Devrais-je lui hurler à tout ce monde, qu'il n'a rien à faire ici ? Devrais-je même lui dire que moi, je ne sais pas ce que je fais là. Contre qui je vais me battre, si ce n'est pas contre mon père ? Qui verra mes exploits en silence, et se dira que son fils vaut bien quelque chose, au bout du compte ? J'aime à penser que malgré tout mon père m'aimait, un père ne peut haïr son fils, de tout façon, pas vrai ?

Je sens ma respiration ne pas être régulière, tantôt rapide, tantôt lente ...
Il a peur le gosse sans son père, n'est ce pas ? Pauvre Chuck Van der Woodsen, même son charisme, ne l'aide pas. Même sa méchanceté est oublié. Aujourd'hui on le regarde avec des yeux différents, on le plains, parce qu'orphelin de père il est.

Ils se trompent, tous, je le sais. Mon père n'est pas mort, voilà la vérité. Mon père n'est pas mort. Le roi ne peut pas crever comme ça ! Bon sang, c'est pas un cancer qui peut m'enlever mon papa. Je suis un de ces gosses capricieux qui refusent quelque chose. Qui veut quelque chose. J'ai besoin de mon père, même si je disais le haïr. J'ai besoin d'un père, pour être quelqu'un. Sans celui qui a fait que je suis là, comment pourrais-je savoir si ce que je fais est bien ou mal ... ? Comment pourrais-je savoir s'il va réagir à ma dernière excentricité positivement ou négativement ?

Une main se pose sur mon épaule, un Chuck suivit d'un Je suis désolée est murmuré. Je suis désolée ... C'est tout Amber ? Juste ça, tu es désolée. Pas plus que moi, celle qui dit m'aimait ne sait même pas quoi dire et me sort une foutue banalité que j'entends depuis deux jours en boucle déjà.
Ses paroles semblent réelles, comme si je prenais conscience à l'instant que même mon cercle d'amis est au courant ... Elle est désolée, un cancer me l'a enlevé. Mon père est mort, la est la triste vérité.
Le gosse pourrit gaté arrête de rêver et assume le regard que lui lance celle qui se dit amoureuse ;

- Comme tout le monde.

Il se retourne, sans attendre de réponse, ou peut être qu'il en attend une. En ce jour sombre, comment le diable pourrait-il réagir ? Comme un enfant.
Un putain d'enfant, abattez-moi.

Il se retourne, et Amber voudrait l’enlacer, ici, devant tous ces inconnus. Mais le regard glacial du Chuck la retourne, la perturbe. Elle est la flamme qui refuse de brûler, mais il est le glacier qui ne souhaitera jamais fondre. Les choses sont comme elles sont, mais quoi que les apparences puissent montrer, la jolie blonde tient plus à ce qui reste de cœur à Chuck qu’au sien. Et c’est peut-être ça l’amour. Vouloir être là pour quelqu’un qui dit s’en foutre. Vouloir réconforter quelqu’un qui nous a blessés et qui le fera surement encore. Amber a bien des choses à dire, mais elle ne croit pas que Chuck veuille les entendre. Mais qui sait, elle pourrait revenir dans la partie, et selon ses règles à lui, lui dire tout ce qu’elle en pense, même s’il n’a pas demandé son avis. Pourtant, Amber oscille entre se taire et parler, ne sachant pas ce qui fera le plus fuir Chuck. Comment lui dire qu’elle veut de lui, même en morceaux, même odieux, même s’il est seulement Chuck et qu’il ne changera jamais. Les choses étaient bien moins compliquées lorsqu’Amber se faisait croire qu’elle se foutait de lui et qu’elle était bien mieux sans. Qui aurait pu prédire qu’elle regretterait un instant les insultes et les vacheries.

Chuck ouvre les lèvres pour laisser à son tour sortir une banalité. Quels gens ennuyants sont-ils devenus l’un sans l’autre. Où sont passées les flammèches, où se cachent les étoiles filantes. Parce que c’est ce qu’ils sont, Chuck et Amber, deux étoiles filantes, tombant vers leur propre destruction, illuminant un instant les gens qu’ils rencontrent pour les laisser aveuglés par leur personne. Amber serre les dents, un instant, mélancolique pour une raison qu’elle-même ignore. Quand elle pense à la peine de Chuck, c’est un écho de sa propre perte qu’elle ressent. Elle a enfoui sous bien des années d’émancipation, sa famille. Sa grand-mère. Sa petite mamie. Sa seule alliée dans une enfance marquée par les restrictions et les devoirs. Sa mamie qui l’aimait comme elle était, sans discuter, sans jamais rien lui reprocher. Son navire pour les jours où elle aurait tout donné pour couler. Amber a eu tellement mal ce jour là, que dans des moments comme celui-ci, un peu de la peine qu’il lui reste à évacuer refait surface. Elle est vraiment désolée parce que Chuck, il l’aimait son père. Il aurait voulu lui plaire. Bien que Chuck n’en dise jamais rien, Amber le sait. Comme quoi il n’est pas si impénétrable que ça le grand Chucky.

