Pour ceux qui se posent la question, oui c'est bien Miss McMillian qui fait les cent pas devant le bâtiment de journalisme. Elle n'a pas vu Chuck depuis, quoi deux jours et la pauvre semble totalement désorientée. Qui aurait cru qu'elle ne pourrait plus se passer de l'emmerdeur professionnel. Chuck, Chuck, Chuck, t'as mis quelque chose d'addictif dans ses pancakes ou quoi ?Qui croirait que Amber a à peine dormis les deux dernières nuits. Parce que croyez le ou non, le beau brun lui restait en tête. Vous n'imaginez pas les sourires qui accompagnent les souvenirs de l'autre soir, les grimaces de l'angoisse d'un prochaine rencontre.

Alors la voilà, sur le trottoir, résistant à entrer dans l'immeuble. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, elle n'est pas là pour rencontrer le beau brun, le diable en personne, mais pour un rendez-vous professionnel. Parce qu’elle n’est pas qu’une blonde qui nage entre l’innocence et le charisme, non elle est plus que ça. Les mauvaises langues diraient qu’elle en veut à l’argent de Chuck, mais s’ils savaient que c’est tout le contraire. Que son cœur s’affole lorsqu’il est dans la pièce, qu’elle est cette fille totalement normale qui craque pour celui qu’elle n’aura jamais. Amber a fini par se convaincre que ça ne durerait pas, que Chucky, le jumeau diabolique de son Chuck reviendra. Parce que c’est trop beau pour être vrai, pas vrai ?

Amber se décide finalement à pousser les portes. Quelques pas et elle finit par se détendre. Les minutes passent et alors qu'elle continue son passage dans l'ascenseur, toujours aucune trace de Chuck. Amber est à la fois soulagée et déçue. La jolie blonde finit par penser un peu à ce qu'elle va dire. Son agent l'a envoyée pour une entrevue. Si tout ce passe bien, elle fera la prochaine couverture de NYLON. . . sortant de l’ascenseur, Amber aperçoit Chuck, au bout du couloir. Sans vraiment y penser, elle se précipite à nouveau dans l’ascenseur, espérant qu’il ne l’ait pas vue.

Amber retient son souffle quand Chuck, accompagné de son éternel sourrire en coin, celui qui veux dire qu'il sait tout et qu'il est le maître de la situation, le maître du jeu, passe le pas de l'ascensseur. La jolie blonde se tortille les mains, complètement perdue de s'être fait repérée. Elle reprend son souffle lorsque Chuck la salue d'un habituel « Blondie ». Amber ferme les yeux, sentent un frisson lui parcourir l'échine alors que la voix de Chuck résonne dans la cage métallique. Qui aurait pu prévoir que le seul remède à tout ça serait sa dose quotidienne de Chuck. Junkie à sa voix, ses paroles et probablement son corps.

Miss McMillian ouvre les yeux et se trouve dans l'impossibilité de faire sortir quoi que ce soit de sa bouche. Énorme chance, ou coup du sort, la sonnerie du portable de Chuck se fait entendre, le forçant à répondre d'un air exaspéré à un collègue. Enfin, c'est ce que Amber se plait à croire. Pas la peine de vous dire que s'il s'agissait d'une « amie » de notre très cher Chucky, cela rendrait immanquablement la jolie blonde jalouse. Il n'y a rien à faire, c'est plus fort qu'elle. Probablement parce que ça ne lui est jamais arrivé de s'attacher vraiment à un garçon, les autres dont elle a partagé le lit, elle les as renvoyés une fois le matin venu, préférant ne pas avoir à les regarder dans les yeux, fuyant son manque de confiance en elle-même. Alors que Chuck referme son téléphone, Amber détourne le regard, sachant très bien qu'il a trop d'emprise sur elle pour pouvoir lui résister dans un endroit aussi confiné.

Ne sachant pas quoi faire, la jolie blonde appuie à répétition sur le bouton de l'étage où elle se dirige. Peut-être son enthousiame ou un problème technique, mais à ce moment, le tableau de bord s'éteint, laissant l'ascenceur entre deux étages, et nos protagonistes coincés dans la cage de métal. Amber se retourne vers Chuck.

