{Les portes témoins de ma petite sortie, spectatrices de ma résurrection} - [Shawn Ross] - CLOSED

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6h40. Shawn, s’il m’a donné son vrai nom, ne devrait pas tarder.
J’entreprends de griller lentement une cigarette lorsque les doutes m’assaillent, oppressants. J’en viens presque à me demander ce que je fous ici.
Il est encore temps de partir… mais la fuite ne me ressemble pas.
A qui exactement ? Charlie le barman repenti, totalement invisible ? Ou Charlie l’homme qui respire à l’adrénaline ?
Définitivement le second. Éternellement si possible.

Je suis Charlie Burton, j’aime le danger, emmerde les lois et attends mon frère.
Rien d’autre n’est plus vrai. Pas maintenant.

La mélodie d’un air que j’ai griffonné sur un vieux bout de papier hier soir envahit mon être, écartant les doutes, effaçant les craintes.

Je chante doucement la chanson qui est désormais la mienne. Attendre.
La lumière est au bout, accrochée aux mains de mon complice.

Il va venir.

Je planque mes mains dans mes poches. Il est si tôt et la ville est déjà en pleine action. J'ai du faire un détour pour ne pas éveiller les soupçons de mon imbécile de grand frère. Il fallait que je tombe sur lui ce matin. Je n'arrive pas à croire qu'on ne se soit pas croisés avant. Je n'avais pas réalisé que la prison était dans le même quartier que le commissariat. Imbécile de flic. Je suis descendu de l'autobus 4 blocs avant la prison. Le reste du chemin, je l'ai passé à ruminer mes mauvais souvenirs. Mon grand frère qui ne m’a même pas retenu quand les parents m'ont foutu à la rue. . .

Mais aujourd'hui est une nouvelle ère. Le frère que j'aurais voulu avoir m'attend devant les portes de la prison. Ironique comme endroit, vu ce qu'on risque. Je détache mon trench coat pour glisser dans la poche intérieure une paire de lunettes de soleil. Ma chemise blanche détonne avec le noir de mon manteau. Les apparences comptent pour beaucoup dans ce "métier". Je vais en glisser un mot à mon partenaire. Je sais qu'il va accepter. Je vois sa silhouette accoté contre le grillage de la prison. Une cloppe à la bouche. Il jette négligemment son mégot sur le sol. Je ne suis en retard que de 3 minutes. Ce n'est pas dans mes habitues, mais j'ai eu un petit contre temps.

Je lui fais un signe de tête. Pas d'effusion ni d'embrassades, nous ne sommes pas deux fillettes venues jouer à la poupée. . .

-Charlie, Charlie . . . l'Homme à l'ironie plus grande que son audace.

Dis-je en jetant un regard à l'endroit qui nous entoure.

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6h48. Il arrive, je me tais. Qu’importe les chansons désormais, la symphonie qui emplie les airs porte son nom.
Shawn glisse une paire de lunettes dans la poche intérieure d’une veste plus classe que n’importe laquelle des fringues que j’ai jamais porté. On dépareille et pourtant, non seulement je ne me sens nullement différent de lui, mais mon style faussement négligé n’arrive pas à me faire sentir con même s’il ne soutient pas la comparaison face à son look, à lui.

Il s’approche de moi, se contente d’un signe de tête que j’imite.
Il craque alors un sourire.

-Charlie, Charlie… l’Homme à l’ironie plus grande que son audace.

Il scrute les environs.
Je crois que l’ironie de la situation dépasse l’entendement. Il n’a pas idée.
Je n’avais pas la tête haute lorsque j’avais franchis le seuil des portes devant lesquelles nous nous trouvons.

- L’ironie est un art que je maîtrise.

Je le concède, puisque c’est vrai.
Il n’a pas encore vu mes autres talents à l’œuvre. Ceux qui ont forcé mes pas jusqu’à la ferraille contre laquelle je prends appuis en ce moment.

- Entre autres.