« Non, pas comme tout le monde. Parce qu’ils sont là pour lui. Moi je suis là pour toi . . . »

Les paroles d’Amber sont vraies. Au moins elle ne fait pas semblant d’en avoir quelque chose à faire d’un mort qu’elle ne connait pas. Contrairement à tous ceux qui sont là, aujourd’hui, disant que M. Van der Woodsen vas leur manquer, Amber n’a pas cette hypocrisie. Elle se ment à elle-même, mais elle essaie de ne pas mentir aux autres. Ayant dit le principal, Amber en a assez des conversations sombres. Elle est prête à lui donner la partenaire de jeu qu’il réclamait il y a, lui semble-t-il, des années de cela.

« Si tu veux, on peut toujours aller s’asseoir dans un coin et je ferai semblant de te consoler. À moins que tu préfères écouter encore plus de condoléances sans une once de sincérité. . . »

Amber pense à se déplacer, certaine qu’il ne suivra pas. Mais quelque chose la pousse à rester un peu plus. Attendre une réponse, un geste. Une parole pour rester ou partir. Parce que rester, elle saura comment faire. Mais partir, elle ne pourra pas le faire jusqu’au bout, elle restera proche, attendant qu’il ait besoin d’elle. Oui, elle restera à tout jamais, parce que Chuck n’avouera jamais ça, ô grand jamais.

Et si je lui disais à la jolie poupée que son < Je suis désolée. > je m'en fiche complétement, que j'aimerais lui cracher à la gueule qu'un je suis désolé ne ramènera pas mon père, même s'il était détesté. Parce que là maintenant, je ne suis qu'un gosse qui n'a pas besoin d'une barbie à ses côtés. C'est pas ses longues jambes et son sourire de mannequin qui arrangera les choses. Tu veux faire quelque chose pour moi, Amber, chérie ? Oublie le diable le temps d'une après midi.

« Non, pas comme tout le monde. Parce qu’ils sont là pour lui. Moi je suis là pour toi . . . »

Je fronce les sourcils, et soupire à son encontre. Justement c'est ça le problème, n'est ce pas. On est pas là pour Charles, mais on est là pour Chuck. Parce que la différence existe, parce qu'elle est là pour Chuck, celui qu'on envie, celui qu'on désire ... Et si elle essayait de voir que derrière la panoplie d'un prince New-Yorkais, y a juste un garçon qui vient de perdre son papa. Un gamin qui ne veux pas de son jouet préféré pour l'instant.

« Si tu veux, on peut toujours aller s’asseoir dans un coin et je ferai semblant de te consoler. À moins que tu préfères écouter encore plus de condoléances sans une once de sincérité. . . »

Si on en parlait de sincérité, tiens ? Elle qui dit m'aimer, elle était où quand mon père a commencé à sombrer ? Elle était devant l'objectif d'un photographe ? Je n'ai pas envie d'aller avec elle, j'ai juste envie d'enterrer mon père, et de finir la soirée devant mon meilleur ami ; le whisky.

Alors je ne prends pas la peine de lui répondre, je réponds juste à la main qui se tient devant moi. Une autre de ses connaissances qui me dit combien elle est désolée. Pas plus que moi, si elle savait, que mon père la détester elle, et tout le reste du monde qu'il y a ici.

Et puisque Amber est comme tout les autres, au final, et que moi, je n'ai pas besoin de soutien, je me suffi à moi-même, je tourne le regard, et ravale ces larmes, qui ne couleront pas devant tout New-york réunit. Égale à toute les autres, la Blondie.

Dégage, vermine.

