J'entendis du bruit dans l'allée alors que je me réveillai. En regardant par la fenêtre, je découvris cet imbécile de Dean en train de faire les cent pas en bas de chez moi, semblant manifestement réfléchir - en était-il capable - pour déterminer s'il devait frapper à ma porte ou non. Qu'est ce qui lui prenait de venir en bas de chez moi? Il était 9h00 du matin et une chose était sûre, il n'était pas du tout un voisin qui avait besoin de lait pour le petit déjeuner.
Je souris et courus dans ma penderie pour prendre ma nuisette. Je ne faisais pas ça pour me dénuder devant lui, je voulais juste voir la tête qu'il ferait lorsqu'il s'imaginerait que j'étais avec quelqu'un cette nuit.
Je vérifiai ensuite ma tête dans le miroir et me décoiffai les cheveux encore plus qu'ils ne l'étaient pour ne pas gâcher l'effet.
Je descendis enfin et ouvris la porte avant qu'il ne frappe, s'il avait prévu de le faire un jour, s'entend.
J'eus envie de rire devant son air surpris, mais je me retins. Je voulais avoir l'air sérieuse pour une fois... Sérieuse et furieuse... Même si au fond, j'étais contente de le voir. Un peu trop contente à mon goût, d'ailleurs.


-Ashley ! Je te dérange pas ? Me demanda-t-il avant de sourire et d'ajouter : Oh ! Tu ne dois sûrement pas être seule.

J'étais déçue, il n'avait pas fait de tête bizarre. Etais-je donc la seule fille dont il n'avait rien à faire? En même temps, j'aurais du m'en réjouir, j'avais tout fait pour. Mais quand même, un peu d'intérêt de temps en temps ne tue personne. Il aurait pu montrer, je ne sais pas moi, une pointe de jalousie, ou même, soyons fous, être ne serait-ce qu'un minimum troublé par ma tenue! Après tout, elle m'allait bien il me semblait.
Je décidai de ne rien laisser paraitre.

- Qu'est ce que tu veux? Demandai-je sèchement.

Après tout il savait qu'au réveil, j'étais d'humeur bougonne. Et puis ma mauvaise humeur pouvait aussi je justifiais par le fait qu'on gelait. Qu'elle idée de m'être habillé comme ça!
Non seulement il n'en avait rien à faire, mais en plus, j'allais attraper une pneumonie. Quelle gourde!

Oh non! Pitié! C'était une blague, pas vrai? Mais, même dans ma tête, je bégayais de colère tellement sa conduite m'exaspérait! Non mais, ce garçon... Un de ses quatre, je lui arracherais ses bijoux de famille. Comme ça, ayant l'impression d'être diminué, il nous laissera la paix.
Mais j'abandonnai cette idée. Pour une raison qui m'échappait, l'imaginer éclopé ne me réjouissais pas autant que je l'aurais cru.
Au fond, j'étais trop gentille.

- De la chance? Non mais Dean, réfléchis un peu, en quoi ai-je de la chance de me faire réveiller par un imbécile prétentieux? M'exclamai-je en levant les yeux aux ciel. Va réveiller les autres, plutôt, la prochaine fois, puisque ça leur ferait si plaisir.

Je voulu lui fermer la porte sur nez, mais il m'en empêcha.
Mais qu'est ce qu'il voulait, encore? Il l'avait dit son "bonjour", il pouvait se barrer, maintenant, non?

- Dean! Quand j'essaie de fermer la porte de ma maison, ça veut dire que je veux que tu t'en ailles! M'écriai-je en le repoussant.

Comme si je n'avais rien dit, il entra dans ma maison. Et où était passé le "J'te dérange, tu doit être avec quelqu'un?"? Et surtout : NON MAIS SÉRIEUSEMENT!!!!!! IL SE PRENAIT POUR QUI?
Ivre de colère, paralysée par son audace, je ne le repoussai même pas quand il me massa les tempes. Pétrifiée, troublée, furieuse, je frissonnai. Mais son contact, en plus de me donner des frissons, ne m'apaisa pas du tout. Je détestais l'impact qu'il avait sur moi.
Il souleva mon menton du pouce et mon coeur se mit à battre la chamade.
Dean Roberts est un homme mort!
Il se dirigea vers MA cuisine, ouvrit MON frigo et commença à se préparer SON petit-déjeuner.
Je traversai alors mon couloir comme une furie, entrai dans ma cuisine et lui pointai la sortie d'un geste furibond.