Je vois à son regard qu’il a compris.
L’art dont je parle, il le connaît par cœur, l’applique à la perfection, je le sais.
Et puisque je le sais, je le vis. Je sens déjà l’effet du danger courir à travers mes veines, résonner dans mes tympans, ralentir les battements de mon cœur pour les faire s’endiabler après….

Je me tourne vers les portes témoins de ma petite sortie, spectatrices de ma résurrection.
Il ne tient qu’à Shawn de rendre cet endroit symbolique, d’effacer les cicatrices fraîchement tailladées.

Il est confiant. Il maîtrise l'endroit. Charlie a beaucoup à m'apporter. Je ne le connais pas vraiment, mais ce mec est idéal. Je le sens. Loyal et surprenant.

- L’ironie est un art que je maîtrise.

Je n'en dirais pas moins. Les murs de la prison semblent me regarder d'un air narquoi. In your face Je les fixe sans réaliser vraiment ce qu'ils représentent. J'ai toujours été insouciant. Peut-être un peu trop. Mais c'est ma façon d'être. Je ne peux pas changer. J'aime le danger et le risque.

Charlie est devant moi. Il sourie mystérieusement avant de continuer.

- Entre autres.

J'aurais parié qu'il était doué. Un homme de plusieurs talents. Un homme en or et dans tous les sens. . .
Je l'observe un moment. Ses épaules larges, son air ténébreux, son attitude de bad boy. Comment ne pas croire qu'il serait parfait, crédible. Sa remarque m'a intriguée, je veux en savoir plus. Parce qu'un jour, Charlie l'homme aux mystères n'aura plus de secrets pour moi. On se doit de connaître notre frère à en devenir non ?

- Et dans quel genre d'art tu te spécialise ?

Envie d'un peu d'action ? Tu vas être servis si tu t'embarque dans cette aventure avec moi. Ce sera à couper le souffle. Un voyage mémorable. Pas de capitaine à bord. Que deux frères pour diriger le navire. Impatient de voir ce que tu peux faire mon frère. ..

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.

- Et dans quel genre d'art tu te spécialise ?

J'aime la façon dont il prononce ces quelques mots. Le vol est définitivement un art à ses côtés. Un sport de haute voltige impliquant des risques conséquents. Mais si délicieux...
Ces sensations ne se sont tenues éloignées de moi que trop longtemps.
Je fais face à la réalité : le risque me manque.
Mon existence trop rangée mérite un peu d'action et de piment, le tout servit par un frère bénit sur un plateau.
Un plateau de fer. Comme nous. Du fer, brut et résistant, intelligemment recouvert d'une couche de peinture argentée. L'illusion est un autre des arts qu'il maitrise.
Mes cartes à moi sont moins délicatement pensées.

- Les lions sont rapides, dis-je avec l'intention de ne surtout pas entamer un long discours stéréotypé. Des sujets loyaux, efficaces et bien organisés. Ils sont les meilleurs, aptes à survivre dans la jungle qui les entoure.

Tels étaient les arts que je maitrisais. Car cette vérité était grande : nous somme des félins.
Frères d'armes, nous luttons dans la jungle qu'est notre vie.
Loyal, rapide et efficace, je ne trahirai personne. Je ne fais pas de promesse muette.
Depuis notre rencontre, nous avons toujours flirté avec le principal, sans jamais l'aborder.
Nous n'avons qu'effleuré la vie.

- Dis-moi Shawn. Quand irons-nous chasser ?

- Les lions sont rapides, Des sujets loyaux, efficaces et bien organisés. Ils sont les meilleurs, aptes à survivre dans la jungle qui les entoure.

Charlie me regarde malicieusement. Bien sur que je vois ce qu'il veut dire. Nous sommes les lions et les autres sont nos proies. Comment ne pas voir tout ce qui arrive. Ce monde est en perdition. Que les plus forts reprennent le pouvoir, ou s'octroient tous les droits. La vie est une jungle. New York est une chaîne alimentaire où les plus riches ne sont pas nécessairement ceux au sommet.

Dis-moi Shawn. Quand irons-nous chasser ?

Chasser. Le coup rapportera de l'argent. L'argent permet de survivre dans notre monde. De manger à sa faim. Prendre aux riches pour rééquilibrer la chaîne.

