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 Reste l'absence obstinément (Charlie)

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MessageSujet: Reste l'absence obstinément (Charlie)   Reste l'absence obstinément (Charlie) Icon_minitime103.12.08 17:38

Un pas, puis un autre. Autant d'empreintes qui me rapprochent de mon objectif. Quel est-il ? Je sais juste que je dois me trouver là cette nuit. Peut-être ai-je besoin de revoir juste une fois les fantômes d'une nuit ? L'empreinte des yeux clairs de Sarah reste gravée en moi. Ni dans mon coeur, ni même dans mon esprit. Elle imprègne chaque parcelle de mon corps, se nourrit de ma chair autant que les bras de Charlie m'obsèdent. Je serais le mât. Eux les voiles. Et nous voguerions toujours plus loin dans l'impossible de mon imagination délirante.
J'ai besoin d'eux comme personne. Plus que de Shawn, puisqu'il occupe la place principale de mes préoccupations. Pourquoi ai-je eu l'impression que je le voyais pour la dernière fois ? Pourquoi ce sentiment de malaise grandit-il aussi vite ? Je ne cherche pas de réponse, simple à oublier les questions. Je veux chasser cette peur qui m'étreint le coeur et me broie les entrailles. Je dois contrôler cette douleur qui grossit au creux de ma poitrine et gonfle, puis explose par manque de place. Je le dois, c'est vital.
Je me laisse tomber à genoux sur le sol, et sans en prendre conscience, je reproduis exactement cette position qu'avait Charlie, la première fois où j'ai posé mes yeux sur lui.
Mes yeux se ferment pour ne plus se rouvrir, et mes mains agrippent le vide, chaque particule d'atmosphère qui peut me faire sentir vivante. Je rentre ma tête dans un ultime refuge, et recroqueville mes mains sur mon coeur. Puis, d'une lenteur presque tranquille, je lève un doigt jusqu'à mon cou et sens... Je sens mon pouls qui s'épuise, et s'étire dans le temps...
Je ne saurais dire combien de minutes s'écoulent. Il y a eu le chaud, puis le froid. Les frissons mêlés à la transpiration. Les soubresauts, témoins de mon agonie. Et la peur, celle de mourir au milieu des fantômes, des revenants. Celle de ne jamais revoir certains visages. Le regard de Charlie me transperce de toutes parts, tandis que je me laisse glisser, allongée sur le dos. Je n'ai ni la volonté, ni le courage de me redresser. Si je pouvais choisir un instant et le faire durer pour l'éternité, ce serait celui-ci: les cheveux dans la terre, le visage baigné de sueur, et le calme. Celui qui suit les pires tempêtes.
Je ne suis pas morte. Pas encore. Mais je ferme les yeux et accueille ainsi un sommeil que je voudrais éternel. Je sonde l'obscurité et le silence, me fond dans la nuit et dort à la fois. Je murmure et chantonne des paroles incompréhensibles qui s'élèvent aussi pures que possible dans l'air environnant. J'ai froid. Non. Je ne sais plus, je ne sens plus mon corps. Peu importe. Shawn me tient au chaud au creux de ses bras, son regard et sa voix m'envelopent et m'endorment...

- Shawn... Me laisse pas. Me laisse surtout pas, mon amour...

Ma voix n'est plus qu'un murmure, semblable au vent se perdant dans les branches. Et moi je l'aime, pauvre âme fouettée par le tourbillon de ses propres enjeux. Je l'aime, et j'en meurs, de le sentir parfois si distant, d'autres fois si tendre.
Le visage de Charlie se dessine une dernière fois et je lève une main hésitante dans l'espoir de toucher le paradis qu'il représente. Mais il est trop tard. Il n'est pas là, et son visage se brouille pour m'emporter au coeur de mon enfer polaire. Lui qui ne m'avait jamais fait que du bien m'injurie par son absence. Je désespère, et le vide se fait opaque.
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MessageSujet: Re: Reste l'absence obstinément (Charlie)   Reste l'absence obstinément (Charlie) Icon_minitime103.12.08 20:31

Qu'est-ce qu'un hématome de plus dans la vie errante d'un homme qui n'en est plus vraiment un ?
Bleuit par la souffrance que m'inflige la lourdeur de mes maux, mon esprit s'embue. M'imite.
Il s'égare comme je me perds, autrefois sollicité, désormais indésirable. J'accepte cette justice courroucée.
La vérité guette, suspendue à l'immense portail gothique qu'orne l'entrée de mon second foyer.
Je suis seul, le serai probablement toujours puisque l'aide extérieure me parait dérisoire.
Je ne comprends simplement pas que l'on puisse puiser en moi un quelconque intérêt.
Mais ici, et ce soir, je me défais du moindre de ces maux qui m'assaillent. Mal venus.

