Soon we'll be found | Kate & Charlie

Invité Invité

Un bal de monstres s'orchestre dans mon crâne malade de tourner en boucle.
J'aurais pas du la regarder, ma putain de télé. Je sais que chaque image reste gravée.
A chaque fois j'accroche un regard défait, il me suffit d'un rien pour être hanté.
Ils crèvent tous les affamés. Ils brulent de froid, souffrent de ne pas avoir ma chance à moi.
Mais prenez-les, toutes mes années gâchées. Donnez-leur mon argent, mes vêtements.
Et changez mes idées. A défaut de savoir les aider, je veux les ignorer. S'il vous plait ?

Ils dansent tous, calent avec douleur chacun de leurs pas sur ceux d'autres condamnés.
Mourir dans un vacarme époustouflant, comment on fait ? Allez, choquez le monde.
Je ne demande qu'à sourire, ne cherche qu'un prétexte au bonheur, me leurrer.
Faire semblant jusqu'à vouloir mourir d'avoir espéré ne plus être conscient.

La frénésie de leur tempo s'éloigne de ma chimère, cadence au rythme de mes pas.
J'entrerai n'importe où, prétendrai n'importe quoi. Juste... troquer mes idées.
Un magasin, une boutique miniature. J'y resterai jusqu'à ne plus savoir pleurer.
Ne sortirai de là qu'une fois mes sourdes envies perdues et claudicantes.
Je n'ai rien à regarder. Ainsi j'imite les gens autour de moi, vole leurs pensées.

Je postule au bonheur et deviens un type parmi les autres, entré pour me consumer.
Mes yeux guettent une étincelle, je déambule entre les produits étrangers, patient.
L'injustice d'un monde ose encore glisser sur mes mains. Casse-toi valser plus loin.

Invité Invité

Je l'observe. Je ne sais pas depuis combien de temps. Je ne sais plus, vraiment. Le temps, d'abord. Qu'est-ce que c'est ? Rien, tout. Une excuse, sûrement. Parce qu'il a bon dos, le temps. Grâce à lui, on ne fait rien. Pas eu le temps. Tu parles, ce n'est qu'une façon de plus de nous justifier, nous, pauvres humains qui ne contrôlons rien. Une autre manière de nous cacher, de ne jamais nous mettre en avant, de ne jamais prendre en main nos vies. << Hope nous fait de la philosophie.. >> Sarcastique, ma Conscience me revient en plein dans les tempes. J'avale ma salive, plisse les yeux. Me re-concentre, l'observe encore, curieuse. Curieuse de voir la manière dont agit un barman écorché en société. Mon panier dans la main droite, un paquet de pâtes dans la main gauche, j'attends. Mais lui se contente de survoler les condiments sans arrêter son choix sur aucun d'eux. N’empêche, il est bel homme. Et ça me fait drôle de voir ses jambes, pour une fois. Comme si c’était un autre. Un humain, oui. Un homme. C’est con, finalement. Mais, je ne crois pas l’avoir jamais considéré comme autre chose qu’un barman. Et pourtant, il bouffe. Comme moi, comme nous tous. Il bouffe, il vit. Peut-être même, aime-t-il. J’attends. Je veux savoir si lui, il y arrive, à vivre. Parce que moi, bon dieu, j’ai du mal. Un mal à fou. A me détacher et à sourire, à aimer. Enfin, plus exactement à aimer les bonnes personnes. Celles qui restent, celles qui sont là. J’ai du mal à les aimer et, finalement, c’est comme si je cherchais à souffrir. Comme si j’en avais besoin pour vivre. Souffrir pour vivre. Pour me sentir mourir, plutôt. Mais mourir, en soi, c’est vivre, non ? Finir de vivre, mais vivre quand même. Je secoue la tête, reporte mon attention sur lui. Ce barman qui m’obsède. Il semble tellement perdu, planté ainsi dans l’épicerie, indécis. J’en ai envie d’arracher une boîte et de lui tendre. Un truc que je n’oserai jamais, moi. J’essuie ma joue, remet une mèche derrière mon oreille, met enfin mon paquet de pâtes dans mon panier. Et ne bouge pas. Je suis à deux doigts de partir quand je me retrouve projetée contre lui.

- Merde ! Je crie en lâchant mon panier et me rattrapant à ce qui me vient sous la main, entre autres sa veste et des boites diverses qui finissent parterre.

Espérons qu'il n'ait pas vu ça. Putain, j'espère qu'il n'a pas vu ça ! << Hope, tu viens de s'accrocher à sa veste, comment veux tu qu'il ait loupé quoi que ce soit de ton acrobatie ? >> Merde, faut toujours qu'elle ait raison.

Invité Invité

Je vole le profil d'un vivant et applique toutes ses manies, je me veux doué, comme avant.
Ignorant de la gêne et des bienséances, je me mue doucement en cette ombre qui me suit.
Je ne sais plus dérober les vies des autres qui savent le goût et l'odeur de la légèreté.
Les souvenirs dévorent lentement mon âme qu'ils empourprent du sang des miens.
Je sais tous les sourires, je me souviens des caresses souillées par un vide saisissant.
Sur mes yeux se couche le voile de ma vie telle qu'elle aurait pu se dérouler.

