Il faisait froid, nom d'un kangourou! Mais qu'est ce que je faisais dehors par un temps pareil, je vous le demande!
J'attendais un bus, comme la gourdasse sans permis et fauchée que j'étais. Transie de froid, je sautillais pour me réchauffer en fredonnant pour me donner su courage.
Le couple assis à l'arrêt me regardait comme si j'étais une demeurée.

"Oh allez vous faire voir, bande de limaces"

On aurait dit qu'ils étaient collés l'un à l'autre... Ma foi, au moins, ils se tenaient chaud.

- Aïe! M'exclamai-je alors, heurtée par un garçon.

Il ne semblait pas m'avoir entendue, apparemment trop occupé à me dévisager d'un air énigmatique.

"Ne t'excuses pas surtout" aurais-je voulu lui dire. Mais d'une, mes dents claquaient trop et de deux... Il avait regard si pénétrant. J'aurais parue aussi débile qu'au starbuck, avec mon sexy serveur si j'avais essayer de bredouiller quelque chose. Pourtant, il n'était pas aussi craquant que lui, juste charismatique... Je voyais déjà le genre : trop sûr de lui, arrogant et riche à en juger par ses vêtements. Il me faisait presque penser à Dean, en moins sportif.
A ce moment-là, un taxi arriva. Le sien, apparemment.
Au moment où je crus qu'il allait partir, il me lança :

_Vous voulez que je vous dépose quelque part ?

Son sourire était crispé. Etait-ce du au froid? Sûrement. J'évaluais la situation. J'étais fatiguée, frigorifiée, et il était pas mal. Mais j'étais toujours aussi fauchée que tout à l'heure.

- Quand je serais monté dans le taxi, je vous demanderez où vous allez. Là pour le moment, j'ai froid, donc j'accepte volontiers. Lui dis-je avec un grand sourire, en montant sans même me poser de questions.

En espérant que ça n'ait pas été par politesse. Et puis c'était lui qui avait proposer, il allait devoir assumer.
Il monta à ma suite. Le chauffage était à fond, mais j'allais devoir attendre un peu avant de décongeler. Je souris tout de même.

- Merci. Et maintenant, voyons si je vous fais faire un détour.

Il sourit à ma remarque. J'en fus presque soulagée, parce que j'avais un peu l'impression de ne plus être drôle ces derniers temps. La fatigue, sûrement.

_Même si vous me faite faire un détour, je survivrais, ne vous en faite pas. Répondit-il, me tirant de mes pensées.

Galant et généreux en plus de ça. Je me demandais si je ne devais pas réviser ma première impression. Après tout les apparences sont parfois trompeuses. A moins que ce soit sa gentillesse qui ne soit que façade... A méditer.


_Je vais a Hudson Boulevard, je suis journaliste. Ajouta-t-il avec un sourire fier.

Et bien ça, c'est certainement pas moi qui aurait pu me permettre de me mettre en retard au travail pour le bon plaisir d'un inconnu et qui aurait parlé du-dit travail avec autant de prétention.
J'aurais du le mépriser pour cela, mais je l'enviais.

_ Et vous? Finit-il par demander.

Je le regardai avec un sourire puis posai mon regard sur les rues qui défilaient déjà derrière la fenêtre. Il serait tellement facile de lui expliquer que je travaillais dans la friture, la graisse et la mal-bouffe. Pourtant, je me sentis obligée de me justifier. Tellement de réussite pouvait rendre intransigeant quant à l'échec des autres.
Lorsque je reportai mon attention sur lui, je remarquai qu'il m'observait. Je me sentis rougir. Me sentir scruter de la sorte m'avait toujours fait ressentir de l'embarras. Je détournai une nouvelle fois mes yeux pour les poser sur la route qui venait vers nous au-delà du pare-brise.
Sa façon de me regarder me mettait mal à l'aise et me faisait plaisir en même temps. Ca faisait longtemps que je n'avais pas eu l'impression d'être intéressante.