Je redeviens le fils d'un couple arraché à sa jeunesse, le protégé d'une femme merveilleuse.
Avec une rapidité croissante dont je prends conscience dans l'absolu, j'arpente les allées.
Ces rangées de tombes familières me rassurent, j'y trouve ma famille, et les abandonnés.
Accoutumé à la violence de mon deuil, je devrais ne plus porter d'attention à ses assauts.
Et pourtant. Trois prénoms et la terre se meurt, mon monde s'ébranle ainsi que ma conscience.
Je ne suis plus rien. Je savais cette vérité puissante mais ici elle prend son sens : je ne suis personne.

Debout, je scrute l'horizon macabre, tout me parait incroyablement petit, j'en suis choqué.
Je me sens minuscule, infime être que vient bouffer l'obscurité. J'insiste : je ne suis personne.
Mon insignifiance pourrait me faire l'effet d'une gifle, elle se contente pourtant de couler sur moi.
Ces années d'entrainement auront au moins été utiles à m'épargner ce douloureux constat à nouveau.
J'ai l'impression que les croix ne s'élèvent pas assez haut dans les cieux, j'aimerais les laisser s'envoler.
Là, perdu dans peu de sens, j'en veux à la gravité, au sort, à mes désillusions, et principalement à moi.
J'en veux à Amanda, princesse d'une nuit au souvenir immuable, elle a enchanté tous mes songes.
Et, le redoutable a eut lieu, cette chose que je guettais avec appréhension mais devinais présente : l'oubli.

Quelque part, j'ai toujours su que Sarah et elle m'oublieraient. Rien de plus normal, elles sont censées.
Perdre leur temps auprès d'un vieux gamin dont les rêves intacts sont maculés du sang de ses parents
n'est certainement pas la manière la plus douce d'affronter la vie. Je ne leur en voudrais bientôt plus.
Mais en attendant, et par mesure du chagrin, en symbiose avec l'injustice rageuse... je doute de tout.
Je remets ma vie foutue en question, exécute instantanément le bilan de mes désenchantements.
La petitesse de mes actes et paroles, à l'instar de ma présence, m'effraie et me surpasse en connerie.

Mon pouce abandonne mes lèvres au profit de ces pierres qu'il embrasse successivement.
Je ne leur parle pas. J'ignore pourquoi les autres le font. C'est vrai, ils sont morts alors à quoi bon ?
Mon égoïsme seul guide mes pas jusqu'à eux pour une raison simple et presque rationnelle : le besoin.
Le temps passe et les mentalités évoluent. Mais pas la mienne. Ils me manquent chaque jour un peu plus.
Je porte le deuil d'un amour puissant qui me dévaste tout entier, et le temps en profite pour en rajouter.

Et puisque personne ne me rend le service d'alléger ces souffrances, je les endure dans ma solitude.
Egoïste enfant de parfaits être humains fauchés à leurs vies pourtant respectables. Aucune logique.
Pensant m'être suffisamment lamenté sur mon sort, je m'éloigne des détenteurs de mon âme.
Je longe une allée désertée, ma préférée. Toutes ces tombes sont abandonnées, injustement ignorées.
Chacun des noms fut une vie que j'ai inventé pour moi. Et tous leurs fantômes sont mes proches.
Je leur parle. A eux. Ils ne me connaissent pas, je me contente de leur apporter la considération qu'ils méritent.
« A notre enfant adoré » devient mon petit frère, pantin d'un gosse railleur que j'aime découvrir.
« Mère. Epouse. Fille. » est ma confidente favorite, elle sait écouter, elle ne juge pas. Pas même ma folie.

Tant de personnes qui méritent d'être entendues, sans même pouvoir parler...Quel dieu autorise cela ?
Conscient de n'avoir jamais de réponse, je n'en attends plus. J'avance quand une voix s'élève tout près.

- Shawn... Me laisse pas. Me laisse surtout pas, mon amour...

