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| |- Best Of Me -| Len & Melitta. | |
| Auteur | Message |
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Len Harvey Nombre de messages : 8
| Sujet: |- Best Of Me -| Len & Melitta. 22.06.12 19:07 | |
| C'est un automatisme, quelque chose dont je ne pourrai jamais me passer. J'oublie les frasques de mon passé, vide mon esprit, me brûle la peau d'avance de savoir que je vais voir la richesse sans la toucher. J'imagine des fêtes en couleur, des piscine à se noyer, un monde à conquérir, sublimé par son rire parfait. J'ai embrassé son front avant de m'enfuir pour une vie que je veux meilleure même si elle ne l'est qu'à moitié. Mon uniforme me colle à la peau, comme chaque soir je tremble trop. D'une assurance que je veux parfaite, mes jambes décident pour moi. Elles me mènent vers cet endroit, là où on pensent acquérir toutes sorte de conquête. La vie, l'amour, l'argent. Le sang qui bout, les oreilles qui explosent et les yeux qui pleurent parce que pas habitué au monde du fric et de tous ces cons dépensiers.
Je me moquerai d'eux silencieusement, quand leur mains seront moites à l'idée de perdre encore un seul centime d'argent. Je les envierai aussi un peu, rêverai l'espace d'un instant avoir leur fortune, me plaindrai intérieurement de ne pas pouvoir donner tout cela à Maria. Me punirai encore une fois de ce que je lui ai fait, rendu à vivre un enfer quotidien, je lui dirai que je l'aime sans vraiment le penser et ce soir quand je rentrerai ... je lui murmurerai encore une fois que sans elle la vie elle serait aussi moche qu'un matin d'été, beaucoup trop ensoleillée. Elle ne le prendra pas mal, parce qu'elle sait ce que personne ne sait pas, que je suis à l'inverse de la normalité. Que j'aime le froid, que la nuit est mon terrain de jeu préféré, que je préfère me terrer avec elle plutôt que de m'imaginer aimer vraiment. Que jamais je ne la quitterai même si le monde entier me l'ordonnait. Que je suis ce paradoxe ambulant qui se contente d'avancer sans savoir où le chemin va se terminer.
Elle m'inventera un monde, me susurrera quand je la prendrai dans mes bras quel prénom elle a choisi pour notre enfant, cette nuit. Elle me dira que contre toute attente il serait sortir avec une tête blonde, que ses pensées étaient déjà en vrac comme celle de son père, mais que c'est ça la vie. Elle inventera un bambin qu'elle ne connait pas, qu'on a perdu trop vite sans avoir eu le temps de changer de choix. Elle sourira, elle me demandera quel montant le plus important a été remporté, je lui dirai, lequel a le plus perdu, je lui rirai. Mais elle saura, elle saura tout ce qu'elle veux savoir comme à chaque fois. Et c'est pour cela que j'observe si bien les gens qui défilent devant moi, pour tout lui raconter, pour ne pas qu'elle perdre une seule seconde de ce qu'il a pu se passer cette nuit. Parce que je sais qu'elle m'attendra, jusqu'à l'Aurore peut être cette fois.
