[Le titre vient de nulle part, désolée ]

Je tapote sur la poche de mon veston, juste pour vérifier, juste comme ça, pour faire quelque chose on dira. Tout y est, mon portable, mon porte feuille, un cigare aussi, je crois. Je ne me souviens pas de si je l'ai mis là, ou pas. Et je focalise mon esprit sur ça, parce que je n'ai pas envie de me dire encore une fois que je me fait chier. Que tout dans ce mariage est bon a jeter. En premier ? Les mariés.

Mais non, je pense à autre chose, parce que je viens de quitter Lexie, et que j'ai toujours ces drôles de bestioles bizarre qui font un campement dans mon estomac. Honte à moi. Je soupire, ne m'inspire qu'une seule chose, l'envie de partir, de me frapper. D'aller harceler du monde, ailleurs, au boulot. Je ne me vois pas le courage de gâcher leur mariage. Qu'on ne me demande pas pourquoi, je risquerai de cracher au visage de n'importe qui, n'importe quoi.

Je regarde ma montre, me dit que plus c'est long, plus c'est con. Le mariage ne démarre pas, et je crois que je n'assisterai pas à la cérémonie. Jack sera déçu, peut être, on en parlera demain, j'en suis sur. J'entends déjà mon portable sonner. Après tout c'est pas comme si c'était moi qui finançais cette mascarade. Connerie qu'ils vont faire de leur vie.

Et puis c'est d'un pas décidé, que je m'approche du buffet, parce qu'aucun des invités n'osent tant que les mariés ne sont pas là. Mais je ne suis pas un simple invité, n'est ce pas ? Je n'ai pas besoin d'une approbation, pas besoin qu'on me dise "Allez y." J'y vais tout simplement, parce que je suis Chuck et que cette coupe de champagne n'attend que moi.

J'ai faim, j'ai soif, je veux m'embuer l'esprit pour le simple plaisir de le faire, je veux danser, sauter, rire, crier sur des gens pour les réveiller. On s'endort, on s'ennuie et si j'avais su qu'un mariage était aussi ennuyant, j'aurais pas ramené ma fraise aussi tôt. Je veux secouer l'assistance, leur dire des conneries juste pour être sûre qu'ils ne se sont pas fait bouffer le cerveau par des zombies. Mais juste quand je me dis ça, je vois une blonde qui joue avec des enfants et à en juger par sa robe, elle est demoiselle d'honneur. Elle rit, et ses joues rosies se .marient avec sa robe. Elle vit, et j'adore ça. J'ai envie de la prendre dans mes bras, pour ça, mais je ne veux pas la couper dans son élan. Au lieu de ça, je préfère regarder le bébé qui gazouille dans les bras de son père, un peu plus loin. Le papa et de dos, mais, à en juger par les mouvements et les rires de l'enfant, l'homme doit être un gosse à cet instant. C'est beau les jeunes parents et pas besoin de voir leur visage pour le savoir. Et soudain, je ne sais pas d'où me vient cette image, peut-être est-ce dû au fait qu'ils ont tous les deux la même corpulence, mais je me mets à imaginer Ethan à la place du papa, et je souris, parce que putain, il aurait été parfait, dans ce rôle-là...

Mais je secoue rapidement la tête, guère désireuse de me demander si moi, j'aurais été une bonne mère. Aurais-je seulement été une mère ? Je ne connais rien de la morale, je ne suis aucune règle, je suis une épicurienne qui cueille le jour. Je ne mange jamais aux horaires indiqués, j'achète jamais la bonne marque quand je cherche un produit, je ne connais pas ma propre taille de vêtements, je parle mal, je n'ai un travail que depuis peu et, pour finir, je suis impulsive et déjantée. Quelle genre de mère aurais-je pu être, Si Ethan m'avait engrossée ? Et puis où aurait dormi le bébé ? L'appartement a une chambre, et une cuisine/salle à manger/salon avec accès sur les toilettes/salle de bain. On a bien de la place sur le balcon, mais je ne suis pas sûre que le bébé y apprécierait les hivers.