J'essaie de prétendre que respirer devient difficile, je mens à mon corps qui avale mes conneries.
Chaque année gâchée pèse sur mon dos noué par toute la douleur des abandons. Le manque creuse.
J'ai perdu l'usage de mes bras qui savaient jouer, celui de mes jambes qui ne courent plus.
Usé, je perds mes confessions, mes aveux. Je suis trop jeune pour me sentir si vieux.

Je prétends même que je suis seul, que la jolie brune à côté de moi n'est pas en train de me fixer.
Mes cicatrices, surtout celles qui ne se voient pas, se convainquent de leur humanité.
Parce que je n'arrive plus à différencier la moquerie de la pitié ni la connerie de la curiosité.
"Regarde, un fantôme. Qu'est-ce que ça bouffe ces bêtes-là ? Ça dévore ton cœur, qu'est-ce que tu crois ?
Ça s'abreuve de ses propres larmes et mange son perpétuel tourment pour continuer à rôder.
Quel spectacle, vraiment. J'aurais juré qu'à son pied il devrait trainé un boulet. Pas vrai ?"

Je masse mes yeux, exerce une pression contre mes orbites pour parler à la douleur.
Les retrouvailles sont amères et mes yeux rougis. Le monde n'apprécie pas, soigne-toi.
Elle ne me regarde pas. Elle ne me regarde pas... Putain, elle me regarde. Pourquoi ?

Je suis accoutumé aux questions dérangées, aux gestes déplacés, à n'importe quoi.
Mais je sais, à être regardé, que j'ai échoué, que l'humain ne m'apprécie pas.
Rejeté parce que différent, je détone avec la décoration d'un univers en carton.
Je m'empêche de tourner le regard vers celle qui rive le sien sur moi.

Le chagrin danse et j'entreprends de piocher dans les aliments. D'imiter les gens.
Je ne vois plus le sol tant mes yeux fatiguent d'être mal traités, je vais tomber.

- Merde !

Toute la dimension de la tarée de bulle qui me tient prisonnier vire de plusieurs degrés.
Je me retrouve je ne sais comment, une femme sous les doigts. Un sourire au bord des lèvres.
La berceuse de mes maux entreprend de les enfermer dans le sommeil qui me calmera.

Que disent les adages, qu'écrivent les manuels, comment disent les gens normaux ?
Il faut rire quand la situation l'exige, non ? Il est drôle de glisser pour rencontrer.
Je cherche les yeux de celle qui a époustouflé mes peines de son intrusion. Lui souris.

- Je n'ai rien vu, lui dit ma bouche, sincère. Est-ce que ça va ?

Invité Invité

Il me tient et je m'agrippe à lui, malgré moi. Mon paquet de pâtes explosé par terre. Bien sûr. Je les regarde rouler sur le carrelage collant, se disperser, s'éparpiller, s'entrechoquer. Les observer en détail, jusqu'à les connaître par cœur plutôt que relever les yeux vers lui. Vers ses yeux noirs que je ne veux en aucun cas avoir à affronter. Je mords mes joues, colle mes yeux au sol, inspire et exhale doucement.

- Je n'ai rien vu.

Je sursaute, et mes yeux foncent vers les siens. Je coupe ma respiration, presque sans le vouloir. Ou peut-être que je le fais un peu exprès. Tout est bon pour éviter de le déranger un peu plus. Je cligne des yeux, mes joues s'enpourprent. Je pourrais mourir de honte, sur place.

- Est-ce que ça va ?

Encore une fois, sa voix me surprend. Trop douce, peut-être. Dans son haleine, il y a une délicieuse odeur de sympathie. De danger, aussi. Et même si je ne veux pas me focaliser sur cette dernière impression, face à lui, elle revient toujours plus ou moins tard. Il a cette allure de bad boy qu'on ne peut effacer, même avec toute la volonté qui est a mienne.
Je réalise bientôt qu'il me retient encore, à quelques centimètres du sol, et me relève dans un brusque mouvement. D'un geste souple, je repousse mes cheveux derrière mes oreilles, m'agenouille, presqu'à quattre pattes parterre, et tente de ramasser ce qu'il reste de mes condiments en me confondant en excuses. Je marmonne oui à plusieurs reprises, histoire qu'il comprenne que je m'en remettrai, qu'il peut partir. J'ai conscience que je suis ridicule, ça me donnerait envie de pleurer d'ailleurs. Mais, je ne peux faire autrement. J'ai cette..Cette boule qui me retient de vivre, d'être légère, spontanée. De sourire, d'en rire. De le regarder dans les yeux. De regarder quiconque dans les yeux, d'ailleurs. J'ai cette boule qui gâche la vie que j'aurais pu avoir, qui m'emprisonne et qui, lors de certaines occasions spéciales, me ridiculise devant le barman du Starbuck de la Vème.

Contenu sponsorisé

» Give me some love || Andrew & Kate
» Kate H. Houston - II { ADMIN }

Soon we'll be found | Kate & Charlie

Soon we'll be found | Kate & Charlie

Sujets similaires

Sujets similaires