- Disons que j'me cherche encore. Je n'ai pas encore arrêter mon choix. Donc en attendant, je travaille au Burger King. Expliquai-je avec un sourire.

Je remarquai que, comme à chaque fois que j'étais gênée, je parlais avec les mains. Je me rendis compte à ce moment là que je les avais sorties de mes poches sans les briser, signe que je m'étais réchauffée.

"On dit merci qui? Je ne sais pas"

- Je m'appelle Ashley. Et vous, c'est Clark Kent, j'imagine? Avec une feinte grimace entendue accompagné d'un hochement de tête.

Il m'avait sauvée du froid, était journaliste, ne payer pas de mine... Est-ce qu'il portait des collants? En tout cas, son slip - s'il en portait - était bien caché sous son pantalon.


- J'imagine qu'il faisait trop froid pour sortir la panoplie. Ajoutai-je avec un grand sourire.

Avec mes bêtises, j'espérai qu'il n'allait pas oublier de me donner son nom!

_Clark Kent, tu dis ? Dis-t-il d'un air gêné après avoir éclaté de rire.

Je trouvais sa réaction encourageante et chou. Je ne m'étais même pas rendue comte qu'il m'avait tutoyée avant qu'il ne me le fasse remarquer :

_Enfin, si tu me permet de tu tutoyer...

- Laisse-moi y réfléchir... Dis-je avec un sourire en le tutoyant moi-même.

Il eut l'air d'hésiter, un sourire accroché sur ses lèvres. Il se mit alors à me dévisager. Etait-ce une manie chez lui de fixer les gens ainsi? Je ne pus m'empêcher de rougir une nouvelle fois. Il allait me prendre pour une émotive à force.
Au moins ça me tenait chaud aux joues.

_Chuck... Je m'appelle Chuck Van der Woodsen. Me répondit-il enfin en souriant à nouveau.

Je fus soulagée, j'avais eu peur qu'il ne me dise pas son nom pendant un moment. Au moins, c'est que je ne l'avais pas effrayé avec mes idioties.
Je remarquai cependant qu'il n'avait pas omis de préciser son nom de famille. Un patronyme pompeux, ronflant, irritant pour la sans-le-sous que j'étais et qui me remettait bien à ma place de petite équipière dans un fast-food.
Il paradait avec son titre de bourgeois.
Et pourtant, je le trouvais adorable.

_Tu ne t'imagines même pas a quel point je suis content de te connaitre. Lâcha-t-il alors, me tirant de mes pensées.

Je le regardai d'un air surpris. Pourquoi me disait-il ça? Etait-il un vampire qui convoitait mon sang? Avais-je développé un super-pouvoir à mon insu envoyant des ondes qui l'envoutaient? Pourquoi serait-il content de me connaître à part ça? Je n'avais rien d'intéressant, j'étais une petite blonde écervelée avec un humour douteux qui rougissait au moindre coup d'oeil.
D'ailleurs, je me savais rouge comme une pivoine à cet instant. Si c'était effectivement un vampire, il devait être ravi.

- Oui, mon charme fait des ravages. Ironisai-je.

J'avais envie de lui dire que c'était réciproque, mais c'était le genre de choses que je n'aimais pas vraiment dévoiler. Je décidai cependant de le laisser entendre.

- Si tu veux tout savoir, je suis très contente que tu m'aies permis de me réchauffer aussi, lui dis-je avec un sourire et un petit clin d'oeil discret.

Rien d'aguicheur, mais j'espérais cependant qu'il avait compris.