- Je crois qu'on est coincés, dit la jolie blonde, esquissant un sourire en coin pour masquer son angoisse.

La sonnerie se fait entendre, encore et encore. Jusqu'au moment où les portes se referment, ma main glisse dans l'intérieur de ma poche, et j'ai le temps de remarquer qu'il n'y a plus de réseau. Dans les ascenseur, il n'y a jamais de réseau, de toute façon.

Blondie s'affole devant moi, et je vois ses mains appuyer sur les touches de l'appareil. La douce n'a pas l'air de se calmer, et moi ? Elle me ferait de plus en plus penser à une biche perdue. Dites c'est moi le chasseur qui l'abattra en premier ?

- Je crois qu'on est coincés.

J'amorce un soupir de surprise après sa phrase. Je crois qu'il me faut un temps pour que l'information monte à mon esprit. Coincés. Automatisme je regarde mon téléphone, pas de réseau. Non, non, non.

Cette situation d'incontrôlable me semble carrément hors du temps. Il y a deux minutes je débattais avec un connard au téléphone au sujet de photos que je voulais publier. Et maintenant ? Je suis coincé avec Blondie.

Bloqué, perdu, stoppé, entre deux étages. Putain. Elle est belle là, la puissance V. der Woodsen. Totalement inutile. Je soupire à nouveau, et m'approche des boutons de l'appareil défectueux.

Sans le vouloir donc, je m'approche de Blondie, à laquelle je souris, petit sourire en coin qu'elle gardera pour elle, sans savoir ce qu'il signifiait vraiment. Une de ces choses que même moi je ne comprends pas.

J'appuie sur l'alarme, et attends, dix secondes de trop surement.

- Chuck Bart Van der Woodsen, mes prénoms et noms complet, juste pour prouver mon autorité, il semblerait que miss McMillian et moi-même soyons bloqué dans votre appareil de malheur. Je vous demande, d'accord là en réalité j'ordonne, de nous faire sortir d'ici le plus rapidement possible, en clair si dans une heure maximum nous ne sommes pas dehors, je fais couler toute son entreprise.

J'arrête d'appuyer sur le bouton, et re-regarde Blondie qui n'a l'air pas si rassurée que ça. C'est ma faute peut être ? Ce n'est pas moi qui appuyais comme un dingue sur les boutons.

- A trop vouloir me fuir, tu te retrouves bloquée avec moi.

Le destin, surement, ce con.

Rire. Soupir. Regard. Hum.

- Non, c'est pas ça . . .

Ce n'est pas ça ? Alors c'est quoi ? Parce que Blondie me fuit depuis cette fameuse nuit, n'est ce pas ? La question est rhétorique, pas la peine de chercher. Mais aujourd'hui, je n'ai pas envie de réfléchir à ça. J'ai deux articles et un journal à boucler. J'suis désolé de pas forcément vouloir parler d'une histoire qui est ... Qui est je ne sais pas quoi.

Je la regarde se laisser glisser sur le sol. Mon Amber, ma compagne de jeu, celle que j'aime blesser sans vraiment le faire se laisse glisser sur le sol ? Je ne comprends pas, plus. Que lui arrive-t-il ? Je fronce les sourcils, soupire. C'est quoi le problème déjà ?

- Ça va ?

Je lance un soupir, et regarde autours de nous, carrément carré. On est fichu, on va rester ici longtemps, je le ressens. Alors voilà, c'est ça la solution ? Je veux dire, on s'assoit par terre et on parle de torchons et de serviettes ? Putain ... Je n'aime pas ça.

Et pourtant, je m'assoie, je bousille un costume. Mais je m'assoie et me retrouve face à elle dans un espace confiné. On fout quoi Amber là, sérieusement ? Putain ... Deux articles, deux articles tu vois ?

- Moi, je vais bien. Mais toi, tu n'en as pas l'air. Je dis d'un air sur, parce que dans le fond, je sais qu'elle n'est pas au meilleur. Amber n'est jamais au meilleur lorsqu'elle s'assoie sur le sol devant moi. Jette les armes avant la bataille. Tu m'expliques ?

