J'aime bien raconter ma vie. Déjà parce que j'adore parler. Et ensuite parce qu'on n'en a rarement des gamine de mon âge avec autant de choses à dire. Je veux dire des vraies choses, pas des problèmes de coeur à la mords-moi-le-noeud ou des trucs du genre. Des trucs comme on voit partout, mais devant lesquelles on ne veut pas s'arrêter. Parce que ça dérange, parce qu'on croit que ça transmet des maladies juste à les regarder, ou parfois à les écouter. On va pas se mentir, des fois, ça peut. Je ne peux pas non plus vous dire dans tous les trucs dans lesquels j'ai trainé, des fois, c'est à gerber. Mais bon, tout ça pour dire que j'adore raconter ma vie, alors, je vais le faire, puisque vous me le demandez.

Je vais commencer par la fin, même si, objectivement, rien n'est encore achevé pour moi, mais je préfère quand même, car j'ai le syndrome de Benjamin Button. J'aurais voulu finir par le début, pour me donner l'espoir de le revoir. "Le", c'est Ethan. C'était mon petit-ami, mon fiancé, mon âme-soeur, mais il est mort, donc voila. Je ne saurais pas vous dire comment. Juste qu'ils ont retrouvé son corps dans la rivière, alors la police est venu me le dire. Au début, j'y croyais pas, j'ai rigolé. Il était tellement capable de choper deux copains, de les fringuer en flics et de leur demander de m'annoncer sa mort. Je vous jure, il aurait pu le faire. Mais ils m'ont demandé de l'identifier, et là, j'ai compris que ce n'était pas une blague, parce qu'il ne sait pas jouer la comédie, Ethan. Il aurait jamais pu rester aussi longtemps sans respirer. Puis, le maquillage bleu, c'est pas son truc.

En plus, c'était pas le moment. On venait de se ranger, on avait trouvé des boulots et un appartement. La prochaine étape était les fiançailles, on en parlait, des fois. Il voulait que tout soit parfait, il avait même acheté un nouveau violon, pour l'occasion. Le sien était abimé par les années qu'on a passé dans la rue, il disait qu'il ne sonnait plus très juste. Moi, je n'aurais pas su le dire, j'aimais quand même, quand il jouait. Il était tellement doué. On gagnait bien. Lui il jouait, moi je chantais. Parfois, avec l'argent, on se faisait une folie, on allait à l'hôtel. Mais la plupart du temps, on s'en servait surtout pour manger, ou pour aller boire un coup.

On adorait aller au bar. On se bourrait la gueule, on s'éclatait. C'était une vie de rêve, pas de contraintes. On s'en foutait, on pouvait se pinter, on avait pas de voitures. Peut-être qu'il avait le permis, je ne lui ai jamais demandé. Il était déjà majeur, quand on s'est rencontré, il l'avait peut-être déjà passé. Je n'en ai aucune idée. Toujours est-il qu'on s'amusait.

Bon, on a aussi eu des mauvais moments, il ne faut pas croire. Je me suis faite agresser, au début de notre espèce de joyeuse cavale. Depuis, il était tout le temps derrière moi, à me protéger. Il défendait sans arrêt mon honneur et s'énervait quand un mec m'approchait de trop près. J'étais sa femme, et putain, j'adorais ça. Cette impression qu'il serait là pour toujours, que rien ne nous arriverait jamais. Ca devient tellement facile de s'en persuader, c'est juste trop beau, pour être enlevé.

On a voyagé dans tous le pays, avant d'arriver à New York. Au début, on ne voulait pas y aller, on trouvait ça vraiment trop surfait. Trop grand, trop de monde, trop de passages piétons et personne pour marcher dessus. Tout le monde traverse n'importe où, c'est une vraie jungle, on voulait retourner à la campagne, comme celle où je suis née. Mais on avait pas assez de blé... Dans tous les sens du terme. Alors on a choisi New York, juste pour pas mourir con. C'est déjà ça de pris.

J'avais seize ans, quand j'ai tout quitté pour lui. Il disait qu'on pouvait tout quitter par amour, comme lui l'avait fait pour la musique, mais qu'il ne voulait pas m'imposer ça. Alors comme ça m'énervait qu'il croit qu'il avait le choix, je me suis accroché à son bras et je lui ai dit de commencer à marcher vers la direction qu'il voulait que je ne lâcherais pas. Au début, il a fait mine d'aller chez moi, alors je lui ai marché sur le pied, pour qu'il comprenne que je ne rigolais pas. Alors il a hurlé de douleur et m'a dit qu'il voulait juste prendre un sac avec quelques affaires, des sous-vêtements, des chaussettes et surtout des pulls, pour pas que j'ai froid. C'est là que ma mère m'a dit "Tu n'as pas intérêt à revenir, si ça tourne mal". Je lui ai dit "Ok" et je ne suis pas revenue.

Elle n'aurait jamais dû dire ça, ma mère. C'est con, on s'entendait tellement bien. On s'entendait tous très bien, chez moi. On vivait ensemble dans un ranch. On était trois générations de Turner, tous plus fêlé en vieillissant, tous plus attachants. Mais apparemment, je devais choisir entre Ethan et eux, c'est ce qu'ils m'ont dit. J'ai versé quelques larmes, puis je l'ai choisi.

Et je tiens à dire que jamais, jamais, jamais je ne regretterai. Je préfère 100 fois vivre la vie que je mène, avoir suivi Ethan l'avoir aimé toujours plus fort et même l'avoir perdu. Parce que putain, j'ai vécu. Et je n'en suis qu'au premier chapitre d'une vie que je me suis choisie.

Bonjour New York, je m'appelle Laureen mais je réponds aussi au nom de Law ou à Lau. Je suis une fille âgé de 22 ans. Mon personnage est un personnage inventé qui porte le visage de Mary Elizabeth Winstead. Ce compte est mon quatrième. (Je souffre parfois d'un dédoublement de la personnalité. Vous pouvez me retrouver sous les noms suivants : Non, vraiment ? Bon, alors Ashley Bush, Sahara Stanford et Anthony Johansson.) J'aimerais terminer en vous disant que oh bah, j'aime bien "bla bla bla" pour conclure, donc bla bla bla