i could really use
a wish right now

Mon coeur bat fort dans ma poitrine. Comme un petit oiseau en cage. J'ai parlé à Andrew au téléphone hier soir. Sur le moment, sa voix m'a rassurée. J'ai fermé les yeux, un sourire aux lèvres, dans mon pyjama rose avec de petits escarpins noirs en motifs. Et je me suis laissée allée au sommeil qui revient progressivement. Je me souviens d'un temps où je grelottais dans mon lit, incapable de chasser le froid qui engourdissait mon coeur comme mes membres. Mais depuis, j'ai grandis je crois. Entre deux battements de coeur, j'ai fini par comprendre que l'innocence ne dure pas. Que les rires sont comptés et que si on abuse de nos rires contre un cynisme noir, on les perds à tout jamais. Chuck m'a volé plusieurs rires, mais je l'ai laissé faire, je voulais qu'il le fasse. C'est pourquoi je m'en suis tellement voulu.

Ce matin, je ne suis plus certaine de rien. J’entrebâille la porte de ma penderie, certaine qu'une bête noire s'y cache depuis longtemps. J'en sors une jupe noire, une paire d'escarpins rouges et un chemisier blanc. Mes cheveux sont lisses, d'un naturel que je ne leur avais autorisé durant des années. C'est bien, d'être moi.

J'ai envie de tout mettre dans des boîtes. Tous ces vêtements qui appartiennent à une autre vie. À cette Amber qui jouait à la poupée. Celle qui cachait son enfance ratée et ses doutes pour se faire aimer. J'essaie de la faire grandir, de lui faire comprendre que ça n'est pas ainsi que les gens agissent. Et à elle de répliquer que moi si. Parfois j'ai peur qu'elle reprennes le contrôle, la Amber qu'ils voient sur le papier, mon alter-ego. Celle qui ne sait pas vivre sans être entourée, peu importe si elle est appréciée. Ça suffit. Je remets ce matin depuis des mois. Ça fait plusieurs semaines que j'ose à peine regarder mon téléphone, sachant que les messages s'accumulent. Qu'ils me rappellent que je suis sous contrat. Que je ne veux pas y retourner. Et puis je dois aller chercher mon chèque de paie. C'est bien beau de vivre comme une princesse, mais ça ne durera plus bien longtemps à ce rythme là.

Les pieds à l'extérieur d'un taxis, le trajet s'est déroulé trop vite à mon goût. De quoi me laisser serrer mon sac contre mon ventre pour contenir mon appréhension. Je ne suis plus une petite fille, ils ne peuvent plus diriger ma vie d'un coup de téléphone. Je marchais la tête haute en entrant dans ces bureaux là, je prenais pour la reine de je ne sais quoi. Juste parce que j'avais mon visage sur du papier glacé. C'est comme ça que j'étais. Ce serait si facile de redevenir cette fille là, mais je me contente d'entrer en vacillant, comme moi, sans prétentions. L'ascenseur me donne le tournis, pour avoir l'odeur de Chuck imprégnée dans le velours rouge des murs. De cet après-midi où j'aurais du ne pas m'y trouver. J'ai mal au coeur, mais les portes s'ouvrent enfin et au comptoir de la réceptionniste, je suis deuxième en file. J'aimerais juste qu'on me donne mon enveloppe et qu'on me laisse partir. C'est pas trop demander, pas vrai ?