J'avais reçu un appel quelques jours auparavant me demandant si je pouvais avoir l'amabilité de répondre à une interview à propos de mon dernier livre. Malgré ma surprise, j'acceptai.
Je n'aimais pas vraiment l'étalage médiatique de ce qu'ils appelaient mes "oeuvre", mais c'était notre seule source de revenus. J'aurais été bien irresponsable de ne pas profiter de cette chance que peu de personne avait.
Je me dépêchai donc de me rendre à ce rendez-vous, malgré mes réticences.
Je me faisais une raison, ça ne durerait pas longtemps. Je ne lirais pas l'interview ensuite. Je le savais, j'étais roder, j'avais l'habitude.
Avec un peu de chance, je ne serais pas obligé de prendre une photo. Il ne manquerait plus que ma tête apparaisse.
J'entrai dans les locaux et me dirigeai vers l'accueil. Je me présentai à l'hôtesse qui m'expliqua gentiment où je devais me rendre.
Plus j'avançais, et moins j'avais envie. Il allait encore me poser des question indiscrète, ma vie serait étalée aux yeux de personnes que je ne connaissais pas et qui seront persuadés de savoir qui je suis sous prétexte qu'ils avaient lu tous mes livres.
Je souris. J'en connaissais un qui devait déjà se vanter auprès de ses amis du fait que j'étais un écrivain renommé. Mon petit Jamie. Il racontait à qui voulait l'entendre que j'étais ami avec J.K Rowling et Charles Perrault. Ce souvenir me donna l'énergie pour frapper à la porte ouverte du bureau où j'avais rendez-vous.
J'allais me présenter lorsque son occupant - ou plutôt son occupante - se retourna pour me faire face.
Le visage de la blonde qui se trouvait en face de moi me coupa dans mon élan.

- Pai'? Demandai-je, incrédule.

Wow! Alors Paige allait donc être la journaliste qui allait m'interviewer? Pincez-moi!

Je n'arrivais toujours pas à croire que la petite Paige était devenue une journaliste qui allait m'interviewer. Je restais à la porte, laissant les souvenirs de lycée me submerger.
Que cette période était merveilleuse, maintenant que j'y repensais. Les jeux avec Maëlyss pour se rendre jaloux, les discussions entre 6 lycéens ambitieux.
Paige. J'avais toujours adoré l'appeler la fouine et j'étais amusé de voir qu'elle en avait fait une vocation.
Elle était celle qui était au courant de tout. Elle savait que Ma' et moi nous tournions autour avant même que nous nous en rendions compte. Elle savait que je voulais être écrivain, moi qui avais toujours tout fait pour le cacher à tout le monde.
Elle était faite pour fouiner, c'était sûr.

- Mon Dieu pincez-moi je rêve. L'immense écrivain Sam Jefferson est venu me voir. Je vais faire un malaise ! Lança-t-elle ne mimant une groupie.

Je souris, amusé par son imitation ratée. Elle avait bien fait de ne pas chercher à deveniractrice. Elle n'était vraiment pas douée pour jouer la comédie.
Elle me rendit alors mon sourire, se leva et se dirigea vers moi, me prenant dans ses bras.

- C'est fou ce que tu m'as manqué !Me dit-elle tandis que je lui rendais son étreinte

- Toi aussi ma petite fouine préférée. Tu m'as beaucoup manquée.

Je l'avais toujours adorée. J'avais été peiné qu'elle ne puisse pas venir à notre mariage. J'étais content de la retrouver.


- Dis donc t'as bonne mine ! C'est le fait d'être père qui te rend comme ça ?

Je ris. Je ne pouvais qu'avoir bonne mine. J'avais une femme formidable, un fils merveilleux, mon métier était une passion et je venais de retrouver une de mes meilleures amies du lycée, une des cinq personnes sans lesquelles ces trois années auraient été sans intérêt.

- Père, mari, écrivain... si tu trouves une fausse note, c'est que tu es une pessimiste. Dis-je en souriant.

Puis la détaillai. Elle était aussi jolie qu'avant, mais avait quelque chose dans le regard que je ne reconnaissais pas. Enfin si, je reconnaissais cette lueur, bien qu'elle soit différente. C'était celle qu'elle avait du temps où elle était avec Edward, celle qui avait disparue en même temps que lui. Mais elle était apparemment revenue, changée cependant. Teintée d'un je-ne-sais-quoi qui la rendait méconnaissable.

- Et toi, tu as une mine épouvantable. Dis-je en plaisantant.

Je lui ébouriffai les cheveux et lui fis un clin do'eil pour lui montrer que je plaisantais et que je pensais le contraire, même si cette lueur bizarre m'intriguais.
Après tout, elle m'en parlerait si elle voulait.

Alors j'avais réellement touché une corde sensible. Ca m'intriguait, mais si elle n'avait pas changé, "C'est une longue histoire" voulait dire "Je ne veux pas en parler, pas la peine d'insister". J'acquiesçai, acceptant son silence.
De toutes façons, celle qui était sensée poser les questions, c'était elle, pas moi!
Je lançai un coup d'oeil alentours détaillant son bureau. Il n'était pas du tout comme je le serais imaginé, si bien que je me demandais si c'était le sien.

- Alors comme ça, Paige Carlson travaille dans un bureau? C'est le tien?

Je remarquai qu'elle ne m'avait pas encore laissé rentrer, trop occupée à m'accueillir. Je souris. Moi, à la limite, entre rattraper le temps perdu avec une amie autour d'un café et me faire interviewer, le choix était vite fait.

- Tu crois que ça t'apporterait des ennuis si ton vieil ami de lycée décidait de t'emmener boire un café au lieu de faire l'interview? Demandai-je avec un grand sourire en lui montrant le couloir du bras, l'invitant ainsi à sortir.

Elle sembla réfléchir avant de répondre. Elle avait peut-être besoin de boucler l'article au plus vite...

- Et puis ce n'était pas comme si tu avais réellement besoin de me poser des questions. Ajoutai-je avec un haussement d'épaules, souriant toujours.

{je vais continuer le TP au bar
Bisouuuus}