prend peur. Alors il sourit en cachant ses dents de sa langue, il parade un truc à l’érotisme monstre sans y songer, occupé à réorganiser ses pensées. Il a une rime au bord des yeux, il la veut, il la veut.

    « Tu sais bien que j’passerais des journées à t’écouter, ce trou du cul sait pas ce qu’il a raté. T’aurais peut-être du commencer par lui raconter la fin, ça l’aurait fait rester. On commence pas assez les histoires par la fin, t’es pas d’accord ? Si on se disait juste qu’on s’est toujours aimé pour apprendre à le faire et puis s’oublier, ce serait poétique. Bon, ça peut être dangereux des fois, j’imagine. Si le prince savait que la princesse puait de la gueule j’veux dire, il aurait jamais essayé de la réveiller, elle se serait faite violer par les nains tu vois, comme prévu, ça aurait craint du cul. »

Il se marre, parce qu’on sait jamais si ça lui plait pas, autant que ça fasse rire quelqu’un. Il s’aperçoit qu’il a machinalement pris la barre de céréales d’entre ses doigts. Il s’en rend compte quand il les sent sous les siens, c’est pourquoi il prend soin de les caresser, l’air de rien, avant de récupérer son bien. En la regardant il se dit que non, ça suffira pas, il pourra jamais être rassasié de cette faim-là. Il lève son bras.

    « Merci ! Vraiment, j’ai essayé de guetter la bouffe de loin mais y a rien, nulle part. J’veux dire, c’est Central Park ou pas cet endroit au bout d’un moment ? On aurait pu choper un hot dog ou quoi mais je crois qu’ils ont fait se barrer tous les vendeurs du coin, genre… en poussant leurs charriotes d’en haut d’une pente. C’est dégueulasse. Pas les céréales, hein ? Enfin j’en sais rien mais j’ai trop faim pour être regardant. »

Il aimerait bien s’asseoir à ce point mais il tient pas à se colorer le cul en vert, alors il en fait rien. Il la regarde être Shanya, juste devant lui, à lui couper le souffle sans que personne puisse lui enlever sa douceur des doigts. Il sent encore sa main dans sa main et il caresse ses phalanges de son pouce en pensant que ouais, c’était lui qui allait se faire bouffer. Il a oublié de parler de Lexie et de dire qu’évidemment qu’elle était jolie, c’était Lexie.

    « Oh et ma belle Lexie, elle m’a dit pour tes cheveux, elle était vraiment désolée, ça se voyait dans ses yeux. Elle a surement du se dire qu’elle t’avait insulté comme personne avait pu le faire avant, tu sais. « Vraiment, insensé », elle a du penser, d’avoir osé dire du mal de tes cheveux. Mais regarde, grâce à elle on est assortis. »

Il sourit, pinçant entre ses doigts les cheveux au coquelicot. Comme s’il avait fallu attendre une fleur pour qu’il sache être son identique. Au moins, il aura pu le dire, tant il le pense. « On es assortis » ça lui brulait les yeux depuis des lustres, mais il aura suffit de Lexie pour que ses lèvres traduisent enfin. Il ferme ses paupières quand en dessous passe un refrain qui ressemble à « come closer, mi amor. Bounded by our color, I seem to love us …even more. ».




Dernière édition par Nathan Mist le 04.10.11 19:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Darling, ma chérie ♥ {Shanya & Nathan}   Darling, ma chérie ♥ {Shanya & Nathan} Icon_minitime104.10.11 13:17

Il éclate de rire, et j'en suis tellement surprise que j'arrive même pas à rire avec lui, alors que j'en ai envie, pour l'accompagner dans son allégresse, même si je ne sais pas à quoi elle est dû. Je crois que mes yeux se sont arrondis, mais pas du genre "Qu'est-ce qui lui prend ?" mais plus du genre "Il rit ! Il rit ! Je ne sais pas pourquoi, mais il rit !" Voila, c'est ça, je suis surprise, mais dans un sens surexcité, quoi. Ca me tue, à chaque fois qu'il rit, ça n'arrive pas souvent et je me rend compte que c'est ce qui fait que ça me plait tant quand il le fait. Tout ce qui est rare est précieux. C'est pour ça que quand je lui parlais, l'inconnu s'est barré. Mais paroles n'étaient pas précieuses, car il y en avais plein. Mes mots n'aiment pas la solitude, ça les rend communs. Mais tant pis pour eux, après tout. J'ai plein d'autres trucs précieux dans ma manche, et j'emmerde ceux qui disent le contraire.