Dernière édition par Len Harvey le 05.07.12 12:05, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: |- Best Of Me -| Len & Melitta. 24.06.12 13:17 | |
| Les horreurs d’avant me collent à la peau, depuis que je sais, depuis que je sens. Si dans ce monde il n’est pas normal de se battre pour manger, pourquoi m’ont-ils laissé faire ? Ils m’ignoraient quand j’étais là, sous leurs pieds, à portée de main, me trainant dans leur boue, me lavant de leur eau, saignant sur leurs rêves. Eux aussi luttent pour boire, pour avoir chaud, pour récolter un espoir imprimé et se reposent pour le lendemain, où chacun a son combat. Nous sommes les mêmes, eux et moi. Ils sont mon enfer et chaque jour leurs coutumes crèvent mes illusions. Je suis fatiguée de ne pas comprendre, usée jusqu’à la corne, trempée des os par leurs larmes de crocodile qui sillonnent la haine comme d’autres les rivières. J’ai des histoires à raconter qu’une poignée seulement d’entre eux entendraient. Ils posent des noms sur des choses qui n’existent pas et évitent de regarder les douleurs des autres, aussi grande qu’une montagne contre un ciel bleu. Je suis un nuage de misère qu’un chagrin épaissit, alors qu’il ne m’appartient pas. Et ils pleurent comme je bois sur les malheurs des pauvres, se disant que penser à eux suffit à en faire des gens biens. Ils ont inventé la paix de leurs âmes pendant que d’autres les bradent comme les putes qui griffent les trottoirs de leurs talons usés. Ces clowns tristes baisent le chaos avec tendresse, faisant de leur propre fange une maitresse que l’argent déguise. Ils rendent leurs défauts appétissants, ils se tuent à trop faire semblant. Et moi je les suis, naviguant d’espace en espace, perdue dans le vide qu’ils forgent entre eux. J’entre dans une maison immense, brillant comme les bijoux des parieurs. Ils ouvrent des brèches sur leur monde, qui ne se ressemblent pas entre elles. Dans celle-ci, on échange de l’argent véritable contre une fausse monnaie… elles sont toutes factices pour moi, un bien précieux, ça n’existe pas. Si dépouillée je suis vivante, alors rien d’autre que ma chair n’a d’importance. Ils sont bruyants, divisés, hystériques ou décimés, partout à la fois, vêtus de leurs traditions qui détonnent avec celles qui dorment dans les rues et qu’ils enjambent, le rouge aux joues. Mes propres vêtements se confondent entre tous ces mondes, beaux et ravagés à la fois. J’approche d’un jeune homme isolé des autres. Que faisait-il, quand ils ont décidé d’organiser un match où la première à saigner perdait ? Que mangeait-il, quand ils m’affamaient, appelant leur jeu Monster’s ball ? Cherche-t-il encore les monstres sous son lit ? Ou a-t-il compris que le monstre est depuis toujours en lui ? « S’il vous plait. » Les gens sont toujours plus gentils lorsqu’on sourit "please." « Avez-vous vu cet homme ? » Mon sein est froid maintenant que l’image n’est plus contre ma peau pour lui tenir chaud. Je lui tends la photo, celle que j’ai prise près du lit et qui était sous sa lampe toujours allumée pour moi. Ses cheveux bouclés sont emmêlés dans la longueur des miens mais c’est son sourire, que l’on voit en premier. Je n’ai jamais rien vu d’autre que lui et si on le connaît, il est impossible de l’avoir oublié. S’il vous plait, jeune homme. S’il vous plait.
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Len Harvey Nombre de messages : 8
| Sujet: Re: |- Best Of Me -| Len & Melitta. 05.07.12 12:38 | |
| J'ai la tête pleine d'elle, et je ne sais plus compter. Ni reconnaitre les cartes. On me murmure calme des Ave Maria sans arrêt, et je meurs de la savoir seule chez nous. Je ne sais plus devant qu'elle table je me trouve ce soir, mais une chose est sure, j'y suis. Je respire au rythme de leur jeu, de leurs mots. Ils misent sans se soucier du lendemain. C'est beau comme c'est étrange. Cette facilité qu'ont les gens de se débarrasser de leur argent. Ils pleureront qu'ils ont tout perdu, mais il reviendront demain ou le jour d'après. Parce que le jeu est leur drogue préférée et que je suis là parce que j'aime les voir se ruiner. Je leur invente des excuses, les prends de pitié. Elle répète tout le temps que je suis influencé. Influencé par cette bonté qui me défini, encore une fois c'est selon elle, elle a tord sans le voir. Je suis le pire des salauds, celui qui a fait d'elle une fille perdue. Qui a bafoué son honneur, qui lui a fait perdre la face devant ses parents. C'est ce qu'ils ont hurlé à mon visage, avant de la virer. Je voulais les tuer, les massacrer. J'ai préféré la prendre dans mes bras, l'écouter pleurer. C'est la première fois qu'elle m'a dit je t'aime, je l'ai serré plus fort, parce que j'étais à ma place sans l'être, j'avais besoin d'elle, et mes sœurs me manquaient.
Quelle mise ? J'obéirai. Je suis ce robot que j'ai choisi de jouer. D'être pour exister. Je lui rend son sourire, les deux sont faux, surfaits. Elle fait semblant, comme je le fais. J'incline le visage, j'entends l'argent, je me dis qu'elle le fait lorsqu'elle me tend quelque chose. Avant de me rendre compte que c'est une photo, qu'on plante devant mon nez. J'suis pas au courant. Les gens défilent ici, je ne les remarque pas, ne note pas leurs mouvements. Je les oublie, aussi vite qu'ils sont entrés dans ma vie, parce que c'est ce qu'il font pour moi. Ils ne me remarquent pas.