Comme à mon habitude, je me sens indésirable. Témoin d'un échange d'affection. Faucheur d'intimité.
Le prénom de "Shawn" m'intrigue pourtant, me rappelle évidemment celui du gamin perdu et esseulé.
Je m'approche doucement, prêt à partir en cas de besoin. J'aperçois alors l'inconcevable.
La sœur d'un jour sombre à la lumière imaginaire pourtant si pure... Amanda. Elle dort.

Doucement, je m'approche de sa silhouette, ne m'arrête pas sur son expression meurtrie qui me fend le cœur.
Je la regarde paisiblement, ne voulant, pour rien au monde, briser le semblant de quiétude dont elle profite.

J'attends, cœur regonflé et plaies cicatrisées, que l'enfant s'éveille. Ma nuit est à sa disposition.
Assailli par les démons qui se nourrissent de ma solitude, je retourne à mes pensées torturées.
S'impose à nouveau une tranchante vérité, celle que je ne peux ignorer, je hais cette sensation.

Je ne m'en relèverai jamais, ainsi je rampe sur mes pieds. Et les hommes croient me voir marcher.

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MessageSujet: Re: Reste l'absence obstinément (Charlie)   Reste l'absence obstinément (Charlie) Icon_minitime103.12.08 21:29

Ils sont trois. Des gosses débraillés et morveux à la faire pleurer. Elle, c'est moi. Et j'assiste une fois de plus à ce jour maudit. La petite fille aux yeux rouges baisse les yeux et semble attendre. Bientôt, un gosse compatissant ira chercher son sac que les autres ont déposé sur le toit. Bientôt. Mais rien ne vient, ni personne. Elle est seule. Je suis seule. La petite fille me regarde fixement. J'en tremble. Elle a les yeux de Shawn. Le monde autour n'existe plus. Juste lui et moi... Le visage de la fillette se transforme. C'est bien lui à présent. Lui qui me sourit étrangement, avant de se retourner et fuir. Je le hais. Mes pas s'engagent dans une course-poursuite implacable, tandis que se superpose le souvenir de sa dernière visite à mon appartement. Le décor change subitement. Je franchis la dernière marche des escaliers, pousse la porte, et me précipite sur la chaussée. Je n'ai que le temps d'entendre le crissement des pneus sur le bitume, et de voir le visage narquois de l'homme de ma vie derrière le pare-brise... Assassin.

- NAN !

J'ouvre les yeux subitement. La vision était insurmontable. Il me poursuit, me tue jusque dans mes rêves. Notre histoire n'est-elle vouée qu'à me mener à ma propre destruction ?

- Pas toi... Pas toi, j't'en supplie...

Mes paroles déchirent l'air et se mêlent à mes hoquets, qui ne tardent pas à se transformer an sanglots convulsifs. Mes pensées, mes regrets, mon amour, tous tournés vers une seule personne, capable de m'arracher à la vie si elle le veut. Shawn semble diriger la conquête de mon coeur, ainsi que le semblant d'existence dont lui-même m'a doté.
Une voix s'élève alors: grave et imposante, elle s'installe et semble se figer dans le temps. Une douce chaleur se répand dans mes membres engourdis par le froid, tandis que ma tête repose à présent contre un corps auquel je m'aggripe.

- J'suis désolée... Charlie j'suis désolée si c'est toujours à toi que je me raccroche quand ça va pas... J'ai peur que tu finisses par te lasser...

Je prends une profonde inspiration. J'ai besoin de vider mon sac, et de calmer mes sanglots.

- Je n'ai aucun mort à pleurer, et pourtant c'est moi qui suis là... Je suis complètement dépendante, je voudrais pouvoir inverser les rôles... Mais je n'y arrive pas, je m'en veux... Si tu savais...
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MessageSujet: Re: Reste l'absence obstinément (Charlie)   Reste l'absence obstinément (Charlie) Icon_minitime104.12.08 22:14

Spectateur de ma propre existence, je deviens également celui de la souffrance d'Amanda.
Elle hurle, supplique, et met mon cœur à mal, demeurant dans l'ignorance complète de ces trois faits.
Je suis pris d'un instinct puissant, il embraserait le monde dans sa vigueur. Je souffre avec elle. Pour elle.

Considérant que la laisser prisonnière de ce sommeil dévorateur abime son bien-être, je l'en libère.
Son malheur m'abat au lieu de m'apitoyer. Son angoisse me dévore, j'aimerais la lui arracher.
Plus que quiconque, elle incarne celle dont le bonheur lui revient de droit, si seulement existait une justice.
Je l'observe, elle respire. Cette pensée devrait m'apaiser au lieu de me précipiter auprès d'elle. Qu'importe.