Je hausse les épaules, car la question ne se pose pas. Je ne suis pas maman, Ethan n'est plus là, et le bébé qui rie n'est pas de moi. Comme ça, on est tranquille. Je crois que c'est la faim qui me fait divaguer. Je pense des conneries car mon cerveau essaie sûrement de compenser le vide de mon estomac, en se remplissant par un monologue ma foi fort intéressant, ironie. Je continue mon tour. La blonde qui jouait vient de se planter devant une brune à l'air maussade. On dirait une pom pom girl qui essaie de motiver une équipe qui perd, c'est marrant.

Je viens de quitter Nathan pour chercher à nouveau de quoi boire, espérant que le temps d'attente ait convaincu les serveurs de nous laisser picoler. Non mais sérieux, dans trois minutes, je vais me faire chier, hein ! Je lance un regard désespéré au buffet et soudain, mon visage s'illumine (du moins, c'est l'impression qu'il m'a donné) : Un homme s'en est approché. Je ne prends même pas le temps de le regarder vraiment, d'aspect général, j'ai l'impression qu'il ressemble à un mec qui serait moche, mais on s'en fout. Il va se servir, le mec, c'est trop bien, pourquoi je n'y ai pas pensé ? Je m'approche de lui, dès qu'il le fait, je plonge, je l'imite. Rien à foutre, d'innover, là. Dans la rue, on m'a appris : dès que tu as une ouverture, oublie les bonnes manières ; ça n'a jamais nourri personne.

J'arrive à sa hauteur, les yeux rivés sur ses mains. Lorsqu'il se sert, je me mets à applaudir et me lance dans ce que je pensais être un simple "A la tienne, Etienne", quand j'ai ouvert la bouche :

J’observe plus attentivement l’homme à qui je parle, et reconnais le costume bleu-nuit du mec avec qui Lexie parlait tout à l’heure, le caïd friqué de la mafia. Celui qui devait répondre à ma question existentielle. N’étant pas à une question près, je décide de la poser avant qu’il ouvre la bouche.

Je lui lance un grand sourire, fière de l’avoir placé. J’aurais dû parier que je le ferais !

Je me délecte de boire enfin l'alcool ambré le plus cher du pays. Je me complais dans le fait que c'est moi qui ai décidé de commencer. Pour la provocation je cherche même du regard le marié, me demande s'il va venir se plaindre ou s'il va juste me laisser faire ce dont j'ai envie. J'envisage la seconde solution comme une évidence. Un con comme lui, ça se laisse facilement marcher sur les pieds même si ça prétend le contraire. C'est comme ça, petit homme dans mon monde de grand à moi.

Je respire lentement, ne cherche plus personne du regard, je me permets de laisser un peu plus longtemps mon esprit au pays de Lexie avant de devenir quelqu'un que personne n'aime sauf moi. Je souris presque même, presque parce qu'il ne faut pas abuser non plus, du champagne comme ça, j'en ai des cartons chez moi, il ne faut pas rêver. Monsieur le marié n'a pas inventé la poudre à faire briller.

Et puis les applaudissements me font revenir dans cette réalité, dans ce mariage qui est merdique à souhaits. Je regarde la gamine qui se tient devant moi, me demande pourquoi elle fait ça. Elle est ici pour annoncer que le buffet est servi, ouvert ? Peu importe, elle n'a donc pas remarqué, que je n'attends la permission de personne pour exister. Je secoue la tête, pendant une seconde et demi, je crois. Pas plus longtemps, parce que de toute façon, le temps me manque. L'avalanche de mot attaque personnellement mon cerveau. Je suis cerné, qu'on l'arrête, s'il vous plait.