« Je trouve que tu chantes pas assez souvent. »

Mais... Je n'ai pas demandé ça ! Ca veut dire quoi ? Que je dois me la fermer pour chanter ? Mais, je ne sais pas ordonner mes pensées pour les faire rimer, moi. Hey oh, Nathan, ça, c'est toi qui sais. C'est toi qui écrit, qui compose, qui crée, qui invente. Moi j'ai pas le temps de m'arrêter pour réfléchir à comment mes émotions doivent sortir. Je suis la personnification du bordel. D'ailleurs, je suis sûre que dans la langue awesome que j'inventerai un jour, Shanya voudra dire "bordel". Mais je n'en suis pas encore sûre, parce que je ne l'ai pas encore inventée. Je sens qu'il y a un sous-entendu, là-dedans, il veut me faire comprendre quelque chose, il y a un truc spécial, dans son regard, comme si c'était un message que j'aurais dû décoder. Mais moi, tout ce que je comprends, c'est qu'il veut que je chante plus. Et c'est vrai que je ne chante plus. Est-ce qu'il m'a entendu chanter, un jour ? Oui, j'ai dû le faire, une ou deux fois. Ca ne me vient plus naturellement, parce que même si je vis bien la mort d'Ethan, il y a des trucs que je faisais avec lui que j'ai arrêté de faire quand il est parti. Je ne chante plus, j'ai plus de musique pour m'accompagner. Je n'achète plus de chicorée, car c'était lui qui en voulait. Je ne lave plus ses vêtements, sauf quand je mets ses pulls et ses chemises. Je n'ai pas besoin, vu qu'il n'y a plus personne pour les salir. Je ne me fais plus couper les cheveux, parce que c'est lui qui l'a fait en dernier. Je ne change plus de chaussures, parce que c'est lui qui me les a acheté et qu'il m'a acheté les sticks pour les décorer... Mais pour Nathan, je pourrais refaire tout ça. Il lui suffirait de me le demander. S'il veut que je chante, je chanterai. Qu'il compose la musique, je la suivrai. Il est tellement sexy, même quand il ne fait pas cette jolie grimace. Il pas juste bandant, il est grand.

« Tu sais bien que j’passerais des journées à t’écouter, ce trou du cul sait pas ce qu’il a raté. T’aurais peut-être du commencer par lui raconter la fin, ça l’aurait fait rester. On commence pas assez les histoires par la fin, t’es pas d’accord ? Si on se disait juste qu’on s’est toujours aimé pour apprendre à le faire et puis s’oublier, ce serait poétique. Bon, ça peut être dangereux des fois, j’imagine. Si le prince savait que la princesse puait de la gueule j’veux dire, il aurait jamais essayé de la réveiller, elle se serait faite violer par les nains tu vois, comme prévu, ça aurait craint du cul. »

J'éclate de rire, soulagée. Parce que putain, Nathan et moi, on se comprend. On a sûrement été créé par le même cerveau dérangé. S'il y a un mec, là haut, il est sacrément allumé, assez pour nous avoir moulé sous le même modèle. Ouais, c'est par la fin que les meilleures histoires commencent, et j'ai hâte de connaitre la fin de la notre, pour pouvoir la refaire dans l'autre sens après. Et si le prince n'est pas trop con, il l'embrassera quand même la princesse, et il enterra les pieds de ces putains de nains pour qu'il ne quitte pas le jardin qu'il aurait créé pour elle.

Et sa main touche la mienne tandis que je me demande ce que lui en ferait, des nains de mon passé. Toutes les conneries qui violent mes pensées quand je n'ai pas envie de rigoler, parce que j'ai l'impression que l'histoire ne veut pas commencer pour de vrai, alors que le point de départ a été donné il y a des années. Ouais, je ne suis pas normale, mais je suis humaine, moi aussi, des fois, je me réveille en pleurant parce que je suis seule et que je veux ma maman. Moi aussi, des fois, je regrette que le dragon ait bouffé le prince. Et même si ça ne dure pas, j'avoue ça m'arrive, une fois tous les trois mois. Mais pas là. Là, je laisse mon rire se muer en sourire, quand je me rend compte que ça me chatouille tout le corps quand il me touche un seul endroit. Vas-y, Nathan, ne t'arrête pas. Et si ça ne te suffit pas, ne te gêne pas, laisse tes mains courir ailleurs sur moi.