- Moi, je vais bien. Mais toi, tu n'en as pas l'air. »

Amber fronce les sourcils, depuis quand le grand Chuck se préoccupe-t-il de ça, de ce qu'il peut bien faire aux autres. Il s'en fout de ceux qu'il brise, qu'il blesse, mais pour la première fois, ce n'est pas lui qui l'a voulu. Il aurait beau mentir, nier, les yeux avisés savent que toute cette histoire n'est pas dans les habitudes du grand brun. Soupirant, Amber sait que c'est totalement sa faute si les choses sont comme elles sont. Sans ses stupides interventions, transformées en sauvetage d'anniversaire, tout serait comme avant. Elle aurait lancé une remarque blessante à Chuck, sans peur qu'il réplique, qu'il réalise toute l'emprise qu'il a sur elle. Amber voudrait pouvoir le serrer dans ses bras, juste un instant. Se perdre dans cette tendresse de merde qui la dégoûterait de la part d'un autre homme. Mais c'est Chuck, il n'est comparable à rien, à personne.

- Tu m'expliques ? »

Amber ouvre les lèvres, surprise par la question. NON! Elle voudrait qu'il la bouscule, qu'il lui mène la vie dure, pas qu'il s'intéresse à ses états d'âme. La jolie blonde ne se comprends plus. Il y a quelques secondes, elle aurait tout donné pour qu'il la serre dans ses bras, maintenant elle prie pour le contraire. Elle hoche la tête, faisant signe que non. Elle ne veut pas en parler, pas à lui. Elle laisse glisser sa frange devant ses yeux, cachant son regard. La vérité, c'est qu'elle ne sait même pas ce qui ne vas pas. Sa tête se dépose instinctivement dans ses mains, et elle regrette la sécurité maladive dans laquelle elle a été élevée. Elle voudrait qu'on l'ait empêchée de tout foutre en l'air. Une fois cette pensée ayant traversé son esprit, Amber voudrait la reprendre. Pourquoi vouloir effacer une des plus belles nuit de sa vie. Elle hausse les épaule, impuissante, ne sachant pas affronter Chuck. Elle n'est plus une adversaire digne de quoi que ce soit, pourquoi continuerait-il de jouer avec elle . . .

Cette situation m'insupporte, et si je n'étais pas Chuck Bart Van der Woodsen, je lui aurais déjà mis une baffe. Juste pour la réveiller. Juste pour lui dire que le jeu continue. Que rien n'a changer. Qu'elle est une nuit parmi tant d'autre, et que mon coeur s'est déjà refermé. Ce n'est qu'un jeu Amber, et ta défaite me deçois. J'aurais aimé que ça se passe autrement. J'aurais pensé que ça serait plus difficile. Finalement, elle n'est qu'un pion comme un autre. Putain, elle est pathétique, la poupée aujourd'hui. Et elle perd tout son intérêt. Amber réveille toi, sinon, je vais te bouffer !

Je soupire parce que cette situation m'énerve au plus haut point. Je regarde Amber, cherche son regard, attend qu'elle aussi trouve mes yeux. Allez Blondie, ça suffit maintenant. La partie n'est terminée que lorsque je le décide. Moi, et personne d'autre, alors là, tu n'as pas le droit de me faire ça. Les dès doivent être relancé. Pour notre bien à tout les deux. Je refuse que notre "relation" aussi compliqué soit-elle soit bousillé pour une histoire de sexe. Parce que c'est ça, n'est ce pas ? Une histoire sans lendemain ? C'était ce qui était prévu ? Pas de sentiment, ça complique tout les sentiments. Putain !

- Miss McMillian ... Amoureuse du diable.

Je finis par dire dans le vent, une pensée qui aurait peut être du rester dans mon esprit. Mais elle est si surprenante cette vérité, que je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire. Allez Amber, maintenant, la vérité est tombée, la balle est dans ton camp.

- Miss McMillian ... Amoureuse du diable.