- J’ai cru que ce moment n’arriverait jamais. J’étais presqu’en train de me demander si le temps ne s’était pas arrêter sans qu’on s’en rende compte, ou une connerie du genre. En tout cas si c’est le cas, je suis contente que quelqu’un prenne les devant pour le bien de notre survie. En temps normal, je l’aurais fait moi-même, mais c’est Nathan qui m’a invitée et Nathan a été invité par Lexie et Lexie est une demoiselle d’honneur, donc je ne veux pas apporter de problème à une demoiselle d’honneur alors que ce n’est même pas elle qui a décidé que je devais venir. Surtout que Lexie, je ne sais pas si tu la connais, mais c’est un ange, aujourd’hui, elle ressemble à un bonbon. Lui apporter des problèmes serait criminel. D’ailleurs, je crois que je serais capable de casser la gueule à la personne qui le ferait. Et j’ai pas envie de me casser la gueule. Donc bref, je suis contente que quelqu’un d’autre ait pris l’initiative de commencer avant le mariage. J’ai soif, j’ai la dalle et je m’emmerde. C’est la première fois que je vais à un mariage, je ne veux pas m’emmerder. Ethan disait tout le temps que la cérémonie de mariage est le reflet de la vie de mariés. Pour ça qu’il ne voulait pas d’un truc fait à la va-vite. Il voulait une vraie cérémonie. Est-ce que ça veut dire que leur vie va être chiante et mettre vingt ans à démarrer ?

J'aimerai pouvoir la frapper, et je jure que si ce n'était pas une femme dans un mariage je le ferai. Elle mérite une baffe pour cette attaque, j'en suis persuadé. Trop de mots tuent les mots, on ne te la jamais dit ? Putain, j'aimerai pouvoir rétorquer, ne pas me sentir à la limite dénudé par ses paroles venu d'un ailleurs que je n'aime pas. On ne t'a pas appris à ne pas parler aux inconnus ? A l'évidence, non, n'est ce pas ?

Même ses mots sur Lexie n'ont pas suffit à calmer mon esprit. Je reste dans le même état, lésé parce que j'ai l'impression qu'elle m'a baisé. Ça ne devrait pas être permis de parler autant en un laps de temps records. Non, moi je vous le dit, ça ne devrait pas être permis. C'est pour sa qu'elle mériterait sa claque. Parce qu'elle en a trop dit et que je n'avais absolument rien demandé.

Pas pris de panique, mais à la limite de, je regarde ses lèvres s'activaient de nouveaux. Ta gueule, ce serait trop ?

-Hey ! Mais j’y pense, tout à l’heure, je voulais te demander : pourquoi la Bourse a arrêté de bander ?

Au moins la seconde attaque a été plus courte, c'est le seul mérite que je lui trouve aujourd'hui, à la jeune fille au mauvais souliers. Je secoue le visage, atterré. Ne bois même plus mon champagne, le gout est amer, dévié par ses paroles que je n'avais pas demandées. La bourse ? J'en sais rien, de mon côté, dans mon monde, tout va bien. L'argent coule à flots et les affaires sont signées à gogos.

Je ne prends pas le temps de me poser des questions, je vois quelque chose est en train de couler financièrement, je le remonte directement. Et c'est tout, c'est un point à la ligne qu'il faut à la fin de ma phrase. C'est aussi simple que ça, je peux l'assurer dans toutes les langues que je sais parler.
Je suis tenté c'est vrai, de lui répondre le plus simplement du monde, mais y a quelque chose là, au fond de ma gorge, qui me dit que si je le fais, je vais le regretter. Sombrer une nouvelle fois sous une vague de mots non-désirés.

- Parce que les gens ne l’excitent pas assez. Je réponds à sa question d'abord, la questionnerait sur Lexie plus tard, par politesse. Ou plutôt par curiosité, voyons voir si la petite est encore capable de blablater.

Toujours très très fière de moi, j'attends sa réponse, presque sans l'attendre. Juste pour ne pas avoir parlé dans le vent, parce qu'il faut dire ce qui est la Bourse, les bourses, j'm'en branle. Mais j'ai posé ma superbe question trop géniale. Elle pète le feu, donc j'attends allègrement la réponse, surexcitée à l'idée de me servir une bonne vodka... Non une tequila... Non, un whisky... Ah non, pas le whisky, je suis con, ça me rend malade. Le champagne, ça fait roter des deux côtés, je suis pas fan des bulles. Le rhum, la boisson des pirates. Je vais commencer par ça, advienne que pourra. Un verre un seulement, pour commencer, faudrait pas que je me lève et que je crie "Je le veux" à la place de la Marianne, pendant la cérémonie.