« Avez-vous vu cet homme ? »
Je mens en pensée, je les vois tous, leur écrit une histoire que je m'empresse de conter à Maria. Mais lui, je peux jurer que je ne l'ai jamais vu et d'après l'impression qui est figée sur son visage, j'en suis totalement désolé. J'ai envie de lui dire, qu'il est déjà venu ici, mais mentir ce n'est bon qu'en pensée. Alors j'affiche un visage dépité, désolé, je hausse même les épaules pour lui faire comprendre, comprendre combien je ne peux rien faire avec elle et que ça me dérange. Excusez-moi. Lui, je ne l'ai jamais croisé, mais ce soir, je raconterai à Maria, ma drôle de rencontre ... Celle avec une fille qui ressemblait à un ange tombé trop tôt du ciel, je lui dirai, combien de taches de rousseur elle avait, et combien son sourire était beau tout en étant faux.
- Non, ... et je peux vous certifier qu'il n'a jamais mis un pied dans ce casino. J'suis désolé. |
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| Sujet: Re: |- Best Of Me -| Len & Melitta. 05.07.12 23:25 | |
| Il y a des larmes dans ses sourires, comme il y en avait dans les siens. Ce jeune homme mal à l’aise dans ses vêtements est un miroir sur quelques unes des histoires qu’il m’a raconté et me bordent l’âme aujourd’hui. Je les ai dans toutes les lignes de ma main, elles sont dans les secousses de mon cœur et nagent jusque dans les hachures pulsées de mes cicatrices que le soleil ne teintera jamais. Je le regarde tandis qu’il s’anime, poupée défaite de mots mais pas de magie, parlant sans parler, pleurant sans pleurer. Il me dit « non. ». Il me dit « Désolé. ». Il se dit « J’espère qu’elle comprend. ». Sa belle peau claire met en vedette ses yeux qui font briller mon reflet de mille larmes que personne n’a le droit d’appeler par leurs prénoms. Ils mettent des noms partout, ils en donnent à tout le monde. Mais son regard n’en a pas, même s’il est beau et parle mieux que ses lèvres faites pour en donner. « Non, ... et je peux vous certifier qu'il n'a jamais mis un pied dans ce casino. J'suis désolé. » Oui je sais, ses yeux me l’ont déjà dit. Mais je m’accroche à son "jamais" qui vient chercher des émotions ennemies jusque dans mon ventre qui loge leurs combats comme la fausse accueillait les miens. Je sais qu’il n’est pas passé par là. Je me le répète sans comprendre. Il n’est pas passé par là. Et j’ai toujours la chaleur de sa voix qui me dit les histoires que cet endroit rappelle, brillant sur le visage du jeune homme qui a oublié d’être heureux. Je touche les plis de ma robe, m’imprégnant malgré moi de la gêne qui le possède de l’autre côté de la table tapissée d’une matière douce. Je médite encore ses mots, me demandant ce qu’ils m’apportent, ce qu’ils m’apprennent. Son évidente gentillesse détone avec les bruits de machine autour qui agressent tous les sens, ces lumières qui imitent le soleil ne comprennent pas ses yeux, comme lui semble être ignorant de sa grande taille tandis qu’il se cache tout en restant là. Les vérités s’affrontent à ses pieds, dansant autour de lui dans une ronde que le monde ignore. Il est jeune mais sur ses épaules pèsent les regrets d’une centaine d’années. Il est ici mais son regard n’est plus là. Ses vêtements le portent. Ses sourires pleurent. Ses lèvres ne parlent pas. « Merci. » Je lui souris en allant chercher le fond de son regard. Merci, lui dit le mien. Je lui tends le pot qu’on m’a forcée à prendre à l’entrée et tous les jetons qui l’emplissent en faisant du bruit quand on le bouge. Je suis presque sure que ces choses ont de la valeur pour eux, alors je fais glisser le seau vers lui, appréciant la chaleur du velours de la table toujours là, entre lui et moi. « Gardez-les, s’il vous plait. C’est un pourboire. » Je souris "please". C’est un mot que j’ai appris en dansant. On n’a pas le droit de refuser de l’argent quand il vient d’un client. Je ne sais pas combien il y a exactement. Je n’en ai ni la valeur ni la mesure, ce qui est une vertu précieuse, il m’a dit. Ça s’appelle une ironie. J’essaie de ne pas perdre ses yeux mais j’ignore combien de temps ils resteront avec moi, parce qu’il se passe trop de choses dans leur envers. Ils ne profitent pas assez du moment et ils pleurent ensuite, perdant un peu du temps qu’ils pensent rattraper en courant. C’est tellement simple pourtant. Le secret des secrets du temps. Il suffit d’ouvrir les yeux pour être vivant. « Peut-être qu’il pourra acheter un des sourires que vous avez laissé tomber. Ici, tout se vend. »