Chasse prévue pour vendredi

Oui, vendredi. Dans 4 jours. Les délais sont courts. Comment gères-tu la pression mon frère? Je crois que tout ira bien. La vie est une suite d'enchaînements d'évènements imprévisibles. Comme les bêtes sauvages qui sont contrôlées par leurs instincts.

Mais avant, Nous avons un stop à faire. Si tu est intéressé par ce genre d'activité, disons le, peu civilisée

Je hausse un sourcil. Tu me suis Charlie? Tu me suis maintenant où je me fie uniquement sur moi même pour vendredi. Je dois savoir. Ce n'est pas le même genre de préparation. C'est comme attaquer le chef seul ou avoir un complice à ses côtés pour l'achever. Seras-tu le lion que je cherche ?

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Qu'il arrête la sentence, je n'opposerai que peu de résistance.
Je veux, j'ai besoin de l'action qu'il me promet.

- Chasse prévue pour vendredi

Je souris malgré moi à l'entente du mot "chasse". Il reprend mon expression, preuve flagrante que, tel un seul homme, nous évoluons dans le même univers.

- Mais avant, Nous avons un stop à faire. Si tu est intéressé par ce genre d'activité, disons le, peu civilisée

Ses yeux formulent une demande muette à laquelle je m'empresse de répondre.
Ne me sous-estime pas mon frère. Nous dépeçons la même carcasse.

- Je n'ai jamais été civilisé, je souris à mon acolyte.

L'enceinte contre laquelle nous prenons appui peut lui prouver, elle me connait.
Mais plutôt crever que renouer avec ce passé trouble d'ex-taulard, l'étiquette a déjà mis trop de temps à se détacher de moi. J'étais jeune et je crois... je sais que j'avais envie de me faire prendre. Les temps changent et mes motivations suivent le mouvement.

- A quel genre de stop tu fais allusion ?

Tout ça n'est rien qu'une question d'action pour moi. Juste sentir me cœur battre à tout rompre, n'entendre rien d'autre que son bourdonnement dans mon crane, courir pour ma vie et mieux recommencer le lendemain. L'adrénaline. Rien d'autre.

- Je n'ai jamais été civilisé,

C'est justement ce que je recherchais. Mais je reste convaincu qu'il faut jouer contre les apparences. Ne pas se faire deviner. La vie reste une mascarade. Les apparences y sont pour beaucoup.

- A quel genre de stop tu fais allusion ?

Je souris malicieusement. Ne me prend pas pour un Homo mon frère, mais je t'emmène faire du shopping. Le centre commercial reste le meilleur endroit pour apprendre à se fondre dans la foule. Tu pourras pratiquer ton air de gentleman cambrioleur. Et puis laisse-moi faire de toi mon cobaye pour une légère expérience enrichissante à ton expérience de drague.

- Un arrêt beauté.

Je le regard pour voir sa réaction Un sourire se forme sur mon visage. Tu ne vois pas de qui je parle Charlie. Eh bien je vais t'expliquer.

-Un peu de magasinage pré-délit.

Invité Invité

Un sourire illumine son visage. L'identique de celui que j'utilise pour appâter la clientèle quand je suis d'humeur. Intriguant.

- Un arrêt beauté.

Son esprit regorge décidément de surprises que je commence tout juste à assimiler.
Passionnante créature qu'est ce nouveau frère. Dire que je l'apparentais à un frère d'armes... masquerait-il une sœur dans l'adversité ?... Je cache un sourire comme je peux, désemparé.
Je n'ai aucune idée ce que peut être un arrêt beauté dans le jargon criminel.
Parce que... il s'agit bien du même jargon, non ?

-Un peu de magasinage pré-délit.

Il sourit, s'amuse et éclaircit la chose.
Le shopping n'est pas mon affaire, cela se voit-il à ce point ?
Je jette un œil à mes fringues, elles n'ont rien de choquant... pour moi.
Ce look faussement négligé, je l'ai adopté depuis longtemps déjà... et j'ai finis en prison.

- Faisons ce truc.

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