En même temps, j'veux pas dire donc je ne le dirai pas, mais s'ils ont tous ta tronche, tu m’étonnes, quoi... Mais cette phrase est cool, je valide, j'adhère et je prends. Elle est logique, implacable et sûrement très très vraie. Les gens sont tout le temps en train d’attendre de l’argent toutes sortes de plaisir, rapidement et sans efforts. Ils voudraient pouvoir faire les étoiles de mer pendant que l’orgasme monétaire leur tombe dessus tout cuit. Je n’ai jamais compris ce rapport là. Mais je suis sûre que mon nouveau copain connait bien ça. Allez avoue que tu fais des choses pas catholiques, pour ton argent, avec ton argent, sur ton argent, toi. Pas que je veuille dépeindre la scène, puisqu’au fond, je trouve ça un peu pathétique, comme image. Non, juste parce que ça se voit sur son costume, et que s’il n’était pas entré dans mon jeu, je lui aurais probablement fait la remarque.

Je me sers enfin du rhum et pense immédiatement à Nathan, qui doit surement vouloir boire aussi. Je lui mets un verre de côté, que je remplis en pensant que je ne sais même pas ce qu'il veut boire, mais qu’il aura du rhum quand même. Ethan détestait le rhum, et je n’ai pas envie que Nathan déteste les mêmes choses qu’Ethan. Il a toujours trouvé que ça manquait d’un quelque chose, mais il n’a jamais su me dire quoi. Faut dire qu’Ethan, sortie de sa boisson de Leprechaun, il n’y avait pas grand-chose qui le bottait. C’était le Whisky, ou la Guiness, et parfois un peu le Gin, aussi. Quand il était bien bourré, il acceptait de boire de la Chartreuse, même s’il ne savait pas d’où ça venait. C’était vert, ça lui rappelait le pays de son enfance, c’était tout ce qui comptait. C’était un passionné, il n’aimait que les choses qui lui rappelaient d’autres choses qu’il aimait. Un peu comme moi et ma boisson de pirate, que je bois d’une seule traite. Je ne suis même pas fan des pirates, en soit. Mais si on met de côté le fait qu’ils pillent, tuent, violent et vivent sur un bateau, notre vécu est plus ou moins similaires, à quelques autres exceptions près.

Je ne sais plus trop dire au mec en bleu, et j’avoue que ça aurait été une bonne excuse pour partir et apporter son verre à Nathan, mais je ne peux plus trinquer, vu que le mien est vide. Je le regarde d’un air dépité, je m’en veux de ne pas avoir su l’apprécier, et je décide de m’en servir un deuxième, me promettant que c’est le dernier avant le prochain. Je le pose à côté de celui pour Nathan, qui me manque un peu déjà et me tourne face au maffioso, qui m’a sûrement déjà oublié, depuis le temps que je n’ai pas parlé. C’est tellement une première, pour moi, que je me dis qu’il ne m’inspire peut-être pas. J’ai bien vu que lui aussi, trouvait que je parlais trop. Tout le monde trouve que je parle trop, je ne comprends pas. Ma mère, ça la turlupinait, quand je ne parlais pas. Elle me demandait tout le temps si j’étais malade. Mais quand je reste silencieuse, ce n’est pas que je suis malade, c’est juste que je fais la gueule.

Je décide de faire un effort pour lui, car après tout, il m’a répondu et a ouvert l’accès au bar, mais je me promets intérieurement de me réfréner, en signe de protestation face à la censure qu’il aimerait bien m’imposer. Non mais.

J’ai passé ma tirade à regarder mon verre, plongée dans mes pensées. Je voulais lui parler à lui, mais en réalité, je me suis retrouvée à me parler à moi, pensant qu’Ethan et Nathan seraient tous les deux d’accord avec moi. Ils ont compris depuis longtemps, je pense que rien ne vaut la passion. S’accrocher aux êtres vivants tellement fort que même mort, ils ne partent pas vraiment. Bon je ne dis pas qu’Ethan flotte autour de moi, ces conneries, je n’y crois pas. Mais je sais que je ne l’oublierai jamais, et ça me rend vivante ça. Ca et le fait de savoir que je peux aussi ressentir cette force pour un autre, preuve que la vie ne s’arrête pas. Nathan est cet autre, et ça, c’est franchement bandant. Parce qu’il ne sera jamais Ethan, mais qu’il est Quelqu’un avec un grand « T » comme Tellement tellement important.

