Les lumières de la nuit, les lumières de New-York en fait. Je me sens comme si je n'avais jamais quitté cette ville, et puis les filles me regardent et ma réputation me précède. Je me flagelle un peu de ne pas avoir de ballon de foot avec moi. Pour faire des prouesse, briller sous les projecteurs.

Je n'ai pas touché à l'alcool ce soir, parce que maintenant, l'alcool comme le nutella me fait penser à Ashley et ça me désole encore et toujours de me sentir accroché. Je ne voudrai pas, je soupire, putain, c'est plus fort que moi. Je suis sur que même mon verre de coca il aura un rapport avec elle plus tard. Je le sais, et bordel, ça me fait chier.

Je regarde autours de moi, le monde s'anime et Dean Roberts ne bouge pas, c'est a se demander ce que je fiche ici, j'aurai du rester chez moi. Ou passer la soirée avec Jason, je ne sais pas. Mais bon il m'aurait fait rêver, rien qu'en parlant de liberté et de Mathilde. Sans le voir, il m'aurait fait saigner. La profondeur de mes pensées m'effraie. Ca aussi, je sais que c'est la faute d'Ashley.

J'ai envie de faire autre chose, de sortir, ou je ne sais quoi, de remarquer quelqu'un qui dénote, quelqu'un qui pourrait me faire rire, oublier. Ou alors quelqu'un que je pourrai faire rire. Je regarde encore, et je ne trouve pas. Les filles se ressemblent et ça me déplait, je suis plus fait pour le monde de la nuit, je le sais.

Et puis mes yeux se baissent, dans un automatisme, l'automatisme qui me dit qu'il faut que je rentre et que j'arrête d'espèrer la croiser sur les escaliers qui sont devant ma porte d'entrée. Je l'imagine désespérée, pleurant peut être, hurlant de toutes les part de son corps qu'elle me veut pour jamais.

Et puis, je déjante au moment où mes yeux se posent sur des chaussures qui sont loin des talons hauts de toutes les bimbos. Je jurerai que c'est de bottes de mecs à n'importe qui. Parce que c'est botte là, elles ne vont pas avec la fille qui les porte. Quoi que ... Je serai fixé, quand la demoiselle aura parler. Armé d'un courage donner par mon soda, je m'avance vers la poupée aux drôle de pieds.

Proche de la brunette, je lance un sourire spécial signal white now, et je me décide à parler. Pas la peine d'avoir peur, je suis Dean Roberts quoi.

- Si tu m'expliques ton choix de chaussures, je te paie un verre.

J'ai envie de danser, tellement la vie veut exploser par tous les pores de ma peau. Le soleil s'est couché depuis bien longtemps, maintenant, mon service se termine, et moi, je vais bien. Mais genre, vraiment, vraiment bien, j'ai envie de sauter de hurler, je suis surexcitée et je ne sais même pas pourquoi, j'ai juste envie de me défouler, de boire de l'alcool, de jouer, de voir des gens, me moquer, apprendre à les connaitre, les faire entrer dans mon monde, les piétiner s'ils sont cons, juste faire en sorte qu'ils se rappellent de moi encore demain, se demandant qui était cette fille en rangers, à la coupe de travers, au regard plein de malice. Ou qu'ils ne le fassent pas, c'est égal.

J'ai un peu commencé à boire au bar, à l'oeil, bien sûr. Il faut bien des avantages. J'ai trinqué avec des gars qui me racontaient leur fascinante et pourtant pauvre vie. Les malheurs marquent tous les quotidiens, et c'est incroyable à entendre, parfois, à quel point c'est vrai. Je ne me lasse jamais d'écouter ces histoires. Elles sont toutes aussi déprimantes les unes que les autres, et je me dis que j'aurais très bien pu les vivre. J'en ai même vécu quelques unes, mais pourtant, je ne peux pas m'empêcher de trouver tout ça hyper intéressant. C'est con, mais serveuse, barmaid, ça devait être ma vocation, dans le fond. Et je ne l'aurais jamais su sans Ethan et son envie de s'installer ici. Son envie de se marier, son besoin de se poser, un peu dans sa vie. Je suis tellement heureuse de la vie qu'il m'a offerte. J'aimerais qu'il la vive avec moi, c'est clair, mais la vie, c'est comme ces mecs qui viennent boire ici la racontent. Pleines de péripéties, d'obstacles et de trucs pas cool dont il faut s'accommoder. Et puis... voila quoi.