-DE-HORS! DEHORS, DEHORS, DEHORS, DEHORS!!!!! Hurlai-je. Tu te prends pour qui? Je ne t'ai pas invité, je ne veux pas partager mes petit-déjeuner avec toi. Je ne vois même pas pourquoi tu es là. Il est 9h00, je veux me recoucher. Tu m'as dit ton bonjour, tu as de quoi petit-déjeuner chez toi, donc va-t-en!

Je ne savais même pas comment j'étais parvenue à formuler tout ça sans bégayer de colère. Mais qu'est ce qu'il faisait là?
Son audace... Il était hors de question qu'il se comporte avec moi comme avec ses autres conquêtes. Je résisterais jusqu'au bout! Il était un être détestable, donc je le détesterais. Et rien de ce qu'il pouvait faire pour le moment ne changerait ça.
Hors de question qu'il gagne, il ne m'aura jamais dans sa poche. Même s'il avait beaucoup de charme. Même s'il était Dean Roberts, celui dont toutes les new yorkaises fan de football rêvaient.
C'était un con. Je n'aimais pas les con. Point.

Soudain sortie de sa torpeur, elle s'élance vers moi avec une sauvagerie que je ne lui aurais jamais soupçonnée. Huum. J'aime. Elle me hurle dessus, telle une tigresse en délire, et le seul mot que je réussis à comprendre est "dehors", qu'elle semble répéter à plusieurs reprises. Elle s'arrête devant moi et croise les bras sur sa poitrine. Très jolie poitrine, d'ailleurs. M'enfin, revenons à nos moutons...Qu'est-ce qu'elle a Bon Dieu ?
Elle me lance des regards assassins et me fait des signes de partir. Mais je suis bien ici. Pourquoi voudrait-elle que je parte ?
Et soudain, ça fait tiiiiilt. Bien sûr. Evidemment. C'est logique.


- Dis, Ashley ? Ca fait combien de temps que tu ne t'es pas laissée aller au plaisirs charnels ??


Sourire Colgate Fresh.
Elle feint de ne pas comprendre.


- Bah, ça fait combien de temps que t'as pas couché avec quelqu'un ? Que ce soit un homme ou une femme, peu importe.


Pas de réaction.


- J'avais raison. C'est donc ça. Tu sais, si c'est vraiment t'as personne, je me porte volontaire.


Elle me regarde, effarée.


- Oui, tout à fait, je serais prêt à me sacrifier pour toi. Ce sera dur mais...J'y arriverai.


A peine, ais-je lâché ces derniers mots qu'une furie blonde me fonce dessus.

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Incrédule, ma colère retomba. Les bras croisés, je l'écoutais, espérant que je faisais un cauchemar et qu'il ne me posait pas vraiment les questions qu'il était en train de me poser. Non, mais en quoi ma vie sexuelle pouvait bien l'intéresser? Qu'il s'occupe de la sienne, elle était déjà assez remplie comme ça.
Il m'asséna alors une phrase qu'il aurait mieux fait de garder pour lui. Je m'approchai, ma colère revenue et le poussai de toutes mes forces de sorte que la chaise bascula et lui avec.
Penchée au dessus de lui je lui répliquai, les yeux exorbités :

- Ma vie sexuelle ne regarde que moi. Et sache que je ne coucherais jamais avec toi, même si tu étais le dernier homme sur Terre et que nous devions repeupler la planète.

Je ne savais plus à quel film j'avais piquer cette réplique, mais je trouvais qu'elle allait très bien avec la situation.

- De toutes façons, j'ai rencontré quelqu'un. Lançai-je sans réfléchir.

Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi avais-je dis ça? Il me mettait dans un tel état que je me sentais obligé de mentir. Mais comment allais-je me sortir de ce mensonge?