Je ne calcule plus, doute d'avoir pensé un jour. Ne compte plus que son être tout entier. Je doute de tout.
J'aime croire que, si je le veux assez fort, je peux faire de son fardeau le mien. Chargeons mes épaules.

- Hey... je chantonne, surpris par la soudaineté de son gémissement. Tout va bien.

Je m'accroupis, vif puisque motivé par la meilleure des raisons.
J'attire doucement son corps contre le mien, sa froideur me percute.
Depuis combien de temps gise-telle à terre ? Trop, et dans bien des sens.

- J'suis désolée... Charlie j'suis désolée si c'est toujours à toi que je me raccroche quand ça va pas... J'ai peur que tu finisses par te lasser...

Quelle idée, moi qui n'aspire qu'à enflammer ses peines jusqu'à la dernière...
J'entends une inspiration profonde que, sans même en avoir conscience, je copie.
Je lutte contre un mal dont la réputation féroce et ténue ne suffit pas à m'impressionner.
J'aurais raison de lui, l'enjeu est de taille. La compétition est inexistante, ma motivation, surhumaine.

- Je n'ai aucun mort à pleurer, et pourtant c'est moi qui suis là... Je suis complètement dépendante, je voudrais pouvoir inverser les rôles... Mais je n'y arrive pas, je m'en veux... Si tu savais...

Je n'ai plus de raison de pleurer, ainsi auprès d'elle. Et je suis là également. Sens ma présence, Amy...
J'aimerais dire ces mots qui, sans la heurter, lui feraient prendre conscience de la situation.
Elle est ma sœur, la fleur d'un unique jardin, l'essence de mon être, cette vie qui enchante la mienne.

- Je sais, je murmure contre ses cheveux, je sais.

Doucement, je la berce contre ma poitrine, et, conscient que les battements de mon cœur sont à sa portée,
je m'efforce de ralentir leur allure dans l'optique vitale de la rassurer. Elle est cet essentiel qui prime. Toujours.

Il faut absolument que sa peine s'allège, elle est trop frêle pour supporter un chagrin quelconque.
Et, plus important encore, elle ne mérite aucun des maux qui la torturent. Je le sens dans mes os.

- Calme-toi, je resserre l'étreinte qui nous lit, lui offre la force nécessaire à son rétablissement. Personne, tu m'entends, personne ne mérite ta douleur.

Que ma sœur sente la conviction qui m'habite. Elle est titanesque.
Improvisé ange du réconfort, je m'efforce de la nourrir en sérénité.

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MessageSujet: Re: Reste l'absence obstinément (Charlie)   Reste l'absence obstinément (Charlie) Icon_minitime108.12.08 20:40

Sa voix résonne comme une berçeuse, ses bras m'enlacent comme une mère pour son enfant malade. Je me sens mieux, tout contre lui. Même les battements de son coeur, tels un métronome, m'apaisent. Je suis au creux de son corps, et lui au coeur de mes confidences.

- Calme-toi

Il a tort. Je ne me calme pas seule, puisque c'est lui qui me donne l'impulsion nécessaire pour calmer mes sanglots, lui qui me rassure à cet instant même. Le paradis aurait son allure.

Personne, tu m'entends, personne ne mérite ta douleur.

Mieux que l'entendre, j'y crois. J'ai foi en chacune de ses paroles, cette phrase est donc également véridique et je m'y accroche de toutes mes forces restantes. Il est mon unique point d'attache, la force qui me retient encore et m'empêche de m'enfoncer six pieds sous terre. Un impérieux désir monte en moi: celui de lui faire savoir. Qu'il sache ce qu'il représente à mes yeux. Qu'il comprenne qu'il est bien plus que le personnage du serveur attentif et discret. Qu'il apprenne enfin, s'il ne peut le comprendre, que j'aimerais à mon tour être capable de supporter à sa place au moins la moitié de ses douleurs et de son passé. Qu'il est l'une des rares personnes à m'avoir percée à jour, et le seul à pouvoir combler de lumière cette fuite de sentiments trop lourds pour moi.