Je quitte le bar, je crois que mon état n'est plus tout à fait premier, mais encore vraiment second. Je suis assez consciente pour avoir un peu froid et pour marcher plus vite, courir, partir en vrille, slalomer entre les prostituées qui me saluent parce qu'on se connait vite fait. Elles sont cool, mais je suis pressée par le besoin d'écouter goulument de la musique trop forte en continuant joyeusement de boire. Je leur souris, leur fais coucou, et continue ma route. Puis, c'est au tour de nos anciens voisins, des SDF avec un chien adorable. Comme à chaque fois que j'en ai l'occasion, je leur file une partie de mon pourboire, parce que je les adore. Un clin d'oeil et je continue ma route. Je les entends me dire des trucs sympas jusqu'à ce que je tourne au croisement en leur envoyant un baiser de la main.

Un mec m'interpelle pour me parler de la fin du monde. Un témoin de Jéhovah, je crois bien, ou un crétin appartenant à une secte, j'en sais rien. Je lui demande calmement de me lâcher la grappe ou je lui explose la sienne. Le message passe, je souris et continue.

J'arrive enfin devant une boite de nuit. Je n'ai pas pris la peine de me changer, le videur, ce soir c'est Reid. C'est un ami qu'Ethan et moi nous sommes faits après notre arrivée ici, lors d'une bagarre générale dans un bar. Il s'est lié avec Ethan quand ce dernier s'est mis à frapper un mec plein de potes parce qu'il me manquait de respect. Grâce à Reid, le patron du bar nous a autorisé à revenir, car il connait les gens qu'il faut, Reid. Je passe donc devant tout le monde dans la queue, l'embrasse sur la joue et entre sous les cris des conspueurs jaloux. Fuck, les mecs, si vous saviez.

Je me fraie un chemin parmi la foule. Les danseurs transpirent toutes la vie qui est en eux en criant à chaque chanson qu'ils aiment et je me prends au jeu, parce que c'est juste tout ce que j'attendais. Alors, je danse un peu le temps d'aller au comptoir. Des mecs me sourient, mais je m'en fous, je pense à Nathan, me dis que j'aurais voulu qu'il soit là, me demandant s'il aurait dansé sur cette musique. Comme je l'ignore, je continue de me le demander, parce que je n'ai pas la réponse et décide donc qu'il est temps de se remplir à nouveau la tête avec autre chose, quelque chose de décousu, d'aussi déglingué qu'un patchwork d'idées.

Je me plante au comptoir, demande un shot de vodka. Le bois quand on me le donne. Un autre. Encore. C'est à la fin de mon troisième qu'un mec arrive. Belle gueule, belle carrure, mais pas forcément mon type, quoi que j'en ai eu des comme ça avant de connaitre Ethan. Je le regarde m'approcher, me sourire, et moi de soupirer car je m'attends déjà à une technique de drague réchauffée qui insultera plus mon ego qu'elle ne le flattera. Un mec qui dira que j'ai de beaux yeux, qu'il n'arrive pas à détacher son regard de moi, ou autre conneries destinées à me donner envie de l'autoriser à me prendre en levrette sur la table de sa cuisine. Mais je ne suis pas comme ça, moi.

- Si tu m'expliques ton choix de chaussures, je te paie un verre.

Je plisse les yeux, surprise, puis souris au bonhomme. Parce que celle-là, on ne me l'avait jamais faite. Mais comme ça ne change rien à ma position (et je ne parle pas de celle qu'il me voit peut-être prendre dans son esprit), je me jette à l'eau, jouant avec le plaisir d'imaginer les différentes réactions qui pourraient traverser son visage :

- Ok, mais tu le dis à personne. C'est juste une question d'habitude. J'ai encore un peu de mal avec le look féminin, car il me manque encore une étape avant d'être une vraie fille, si tu vois ce que je veux dire.

Je grimace un faux air gêné, m'approche de lui et lui dit, sur le ton de la confidence :

- On m'a pas encore enlevé mon anaconda.

Je pointe mon entre-jambe des deux index avec une expression d'excuse, me redresse et souris. Je pense alors à Shane, me dis que si ce mec savait à quoi ressemblait la version masculine de Shanya Turner, il ne me croirait pas une seconde.