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Len Harvey Nombre de messages : 8
| Sujet: Re: |- Best Of Me -| Len & Melitta. 12.09.12 19:39 | |
| Si j'avais pu mentir, je l'aurai fait. J'aurai même voulu fuir, au lieu de lui avouer que l'homme qu'elle recherche est perdu dans un ailleurs, loin de son cœur. Mes yeux et mon âme m'ont dictés que le mensonge n'a jamais payé. Alors je lui ai dis, quitte à la blesser, quitte à être détesté, la pure et simple vérité. Et puis, je suis habitué à ne pas être aimé, à rester dans l'ombre, celui qui reçoit les choses et qui ne les touche pas. Pardonnez moi, madame, mais je ne voulais pas abîmer votre monde, l'amoindrir, je voulais juste être sincère comme on m'a toujours dit de l'être. Je n'attends même pas de réponse, rien que sa déception, une gifle peut être et un oubli certain. Je dirai à Maria que j'aurai voulu, que peut être oui un jour je l'ai aperçu, mais que ma mémoire a flanché. Que je ne suis qu'un être humain et que je ne peux me souvenir de tout, bien au contraire. Je suis de ceux qui préfèrent oublier, qui pleure en silence leur vie passée.
Le temps s'écoule, s'efface, j'ai l'impression que son visage me hante déjà. Que ses mots seront encrés sur ma peau à jamais. Comme quelque chose de précieux, ou quelque chose de trop vrai. Alors qu'ici chacun porte son masque, elle tombe le sien, ou peut être qu'elle n'en a jamais eu, l'innocence d'un enfant, celle de tout un temps. Celle que j'ai perdu il y a bien longtemps, quand j'ai décidé de la prendre avec moi. D'avoir peur pour elle avant d'avant peur pour moi, de sourire parce qu'elle respire. Vous savez ce que cela fait, d'avoir la vie d'une personne a porter ?
« Gardez-les, s’il vous plait. C’est un pourboire. »
Je tente un sourire, mais ne prend pas le pot, je le regarde glisser devant moi. Je travaille ici, ne suis pas autorisé a jouer, encore moi a accepter les jetons d'un joueur. Je pince mes lèvres, ressens qu'elle veut bien faire, ressens je ne sais quoi, j'ai un peu mal à l'intérieur, je crois. C'est bête c'est vrai, mais je travaille ici et je me dois d'avouer que de ces jetons, je ne saurai pas jouer. Je suis meilleur pour observer, et puis, de toute façon, les habitués, si je gagnais, diraient que c'est triché. Non, de ce pot, de sa peau, je n'en veux pas, j'ai bien trop d’ennuis déjà.
« Peut-être qu’il pourra acheter un des sourires que vous avez laissé tomber. Ici, tout se vend. »
Je regarde une nouvelle fois son présent, l'attrape d'une main, l'espace d'un instant. Et puis d'un sourire qu'elle me demande, tout simplement, je lui rends. Lui tends, essaie de lui faire comprendre que c'est vrai, tout se vend. Mais que malheureusement, je ne fais pas parti de ces gens. Pourtant, j'ai vendu mon enfant, ou quelque chose du genre, je ne sais pas. Je l'ai laissé sans le voir en tout cas, et j'en souffre plus qu'elle ne le croit, ma Maria. Attendant tout simplement qu'elle reprenne ce qu'elle a voulu me donner, la façon dont elle a voulu m'acheter ? J'en doute, vraiment, mais il est vrai, que sa phrase est a double tranchant.
- Ici tout se vend. Mais pas mon âme.
Pourtant, j'aurai pu dire que je l'avais égaré il y a bien longtemps, mais je remercie le ciel chaque jour, de m'offrir la chance de me racheter. De me dire que de mes bêtises d'enfant, je n'en ressors que plus bon, plus grand. D'avoir une certaine estime de moi, même si je me mens constamment. Même si mes pensées soient toutes emmêlées. Je ne sais jamais, vous savez, sur quel pied danser.