Amber, éternelle enfant dans ce monde d'Adultes, ce monde de morts-vivants, garde son optimisme. Quelque part, elle a foi en Chuck, celui mesquin, viscéralement têtu, et totalement déconnecté de ses émotions. Amber, même si elle ne parle plus a aucun de ses parents depuis si longtemps reste une gamine. Et elle pleurera comme une madeleine le jour ou elle devra les enterrer. Il y a une partie physiquement déchirante lorsqu'on doit se séparer de ceux qui nous ont donné la vie. Amber ne prétend pas pouvoir savoir ce que Chuck ressent, mais elle aimerait au moins qu'il la regarde. Pas comme on regarde quelqu'un qu'on désire, mais comme on reconnait l'existence de quelqu'un. Son existence à part entière. Non, Amber n'est pas qu'un joli visage, qu'un corps seulement apte à une partie de jambes en l'air. Il y a quelqu'un derrière ces yeux pétillants. Et si Chuck choisi de ne pas le voir, et bien il n'est pas mieux que tous les autres. Amber étouffe un reniflement, c'est justement ça le problème, Chuck est tout sauf comme les autres. Amber voudrait le protéger de ses sentiments. Parce que le grand Chucky ne sera pas vaincu par la peur, la faim, pas même une femme. Sa faiblesse, c'est lui-même.

Alors que Chuck s'obstine à ne rien répondre, à serrer toutes ces mains qu'il déteste plutôt que de tenir celle d'Amber, la jolie blonde, telle un fantôme, sa peau diaphane et ses cheveux blonds semblant translucides avec son ensemble noir, se dirige un peu plus loin. Pourquoi forcer Chuck à se tenir en sa présence ? Amber n'est même pas surprise de la réaction de Chuck, elle s’attend toujours à être blessée, détruite en morceau, mais les paroles, cette fois, ne seront pas blessantes, puisqu'il refuse de parler comme il doit refuser d'accepter la mort de son père. Amber ferme les yeux, quelques secondes, et le temps semble passer à une vitesse fulgurante, quelques battements de cœur, et lorsqu’Amber expire, les gens se sont dispersés. D’autres sont partis. La jeune femme aperçoit Chuck, et elle marche lentement vers lui, il la voit venir de loin, mais regarde ailleurs, trop borné, refusant d’être faible, probablement, ou quelque chose de particulier à cet homme qui n’a pas son égal. Avant de parler, Amber inspire profondément.

« Je ne peux définitivement pas savoir ce que tu ressens . . . » Commence la blonde, peu sure de où cette conversation mènera. « Mais je suis là, si t’as envie, et soyons réalistes, c’est pas comme si t’avais une foule d’amis qui vont venir cogner à ta porte demain pour t’apporter de la glace, ou peu importe ce que les mecs font lorsqu’ils sont tristes. Alors je suis là. Je suis là en ayant vu tous tes mauvais côtés. Les fois où tu t’acharnes à détruire verbalement les gens, jusqu’à ce qu’ils pleurent les larmes que tu ne pleureras jamais. Et alors ? Je suis toujours là. » Amber, avale difficilement sa salive, essayant de ne pas dire tout haut ce que son cœur lui murmure depuis tout ce temps. « Je suis là, et . . . Non! Regardes-moi! » S’exclame la blonde, en attrapant le menton de Chuck pour tenter de le forcer à la regarde. « Je t’emmerdes Chuck! Je suis là, et je t‘aime et ce sera pareil demain! Alors crève en enfer si ça ne te plais pas! »

Amber reste plantée devant Chuck. Elle-même surprise de son audace, ayant à peine réalisé que pour la première fois, les mots ‘’ je t’aime ‘’ sont sortis de sa bouche, délibérément, et pour quelqu’un d’autre qu’une amie ou de la famille. Elle est là. C’est aussi simple que ça.

La fin de la mort de mon père va bientôt se signer, c'est écrit tout simplement. Ils l'ont enterrer, ils se sont fait porter désolés devant moi et puis ils partent comme si la journée n'avait rien de triste, rien de noir. Non, non, nous sommes dans un monde parfait et c'est normal de voir le roi de New-York s'en allait. Tous des connards doublé d'enfoirés.

J'en oublie la présence d'Amber, d'ailleurs je crois même que j'ai oublié celle de ma mère et ma sœur, sont elles déjà parties, toutes les blondes de ma vie ? Je m'en fous, et m'en contrefous surement, qu'elle partent loin de moi, au moins pour quelques mois. Parce que je n'ai pas besoin d'elles. Parce qu'elles ne peuvent pas comprendre ce que ça fait pour un fils de perdre son père.