Amber lui lance un regard noir. Comme s'il n'avait pas encore remarqué! Il est aveugle ou quoi ? Tout s'enflamme au coeur de la jolie blonde. Non, elle ne se laissera pas trainer sur le plancher par Chuck qui viendra la juger et l'emmerder au plus haut point, conscient qu'il a raison. L'autre matin était particulier. Ils ne se doivent plus rien. Il ont joué à la vérité, mais les règles changent constament et la jolie blonde se retrouve à banir cette règle. Maintenant, rien ne la force à être agréable, ou même honnête. Elle se lève d'un coup, et fronce le nez, mentant délibérément à Chuck.

- Dans tes rêves, ouais! lui lance la jolie blonde, hargneuse de s'être faite prendre au piège.

Parce qu'elle n'avouera jamais. NON, c'est hors de ses forces. Chuck lui bouffe ce qu'elle a de meilleur et elle en a marre. Marre de ne jamais se sentir aussi forte. De ne jamais avoir le dessus. Elle espère que quelque part il ne soit pas aussi confiant qu'il le laisse croire, mais c'est peine perdue, Chuck c'est Chuck et Amber ne voudrait le changer pour rien au monde. Elle se demande pourquoi elle s'acharne, pourquoi elle ne l'envoie pas balader une fois pour toutes. C'est l'ironie du sort qui les a piégés dans cet ascensseur, aucune cachette aucun échappatoire.

- Mais qui pourrait bien t'aimer, Chuck, sans blagues, Tu te crois tellement meilleur parce que tu est au dessus de tout ça. Alors qu'au fond c'est toi le pire!

Pire parce qu'il a des sentiments, mais qu'il ne se l'avoue pas, comme Amber, mais pire, bien pire. Des mensonges, que des mensonges, mais ils ont un goût de vérité. Amber se retourne, dos à Chuck et croise les bras avant de soupirer. Elle est coincée, et souhaite l'avoir bluffé. Parce qu'elle n'arrive plus à le regarder dans les yeux. Il la réduira en petite bouchées. De petites miettes dont elle ne pourra pas se reconstruire. Alors Amber, en mode instinct de survie, esaie de tout faire. Parce que c'est un jeu bien plus dangereux qu'il y parraissait au début. Alors la jolie blonde se replie sur elle-même, à nouveau, écrasée par le manque d'air, mais toujours aussi dure et sure d'elle, en surface.

- Dans tes rêves, ouais !

Non, pas dans mes rêves. Non parce que j'en ai envie. Je ne jubile pas de la savoir amoureuse, je ne suis pas mauvais à ce point je crois. J'ai beaucoup d'estime pour Amber, sinon, je l'aurais déjà brisé, en citant ce que je sais d'elle ... Elle et son passé, oui, Blondie; Chuck le sait qu'avant tu savais te détruire, faible parce que tout n'allait pas si bien dans sa vie. Parce que la poupée n'a pas toujours été cette Barbie que je connais, et c'est surement ça qui fait que je suis toujours près d'elle, elle a une histoire, ma Blondie, elle a une histoire ...

Alors non, je ne me réjouis pas forcément qu'elle soit amoureuse de moi. Je pose juste une vérité, Amber McMillian est amoureuse du diable, et pour peu je la plaindrais. Parce que je sais que je ne suis pas quelqu'un qu'on peut aimer. Parce que moi, je m'aime trop pour voir les autres parfois, et d'autres fois, je ne m'aime pas assez pour pouvoir croire que quelqu'un tient à moi. Alors, ouais ... Je suis presque nuisible pour sa santé.

- Mais qui pourrait bien t'aimer, Chuck, sans blagues, Tu te crois tellement meilleur parce que tu est au dessus de tout ça. Alors qu'au fond c'est toi le pire!

J'accuse le coup, marque une pause dans mes pensées. Ne la vois plus, et ne la regarde plus surtout. Ouais, c'est bien ce que je disais, Qui pourrait m'aimer ? La réponse est conne et simple ; Amber. Voilà qui pourrait m'aimer, voilà qui est aussi folle que moi. Amber.

Elle me tourne le dos juste après s'être relevé, alors je me lève a mon tours dans une vitesse qui pourrait me faire tourner la tête, juste parce qu'elle vient de me blesser. J'attrape son bras, la force à me regarder. Lance un sourire halluciné, un regard sérieux, une mine énervée. Et putain, tu vois Blondie, j'suis pas heureux d'avoir gagné. Pourtant je pourais qu'est ce que je pourrais jubiler !