Mais qu'est ce qu'il avait? Je m'attendais à une réaction, mais celle là me dépassait. Il avait l'air... abattu? Non, ça ne pouvait pas être ça. Dean Roberts abattu parce que la seule fille avec qui il ne voulait pas coucher avait trouvé quelqu'un? Quelle blague.
Ca l'emmerdait tant que ça que je ne sois plus toute seule? Il aimait à ce point m'imaginer en train de me morfondre? Je savais qu'il était une ordure, mais quand même pas au point de se délecter de ma souffrance! Si?
Apparemment, si, puisqu'il ouvrit un de mes pots de nutella. Il n'avait pas le droit au nutella et encore moins chez moi, la fana de cette pâte bourrée de calorie qui réglait toujours tous mes problèmes. J'avais beau être en colère après lui, je ne comprenais pas ce qui pouvait justifier cette entorse aux règlements. Celui de son club de foot qui l'obligeait à toujours être en forme physiquement et qui lui imposait un régime strict, et aussi le mien qui interdisait quiconque de toucher à mon sacro-saint nutella.

- Et..Je le connais, ce quelqu'un ??

Je fus si surprise que même s'il m'avait laissé le temps de répondre avant de s'extasier devant le goût du nutella, je n'aurais pas su quoi dire. Bien sûr qu'il ne le connaissait pas, même moi, je ne savais pas encore de qui il s'agissait. J'en avais complètement oublié d'être en colère.
J'allais devoir répondre à sa question, après tout, je m'étais fourrée là dedans toute seule et je ne pouvais plus faire machine arrière. De plus, il avait attisé ma curiosité... D'où lui venait cette réaction?

- Non tu ne le connais pas. Répondis-je, parlant d'un ton calme pour la première fois depuis ce matin.

Espérant qu'il ne poserait plus de question, j'entrepris de ranger tout ce qu'il avait dérangé. Mettant la vaisselle dans l'évier, je me tournai vers lui.

- Tu laveras ton couvert, j'espère.

Ce n'était pas une question, mais peut-être que ça allait faire glisser la conversation vers autre chose. Malgré ma curiosité, plus j'y réfléchissais et plus j'avais peur de me griller. Je devais la jouer fine et changer de sujes était ce qu'il y avait de plus fin. Il ne manquerait plus qu'il sache que je me sens obligée d'inventer des copains.

En le regardant, je réprimai difficilement une envie de rire. Il avait du nutella sur la joue, l'amateur. Que penseraient ses fans si elle voyaient Dean Roberts couvert de nutella? Le trouveraient-elles aussi ridicule que je le trouvais, ou sexy?
Je ne lui avouerais jamais - déjà que j'avais du mal à me l'avouer à moi - mais Dean couvert de nutella, niveau sex-appeal... Bah c'était quelque chose, quoi.
Laissant inconsciemment mon regard descendre le long de son torse, je faillis m'étouffer. Il tenait mon pot de nutella tellement mal qu'en plus d'en avoir plein les mains, il en faisait tomber sur son tee-shirt! Ah non! On ne gaspillait pas mon nutella!! Il allait en mettre partout en plus.
Je me précipitai sur lui afin de limiter les dégâts. Mais monsieur J'ai-l'égo-démesuré-toutes-les filles-me-veulent dû croire que je voulais son corps car il me stoppa, levant vers moi une de ses mains couvertes de nutella. Imbécile, un faux mouvement et la cuiller allait se retrouver sur ma moquette!!
Il me lança une remarque entièrement Deaniesque et dénuée d'intérêt et je ne pus m'empêcher de lever les yeux aux ciels d'un air exaspéré. Sérieusement, s'il pouvait douter de son sex-appeal au moins trois minutes, ça serait super!
Je le repousse violemment avant qu'il fasse des bêtises avec mon nutella au nom du désir brûlant qui semblait apparemment me consumer et récupérer le-dit pot.

- Je déconnais.

- Mais je sais bien. Puisque tu sais aussi bien que moi qu'il faut une attirance réciproque pour faire le genre de choses auxquelles tu penses. J'ai pas l'impression que ce soit le cas entre nous, Dean. Soupirai-je en rangeant le pot.

