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| Sujet: __# Retrouvailles **FEAT Charlie Bruton 05.12.08 21:32 | |
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Un coup d'oeil à ma montre m'apprend ce que je sais déjà: Je suis en retard. A croire que le retard est ma marque de fabrique, depuis toujours. J'ai dûs être monté de travers, aucune autre explication possible. J'étais génétiquement programmé pour arrivé en retard, quelque soit la situation. Il faudra que j'en touche un mot à ma mère, soit dit en passant. Bref, quant on est en retard, a quoi bon courir? A rien du tout, ils attendront. J'avais rendez vous à Central Park à... Il y a cinq minutes en faite, pour un photo shoot avec une petite tête blonde que je n'avais découvert qu'il y a deux jours, lorsque l'on m'avait agité une feuille sous le visage afin de vérifié si nous étions susceptibles « De charmer l'objectif » d'être « Trop en phase »... Et autres conneries du genre. Ils n'ont toujours pas compris qu'il n'y a que moi. Moi et l'objectif. D'une façon plus générale, rien que le mannequin, le photographe et l'appareil. Alors les phases et tous ces ramassis d'âneries, on s'en passera bien. A cette heure si, le métro grouille de monde... S'ils pouvaient arrêter de courir pour rien. Je me faufile avant que les portes ne se referment... Quelle classe! Esquissant un sourire, je me tourne vers la porte, comme pour la narguer. Carter 1 – Le métro 0. Aucun doute, c'est la GRANDE classe, rien a redire. Enfin, ca aurait put être la grande classe, si en me retournant je n'avais pas bousculé quelqu'un. Je jeune homme relève la tête vers moi, irrité. Irrité? Pendant un quart de dixième de secondes, tout au plus.
- Charlie, m'exclamai-je si fort que des regards se tournèrent vers nous.
Quoi vous voulez ma photo? Ca arrive, ca arrive, laissez moi le temps de débarquer bordel... Vous aurez même une petite blonde en prime. Et puis merde, c'est Charlie, ils n'ont vraiment pas l'air de comprendre ce qu'il se passe.
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| Sujet: Re: __# Retrouvailles **FEAT Charlie Bruton 13.12.08 23:27 | |
| Cette journée ne diffère des autres qu'en un point unique : le temps m'oppresse. Il m'indiffère d'ordinaire, mais aujourd'hui, il se veut pressant, il me boufferait. Et il n'aurait aucun mal à m'engloutir s'il le souhaitait, pourquoi m'épargner ? Pion toqué sur un échequier dont la course m'échappe, je ne renverse que moi.
Et, une fois n'est pas coutume, c'est en compagnie de mes fantômes que je trace ma route. Je dévale les escaliers qui me mèneront vers le connu, écho d'une existence prévisible. Pourquoi le simple fait de prendre le métro m'enfonce-t-il six pieds sous terre ? Je suis las. Je me fatigue de mes propres pensées, de m'affliger constamment sur mon propre sort... Pathétique que je suis, dire que des milliers de vies sont plus sinistres que la mienne, je le sais.
Vive la rengaine terrible, elle aura raison de moi avant le reste. Triste sort. Et dire qu'il m'est possible d'être heureux, de toucher cet état passager... Mais un instant de félicité se saurait brutal, ainsi renvoyé à ma réalité. Ta gueule Charlie, juste... ferme-la. J'aimerais ne plus penser. Jamais. Je suis le propre bourreau de mon existence, torturé par ma mémoire. Et si les pensées mourraient un instant ?... Juste une seconde de répits.
Je monte dans la trame qu'il faut que j'emprunte en véritable pantin enrayé. Tater le vent d'un silence infini en moi, ne conserver que les sentiments... Mon utopie accélère le processus d'auto-destruction mais je me fous des raisons. Ma vie passée, aussi sinistre puisse-t-elle être, me manque atrocement. Les miens, tous autant qu'ils sont, ont encore leur place ici, pourquoi ne l'occupent-ils pas ? Il faut que mon père répare les blessures qui l'ont achevé, il a des choses à m'apprendre. Ma mère doit anéantir ce chagrin qui a eu raison des battements de son cœur, j'en ai besoin. Le gamin aurait du trouver un antidote contre la mort, l'offrir à sa grand-mère avec un sourire. Il faut que ma route sillonne celle de Carter à nouveau, qu'il me montre que je ne suis pas né condamné.
- Charlie !
Qu'on m'apprenne à respirer à nouveau, l'air s'enfuit et m'abandonne sur place.
- Putain... je lâche grâce au peu de souffle qu'il me reste.
Le temps se fissure et je m'engouffre de bonne grâce dans cette brèche. Enfin libéré de l'assassin qui me torture, je ne pense plus. J'agis seulement. J'achève la distance qui me sépare de lui, mon geste ne le choquera pas. Et c'est parce qu'il me connait qu'il accepte mon étreinte soudaine.
Carter est là, la vie reprend son droit, la ritournelle joue faux, j'adore ça. Mon passé est devant moi. Ma situation vire de bord, ces yeux ne mentent pas. Je souris à mon meilleur ami puisqu'il l'est toujours resté en moi. Inchangé. Mes mains se rivent sur chacune de ses épaules, ceci n'est pas un mirage... Qu'il me prenne pour fou, sa présence est divine, il me rend un souffle évanoui.
Je veux dire toutes les choses que des années de séparation ne sauraient amoindrir. Il est à ma portée, je veux me venger du temps et de l'emprise facile qu'il a sur moi. Mes pensées se taisent, prises de court. Ce soulagement inédit m'était inconnu. Je ne vie plus qu'à travers mes yeux, contemple ce que mon cœur connait si bien.
Mon meilleur ami. Mon Carter. |
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