Il me sourit alors et se mit à nouveau à me regarder. Mais cette fois, ce n'était pas de ce regard pénétrant qui me donnait des frissons et qui me troublait. C'était plus profond, plus doux. Il avait une lueur que j'étais incapable de reconnaître. Malice?
La bonne nouvelle, c'est que je pouvais dire avec certitude qu'il ne s'agissait pas d'ennui.
Cependant, toujours était-il qu'il était entièrement tourné vers moi et que ce trop-plein d'attention me mettait légèrement mal-à-l'aise. J'avais l'impression d'être revenue à l'époque où j'étais le centre du monde de mes frères et de mon père. Toujours surveillée. C'était Big brother en direct live. Depuis, j'étais légèrement anxieuse dès que l'on me regardait un peu trop, ou quand j'entrais dans un endroit où se trouvait une caméra de surveillance.
Cela dit, je ne pus m'empêcher de me sentir flattée par ce regard, il était si différent de ceux dont j'avais l'habitude. Ca faisait des années que je ne m'étais pas sentie intéressante, ça me faisait plaisir.
Soudain, son téléphone sonna, le tirant de sa "contemplation".
J'étais sûre qu'il s'agissait d'une de ses nombreuses conquêtes à qui il ferait croire qu'il était au travail, qu'il ne pouvait pas parler mais que oui, il n'y avait qu'elle dans sa vie et il l'aimait.
Non, je ne pouvais pas être la seule à avoir remarqué qu'il était ce que mon père appelé le "gendre idéal" : charismatique, attentionné, prévenant, bien placé socialement, un regard envoutant. Elles devaient être une trentaine à se bousculer au portillon. Il semblait trop sûr de lui pour que ce ne fut pas le cas. Et puis quoi? Ce n'était pas comme si j'étais jalouse... Enfin je crois.
Je l'observai d'un oeil critique tandis qu'il répondait à son téléphone. Je cru comprendre qu'il parlait à son rédacteur-en-chef. Ou bien son chien, la différence était peu perceptible. J'en ressentis un mélange de fascination et de dégoût.
Les gens qui se sentaient supérieurs aux autres comme ça m'horripilaient. Ils rabaissent les autres plus bas que terre, comme si c'était ça qui allait leur apprendre à avancer.
Cependant, j'hallucinais de voir quelqu'un capable de remballer son parton de cette manière, il devait être vraiment doué pour pouvoir se le permettre.
Et puis c'était bizarre, parce qu'il n'était pas comme ça avec moi. Etait-ce un coup monté pour m'avoir dans son lit? Ca aurait été tellement tordu que je n'arrivai pas à y croire.

_Le boulot. M'expliqua-t-il avec une grimace.

Cependant, il ne s'appesantit pas sur ce sujet. Je fus surprise vu à quel point il avait l'air fan de son boulot qu'il ne m'ait pas fait un exposé sur l'histoire du journalisme et sur comment il était arrivé au poste. Ca l'aurait mis en avant. Comme quoi, il n'était peut-être pas comme ça. Je n'arrivais pas à le cerner, ça m'intriguais. Avait-il une double personnalité? Peut-être était-il la nouvelle version de docteur Jekyll et de Mr Hyde... Ou alors, bel et bien Superman? Ou tout simplement schizophrène?
Ou peut-être qu'une fois encore, c'était moi qui me faisait des idées... Peut-être que son assurance n'était qu'une façade pour cacher un coeur pur... Je devais réussir à gratter la surface, pour savoir si ce qui était caché au fond de lui était une âme ou le vide.
Il attrapa alors une mèche de mes cheveux.

_Es tu une vrai blonde boucle d'or ? Me demanda-t-il en riant.

Je lui souris. J'aurais pu trouver son geste déplacé, mais le regard qu'il me lançait était si loin d'être dégradant.
Si j'étais boucle d'or, quel ours était-il?

- Es-tu un vrai gentleman? Répliquai-je.

A vrai dire, quel mal y avait-il à laisser planer le mystère sur ma couleur de cheveux. Il s'en rendrait compte bien assez vite que j'étais tellement une vraie blonde que la couleur avait déteint sur mon cerveau.
Je lui fit un sourire innocent plongeait pour la première fois mon regard dans le sien.
Etait-ce moi ou avait-il l'air troublé?