Je souris, hausse les épaules.

Je la regarde faire, ne pense même plus à mes derniers mots; Je ne sais même pas pourquoi on se parle elle et moi. L'évidence qu'on ne fait pas parti du même monde me colle à la peau, ça fait tache sur mon costume. Elle se sert un verre, non, deux. N'a-t-elle donc pas compris que l'alcool est gratuit ? Je secoue la tête, fais craquer mes cervicale. J'attends, le bon moment pour planter le mot Lexie dans la conversation, mais avant ça elle ne va pas se priver de me donner son avis, n'est ce pas ? Parce qu'elle a l'air de fonctionner comme cela, celle là. Un avis sur tout, un discours sur rien. Ses mots sont comme ... Comme des bulles de savon, ils s'envolent pour laisser place aux suivants. Énervant.

Et sa question sur la bourse ? Bordel ça devait la démanger. La bouffer presque, toute fière d'elle d'avoir enfin demandé. J'aurai du préciser, que je me fous royalement de ses pensées. J'aurai du ouais, mais comme on dit j'ai changé. J'l'ai pas voulu, c'est arrivé comme ça, et je ne plaide pas coupable pour ça. Je l'accuse elle et sa magie. Putain, Lexie. Je ferme les yeux quand la folle aux mots recommence à ma saouler de paroles. Dieu, on ne t'a jamais appris à tourner sept fois ta langue dans ta bouche ? C'est vraiment très gênant ce que tu fais là, m'emmerde un peu beaucoup, je crois.

- Remarque, on s’en fout, de la bourse. J’ai jamais trouvé que l’argent, c’était très palpitant. J’aurais pu être riche. Reprendre le ranch et tout et tout. Mais, le vrai bonheur, je l’ai trouvé quand je vivais sous les ponts, dans les bras de celui que j’aimais, donc au final, on se rend compte que l’argent c’est vraiment que dalle face à l’amour. Après, c’est pas difficile de se contenter de rien. Tu sais que tu as un cœur et que tout ira bien…. Remarque, tu peux être riche et heureux en amour, l’un empêche pas l’autre…. Mais peut-être que si, au final. Je pense que l’argent doit beaucoup distraire des trucs importants… A moins que tu penses que le plus important, c’est l’argent… Mais là, ta vie est foutue, dans ce cas, je pense.

L'argent d'abord, l'amour après. C'est ce que mon père m'a appris, c'est comme ça que j'ai été élevée. Et y a aucun problème avec cela, selon moi. Ca marche comme ça, un point c'est tout et ce n'est pas une gamine qui va me dire le contraire. Je ne crois pas en l'amour, c'est juste un truc trop petit et les gens lui donnent trop d'importance. C'est juste un drôle de n'importe quoi qui force n'importe qui à se gâcher la vie. L'amour, petite, crois moi, cela n'existe pas.

- Je parie que tu n’es pas d’accord avec moi, avec ton costume cher et tes mots économisés comme s’ils étaient payants.

Absolument. Mais je ne pensais pas que cela se voyait autant que cela. Elle est maligne, il faut l'avouer, même si ses mots sont de trop, ses chaussures mal choisies et qu'elle devrait parler à tout le monde sauf moi, je ne suis pas ceux qui sont amicaux. Qui cherche à devenir quelqu'un qui compte pour les autres. Je regarde les gens de loin, parce que je touche les cieux trop souvent. Je suis bien trop grand. Je souris, pas pour elle, ou peut être que si, mais surtout pour moi, si on m'attendait parler, je serai surement lapidé. Ce doit être moi le n'importe quoi.

- Mais c’est pas grave, tu as ouvert l’accès au bar.

Je murmure un : Hum, pour répondre à sa phrase, ne pas la laisser trop seule, pour être gentil peut être aussi. Je soupire, et rempli en nouveau mon verre. Je me demande si elle pense que je réfléchis à tout ce qu'elle a dit pendant que je me tais et qu'enfin elle aussi. Le calme est quelque chose de bon surtout quand il est là pour nous empêcher de dire un truc con. Pas que je pense que ces mots sont totalement sans intérêt, juste que franchement je n'avais rien demander. Je voulais juste boire et m'enfuir d'ici, et avec un peu de chance, m'enfuir avec Lexie.

