Je me demande encore ce que je fais ici, ma pensée me fait mal, parce que je sais qu'elle blesserait Lexie. J'ai honte de ma vie. J'ai peur de demain autant que je regrette mon hier, le soleil ne se lèvera pas de la même manière quand tout sera fini. Quand j'aurai enfin annoncé mon départ, quand j'aurai hurlé qu'ici je ne sais plus que je suis.

Je soupire, assise au milieu de nulle part, les gens tournent autours des nombreuses cages, ils cherchent un bout de rêve, d'exotisme, ils se sentent supérieur, et moi ... Moi j'ai mal au coeur. Je voudrai leur dire que la place de ces animaux ne se trouve pas ici. Il me semble qu'ils sont égaux à moi, enfermés, pas encore capables de parler. J'irai mourir ailleurs, mais aujourd'hui je perds encore quelque chose de moi, une naïveté que j'avais quand je jouais avec James dans les champs de blés.

24 juin, voilà la vérité. A la St Jean, il faut ramasser du blés, c'était ce qu'il disait, il n'aimait pas les pétards, parce que petit, sans le faire exprès, il m'avait brûlé. Je me souviens de ses cris avant de penser aux miens. J'avais eu mal, c'est vrai, mais je n'avais pas pleuré, mais yeux, eux, s'étaient focalisés sur le ciel qui au rythme "boums" explosif se déchirait. Après cette année là, on a laissé tombé les pétards et on est passé au ramassage de blés, c'était moins merveilleux, impressionnant, mais c'en était pas moins beau pour autant.

Je ne sais plus l'heure qu'il est, mon esprit perdu dans les souvenirs qui ne cessent de m'obséder, il faut que je rentre voilà où est toute la vérité. J'angoisse un peu, à l'idée de me retrouver enfermé dans le zoo, mais je ne bouge pas, n'en est pas la force, ça ne veux pas, mes jambes n'obéissent pas. Mes yeux, qui avant était fascinés, sont aujourd'hui pleins de larmes que je ne peux contrôler. Le temps trépasse et ma vie s'efface. Je relève la tête parce que je sens une présence devant moi, un jeune homme me tend un mouchoir, mon regard levé vers lui, je ne sais par où commencer pour lui dire de s'en aller.

- Je n'en ai pas besoin. que je prononce avec mon mauvais accent anglais.

Je veux pouvoir regretter en paix.