Serre-moi. Aime-moi. Encore une fois, mon amour. Ne cesse jamais. Je t'en supplie, ne lâche pas. Ne lâche pas, où je crève, là, maintenant, de ne plus te tenir dans mes bras. Je crève dès que tes yeux cessent de me fixer, dès que j'entends tes pas qui s'éloignent. Ne le vois-tu pas ? Que te faudrait-il de plus pour te le prouver ?
Je meurs un peu plus chaque jour depuis que je l'ai compris. Je t'aime.

Sa voix tremble. Ses peurs se mélangent aux miennes. Ces peurs que je ne lui dirai pas, de peur de le blesser. Je prends une grande inspiration. Lui avouer la vérité ne sera pas facile, mais je ne veux pas lui mentir. Par où commencer... Mes pensées s'emmêlent alors que je tente de lui sourire malgré tout.

- C'était... Merveilleux...

Mon coeur bat à tout rompre dans ma poitrine, et je souris toujours à travers des larmes qui ne tarderont pas à couler.

- Je... Faut que je te parle de quelque chose...

Ne me lâche pas, mon ange. Jamais...

- C'était... Merveilleux...

Je regarde dans les yeux de ma princesse pour me rendre compte qu'elle n'a pas terminé. Je reste inquiet. Mais sa présence contre moi m'apaise. Tu peux me dire n'importe quoi mon ange.

- Je... Faut que je te parle de quelque chose...

Je ne suis pas sur que j'aime ce ton. Formel. Mais il y a autre chose. Ne me cache rien. Son silence me laisse imaginer pire que ce n'est probablement. Comment résister à son air meurtri. Je reste avec l'impression que cette conversation ne sera pas des plus agréables.

- Tu sais que tu peux tout me dire Amy, On se connaît depuis si longtemps. Et puis si sa a rapport avec moi . . .

Je baisse les yeux. Dis-moi mon Ange, Je me fais des idées pires que tu ne pourrais l'imaginer. Parle-moi . . .

- Je sais bien... Justement, ça fait longtemps qu'on se connaît et jusqu'à l'autre jour, il n'y a qu'une seule chose que je te cachais... Maintenant, ça fait deux, et ça me tue.

Elle se colle contre moi. Elle frissonne. Je reste droit stoïque. Ce n'est pas le temps de lui faire défaut. Sois fort, elle t'aime, elle te l'a dit, rien d'autre n'importe, pas vrai ?

- Tu sais que... J'ai pas eu beaucoup de copains avant toi... On m'a toujours larguée parce que je ne voulais pas coucher avec... Tu le savais pas hein ... Le seul que j'ai quitté, c'est le premier... Il... Il a profité d'moi quand j'étais bourrée...

Je serre les dents. Mes mains tremblent. Je me retiens de ne pas partir en trombe de l'appartement pour aller casser la gueule à cet enfoiré. Je le connaissais vaguement. Il a osé briser mon ange. Je crois que ses jours sont comptés. . . .

- Il m'a violée le soir de mes seize ans.

Mes poings se serrent à cette vérité que je voudrais tellement effacer. ça me tue de savoir qu'elle a souffert à ce point. De savoir qu'elle a gardé ça pour elle. Seule avec ce souvenir. . .

Je me reprends. L’idée de buter cet enfoiré reste encore trop intrigante. Ne me laisse pas partir tout de suite mon ange, je pourrais le regretter. . .
Je sers contre moi son corps frêle. Tu es à moi maintenant, je ne laisserai plus rien t'arriver. . .

- Je ne te ferais jamais une chose pareille, mon amour, que je murmure à son oreille. J'ai une folle envie d'aller lui foutre une raclée, mais je crois pas que sa t'aiderais. . .

Je reste silencieux, je ne sais pas quoi dire, mes paroles sonnaient vides. Je suis dépassé. Je ne . . . Et puis non, elle doit savoir que ferais n'importe quoi pour elle.

- Si je peux faire quelque chose. . . .