« Merci ! Vraiment, j’ai essayé de guetter la bouffe de loin mais y a rien, nulle part. J’veux dire, c’est Central Park ou pas cet endroit au bout d’un moment ? On aurait pu choper un hot dog ou quoi mais je crois qu’ils ont fait se barrer tous les vendeurs du coin, genre… en poussant leurs charriotes d’en haut d’une pente. C’est dégueulasse. Pas les céréales, hein ? Enfin j’en sais rien mais j’ai trop faim pour être regardant. »

Je lui fais un clin d'oeil amusé, j'y avais pas pensé, moi, aux hot dogs cachés en bas des pentes. De toute façon, je n'ai pas pris mon porte-monnaie, je ne voulais pas m'encombrer avec un sac. J'aurais jamais pu prévoir que ça mettrait autant de temps à démarrer. Si j'avais su, j'aurais pris un goûter.

Je continue à me repasser l'image des charriotes qui courent le long des pentes, et plus je la vois, plus elle est marrante. Ils courent derrière, dans ma tête, et elles se fracassent contre celle qui arrive en face. Et eux, ils n'arrivent pas à les éviter, on les voit voltiger par dessus. Non même mieux, ils se percutent en l'air, se tournent autour, accrochés l'un à l'autre, puis se lâchent pour s'envoyer de l'autre côté. Je ris, d'imaginer ce ballet. C'est trop ridicule pour être vrai, ça pourrait me tuer.

« Oh et ma belle Lexie, elle m’a dit pour tes cheveux, elle était vraiment désolée, ça se voyait dans ses yeux. Elle a surement du se dire qu’elle t’avait insulté comme personne avait pu le faire avant, tu sais. « Vraiment, insensé », elle a du penser, d’avoir osé dire du mal de tes cheveux. Mais regarde, grâce à elle on est assortis. »

Et je souris à nouveau, de l'innocence de la jolie Lexie. Je n'avais pas été offensée une seconde, mais la méchanceté est tellement étrangère à son coeur si pur qu'elle n'a pas dû le remarquer, que j'avais rigoler. Cette fille est géniale, et je serai toujours reconnaissante à Nathan de nous avoir réunies. Je n'ai jamais connu de personnes comme elle, et c'est sûr et certains, elle aurait manqué à ma vie, si j'avais su qu'elle existait.

Je regarde la fleur qu'elle lui a donné, suis presqu'un peu déçue qu'elle est pensé à le faire, mais après tout c'est normal. Si je lui donnais la mienne, ça perdrait de sa spécificité, mais en même temps, j'aurais voulu lui offrir un truc aussi.

- Je voulais t'en donner une, au cas où elle ne l'ai pas fait, mais je ne veux pas marcher sur ses plates-bandes. Ce serait moins sympa, si tout le monde se mettait à te donner des fleurs. Mais tant pis, au moins, je t'ai donné une barre de céréales, t'as qu'à te dire que c'est une fleur. Une fleur qui se mange, qui est moche et qui ne sent pas bon, mais qui vient du coeur aussi. Et si elle ne suffit pas, je te chanterai une chanson. Je souris, prends la main qu'il continue de caresser, entremêle nos doigts, regarde les siens comme si je les étudiais, et n'y trouve rien de suspect, comme si ça devait me surprendre. Et je te parlerai toute la journée, en commençant par la fin, parce qu'on dit que les plus belles histoires sont inachevées ce qui fait que cette fin qui sera mon début changera un peu plus chaque jour, et que la fin, normalement le début, à force de l'oublier, je finirai par l'inventer. Comme ça, tu n'auras jamais les mêmes mots pour une même histoire et ça fera comme si je t’offrais une fleur différente chaque jour.

Je ne sais pas d'où m'est venu ce truc de parler en métaphore. Je n'ai jamais fait ça avant, je suis directe, je dis les trucs comme ils me viennent, je perds le file, parle d'autre chose, reviens dessus... Ca me turlupine d'avoir utilisé un sous-entendu, tellement, que je fronce les sourcils en souriant, alors que mes yeux quittent l'examen de sa main pour se plonger dans les siens.

- Wow ! T'es en train de déteindre sur moi. Bientôt, je vais commencer à réfléchir à ce que je dis. C'est fou ça ! Je pense que tu as un drôle d'effet sur moi. Ca doit venir de tes yeux. Ils sont trop intenses, ça me vrille le cerveau. Ca me rend intelligente. J'ajoute en riant.

Fais le encore.
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