Recommencer, réécrire. Retranscrire. La faire revivre. L'espace d'un chapitre, je pourrais, c'est moi le démiurge après tout. Je peux et j'ai le droit de créer pour defaire. Refaire. Démiurge, ou dieu ? Dieu, ce serait tellement bon, quand j'y pense ...

Je marcherais, cours, voltige, sur de moi, une impression de supériorité faisant bomber mon coeur dans ma poitrine. Je suis éternellement moi dans les lignes que je rédige moi même. C'est justement pour ça que je suis supérieur. Je peux faire de ma vie ce que je veux. Pour peu, je déviendrais un modèle de prétentieux ... Pour peu.

Je souris à une fille qui passe à côté de moi dans la rue, elle rougit. Pas assez jolie, ou tout du moins pas comme celle de mes rêves, j'en reste quand même content d'avoir eu un certain impact sur elle.

Je ne pourrais pas, la faire vivre à nouveau. Je le sais, le monde entier le sait ... Et pourtant, j'aimerais ... Mais il faut se rendre à l'évidence, je n'ai pas le droit, de nous torturer elle et moi à nouveau. Il fallait que cela cesse, je l'ai fais. Et l'ai montré au monde entier ... Monde fou qui a aimé. Aimé mais il n'a pas comprit, tous ce que l'histoire signifiait, pas une simple histoire d'amour, non, l'histoire d'une vie, quoi ! L'histoire d'une vie.

Je passe la porte d'un café, je ne sais même pas le nom de ce dernier, mais aucune importance. Ce qui attire mon regard est le dos d'une brune qui m'a l'air familié. N'importe quoi Andrew, un dos familié ? Ecoute toi penser. J'arrête mes conneries, et commande n'importe quoi, justement.

Et puis soudain la vie inutile et sans réalité devient interessante, la brune familière se jette littérallement dans mes bras. J'en lacherais bien un Putain de contentement. Parce que c'est toujours comme ça, avec Kate, on se voit, se croise au carrefour de nos vies ... Alors c'est un carrefour aujourd'huit ? New York ou l'espoir d'une nouvelle vie.

Je n'entends pas sa phrase, et pourtant je la serre si fort dans mes bras qu'elle pourrait se briser, si elle était une poupée. Bordel, elle est belle ma Kate mine de rien. J'affiche un sourire franc à la fin de notre étreinte, regarde son verre, et l'attrape d'une main.

Fronçant les sourcils, je la regarde, ne souris plus du tout. Putain ... Kate, tu fabriques quoi là ? Impulsif, moi, non non pas du tout ...

- Vodka ?
Je lui demande de toute ma hauteur, avec une petite lueur dans le regard qui lui fait bien comprendre que ouais ; Le grand frère est bel et bien là, petite soeur ...

( On a deux TPs, comme ça. Où c'est toi qui revient.
Et moi qui est la/le pauvre malheureu(se)x qu'on a laissé(e)s tout(e) seul(e).
Finalement, Dean & Kate sont pas si différents.. )

- Oui, vodka. Qu’elle me réplique presque fière d’elle.

Putain, vodka quoi. Elle fout quoi, ma sœur, quand je ne suis pas là ? J’en crève certes, d’être loin d’elle. J’en crève quand je me rends compte de la distance que je mets entre nous. J’en crève quand je suis encore dans la réalité … Et après ? J’oublie, j’oublie mes peurs, mes peines … J’oublie les liens du sang, et j’oublie que je l’aime.

C’est difficile d’oublier des choses comme ça. Mais on y arrive, je crois, on se passe des gens, ne se rend pas compte qu’ils manquent, et on oublie. Point. Et puis, tout change, tout redevient normal, le jour où vous retrouver la personne qui était la plus importante de votre vie … Vous prenez la baffe du siècle. Pleine de sentiments, et de remords, cette fichue baffe.

J’accuse son murmure comme une plaie béante qu’on viendrait de recouper. Oui, je n’étais pas là. Et ouais je le sais. Parce que là, devant ma sœur, j’y suis dans la réalité, et je le sais, que je suis parti. J’étais, ailleurs ou ici. Ma sœur, c’est la seule qui a le pouvoir de tenir dans la vraie vie.

Je m’assoie alors à côté d’elle, mon air est toujours sérieux, et je me rends compte que c’est réellement dur, de l’être sérieux. Et pourtant, je le suis presque malgré moi. Ma sœur est là, devant moi, et j’essaie de calmer cette euphorie nouvelle qui grandit en moi. Bientôt je sautillerais, c’est ça ?

- Oui, et bien, oublie là, ta vodka. Le grand frère est de retour … je prends une inspiration, ferme les yeux, lache le masque du méchant garçon, du grand frère protecteur, pour lui révéler une vérité que je sais vraie depuis quelques minutes seulement. Depuis que je l’ai retrouvé, en réalité. Pour toute la vie.

Toute la vie, c’est horriblement long, n’est-ce pas ? Oui, je sais tout ça.