- Jouez, on ne sait jamais ce qu'il peut arriver.
Je ne promets pas la gloire, l'argent, mais je prétends savoir qu'ici, même si tout se vend, on peut ressortir différent. Jouez, restez, que votre vie en soit changée. |
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| Sujet: Re: |- Best Of Me -| Len & Melitta. 16.05.13 20:52 | |
| Ma guerre est finie mais je trouve encore le moyen de perdre des bouts de moi. Ce ne sont plus des pans de chair, on ne m’arrache plus mes cheveux et mes dents sont bien en place. Mes os achèvent de se serrer les uns contre les autres et rien ne dérange mon corps qui s’habitue à la lumière. Mais je perds. Je l’ai perdu, lui, et il est une part importante de moi. Je sais me battre mais pas contre le vent. Je sais me défendre mais comment faire, contre le temps ?
En face de moi, le jeune homme pense sans pudeur. Les gens ne sont pas nombreux à oser montrer combien ils pensent, à quel point ils songent, la force avec laquelle ils le font. Mais lui m’échappe à son tour et retrouve quelques souvenirs douloureux. Je reconnais un peu de mes yeux dans le coin de ceux-là. Alors j’attends. Je patiente pendant qu’il pense et qu’il pousse le seau dans ma direction. J’ai reculé d’un pas, en suivant le mouvement. Ses lèvres parlent mais je surveille sa main. J’entends tout. Les machines, les musiques, les voix, les pièces, les pas.
Ici tout se vend, mais pas mon âme. Je le regarde. Tout se vend, mais pas son âme. Je me le répète sans saisir. Pas son âme. Est-ce qu’elle aussi a un nom ? Ils en mettent partout, ils en donnent à leurs enfants avant même de les connaitre. Comment peut-on savoir quel prénom correspond à ce qu’il est vraiment, avant même d’avoir embrassé sa tête ? Je ne veux pas récupérer son seau, je ne sais pas ce qu’il y a dedans. Mes yeux ont quitté les siens pour se poser sur les pièces étranges qu’il me rend. Il m’a dit, un jour, que l’argent propre avait plus de valeur à ses yeux parce qu’un billet pouvait venir du sang, de la drogue ou de la mort, même si rien ne le différencie d’un autre quand on l’a en mains. J’ai grandi dans les billets, je les ai rendus sales. J’ai fait couler le sang, je connais bien la mort et pourtant rien sur moi n’en atteste. Suis-je une enfant sale ? L’argent circule et se répand, il a quitté mon monde de l’ombre depuis longtemps. Peut-être que tu as acheté tes chaussures avec mon sang. Peut-être que je t’ai offert un blouson.
Jouez, on ne sait jamais ce qu’il peut arriver. Il me le dit sans joie, sans rien. Même leurs jeux sont tristes, alors. Je ne me souviens pas bien des miens. Je me souviens des balançoires que je partageais avec ma sœur, des cheveux dans son dos quand je le poussais pour qu’elle aille plus haut. Je me souviens des jours où on essayait de se cacher pour que les adultes ne nous retrouvent plus jamais. Mais on finissait toujours par perdre et tout nous a rattrapées, la mort en premier. Je ne sais pas comment jouer avec ces pièces, je ne connais que le bruit qu’elles font quand elles se cognent entre elles. J’ai une guerre. Une guerre dans la tête.
« Est-ce que vous allez jouer avec moi ? » Est-ce que vous pouvez ? Je ne sais rien de ces choses-là. Par quoi on commence, est-ce qu’on a le droit de courir par là ? Je n’aime pas la façon dont votre peuple s’amuse. C’est toujours aux dépends de quelqu’un, même de vous-mêmes. Il faut toujours que quelqu’un ait mal, que ça saigne. Ce n’est pas un jeu, pour vous, s’il n’y a rien à perdre.