Je regarde mon amour partir. De voir ses pas l’éloigner de moi me déchire plus que je ne l’aurais cru. J’ai toujours été ce garçon indépendant. Je me foutais éperdument des filles. Pas que certaines n’aient pas essayé de m’avoir, Mais je n’ai jamais rien ressentis de semblable à ce que me lie à Amy. Elle est innévocablement parfaite. Parfaite pour moi. Je dois lui dire. Dire à son cœur brisé tout ce que je ne lui ai jamais dit. J’ai été bien plus honnête que durant toutes les dernières années, mais elle doit savoir.

Je m’approche pour la rejoindre dans sa chambre. Par l’entrebâillement de la porte je vois qu’elle se change. Je détourne le regard, question de lui laisser un peu d’intimité. Ce n’est pas comme si nous étions déjà si à l’aise l’un devant l’autre. À peine mon regard est-il détaché par réflexe de la peau nue de son dos, qu’il y est attiré par un immense bleu. J’en suis bouleversé. Comment ne m’en suis-je pas aperçut plus tôt. Je contrôle mes pensées qui tout de suite imaginent le pire. Comment est-ce que cette blessure a pris sa place sur le fragile corps de ma bien-aimée. Elle est maintenant vêtue que je m’élance à travers l’ouverture de la porte pour la prendre dans mes bras. Je n’ose pas regarder son visage. Peut-être pensera-t-elle que je l’espionnais, mais je m’en fous. Je ne permettrai plus jamais qu’elle soit meurtrie. Physiquement, Psychologiquement. Et dire que tout ça s’est déroulé sous mes yeux. . .

Je murmure dans ses cheveux que je caresse tendrement :

_ Comment c’est arrivé mon ange ? Ma voix se brise.

Est-ce que je suis prête à connaître la réponse. Mes doigts glissent tels des ailes de papillons sur sa peau meurtrie. Je retiens toutes ces émotions qui menacent de me submerger. Dans quel monde est-ce qu’une personne aussi gentille, parfaite, généreuse, adorable qu’Amy peut souffrir autant. . .

_ Comment c’est arrivé mon ange ?

Je ne peux m'empêcher de pousser un léger cri de surprise. Voir l'amour de ma vie s'avancer dans ma chambre dans ces circonstances me fait plus d'effet que prévu. J'avais promis qu'il ne m'arriverait plus rien. J'avais promis, prévu, planifié. Et dès le lendemain, j'avais failli. Peu importe qu'il m'ait espionnée pour savoir ce qui m'arrive... Peu importe, je sais que c'est un homme bien... C'est bel et bien moi qui suis en tort. Sa voix semble voilée, par la peine, le doute. Je ne sais pas.
Ne m'en veux pas, mon amour... Du moindre regard, tu embrases et rend plus beau chaque recoin de ce bouge qu'est le monde...

- C'est... C'est des connaissances à Tom. Ils s'emmerdaient, alors...

Je laisse échapper un rire nerveux. Sans que je ne me rende compte du changement, il se transforme bientôt en sanglots. Des sanglots qui déchirent l'air de la pièce. Je me hais. J'aurais voulu être forte, pourtant... J'aurais aimé être capable de faire comme si ça n'était pas grave...

Hébétée, je le regarde partir en courant. Seul le claquement de la porte me fait sursauter, et ce regain d'énergie me fait plus mal que jamais. Je ne pense plus. Mes jambes me relèvent seules et dévalent les escaliers. Il ne peut pas me laisser. Pas comme ça. Son silence était glaçant. Son regard impénétrable. Mais j'ai foi en lui.
Je suis folle: je l'aime.
Les marches défilent quatre à quatre. Je ne sens plus le sol froid sous mes pieds nus. Seuls comptent les pas que j'entends encore un étage en-dessous. Plus que quelques mètres, et il sera sorti de l'immeuble. A bout de souffle, je hurle:

- Shaaawn !

Je vois d'ici la porte s'ouvrir, et se refermer lentement. Je traverse le hall en courant. Mes oreilles bourdonnent, et ce bruit est mêlé aux seuls battements désordonnés de mon coeur. Je me précipite contre la porte qui s'ouvre à la volée, avant de lancer des regards confus à droite à gauche.

- Shawn... je murmure dans un souffle...

Je sens mon portable vibrer dans ma poche. D'un geste machinal, je le saisis. C'est lui... La lecture de son sms me donne envie de hurler et de balancer mon portable au sol. Mais je reste comme une idiote, les bras ballants à fixer le vide, les machoires crispées.