Le monde n'est plus autours de moi. Les gens sont tous partis, et moi je reste là, devant ce qui est la tombe de mon papa. Putain, mais pourquoi ? Une personne ayant tout, absolument tout, n'a même pas pu contrer la maladie, c'est idiot n'est ce pas ? A la limite du comique, ma situation du grand Bart.

Et puis tout s'accélère, elle tente de me faire revenir dans une réalité qu'en ce moment je veux quitter. Elle me hurle presque dessus, en me disant qu'elle sera là, mais je n'écoute pas. Je ne veux pas écouter, laisser moi en paix, putain. Tu ne peux pas laisser les gens souffrir tranquille sans venir les emmerder ?

Son discours se poursuit et je prierais pour n'entendre qu'un bourdonnement, ou encore la voix grave de mon père me crier dessus que je suis un incompétent. Quelqu'un sans avenir, juste un enfant qui se joue du monde pour se cacher lui même.

- Bordel Amber tais toi ! J'aimerais pouvoir parler avec lui que je haïssais, plutôt qu'avec toi. Je m'entends hurler contre elle. Et puis je me retourne vers elle, prends ma tête dans mes mains, soupire lentement. J'explose sans le vouloir. Je t'aime, c'est ça ? Et bien c'est simple moi pas. Tu ne comprends donc rien ? Je ne t'aime pas, et je ne comprends pas plus que toi ces mot là. Tu veux que je te dises Amber ? Contentes toi de jouer les femmes-enfants, là au moins, on ne te demandera pas de sortir un je t'aime bidon au diable qui n'en veut pas. Mets toi quelque chose en tête, je ne t'aimerais jamais, jamais.

Les limites ont été dépassé, on arrête de jouer.

Amber reste figée un instant, en apesanteur. Réalisant ce qu'elle vient de dire. Elle aurait du quoi ? Être gentille avec Chuck ? Elle a essayé. Des dizaines de fois. Et elle a fini par entrer dans son jeu, parce que de ne pas suivre ses règles à lui, c'est ne pas exister dans son monde, et la jolie blonde réalise enfin qu'elle n'est pas comme Chuck et que s'il veut la bannir de sa vie parce qu'elle n'entre pas dans le moule qu'il a fait pour elle et bien c'est tant pis. Il était le seul qui ne semblait pas avoir d'attentes. Contre tous ceux qui souhaitent qu'elle soit belle et qu'elle se taise. Un mannequin n'a pas besoin de penser. Elle l'a entendu souvent celle-là. Amber se mord la lèvre et dire qu'elle aurait cru que Chuck était unique. Non, il n'est qu'un con comme les autres, essaie de se faire croire Amber, parce que tous les faits le prouvent.

- Bordel Amber tais toi ! J'aimerais pouvoir parler avec lui que je haïssais, plutôt qu'avec toi.

Amber accuse le choc. Chuck ne lui crie pas dessus. Chuck est blessant, mesquin, sarcastique, mais il ne perd pas son sang froid. Amber espère avoir touché un nerf. Pourtant une petite voix dans sa tête lui dit que c'est peine perdue. Cet homme est brisé et il ne pourra jamais être réparé. Elle perd son temps. Bien sur que ses paroles font mal. Mais pas autant qu'elle l'aurait cru. Quelque part elle sait qu'il ne le pense pas. Il est contrarié, triste. Même lorsque que Chuck est à son pire, Amber trouve encore moyen de voir ses bons côtés, de lui trouver des excuses. Le grand brun peut bien essayer d'en trouver une autre comme ça, c'est peine perdue. Personne d'autre qu'Amber ne pourrait aimer le diable. C'est comme ça et pas autrement.

- Tu ne comprends donc rien ? Je ne t'aime pas, et je ne comprends pas plus que toi ces mots là. Tu veux que je te dise Amber ? Contentes toi de jouer les femmes-enfants, là au moins, on ne te demandera pas de sortir un je t'aime bidon au diable qui n'en veut pas. Mets toi quelque chose en tête, je ne t'aimerais jamais, jamais.