Lexie. Je reviens alors à mes pensées premières, mon envie de parler de Lexie, et de sa magie. De son monde imaginaire beaucoup plus beau que celui qu'on considère normal, je suis peut être fou, mais la normalité c'est ses paroles et son sourire, l'étrange façon qu'elle a de me fasciner. Une perle, une fée. Créatrice d'un univers rêvé.

- Tu connais Lexie depuis longtemps ? Je me sens tout drôle, bizarre, je n'en sais rien, j'appréhende un nouveau flot d'information, mais moins que les autres, peut être même que je les attends et en plus de cela je le fais patiemment. Lexie d'abord et je te donnerai mon point de vu sur l'amour après, c'est à demi-juré.

Elle gigote un peu, mais de l'intérieur, son visage parle avant elle, et je jure sur ma tête que cela m'énerve. Je regrette ma question et regrette d'avoir répondu à la sienne dans un premier temps. Je n'aime pas ça, être dans l'attente de quelque chose, de quelqu'un. Et surtout pas d'elle que je ne connais pas et qui à l'évidence ne sait pas comment on doit s'habiller lors d'une journée comme celle la. C'est un mariage en grandes pompes, et à l'évidence elle ne l'a pas compris.

- J'ai vachement envie de te faire chier et de changer de sujet aussi, comme tu viens de le faire, pour que tu sois tout frustré de pas avoir eu droit à un long monologue sur comment j'ai connu Lexie grâce à un des mecs les plus awesome encore en vie,

Ouais, je savais à l'avance que c'était une mauvaise idée de lui demander. De toute façon, je m'en fiche de cette histoire. C'est dit. Et même si je hais les regrets aujourd'hui je peux l'affirmer. J'aurai du me taire, j'en retiendrai la leçon et je n'en serai que plus grand. Parce que j'apprends de mes erreurs pour ne jamais les renouveler. Note à moi-même : Ne plus jamais parler avec une fille qui ne sait pas choisir ses souliers.

mais en fait, j'ai pas vraiment vraiment envie de te parler de cafards, donc je vais être moins capricieuse et te dire ce que tu veux savoir, mais seulement parce que je me dis que si Lexie te parle, c'est que tu ne dois pas avoir un cerveau de cucurbitacée, et que tu dois être intéressant, j'imagine.

Je lève les yeux au ciel, me demande l'espace de quelques secondes si elle sait se taire parfois. Si elle connait le prix du silence. Sa voix m'exaspère, j'aimerai qu'elle se taise ou qu'une catastrophe s'abatte sur nous pour enfin la stopper, quoi que même là, je fais le pari avec moi-même qu'elle ne se calmerait pas. Si Lexie me parle, c'est peut être parce que ça lui plait de ne plus être avec un moulin à parole comme elle. Ou alors, c'est parce qu'elle ne s'est pas encore rendu compte de celui que je suis. Qu'elle ne sait pas, qu'un gars comme moi, ne peux pas être avec une fille comme elle. Soyez sérieux, deux secondes, je suis celui qui ne la mérite pas. C'est pour ça qu'elle m'intrigue, je crois, parce que je sais que jamais au grand jamais je ne pourrai être considérer comme son prince charmant, comme celui qui arrêtera ses tourments.

C'est pas que j'aime pas parler aux concombres, hein, mais c'est juste qu'en cinq minutes, tu m'as donné l'impression d'avoir autant de conversations qu'eux, ce qui m'étonne à mort, parce que comme je t'ai dit, je sais que Lexie est super gentille et qu'elle pourrait avoir pitié d'un cafard, si elle le découvrait dans sa cuisine en train de bouffer ses restes comme un clochard, mais je ne pense pas qu'elle se lie d'amitié avec les cons.

Lexie est plus que gentille. Elle est surement le dernière personne au monde qui possède un brin de magie, j'en oublie Ashley et même Charlie quand je pense à Lexie. Parce que je sais que les belles personnes sont partout, mais Lexie est différente à sa manière, et pour elle, je l'adopterai son cafard - pour ensuite l'écraser parce que je n'y ferai pas attention - ce qui prouve que je ne suis pas un concombre, n'est ce pas ? Allez tais-toi.

