Je me suis oubliée quelque part, j’ai laissé mon cœur dans un fossé. Je ne l’ai jamais retrouvé, alors je m’en suis fabriqué un en carton. Parce que personne que Chuck ne peut vivre sans un cœur. C’est peut-être pour ça, qu’il s’amuse à briser celui des autres, ça l’aide à se sentir moins seule. J’aimerais le rayer de mes pensées, mais chaque jour me fait réaliser que rien n’est plus comme avant. Tous les lieux qui étaient autrefois gardiens de mes souvenirs de gamine, ne sont maintenant que des cendres dont la poussière me laisse les yeux pleins d’eau. N’est-elle pas belle, la vie qui nous pousse et nous tourmente. Celle qui nous déchire et nous trouble. Je réapprends à l’aimer à travers les petits détails qui me font frissonner. Rien de grandiose, parce que je prendrais peur, mais un petit soupir du cœur, ça je sais gérer.

J’ai abandonné mon maquillage appuyé dans un tiroir fermé à clef. J’ai retrouvé la faim de ne plus m’affamer. Je me laisse aller mieux et maintenant tout vas bien. Je me crois, je le jure.

Les dernier mois, je suis tombée si bas que je ne pouvais plus voir le ciel. J’ai porté beaucoup trop de noir et j’ai pleuré beaucoup trop de larmes. La beauté de ma chute, c’est que je suis toujours là. Je suis debout et rien ne pourras m’arrêter. J’entends leurs voix constamment. Celle de ma mère pour qui rien n’était jamais assez bien. Celle de Chuck qui prenait un malin plaisir à me dire que je n’étais rien. Celle des passants qui reconnaissent mon visage et qui se disent que j’ai mauvais teint. Mais pour une fois dans ma vie, j’arrive à ne pas m’en soucier. Ils existent et je n’y peux rien, mais jamais plus ils n’auront d’influence sur ma vie et mes choix.

Maintenant, j’ai décidé d’arrêter de jouer. Je me concentre sur la vie, sur ses attraits et sur un ami. Qui aurait cru que le frère de Kate soit un jour celui vers qui je vais quand j’ai envie de compagnie. Je parle trop, mais il ne m’as pas encore dit de me la fermer. Je le force à prendre l’air et à m’accompagner là où je n’irais pas toute seule. On est si différents que je crois qu’on se complète. C’est différent, de ne pas avoir à se battre pour une seconde d’attention. L’impression de compter juste un peu à ses yeux quand il finit par sourire. Ça fait du bien, d’avoir un ami.

Le temps file comme s’il s’écoulait dans le néant. Le sablier se vide à mesure qu’il se remplit. Je n’y porte plus attention, parce que j’ai trouvé mon bonheur d’occasion.