Il ne répondit pas non plus. Je vis ses yeux répondre à mon regard, puis glisser jusqu'à ma bouche. Alors ça, tu n'as pas intérêt à penser ce que je pense que tu penses!
Même si je l'aimais bien, il ne fallait pas pousser. C'était un inconnu, tout de même.
Non, finalement, il recula.
S'il avait effectivement penser à m'embrasser, il y avait renoncer. A moins que ce ne soit tout simplement parce que j'avais un truc sur les lèvres. Je portais la main à ma bouche d'un geste instinctif pour vérifier et ne découvrant rien je fis comme si je me grattais la lèvre inférieure.

_Un gentleman je ne sais pas trop... Penses tu que j'en suis un ? Me demanda-t-il.

Je souris. Peut-être bien, en effet, qu'il peut l'être quand il le veut.

- Je ne sais pas, peut-être... Sûrement même. Je pense que si tu n'avais pas eu la grandeur d'âme de me faire monter avec toi, je serais congelée. A moins que tu aies une idée derrière la tête, mais je n'aurais pas la prétention de le penser. Donc je pense que tu es un gentleman, quand tu le veux bien.

J'avais réfléchi à voix haute, de sorte qu'il avait vu mon raisonnement en direct. J'en ris. Cela m'arrivait si souvent. C'était le prix de la franchise. Dire tout ce qui nous passe par la tête et vouloir y retenir quand c'est trop tard.
J'aurais voulu lui dire quelque chose de plus spirituel. Mais finalement, pourquoi tenter de paraitre spirituel. J'étais moi et c'était tout.
Je lui souris à nouveau.

- Et toi, penses-tu que je sois une vraie blonde? Demandai-je d'un air espiègle.

Cette conversation n'allait nous mener nulle part, mais elle était très plaisante. J'étais spécialiste des conversation sans queue ni tete de toutes manières.
Et bien dis donc, il allait loin ce taxi! Depuis combien de temps étions nous dedans??

_Évidemment que tu es une vrai blonde... Dit-il après avoir examiné brièvement mes cheveux.

Je ris. C'était dit avec tellement d'assurance. Le mystère était dévoilé, sans enquête ni rien.
Superman, Dr Jekyll et Mr Hyde, Edward Cullen et maintenant Sherlock Holmes...
Combien de personnalités possédait-il, sachant qu'ils en avaient tous au moins deux chacun?
Il se mit alors à secouer la tête. Pourquoi faisait-il ça? Avait-il entendu mes pensées?

"Arrête tes bêtises, Ash'"

Il prit alors son téléphone? C'est pas possible il était greffé à son oreille ou quoi?
Il balance en trois phrases que finalement, il n'allait pas venir. Comment ça? pourquoi n'allait-il pas au travail? Ce n'était pas de ma faute tout de même? J'ouvris de grands yeux. Il avait obligatoirement du se rappeler d'un truc important. C'était impossible que sa défection ait un quelconque rapport avec moi.

_As tu du temps devant toi ?

Mes yeux s'ouvrirent encore plus grand. Décidément, il était plein de surprise, ce garçon. Etait-il prudent d'accepter? Je voulais bien admettre que monter dans un taxi n'était pas le paroxysme de la prudence, mais il y avait tout du moins un témoin si les choses tournaient mal. Qu'allait-il me proposer? Je ne connaissais même pas ses centres d'intérêts. Il était peut-être adeptes des clubs échangistes, des bordels et des rendez-vous de sado-maso anonymes...

- Heu... Sans vouloir te vexer, ça dépend franchement de pour quoi. Répondis-je d'un air désolé.