T'as vu, je l'ai placé, finalement, le mot "cafard"... Le plus con, c'est que tu ne dois même pas savoir pourquoi je suis fière de te raconter des conneries, depuis le début. Mais bref, comme je te l'ai laissé entendre, tout à l'heure, je l'ai connue grâce à Nathan.

Nathan. Encore celui là. Je ferme les yeux, vite fait pour ne pas trahir le fait que d'entendre parler de lui cela commence à me brûler les tympans. Je préfèrerai être sourd plutôt que d'entendre ce prénom encore une fois. Ce n'est pas parce que je suis jaloux, c'est juste que Nathan, c'est nul comme prénom. Comme ma justification.

Si tu connais Lexie, tu le connais forcément. C'est son meilleur ami, un peu comme son frère. J'vais te dire, ils sont tellement proches qu'ils me rappellent mon jumeau et moi, donc je suis absolument certaine que t'as pas dû le louper.

Elle me saoule de mot, et je voudrai lui dire de se taire à l'instant. Parce que non, je ne le connais pas, non, je n'ai pas encore le plaisir de l'avoir rencontré. Non, non, et non, mais je dois dire que malgré moi j'ai hâte de voir à quoi ressemble le garçon qui passe tant de temps avec elle. C'est simple, je pense bien que lui aussi je le hais. Comme elle et ses mots, bon sang, si j'étais croyant, je prierai pour que quelqu'un la foudroie et la fasse taire. C'est agaçant ce genre de gens.

Bref, j'suis dingue de lui, du coup, je passe du temps avec lui et forcément, ça fait que j'ai rencontré Lexie y'a un p'tit moment. Ce que, je dois l'avouer, je ne regrette pas du tout, au demeurant.

J'incline un peu le visage et comprends alors, parce qu'elle est simple a deviner. Et j'oublie même les mots que j'ai pensé il y a juste quelques secondes. Nathan, il n'est pas une menace pour Lexie et moi, non, elle est carrément dingue de lui, cette folle là. M'enfin, je ne l'oublie pas, loin de là, il faut que je le rencontre, mais toute chose en son temps.

Mais en fait, je crois que la vraie question, c'est : Comment TOI, tu l'as connue ?

Ca y est, enfin ? On en a fini avec le monologue pas croyable mais malheureusement vrai ? Bordel j'y croyais plus et là encore, je remercierai bien Dieu pour cela. Je soupire, un bon et grand coup, pour montrer que je suis soulagé, que la vie vient de connaitre son apogée parce que ouais, mon inconnue vient enfin de la fermer.

Elle conclue par une question, m'envoie la balle dans mon camps. Me laisse le choix de parler, de réfléchir, ou putain, de m'enfuir. Toutes les informations sur Lexie ne valent pas de subir cela. Surtout que ses informations là, je pourrai les connaitre en envoyant un de mes détectives et puis voilà, je saurai tout sur elle.

Mais non, je joue au mec bien, à celui qui n'est pas sournois, je n'enquête pas, je me renseigne auprès de ses amies. Et je me retrouve à parler avec cette fille trop bizarre pour moi. Je soupire encore une fois, comme pour lui montrer que je me prépare à parler autant qu'elle, pour lui laisser le plaisir d'imaginer ce que je pourrai bien dire pour faire le poids après son explication sans tête ni nom.

- J'étais assis dans un bar et elle est venue, je ne saurai même pas dire pourquoi, peut être que dans le fond elle était comme toi, elle se demandait pourquoi la bourse ne bandait pas. Mais je ne crois pas que ce genres de choses fassent partie de la vie de Lexie, en tout cas ce jour là, elle était là, elle est venue s'assoir à côté de moi. Elle m'a demandé mon prénom, je lui ai répondu, elle a juste dit que c'était drôle comme prénom, et puis on a parlé, je jure que c'est vrai.

Elle m'a fait oublié mon père, mes galères. Elle était là pour me changer et je ne saurai pas l'expliquer. C'était écrit, tu sais.