- Ce sera une vodka, s'il te plait. Je sais pas quelle marque ils utilisent dans cette boite, mais elle est vraiment pas mal. Tu l'as déjà goûtée ? Sinon, tu devrais essayer, je te jure, ça fait plaisir à boire. Tu bois quoi, toi ? Aaaah, pas d'alcool ? Je demande après avoir pris son verre pour le sentir. Tu sais qu'un mec tout seul qui boit du Coca dans une boite de nuit, ça peut paraitre suspect ? Enfin, je sais pas, j'trouve ça bizarre, moi en tout cas. A moins que tu sois musulman ou malade, dans ce cas-là, autant pour moi. Cela dit... Tu m'excuses de demander, hein, mais dans les deux cas... T'as le droit d'être là ?

Peu importe sa réponse, de toute façon, même si elle me dit non, je lui payerai son verre et je me saoulerai peut être avec elle. Quoi que non, mauvaise idée, alerte à la pensée con du jour : Tu t'es vu, quand t'as bu ? Bon non, je boirai pas, ou tout du moins, juste du coca. Et je lui paierai ce qu'elle veut, même du champagne tant qu'on y est, pour m'excuser d'être venu l'emmerder.

- Ok, mais tu le dis à personne. C'est juste une question d'habitude. J'ai encore un peu de mal avec le look féminin, car il me manque encore une étape avant d'être une vraie fille, si tu vois ce que je veux dire.

Oh putain ! On se fait déjà des secrets. D'accord, je suis pas alcoolisé, mais je crois que la fatigue et la déprime me font paraitre idiot même en pensées. Des secrets ? Ta gueule Dean s'il te plait. J'aimerai la remercier avant qu'elle commence les confidences, ouais, faut que je lui dise que ça me plait qu'elle ne ressemble pas à Ashley. Et accessoirement, il faut que j'arrête de penser à elle, parce que j'en peux plus vraiment de toute cette histoire et de ses cheveux blonds toujours bien coiffés. Je passerai bien ma main dedans, les remettrai derrière son oreille, regarderai son sourire ...

- On m'a pas encore enlevé mon anaconda.

Hein ? Quoi ?! Putain ! Mais non quoi, fallait que je tombe sur un travelo en plus de ça. Ashley je t'en supplie débarque maintenant et reste à jamais dans mes pensées. Un trans' sexy, bordel, je suis maudis, même quand je veux m'amuser le monde s'acharne contre moi. Dieu je te hais, c'est officiel, vrai de vrai. Bon sang, Ashley ... En plus elle me révèle ça quand j'étais en train d'imaginer n'importe quoi. J'aurai préféré rester dans mes rêves plutôt que de revenir dans sa réalité. Je paie pas de verre aux mecs, oublie ma proposition, maintenant, s'il te plait ?

- Ce sera une vodka, s'il te plait. Je sais pas quelle marque ils utilisent dans cette boite, mais elle est vraiment pas mal. Tu l'as déjà goûtée ? Sinon, tu devrais essayer, je te jure, ça fait plaisir à boire. Tu bois quoi, toi ? Aaaah, pas d'alcool ? Putain, je subis. Elle ? Il ? se penche vers mon verre, le sens. Je passe pour un con, mais je le vis bien faut croire.Tu sais qu'un mec tout seul qui boit du Coca dans une boite de nuit, ça peut paraitre suspect ? Enfin, je sais pas, j'trouve ça bizarre, moi en tout cas. A moins que tu sois musulman ou malade, dans ce cas-là, autant pour moi. Cela dit... Tu m'excuses de demander, hein, mais dans les deux cas... T'as le droit d'être là ?

Je fronce les sourcils, renfrogné, j'ai pas envie d'y payer moi sa vodka, et je boirai bien pour oublier tout ça. La prochaine fois que je drague un mec, je m'éclate la tête contre un mur, je crois. Parce que putain, c'est la seconde fois que ça m'arrive quoi. Encore lui là, le sexy avec ses chaussures, il a eu la bonne résollution d'être honnête. Au brésil quand ça m'est arrivé ? Je me suis aperçu de cela dans la chambre quand le grand con s'est déshabille. N'aies pas peur qu'il a dit. Je suis sorti de ma chambre en courant, hurlant comme une gamine de quinze ans. Faut pas abuser, ni se moquer, quand une belle créature se retrouve avec un pénis là où normalement on trouve un vagin, ça fait flipper, alors je justifie mon cris de gonzesse, ouais, ouais. A noter que c'est une histoire que je ne raconterai plus jamais et que putain j'essaierai d'oublier encore une fois.