Je voudrais avant tout qu'il accepte que mon souhait le plus cher serait de rassembler en moi toute la boue de ce que certains appellent le monde, tous les sentiments négatifs de chaque existence... A l'image d'un gamin tentant désespérément de ranger sa chambre en rassemblant tout le désordre dans un coin. Et avant tout, j'aurais commencé par prendre sur moi les épreuves que mon frère a endurées. Mais j'ai appris que c'est impossible, et cela me tue. Je suis trop faible, trop frêle pour tout supporter, même à une petite échelle. Et je reste impuissante: telle est la cause principale de mon mal-être, ce vide qui détruit également ceux qui me sont chers.

Mais les mots restent bloqués dans ma gorge, au niveau même de la boule de sentiments qui me brûle, et s'amplifie de nouveau. Je la ravale malgré moi: un premier pas vers la libération de ce monde. Pathétique. Toujours dans l'optique d'essayer malgré tout, je me lance. les mots viennent à moi naturellement, sans bavures ni ratures. Et bien que de simples mots ne puissent l'exprimer, je sens qu'il comprend. Pour le décrire lui, il aurait fallu inventer une nouvelle langue et lui approprier un vocabulaire spécifique. Il est au-dessus des mots banals que chacun peut utiliser de manière plus ou moins éloquente ou gracieuse.

- Tu te rends pas compte, Cha'... Tu te rends pas compte de la place que tu occupes là, je désigne mon coeur. T'es tellement plus qu'une simple personne. Je sais pas comment le dire, il faudrait inventer un nouveau langage pour ça... Je peux juste te dire que même si j'en bave, je ne regrette rien. Parce que sans cette nuit au cimetière, tu ne serais pas là maintenant. Et justement, ici, c'est le paradis, tu comprends ?
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MessageSujet: Re: Reste l'absence obstinément (Charlie)   Reste l'absence obstinément (Charlie) Icon_minitime108.12.08 21:27

Qu'elle sache, ma famille improvisée dans une adversité totale, la place qu'est la sienne.
Ange parmi les pieux, elle redonne foi à tous, elle est ce pour quoi je m'accroche à la vie.
Je ne lutterai pas pour la laisser tomber, ne supporterai pas le poids de cette perte immense.
Sa détresse m'afolle, je la vois presque flirter avec l'impensable, elle n'a pas le droit.
Au même titre que sa panique, son calme m'imprègne et m'envahit. Il est aussi mien.
Rassurée, elle respire plus régulièrement, je me bats contre mon cœur pour sauver le sien.

- Tu te rends pas compte, Cha'... Tu te rends pas compte de la place que tu occupes là. T'es tellement plus qu'une simple personne. Je sais pas comment le dire, il faudrait inventer un nouveau langage pour ça... Je peux juste te dire que même si j'en bave, je ne regrette rien. Parce que sans cette nuit au cimetière, tu ne serais pas là maintenant. Et justement, ici, c'est le paradis, tu comprends ?

J'aimerais employer cette langue nouvelle dont elle parle sur le champs.
Il me faut des mots nouveaux pour exprimer le choc qui me dévaste alors.
Plus qu'une simple personne... moi, le fantôme errant d'une nuit perdue...
J'avoue ne plus comprendre, j'essuie la stupeur, mon sang se glace.
Je tremblerais si sa sérénité n'était pas ma préoccupation première,
je pleurerais si je savais le faire, par gratitude ou sentimentalisme.
Le paradis... mon ange en a conscience mais elle me renvoie le salut.
Elle si grande en mon cœur m'ouvre le sien dans un aveu déchirant.

Perturbé, j'ai l'impression que tout ce qui faisait de moi ce que je suis s'envole,
ne reste plus que ses mots, le chemin tracé par sa voix et la grandeur de notre échange.
Une tour s'élève, elle porte le nom d'Amanda, siège de sa personne, elle sera en moi. Toujours.
Quoi qu'elle puisse dire à présent, la raison est morte avec mes parents. Ceci est véritable.
Les sentiments, rien qu'eux, Amanda et moi. Ne manque que Sarah pour sublimer le tout.
Je resserre l'étreinte qui entoure son corps fin à l'instar de la force qui malmène mon estomac.
La moindre parcelle de moi témoigne de la douceur qu'exerce la caresse de sa déclaration.

Pourquoi moi ? D'autres la réconforteraient tellement mieux, plus vite et surement...
Je peine à croire, et mon esprit m'appuie, qu'elle puisse penser ces mots. Et pourtant.
La sincérité dans sa voix, bien plus que palpable, ne laisse nul place au doute.
Ceci n'est pas une blague. Et moi, je perds la parole, mes mots sont morts.