Ma main qui ne la touche pas encore effleure sa joue, du bout des doigts, juste parce que je sais que ce contact anodin la brûle carrément ... J'ai le contrôle parce que je n'ai pas de réels sentiments pour elle. J'ai le contrôle, parce qu'elle m'aime un pau trop. J'ai le contrôle, et pour une fois, je n'ai pas envie de l'avoir.

- Le seul fait que tu réagisses comme ça signifie que j'ai raison.

Ma main continue sa course, je joue avec elle malgré moi, mon pouce glisse sur sa lèvre inférieure, dans un mouvement répétitif. Non, cette victoire là, je fais juste semblant de la savourer. Semblant.

Et à ce moment, Amber en crèverait d'être aussi prévisible. D'avoir pu se mentir à elle-même, sachant très bien qu'elle en a, elle, des sentiments. Ses entrailles tremblent et combatent contre sa tête qui lui dit de ne pas dire un mot de plus. Elle le savait, dès le départ, que ce serait elle qui en tomberait en morceaux. Sa gentillesse au restaurant, celle de Chuck lui reste prise entre les dents. Incomestible, indigérable, elle fait une allergie à ses paroles. Et voilà qu'elle est prise au piège, dans cet ascensseur. Avec un Chuck qui ne sait pas aimer, pas plus qu'il ne sait se laisser aimer. Parce qu'au fond c'était prévisible, tellement, tellement, prévisible. C'est probablement l'attrait d'une cause perdue. Croire qu'on peut faire une différence. . .

Chuck, voyant bien le mal qu'il fait à la jolie blonde n'est pas de ceux que ça arrête, non, le jeu ne sera fini qu'au moment où son coeur cessera de battre et tout le monde sait que ce sera Chuck le vainqueur. Alors ses yeux qui vrillent ceux d'Amber sont une torture. Et la jolie blonde s'empêche de pleurer. Elle se mords l'intérieur de la joue au sang, mais jamais il ne la verra pleurer. Amber n'a qu'une demi fièreté, mais c'est probablement le peu qui la retienne de pleurer, supplier, demander. Non, elle ne le fera jamais. Alors que les doigts de Chuck glissent sur sa peau, contact doux-amer, elle ferme les yeux. Et elle sait que sa peau désire celle de Chuck alors que sa tête le sait nocif.

- Le seul fait que tu réagisses comme ça signifie que j'ai raison.

Ses paroles sont une évidence. Vas-y Chuck, brise la de tes mots, de tes paroles. Elle n'attends que ça. Et tu sera soulagé. Tu sera libéré. Elle ne sera plus dans ta tête, elle ne sera plus jamais celle qui t'affaiblit. Amber ne sait que répondre. Il lit en elle et rien d'autre n'est plus effrayant. Amber soupire et lève deux grands yeux bleus vers Chuck. Qu'il la lise, il sait, il sera parti, de toute façon, dès que ces portes s'ouvriront.

- Et alors ? Demande Amber, d'une petite voix qui retient des sanglots ravalés. Bravo, tu sais, maintenant laisse moi tranquille. . .

La jolie blonde se retourne, et se recroqueville dans un coin de l'ascensseur. sa sacoche sur les genoux. Vas-y Chuck, frapper sur les gens déjà au sol, ce n'est pas ta spécialité ? Et tu sera débarassé d'elle. Ne t'en fais pas, elle ne reviendra pas.

Amber se sent mal. Mal comme jamais. Elle ne se retourne pas pour voir la réaction de Chuck. Non, elle ne veut pas le savoir. Elle ne peut pas se regarder en face, encore moins l'affronter lui. Elle ne supportera pas son mépris. Même dans ses rêves les plus fous, il n'y a jamais le regard attendri de Chuck. Amber aurait voulu qu'il ait su se taire pour une fois, mais elle sait très bien que ce ne serait pas Chuck. Le pire, c'est que ça ne soulage aucun d'eux de savoir cette vérité. Amber est cette gamine et cette façade qu'elle se donne, n'est qu'une façon de se protéger. Pourtant Chuck voit tout, le moindre cillement, la moindre faiblesse. Et rien ne l'arrête. Il pourrait la détruire sans même le vouloir. Mais pas tant qu'elle résiste. Même dans sa façon de céder, Amber se bat. Elle plie en retraite, refusant d'être celle qui est moins que rien. Elle a des sentiments, et ça ne servirait à rien de les ignorer.