Bon, même s'il m'arrivait de vouloir des fois... Surtout quand j'étais bourrée... J'étais vraiment pathétiques, comme les autres. Quelle nulle.
Me retournant vers lui, j'évaluais l'état de son tee-shirt... Je ne pouvais pas le laisser sortir comme ça.

- Ecoute. Avant que tu prennes ce que j'vais dire pour une invitation, sache que tu as du nutella sur le tee-shirt. Je peux te le nettoyer, si tu me le donnes vite. T'auras qu'à faire la vaisselle pendant que j'm'en occupe... Mais pour ça, tu dois l'enlever.

Je savais qu'il allait en profiter pour me lancer une remarque que je ne voulais pas l'entendre, mais pour une fois, je devais avouer que la situation allait porter à confusion. Je me doutais qu'avec son ego démesuré, il allait me sortir que je voulais voir son corps. Pffff.

J'en étais sure, je le savais, je l'avais vue venir à 20 kilomètres celle-là. Pourtant, je levais les yeux au ciel. Non, sérieusement, il aurait pu la garder pour lui et au moins faire semblant de ne pas la penser. Quelle blague : Dean réfléchir avant de parler? Etait-ce seulement compatible?

- C'est bon, je plaisante. Ajouta-t-il en me tendant son tee-shirt.

Oui, comme d'habitude, il plaisantait toujours de toutes façons. Je me dirigeais vers lui et pris son tee-shirt en faisant bien attention de ne pas regarder son torse musclé. Un véritable appel à la tentation... Mais non, je ne cédai pas et gardai mon regard bien droit devant moi alors que je quittai la pièce.
Une fois dehors, je me rendis compte que j'avais retenu ma respiration, comme si c'était cela qui allait m'empêcher de céder.
Je souris. Ce que je pouvais être faible.
J'arrivai dans la salle de bain et me mis à faire tremper son tee-shirt quand mon regard se posa vers le caleçon que Eliana m'avait donné en me demandant de le rendre "au Dieu vivant avec lequel elle avait couché".
Bien sûr, le Dieu en question, c'était Dean.
Je soupirai. J'avais oublié cet épisode. Ca c'était passé chez moi, en plus, à ma dernière fête. Je ne pus m'empêcher de ressentir de l'amertume. Pourquoi ma cousine?
Je mis l'objet qu'elle avait nettoyé dans un sac plastique et entrepris de le descendre à son propriétaire tandis que le tee-shirt était à tremper.
Arrivée devant la porte de la cuisine, j'entendis alors un bruit de vaisselle cassée.
La première pensée que j'eus fut : "Mince, il s'est pas fait mal?", et c'est avec inquiétude que je me précipitai vers lui.
J'entendis à peine sa remarque.

- Ca va? Lui demandai-je sans réfléchir.

J'inspectai ses mains avant de me rendre compte d'à quel point je devais être ridicule. Il m'avait cassé une assiette, et moi, je m'inquiétais pour ses mains.
Je me repris, plaquant le sac contenant le caleçon contre ses abdos musclés pour le forcer à le prendre tandis que j'observais les dégâts matériel.

- Tu n'es vraiment pas doué, soupirai-je avant de me retourner vers lui.

Je me rendis compte que je m'étais coincée entre lui et le lavabo sans plus aucune échappatoire. Qu'il recule, j'étais beaucoup trop prêt de son torse et de son parfum. Finalement, j'avais eu raison de ne pas respirer tout à l'heure, car son parfum aussi était un appel à la tentation.
Oh non! Pitié!
Ashley remets toi en colère... Vite avant de le regarder avec un regard où transparaissait le désir que ça t'inspirait.
Rien à faire, le regardant dans les yeux, je ne parvins qu'à froncer les sourcils.
Mais non! Je n'étais pas attirée, je n'étais pas attirée et il allait reculer. Recule, recule, recule.
Et pourquoi je ne le poussais pas, aussi, moi, hein? Pourquoi?

[Je crois qu'elle convient aussi à Ash, tu crois pas? ptdrrr]