J'étais raisonnable pour la première fois de la journée, peut-être même du mois... Enfin, si on pouvais appelé cela raisonnable. Dans le taxi avec un inconnu, je tergiversais à savoir si je voulais ou non passant plus de temps avec lui, peut-être et sûrement seul à seule...
Je connaissais ma chance légendaire et ma capacité à anticiper de quoi l'avenir était fait... Toutes les deux étaient parfaitement nulle.
Donc non, je n'étais pas raisonnable. Mais j'avais l'impression que le jeu en valait la chandelle et qu'il était différent. De toutes façons, je savais me défendre.

Le garçon m'avait cernée, il savait que j'étais une névrosée qui s'imaginait des tonnes de choses. Ce n'était pas une surprise, je l'avais traiter de Superman, et avait déjà du dire je ne sais combien d'idioties dont la plupart étaient déjà oubliées.

- Et bien... Si tu veux. J'ai le temps. Mais je te préviens, Oliver, un de mes frères, m'a enseigné le Kung fu. Et j'étais une très bonne élève. Dis-je avec un simulacre de regard menaçant qui ne m'aurait même pas impressionnée moi même.

C'était vrai que j'avais été une élève douée... pour me casser le bras toute seule s'entend. Je n'étais pas maladroite. J'étais imprudente, casse-cou et tête en l'air. Ca n'allait pas du tout de paire avec le Kung fu, qui était un art d'équilibre et de maîtrise de soi.
Mais ça, il n'était pas obligé de le savoir.
Je l'observais tandis qu'il continuait de me regarder avec un sourire en coin.
Je lui souris en retour.
Après tout, il était vrai qu'il ne ressemblait pas du tout à un psychopathe.
Cependant, je ne voulais pas faire de conclusions hâtives. Il m'avait surprise durant tout le trajet. J'étais passée d'une idée à une autre au fil de la conversation, comme s'il me montrait un échantillon de chacune de ses personnalités l'une après l'autre.

- Par contre, ça a intérêt à etre un endroit chauffé ton truc, parce que maintenant que j'ai passé du temps dans un lieu à température ambiante, y'a pas moyen que je retourne dehors! C'est le pôle nord cette ville! Ajoutai-je en pointant un doigt vers lui que j'espérais plus menaçant que mon précédent regard.

Je ris, j'étais ridicule quand j'essayais de faire la méchante.

Il se perdit dans ses pensées avant de se mettre à sourire tout seul, comme se qu'il imaginait était absolument parfait.
Je me demandais si ça avait un rapport avec le fait que j'avais accepté de l'accompagner. Je secouai la tête, me demandant si comme moi, il n'était pas un peu du genre à ce faire des films. Puis je redescendis sur Terre. Quelque soit le degré d'intérêt qu'il me portait, sa délectation n'avait sûrement rien à voir avec mon acceptation.
Et si ça avait à voir, au contraire? Pourquoi pas après tout? Il avait l'air d'avoir montré beaucoup d'attachement à ma petite personne depuis qu'il m'était rentré dedans. Comme Dean, tiens, maintenant que j'y repensais... Mais qu'est ce que Dean avait à faire dans ma tête, à cet instant précis? N'importe quoi, n'importe quoi!
Chuck se remit à sourire - et il fut encore plus évident qu'il n'avait rien à voir avec Dean - et me reporta son attention sur moi.

_Alors, une virée au centre commercial ça te dis, ma jolie ? Me demanda-t-il.

Je faillis m'étouffer. Il ne m'avait pas vraiment appelée "ma jolie"?! Si?
Je le regardai d'un air assassin, parfaitement crédible, cette fois. Non mais qu'est ce que ça voulait dire? Il croyait quoi? Que j'étais une poupée blonde sans aucune once de caractère qui allait pouffer de rire comme une débile parce qu'il me disait jolie? Il avait intérêt à redescendre sur Terre et vite!

- Ma jolie? Tu viens vraiment de m'appeler "ma jolie"? Lui demandai-je sèchement.