La jolie blonde hausse un sourcil. Étonnamment, le reste est moins dur à encaisser. Il croit quoi ? qu'elle se languit d'un je t'aime qu'il ne pensera pas. Amber n'a jamais même espéré qu'il l'aime. Une certaine affection, est probablement le plus qu'elle ne pourra jamais attendre de Chuck. Et elle l'a compris. Elle l'a accepté. Pourquoi le besoin de lui crier dessus ce qu'elle sait déjà ? Elle n'a rien demandé, elle n'a rien attendu de lui. Amber n'arrive pas à comprendre ce qu'il y a de menaçant dans le fait qu'elle l'aime. Pourquoi réagir de façon défensive ? Probablement essaie-t-il de la faire fuir, il veut être seul. Mais Amber sait que ce ne sera pas éternellement le cas. Peut-être demain, dans un mois, dans une vie, Chuck aura besoin de quelqu'un et Amber sera là. Elle veut être là pour Chuck.

- Je sais. Est tout ce qu'elle trouve à répondre.

Ce n'est pas pour faire la maligne, c'est simplement un fait. Elle a toujours su que Chuck ne pourrait jamais l'aimer en retour. C'est probablement pour ça qu'elle a si longtemps combattu ses sentiments. C'est effrayant d'aimer quelqu'un qui ne pourra jamais nous le rendre. Mais maintenant qu'elle l'a dit, affirmé son amour, Amber s'en sent plus forte. Il fera quoi Chuck ? Être blessant ? S’il ne semble pas le réaliser, mais c’est chaque fois plus facile pour la blonde. Comme de s’habituer à une drogue puissante. Reste que Chuck, c’est son amour. Et il ne peut rien faire contre ça. Amber a les yeux qui pétillent. D’une force intérieure que Chuck semble avoir perdue.

- C’est le mieux que tu puisses faire ? s’exclame la blonde. Je suis encore là, Chuck.

- Je sais.

Espèce de conne !

Tu ne sais rien, absolument rien. Tu ne comprends même pas la moitié des choses que je viens de te dire. Je veux qu’elle s’en aille, qu’elle dégage. Je n’ai pas besoin d’elle, même pas un peu en plus de ça. Je n’ai jamais eu besoin de personne, et surtout pas d’une poupée qui ne sait pas pensée. Tu prétends aimer ? Et si tu apprenais à t’aimer toi-même, petite idiote ?

Je ne cherche plus son regard, ne veut pas le croiser, j'ai juste besoin de mon père à défaut de me coltiner la bimbo de base. Que la mannequin retourne sur le papier d’un de ses magasines de charmes, puisqu’elle est faite pour sourire sur un fon doré.

- C’est le mieux que tu puisses faire ?

Comment est ce qu’elle ose encore m’adresser la parole ? Je veux qu’elle se taise, qu’elle se morde sa langue si fort qu’elle ne pourra plus jamais l’utiliser. Qu’elle se mette à saigner pour prouver au monde entier qu’elle n’est pas une déesse incarnée.

- Je suis encore là, Chuck.

Et alors que je me sentais mourir de l’intérieur, cette peste vient de faire revivre quelque chose en moi qu’elle n’aurait surement pas du. Elle ne comprend pas, ne sait pas, ne me connaît réellement pas. Tu es encore là ? Soit, alors c’est toi-même qui veux t’infliger ça. C’est toi qui me demande de devenir comme ça. Et c’est moi qui le devient, c’est moi qui suis celui que tout le monde craint et un jour, surement aujourd’hui, Amber McMillian va comprendre pourquoi.

Je sais que mon regard devient noir, pour l’avoir vu dans les yeux des autres des centaines de fois faire cela. Je sais que si pour une fois on devait réellement me comparer à lui, le diable serait réellement égal à moi. Je la regarde aussi profondément que je le peux, mes lèvres esquissent un sourire qui n’est pas propre à moi, je suis ce fou que le monde prétend voir. Je suis cet homme aux milles personnalités, et celle là pourrait très bien la tuer.

- Tu es encore là ?! je me surprends à lui hurler au visage. Mais je ne veux pas de toi. Je n’ai jamais voulu de toi. Je me contrefiche que tu sois dans ma vie ou simplement sur un bout de papier. J’ai joué avec toi, tu as été, je l’avoue, un de mes meilleurs pions. Mais c’est terminé, tu ne m’amuses plus, rien en toi ne m’amuse encore. Tu mériterais une baffe à chaque fois que ta bouche vulgaire lache un soupir. Tu m’insupporte. Je continue à lui dire, ma main s’emporte et lui attrape son bras si maigre que je peux en faire le tour rien qu’avec mes doigts. Rien que le fait de savoir que j’ai couché avec toi me donne envie de vomir.

Et cette fois, j’ai fais mieux, tu crois ?