- Une vodka donc, et pour moi se sera un double whisky. que je lance au serveur essayant de ne pas regarder mon compagnon dans les yeux.

J'attends quelque secondes qui me semble une éternité, et puis alors qu'il ramène nos verres, je regarde à nous celui qui dit être un homme. Bon sang, mais c'est pas possible, ça semble tant vrai. Elle a surement fait de la chirurgie esthétique pour arriver à ce résultat là, c'est obligé. Parce que vraiment je vois pas d'autres explications, un homme peut pas naitre avec un visage comme celui là. Ca je pourrai le jurer. J'attrape mon verre et le bois d'un trait, tandis que je me décide à lui reparler.

- Le soda c'était parce que j'ai vécu une mauvaise gueule de bois. Mais après la révélation de ton anaconda, je me suis dis que j'avais droit à boire ce soir, puisque je viens de draguer un homme, tu vois, ça fait mal à l'égo, quoi.

Putain, et t'imagine même pas. Un mal de chien, quoi.

Son visage se décompose et putain, mais mine de rien, je me sens puissante. J'ai vu dans ses yeux le bruit de verre qui se brise, quand il a sérieusement pris pour argent comptant mon impro du soir. Je pourrais presqu'en être vexée que ça ait marché, parce que mine de rien, il envisage sérieusement que je sois un homme, sans même imaginer deux secondes que ça puisse n'être qu'un subterfuge. Mais non, je suis juste très très fière de moi, comme si j'avais réussi un défi fixé il y a des années, écrit sur une longue liste de cap' ou pas cap' tarabiscotés. Me faire passer pour un homme et être crédible, check. Allez, prochains challenges, chanter la Macarena en dansant le Maddison et réussir à faire croire à mon banquier qu'il est mon père.

Il ne répond pas à ma question. Soit il est trop sonné pour admettre qu'il y ait eu la moindre parole suivant mon "aveu", soit j'ai touché une corde sensible. L'un ou l'autre, j'ai une putain d'envie de rire qui me prend méchamment les tripes, comme si plus rien d'autre ne comptait à part son visage défait. Sa vie doit être merdique, dans le fond, je me dis, s'il ne peut pas juste rire du fait qu'il a supposément dragué un mec. Allez, pète un coup, dude, on est là pour se dé-tendre. Y'a pas que le sexe dans la vie. On a peut-être ce qu'il faut pour être les meilleurs potes du monde. J'ai plein de bières dans mon frigo et une nouvelle télé, avec une antenne et tout pour capter les trois premières chaines sans trop de cryptage. J'opte pour la parabole à la fin du mois, ça va être fun. En plus, j'ai une belle voiture, quoi.

J'vais pour lui dire tout ça, mais avant que j'ai ouvert la bouche, il nous commande à boire et y'a plus de soda, dans sa boisson, tout à coup. Je n'culpabilise pas, même si je me dis que j'ai peut-être fait replonger un alcoolique dans ses travers. Il gagnerait vraiment à laisser ses état-d'âmes au fond d'un verre, l'espace d'une soirée. J'ai presqu'envie de le consoler, quand je me dis qu'il a peut-être lui aussi perdu l'amour de sa vie, sa famille et ses amis. Les êtres humains n'ont pas tous été élevés dans un ranch au rythme des rodéos, des élevages de gros animaux, et toutes les conneries qui durcissent le cuir et le mental. Il a rien d'un cow-boy, le beau gosse d'en face, et je me demande si je n'aurais pas deux-trois choses à lui apprendre en virilité, quand il commence à parler. J'espère qu'il ne va pas se mettre à chialer.

- Le soda c'était parce que j'ai vécu une mauvaise gueule de bois. Mais après la révélation de ton anaconda, je me suis dis que j'avais droit à boire ce soir, puisque je viens de draguer un homme, tu vois, ça fait mal à l'égo, quoi.