« Je voudrais la récupérer, à moins que ça ne fasse partie du jeu. » Je montre la photo qui est encore sur la table, tout près de lui. Il n’est pas passé par là. J’essaie de ne pas perdre ma réponse. Non. J’suis désolé. Pas passé par là. L’endroit me semble soudainement plus sombre. J’ai peur qu’une goutte ne me tombe sur le front. Pas par là. Les yeux du jeune homme sont toujours en face de moi. Je ne les quitte plus, j’en reconnais les larmes qui baignent le fond et les rendent beaux, brillants, intelligents. Je souris tout doucement, pour ne pas déranger sa tristesse. S’il vous plait. Je voudrais la récupérer, c’est tout ce qu’il me reste. |
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Len Harvey Nombre de messages : 8
| Sujet: Re: |- Best Of Me -| Len & Melitta. 06.06.13 19:39 | |
| Je ferme les yeux, j'crois bien que je m'en veux un peu ... Je lui prêche un nouveau monde quand je ne sais plus s'il pourrait changer. J'voulais qu'elle imagine quelque chose de beau, de nouveau, voir ses yeux s'illuminer et non pas ce résigné au fait que je n'ai jamais vu la personne qui se trouve sur cette photo. Je voudrais la prendre par la main, l'amener sur le toit et lui dire simplement de respirer. Je lui parlerais de Maria, je lui dirais que je ne sais pas pourquoi je fais tout cela, pour être une personne bien, comme on dit. Je gâche surement ma vie ... Je me demande même pourquoi je m'invente cet instant avec cette inconnue, c'est n'importe quoi, mais c'est ça le résumé de mon histoire. N'importe quoi une fois, deux fois, à l'infini, voilà.
« Est-ce que vous allez jouer avec moi ? »
Non, moi je ne touche pas à cela. Je suis conditionné pour donner envie aux gens de le faire, pas d'y croire pour moi. Je ne saurais pas jouer, ce doit être un comble de ma réalité. Je suis capable de baratiner sans avoir le courage de me lancer. C'est peut être l'être humain qui est comme ça, nous sommes tous des menteurs professionnels, certains plus doués que d'autre et c'est pour cela que ce travail me convient aussi bien. Parce que j'ai du apprendre à mentir avant d'apprendre à parler. Tout ira bien, je disais, sachant très bien qu'on était en train de sombrer. L'argent, putain, toujours l'argent. Tout le monde ment, sauf Maria, c'est l'exception à toutes les règles. Elle défi le temps, défi les gens. Elle est comme cette femme qui se tient devant moi, authentique à en crever.
J'articule en ayant perdu mon précédent aplomb. Je voudrais pouvoir me frapper, ne pas me dire qu'elle a fait une loque de moi. Je secoue le visage même ... Je regarde les caméras, j'ai peur de tout perdre alors que le reste du monde est là pour gagner. Je ne me comprends pas. Ne comprends pas mon impulsion, mes envies de voir si l'univers est différent ailleurs. Ca brûle à l'intérieur et je me dis que j'ai perdu l'esprit. Que je ne sais plus penser. Qu'il y a dix secondes tout allait bien, j'allais simplement sourire en arnaquant les gens pour le compte de personne que je ne vois jamais mais qui passent leur temps à m'observer. Je m'en veux de mes précédents délires quand les nouveaux ressemblent à ceux la. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, comme si le temps s'était arrêté, moment durant lequel j'ai modifié ma façon d'exister.
« Je voudrais la récupérer, à moins que ça ne fasse partie du jeu. »
Je suis vendeur de rêve quand tous les espoirs sont perdus et cette photo semble me rappeler que les siens sont en train de le faire. Je pose ma main dessus, et la pousse doucement vers elle. Un sourire aux lèvres et l'envie de m'enfuir dans le cœur. Je cherche une horloge, quelque chose qui saurait me dire dans combien de temps mon baratin pourra se terminer et que je retourne dans la réalité. Je me rends compte pour la première fois depuis que je suis là, que dans le casino il n'y en a pas, rien qui pourrait nous dire depuis combien d'heures on est ici.
J'articule en ayant l'impression d'étouffer, tentant d'oublier que Maria m'attend, et que la vie aussi fait cela. A chaque fois. Je ne sais plus respirer quand je pose mon regard dans le sien, je me demande pourquoi j'ai demandé cela, je ne me comprends pas, et je me dis que ce sont ses yeux qui m'ont dicté mes paroles, parce qu'elle n'est pas comme le reste du monde, je le sais. J'attends sa réponse, essaie de me contrôler, ne plus regarder les caméras, ne plus me dire qu'elle autant que moi on ne devrait pas être là. Je sais qu'elle ne me dira pas De fortune et si son rêve me plait, je l'enlèverais. En lui disant de ne plus jamais venir jusqu'ici, lui promettant une plus belle vie. |
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Invité
| Sujet: Re: |- Best Of Me -| Len & Melitta. 08.04.15 20:12 | |
| Mon cœur se réchauffe, quand il pousse la photo vers moi de ses longs doigts propres. Assez près pour les toucher, les miens me paraissent vieux, sales et abimés. Ils sont hachurés de coupures que la lumière tamise, recouverts de lignes fines et anciennes. Il disait que j’ai simplement plus d’empreintes à mes phalanges que toute une armée d’anges. Mais sous mes ongles me dérange encore l’épaisseur noire de leur sang.