Je lâche son bras, comme j’aurais laché quelque chose qui pourrait me répugner, et j’y découvre la marque de ma main ancrée sur lui synonyme d’une colère incontrôlée.

Je ne suis même pas désolé, d’avoir trop serré.

Amber ferme les yeux, souhaitant croire, dans une innocence pas si lointaine, qu’elle pourrait faire une différence. Que Chuck pourrait comprendre au lieu d’essayer de la blesser parce qu’il a mal. Elle sait qu’elle aurait tout simplement mieux fait de partir, de l’abandonner à son sort avant d’être écrasée par ses mots, mais rien n’y fait. Ça n’est plus la raison, c’est le cœur qui parle et on a trop souvent la preuve que les deux ne font pas bon ménage. La jolie blonde se mordille la lèvre, parce que dans le silence de Chuck se trame bien des choses. Amber devrait partir en courant, ce serait la meilleure chose à faire, mais même le regard noir de Chuck semble lui plaire. Ça fait peur de lire dans ses yeux qu’elle l’aime à ce point. Pourtant la tempête s’approche. Le ciel gronde au dessus de leurs têtes, mais personne ne bouge. En réalité, le temps ne s’est pas arrêté, c’est simplement Amber qui voit le tout au ralenti, comme ces moments dans les films où tout s’arrête juste avant que les deux protagonistes s’embrassent.

C’est le moment que choisi Chuck pour ouvrir les lèvres, parce qu’il faut bien que quelqu’un leur rappelle qu’ils sont Chuck et Amber, pas Roméo et Cendrillon. Ils ne sont que deux grands enfants qui ne grandiront jamais. Ils sont Wendy et Peter, et ils se détruiront plutôt que de grandir ensemble. Et voilà que la première porte est claquée, ici, maintenant, dans cet endroit morbide.

Amber reste figée alors que Chuck lui hurle au visage. Elle voudrait partir, le gifler, mais elle n’arrive pas à bouger. Ce ne sont pas les mots, c’est le ton. Parce que cette fois, la jolie blonde comprends qu’il le pense vraiment. Elle serre les dents, refusant de lui donner la satisfaction de voir le mal que ça lui fait. Amber n’arrive même pas à fermer les yeux, catatonique.

« Rien que le fait de savoir que j’ai couché avec toi me donne envie de vomir. »

La belle pourrait croire que le sol lui tombe sous les pieds. C’est une chute libre et rien ne pourra l’arrêter. Elle ne saurait dire si ce sont les paroles ou la main de Chuck qui serre son bras à lui en couper la circulation, mais elle a mal comme jamais. Parce qu’en quelques secondes, Chuck détruit ce qu’il lui reste d’estime. Ce n’est pas parce qu’elle est blonde et grande qu’Amber est autre chose que cette enfant qui croit ce qu’on lui dit. Bravo Chuck, c’est un abat. Un trou d’un coup. Touché!

Alors que Chuck cesse de parler et qu’il relâche sa poigne, Amber grimace de douleur, réalisant que c’est son bras qui lui fait le plus mal, tout juste devant son cœur. C’est la surprise, de voir que Chuck ne joue pas selon les règles, qu’il se bat avec d’autres armes. Savoir qu’il ne la prend que pour une poupée qu’il peut briser comme ça, selon ses envie, ça achève Amber. Elle voudrait simplement l’embrasser sur la joue et partir, pour ne plus jamais le revoir, mais jamais Chuck ne la laisserait s’approcher autant. Alors Amber laisse échapper quelques mots d’une voix tremblante.

« Adieu, Chuck . . . »

C’est tout ce qu’elle peut dire, alors qu’il ne veut simplement pas d’elle et que le monde doit continuer à tourner. Amber hoche la tête, signifiant un non. Non à cette attitude. Non à ce mal physique. Non à Chuck. Une larme coule contre la joue parfaite d’Amber, et elle fait dos à Chuck, pour s’éloigner de lui. Le pire, c’est que c’en est aussi souffrant que de rester. Chaque pas est douloureux, mais Amber continue d’avancer. Ses pieds sont deux automates et rien ne pourrait les faire retourner en arrière. Elle marche, ne sachant pas où aller, et elle s’en fout comme de l’an 40, parce qu’elle vient de perdre son amour. Le Chuck mesquin, joueur, sans sentiments, c’était supportable, mais pas celui qui l’écrase comme une mouche. Souffre seul de la mort de ton père, Chuck, c’est tout ce que tu mérites!