Là, il ressemblait à Dean, et c'est d'ailleurs à lui que j'eus l'impression de parler à ce moment là.
J'étais déçue, alors toute son apparente intelligente n'était que factice? A peine avait-il eu l'impression qu'il avait gagné qu'il reprenait sa véritable identité, celle d'un garçon prétentieux qui s'imagine qu'il aurait toutes les filles d'un simple clin d'oeil?
Et bien il allait être déçu, je n'étais pas comme toute les filles. Et les éspèces de gosses de riches prétentieux ne risquaient pas d'avoir ce qu'ils voulaient avec moi!

- Et bien non, ça ne me dis pas. D'ailleurs, je n'aime pas le centre commercial, à moins d'avoir des courses à faire. Et là, je n'en ai pas à faire. Dis-je en m'éloignant de lui et en affichant la mine agacée que je prenais à chaque fois que Dean m'énervait.

Surprise par sa première réplique, j'éclate de rire. Ce garçon était vraiment un être à part. Trop sûr de lui peut-être, même sûrement, mais avec beaucoup de caractère.
Nous étions tout les deux pris d'un fou rire et mon début de colère s'était immédiatement envolée. Pourtant, une fois encore, il ne s'était pas excusé.

_Tu es bizarre, Ashley, on ne te l'as jamais dit? Lança-t-il, toujours hilare.

Je le regarde avec un sourire espiègle. Sa remarque ne me vexait pas, on me le disait plus souvent qu'à mon tour, en effet.
Et alors? La vie serait vraiment trop triste si tout le monde devait être normal. La bizarrerie permettait d'échapper à la fadeur. Je ne voulais pas être fade.
Je lui tirai la la langue puis le regardai à nouveau dans les yeux, me penchant légèrement vers lui.

- Dit l'homme au deux personnalité. Rétorquai-je, arborant toujours mon air mutin.

Mon sourire s'agrandit, je n'étais plus fâchée. Il pouvait être aussi prétentieux qu'il le voulait, j'étais insaisissable, imprévisible.

- T'as pas une autre idée, à part le centre commerciale? Il doit sûrement y avoir plus intéressant que de crapahuter de magasins en magasins pour finir par avoir mal aux pieds. Tu avoueras que l'intérêt de ce genre d'endroit est limité, non?

Je me demandais ce qu'il pensait de mon changement d'attitude. Il devait certainement me prendre pour quelqu'un de versatile. Je souris. Lequel d'entre nous avait une double personnalité, finalement?

Il sourit avant de me laisser "carte blanche". Je réfléchis à toute vitesse.
Il faisait froid, donc il fallait donc un endroit chauffé. Je n'avais pas envie d'aller au centre commercial, je ne voulais pas aller au Starbuck. C'était stupide, mais je ne voulais pas que Charlie me voit avec un autre garçon. J'avais peur des conclusions qu'il pourrait en tirer. Que c'était bête! Ce n'était pas comme si on était ensemble.
Le King Burger? Hors de question, j'y passais bien assez de temps comme ça.
Cependant, je connaissais un bar sympathique sur le Hudson Boulevard où j'étais allée il y a longtemps avec Emy. Ca me paraissait une bonne idée.

- On pourrait se caler dans un bar, j'en connais un cool, pas loin d'ici. Tu dois savoir duquel je parle, il est à côté du bâtiment de journalisme.

Enfin, s'il travaillait dans ce journal là, bien sûr.
Je lui souris. Superman a bien le droit de boire un petit verre d'alcool, non?
De plus, je trouvais ça beaucoup plus chaleureux et convivial qu'une après-midi à marcher.
C'était toujours plus facile de discuter avec quelqu'un si on ne devait pas le faire en ayant mal aux jambes, non?
Toujours souriante, je penchai la tête sur le côté en haussant les sourcils pour savoir ce qu'il en pensait.
Quel Chuck allait me répondre? Le macho prétentieux ou l'adorable généreux?