Je caresse son visage tendrement et une épine me traverse l’estomac, me rappelant le chant aigue d’une lame de rasoir. Il n’a jamais mis un pied ici. Pas un pied ici. Pas ici. Pas un pied. Mais c’est son cœur, qui m’intéresse. C’est sa tête, qui manque à la mienne. J’aimerais à nouveau pouvoir danser tout contre lui et sentir se frôler nos cicatrices. Nos deux épaules qui chantent mais se comprennent, depuis qu’une balle en a fait des sirènes. Elles attirent irrésistiblement nos doigts qui les couvrent de baisers et de caresses. Elles sifflent sous la pluie, douloureuses abandonnées des naufrages passés. Naufrage, c’est un mot que j’ai appris en Juillet. Qui s’échoue. Qui est enlevé de force aux eaux, arraché à sa vie avec brutalité. Qui de navire, devient épave.
Je surveille le jeune homme beau et propre. Je lui souris « Thank you. » avec les yeux, avec les dents. Mes dents blanches au goût du plomb. Je me demande ce qui le rend si triste. Si lui aussi a souffert dans l’ombre, une misère que le monde ignore. J’attends qu’il m’explique les règles du jeu. Je me demande à quoi il ressemblera, je n’en connais que très peu. De ceux que je partageais avec ma sœur ne me restent que des naufrages. Des souvenirs échoués sur les rives de la mémoire. Enlevés à mon enfance, arrachés à mes yeux. Mais des monceaux brisés que j’essaie avec force de réassembler je n’obtiens que de minces résultats. Son rire quand on faisait du vélo le soir, ses jupons qui tournoyaient quand on se coursait, la douceur de ses cheveux noirs, quand je les coiffais.
« Vous rêvez de quoi ? » Il me le dit comme si la vérité s’était échappée de ses lèvres lisses et bien soignées. Comme si elle avait été battue hors de lui à coups de bâtons contre ses côtes. Comme s’il ne savait même pas l’avoir en lui, avant que la douleur, la peur et le désespoir ne viennent la chercher tout au fond de ses entrailles rompues par le tonnerre de leurs heurts incessants.
La nuit ? De ma fosse. Des tous les corps sans âme que j’ai vus, que j’ai créés, qui m’ont étouffée. De tout le sang que j’ai perdu et qui pourrait remplir une marre occise par mes douleurs. De leurs hurlements qui me déchirent encore les tympans. De leurs salives crachées quand ils scandaient mon nom, de leurs yeux ruisselants qui me dégoutent et des mains dont il m’a sauvées. De lui. Mais surtout d’eux. Des papiers qu’ils accrochaient à ma cage et que je n’ai pas su lire, de leurs doigts qui s’insinuaient vicieusement entre les barreaux, espérant effleurer ma peau déchirée par les combats. Des yeux de mes amies sans douleur, sans vie. De lui. De ma bile, quand je pensais mourir. D’avoir à y retourner. De sa voix qui me dit « N’en parle jamais. »
Mais ce sont des cauchemars. Et il m’a demandé ce dont je rêve avec sa jolie voix, sa voix douce et basse. Vous rêvez de quoi ? Je caresse son visage sur la photo toujours posée contre le velours.
« De le revoir un jour. » Est-ce que ça compte ? Est-ce que c’est du jeu ? Je lui souris. C’est à mon tour.
« Où voudriez-vous être, si vous pouviez ne pas être là ? » Seriez-vous plus heureux, en dansant avec votre amoureuse ? Sentez-vous le monde chavirer, quand vos épaules s’épousent ? Est-ce qu’elle sait lire votre peau comme un parchemin taillé par un couteau ? Si vous savez où elle se trouve, pourquoi n’allez-vous pas la retrouver ? L’avez-vous perdue ? Est-elle en cage ? Avez-vous besoin de mon aide ? Je saignerais, pour vous sauver du naufrage.
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