- Alors c’est ça t’as fichue solution ? T’assoir par terre dans un ascenseur ? Amber lève-toi, putain ! Tu vas te laisser abattre par des sentiments … ? Tu me déçois.

Amber lève les yeux au ciel. Mais Putain, si c'est tout ce que Chuck a trouvé pour la réveiller, il se met le doigt dans l'oeil. Amber savait dès le départ qu'elle ne serait pas à la hauteur, mais elle a pris une chance, malgré tout. Ce n'est pas nouveau. Et puis, qu'est-ce que Chucky connaît aux sentiments ? Amber se lève et lui fais face. Malheur pour nos deux joueurs, le terrain de jeu est restrain. Et aucun des deux ne semble vouloir céder sa place, enfin, pas vraiment. Le toisant un moment, Amber s'exclamme :

- Tu crois que ça me plais ? Que j'aime me sentir misérable. Et bien non, j'aimerais bien m'en foutre, mais je peux pas. T'est tellement . . . Ahhhrg. . . Et puis pourquoi est-ce que ça te dérange autant. T'est tellement imbu de toi-même, Chuck, que tu ne devrais pas être supris de gagner.

Amber n'en a plus rien à foutre d'être celle qui perds. parce que pour une fois, elle gagne en estime de soi. Parce que pour une fois, elle ne se cache pas sous ses grands yeux bleus et sa silhouette. Parce qu'avec un autre, elle aurait joué de son corps pour le rendre fou, et lui faire oublier ses paroles, puis le laisser, insatisfait, pour prendre la fuite, incapable de supporter leurs sentiments. Cette fois-ci, les rôles sont inversés. Et tout peut encore changer. Chuck n'est pas aussi fort qu'il le croit, et une fois qu'il sera descendu du pied d'estal sur lequel Amber le voit, les choses ne seront plus les mêmes. Amber hausse les épaules, lasse de ne jamais pouvoir être seulement bien, avec Chuck. Passer du temps ensemble, comme deux gens civilisés, ce serait si fou que ça ?

- Si tu n'en as aucune idée, ce n'est pas à moi de te dire ça. Pas maintenant, pas ici, je crois que tu en sait bien assez pour maintenant.

Comme pour signer l'arrêt total de cette discussion les portes de l'ascenseur s'ouvrent. D'accord, j'en sais assez pour l'instant, très bien. Elle en sait assez aussi, voilà.

On est deux gosses qui décident de ne plus se parler. J'aimais bien, quand on jouait. Il a fallu qu'elle vienne me voir le soir de mon anniversaire, je ne demandais rien, ne voulais rien. Putain.

Secouant la tête, je me dégage d'elle, complétement, m'en éloigne et refuse même de croiser son regard. Je ne sais pas ce qu'elle fait, ne veut pas le savoir.

On était Chuck et Amber les deux plus grands joueurs du monde. Et puis voilà, le résultat est tombé, on a perdu tous les deux. Il n'y a plus de gloire à en tirer, le jeu n'a jamais été aussi amer qu'à cet instant.

Je passe un pied hors de l'ascenseur, lâche un autre souffle, je suis épuisé de cette situation, en ai ras le bol, j'en avais marre avant, c'est encore pire maintenant. Je n'aime pas me savoir perdant, et savoir que c'est contre elle que j'ai perdu. La vie est mal foutue, putain.

Mon autre pied suit le premier, je secoue une nouvelle fois le visage, et ferme les yeux longuement, c'est dans un souffle nouveau et d'une voix forte que je lance ;

- Ce fut un plaisir Mademoiselle McMillian. Quelques secondes défilent, et je sors mon téléphone. Apportez moi le sujet sur Monsieur Travis de suite dans mon bureau, je lance d'une voix autoritaire, ouais, la partie est bel et bien terminée.