- Amy... le paradis ne rivalise pas avec cet endroit. La vie d'abord. Elle m'offre la sœur que j'ai toujours voulu, tu es ma famille maintenant. Sacrée. Amy, je répète pour me raccrocher à elle, j'aurais du te le dire plus tôt...

Je hais la sensation dont s'imprègne ma bouche lorsqu'une phrase y demeure en suspend.
J'ai ce sentiment d'inachevé, semblable à un deuil insurmontable malgré les efforts.
Il faut qu'elle sache, mais je ne sais dire ces choses-là. Je les montre seulement.
Jamais ces mots n'ont franchis mes lèvres, morts bien trop loin de l'absolu.
Le temps semble menaçant dans l'affaire, il n'aide en rien. N'aidera jamais.
La vérité m'étouffe, il faut que cette phrase trouve une fin, j'en ai besoin.

Ce sentiment d'appartenance à un clan est puissant, fraternel.
Je ressens jusque dans mes os qu'elle est cette sœur perdue.
Je chérirai sa présence bénie, heureux parent d'une enfant prodige.
Le silence demeure, ma phrase se tue tandis que je l'oublie.
Et puis après tout, qu'elle meurt, une remplaçante arrive.
Celle-ci ne détient pas un rôle second, elle sera tranchante.

- Je t'aime.

Que ma voix se brise, je m'en fous éperdument.
Que tremblent mes mains, elles l'accueilleront toujours.
Que cet aveu se perde, il n'est pas victime du temps.
Et que vive ma sœur, je renforcerai mon amour.

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MessageSujet: Re: Reste l'absence obstinément (Charlie)   Reste l'absence obstinément (Charlie) Icon_minitime124.12.08 18:08

Ridicule. Mes mots n'ont pas su exprimer tout ce que je pensais au sujet de mon frère, et celui-ci me fixe, perdu.

- Amy...

J'écoute. De tout mon coeur, j'écoute ce qu'il a à me dire. Chaque parcelle de mon corps réclame les mots dont j'ai besoin pour survivre. Alors parle, mon frère, je suis pendue à tes lèvres. Dis, pense et ressens les mots que j'attends.

le paradis ne
rivalise pas avec cet endroit. La vie d'abord. Elle m'offre la sœur que
j'ai toujours voulu, tu es ma famille maintenant. Sacrée. Amy...


Ce sont cette fois mes larmes qui se noient dans mon sourire, ravivé par sa déclaration. Une famille. Alors il me reste quelqu'un ici... Quelqu'un sur qui compter, quelqu'un à aimer en retour. La bulle maudite de solitude qui régnait dans mon coeur est morte, percé par les soins de Charlie, et le mal qui en sort crève aussitôt, blessé par mon amour.

j'aurais du te le dire plus tôt...

Quoi donc ? Quel est ce plus tôt ? Quel moment aurait été plus propice que celui-ci ? Grâce et par lui, je vis au milieu des morts, je les éclaire de mes espoirs et de mes rêves.
Mes doutes, toujours présents, semblent perdre de leur éclat cependant. Alors quel moment aurait mieux convenu ? Plus tôt, cela aurait été avant Shawn. Plus tôt, quoi qu'il dise, ses mots n'auraient pas eu le même effet de guérison qu'il m'apportera bientôt. Ils me régalent d'avance, comme l'odeur du chocolat avant qu'il ne réchauffe mon coeur et mon corps. Alors...

- Je t'aime.

Ces mots... Il les a prononcés au même instant que moi, et sa voix a couverte la mienne. Il m'aime... Dans un besoin essentiel qu'il sache à son tour, je répète. Je répète ces mots qu'il n'a pas pu entendre, couverts par la guérison qu'il m'a apportée.

- Je t'aime. Je t'aime aussi, frérot...

Ma tête se cale naturellement contre son torse. Elle aurait été faite pour cela que j'y aurais cru. Lui, et moi, destinés à nous rencontrer ? Impossible: et pourtant, le conte aurait été merveilleux. Mais il est là, et moi aussi.
Alors je m'efforce de ne plus penser à Shawn. Je suis aux côtés de Charlie, et j'y resterai pour ce soir. Mettons de côté la peur et la peine, rien que cette fois. J'aurai bien assez de temps plus tard pour y songer...

- J'ai pas réussi à te dire la moitié de ce que je pensais.

J'aurais aimé, pourtant... Les plus grandes maux ont besoin des plus grands mots pour guérir. Et ces mots, je ne les possède pas. J'en rage...
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