Ma vie est un portrait de famille qu'a pris un ange. Capturant nos âmes, il les a rendues belles d'un silence qui entre nous décrit des affres faites d'une passion modélisée par l'amour fraternel.

               En premier devant notre sapin qu'il cache à moitié, se tient Jo, souriant une larme qu'il pense discrète mais qui écrase tout son cœur d'un poids que les regrets rendent lourd à porter. Ses bras sur nos épaules les couve avec force, nous laissant grandir à l'abri de son ombre brisée par quelques craquelures qu'ont griffées les femmes de sa vie. Le feu éclaire quelques cicatrices sur sa peau dure et chacune d'entre elles porte l'un de nos prénoms qui sur lui ont saigné sans qu'on ne lui demande même de nous défendre. Il est à bien des égards un second père. Il m'a appris la valeur du temps, de la jeunesse et de l'argent.
               A côté sourit Oliver, sa joue pliée par une fossette renfermant les secrets de son rire. Sa force tranquille replie une main sur sa ceinture, figure d'un appel électrisant au danger. C'est son regard qui cherche le nôtre en premier sur ce papier, tutoyant nos rêves d'une étincelle taillée par son charme. Il porte une chemise dont j'ai hérité depuis et que je remettrai à Jimmy. Un discours au bout des lèvres, il séduit de son aplomb même lorsqu'il est muet. Il m'a appris à me battre pour mes rêves, quitte à s'épuiser d'apprendre à courir plus vie qu'eux et dans un éclat de rire, les dépasser.
               Juste en dessous se trouve Jimmy, qui a l'air de bouger même quand il est assis. Ses yeux tournés vers un ailleurs imprécis sourient à l'aventure que ses songes dessinent devant nous. Une main sur sa sœur se raccroche à nous tandis que la seconde se prépare à amortir ses prochaines chutes. Il aura mal, il le sait et en se relevant, il rira de plus belle, se sachant vivant. C'est lui qui ressemble le plus à notre mère. Il m'a appris qu'il est beau de ne pas être éternel et que notre seule vie n'est pas fragile au point de la gâcher à ne jamais rien risquer.
               Ashley est assise sur un tabouret d'enfant, ses yeux hurlants encore un rire récent. Elle est magnifiée par la magie d'un Noël qu'elle aime jusqu'à lui rendre justice en personne, vêtue d'apparats d'occasion qui ne parviennent pas à voler la vedette à ce visage tourné vers ses frères. Irradiante d'un halo inné, elle accroche une lumière à un ensemble qui sans elle serait fade. Elle nous rend meilleurs, nous poussant chaque jour depuis le premier à réinventer son quotidien pour qu'il ne manque de rien. Elle fait de nous des magiciens. Ma sœur m'a appris à chérir ce que j'ai tout en ayant des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue en vieillissant.
               Notre père derrière l'appareil est à l'origine de tous les sourires qui couvent nos visages comme il a su veiller sur nos cœurs. Peut-être est-il plus présent que chacun d'entre nous, d'avoir su nous faire rire et capturer un instant à nos images, lui qui nous connait mieux que nos propres miroirs.

               Moi je suis au milieu. Jouant avec les cheveux dorés de ma sœur que je désordonne avec douceur, une main calée sur un cœur qui crie le nom de mon père. Je ris avec eux, le regard vrillé vers l'objectif derrière lequel se cache ses blagues et le souvenir de notre mère qu'on ne croise plus que sur les photos. Comme eux tous, je pense à elle et à tous les cadeaux qu'on ne lui fera jamais. Au mal qui la ronge et dont on pense avoir hérité, quand la nuit tombe et que les pensées s'effraient entre elles. Une étoile dans mes yeux plissés par la joie éclaboussent la poussière de nos regrets, le temps d'une photo qui aura tout changé. Ces moments ensemble sont les seuls qui vaillent et me rappellent pourquoi j'existe, pourquoi je tremble, d'où viennent mes ombres. Et je sais que je suis né pour protéger ce qui est mien. Parce que ce que j'ai, comme ce que j'aime, m'appartiens.

Ashley Bush (Alona Tal) Ma petite sœur est le dernier bijou d'un artiste qu'il a cédé aux hommes dans le dernier de ses souffles, lui prêtant serment. Elle est le mariage des couleurs et des sentiments, l'inusuelle rencontre d'un navire calciné par les coups de canons et son horizon blanc, promis à un soleil couchant sur qui les brumes orangées tombent comme un astre en fin de vie. Elle est chérie, précieuse d'incarner un objet unique. Dernière de son clan, elle me rend fier de porter son nom.

Sahara Stanford (Julia Stiles) Ma cousine est le trophée d'un inconnu que l’œuvre seule surpasse en renommée. Connue du monde, elle traverse les âges, frappant de sa beauté les yeux s'attardant sur son corps montrant le choc d'un volcan régurgitant sa lave tandis qu'il revêtit dans l'ombre son masque de glace. Violente d'une puissance inouïe, elle fascine des mystères dont elle regorge, inconnue de la nature, de l'art et du ciel qui s'est ouvert pour elle. Son insoupçonnée lueur brise les codes qui pour lui rendre hommage, l'encense encore.

Emily Bush (Chloe Moretz) Ma nièce est le portrait d'un génie que l'on ignorait être un monstre d'humour. Éparpillée par les couleurs que les âges ajoutent les uns après les autres, elle révèle au monde des yeux d'enfants sur un corps que l'on ne croyait plus innocent. Détournée, dérivée, changée... elle demeure parfaite, icône de jeunesse et d'espoir dans un monde s'attardant sur le noir. Elle se troque, habille, se chante et nous rend, le temps d'un regard, celui de nos dix ans.

Bonjour New York, je m'appelle Jean-Pierre. Je suis une mite âgée de 100 ans. Mon personnage est un scénario qui porte le visage de Craig Horner ♥. Ce compte est mon quatrième. (Je souffre parfois d'un dédoublement de la personnalité. Vous pouvez me retrouver sous les noms suivants : Charlie Burton, Sofia Olsen & Nathan Mist.) J'aimerais terminer en vous disant « Votez Sticules ! »