Ma tête et ma main se rencontrent dans un mouvement dépité. C'est qu'il en vit, des malheurs, ce petit. Je ris, même si, bon, dans le fond, je suis sûre qu'il ne m'a pas tout dit. Mais je ne peux pas m'empêcher de juger. Draguer un mec fait mal à l'ego ? Je ne savais pas que se rendre compte qu'on allait peut-être être obligé de s'envoyer en l'air à l'envers était aussi blessant. Quoique ça doit faire mal. Au pire, tu peux toujours changer de cible, hein. C'était plutôt le but premier de "l'aveu", mine de rien, à la base. Peut-être qu'on va pouvoir discuter, maintenant que tu ne veux plus mettre la main dans mon pantalon, cela dit. T'as l'air d'avoir besoin d'un bon psy. J'suis barmaid, ça devrait suffire.

- Ok, désolée, je ne voulais pas te ruiner le moral. Je bois d'une traite ma vodka. Je t'en paie un autre, pour me faire pardonner ? Ouais allez, c'est parti. Tu sais, un jour, peut-être, ce sera possible, entre toi et moi, hein. Et puis c'est pas comme si j'étais vraiment, vraiment un mec, dans le fond. Un autre double whisky pour monsieur et encore une vodka pour moi, s'il vous plait. Quoique non, en fait, on a plein de choses à se dire, lui et moi, peut-être qu'on aura besoin de deux bouteilles, en fait. T'en penses quoi ? Ca te dit qu'on se bourre la gueule en se racontant pourquoi on est là ? En général, je suis payée pour le faire, mais j'ai eu un bon pourboire, aujourd'hui, autant que j'en fasse profiter quelqu'un dans le besoin. Pour moi, je vais rester sur la vodka. Et toi ?

J'ai carrément envie de me bourrer la gueule avec lui, qu'on se raconte des anecdotes couillonnes. Lui parler de mon enfance avec Shane, de ses mitaines et de ses cheveux. De lui raconter les santiags et les rangers, Blackfire, le cheval et Terrence, le taureau. Le rodéo et les parties de touches-pipi dans le foin avec les mecs du lycée. La vie avec ma mère et mes grand-parents, l'absence de mon père. Les couleurs vivantes et chaudes d'une vie ensoleillée, oubliée au profit de l'aventure, et tout ce qui n'est pas glamour. Lui raconter ma vie de cow-boy et de hors-la-loi, pour qu'il comprenne pourquoi j'aurais très bien pu avoir un pénis, dans le fond. Et surtout, pourquoi en réalité, je n'en ai pas.

- Je m'appelle Shanya Turner, et toi ?

Je la regarde, le regarde. Me demande si il, elle, me prend pour un con. Ce n'est pas possible, sérieux, ce n'est pas un mec ça. Je ne peux pas vraiment croire sa révélation, je veux dire, au moins, celui du brésil, il était un peu baraqué. Elle, il, c'est juste une toute petit chose qui croit tout savoir de la vie. Une chose qui m'agace fortement à me prendre à l'évidence pour un con. Je suis d'accord avec moi, ce soir, je ne croirai plus aucun mot de ce qu'elle me dira. Et si c'est vraiment un mec ? Et bah ça, je ne peux rien y faire hein, j'suis footballeur, pas chirurgien.

- Ok, désolée, je ne voulais pas te ruiner le moral.

Mais il est pas ruiné mon moral, il est juste détraqué. Et puis t'as pas encore d'influence sur moi pour ruiner mon moral. Allez on s'en fout que tu sois un mec, que tu t'appelles Mortimer que tu passes tes samedis soirs devant Les simpson à boire de la bière avec ton doigt fourrer dans ton pantalon. Je te jure je pourrai m'y faire, même si bordel j'aime pas la bière. C'est pas de l'alcool de mec, tu vois, c'est pas un truc de cowboy quoi. Si tu buvais du whisky juste avant d'aller au lit, là vraiment, ce serait un autre niveau. Mais de la bière putain c'est moyen.

Je t'en paie un autre, pour me faire pardonner ? Ouais allez, c'est parti. Tu sais, un jour, peut-être, ce sera possible, entre toi et moi, hein. Et puis c'est pas comme si j'étais vraiment, vraiment un mec, dans le fond. Un autre double whisky pour monsieur et encore une vodka pour moi, s'il vous plait. Quoique non, en fait, on a plein de choses à se dire, lui et moi, peut-être qu'on aura besoin de deux bouteilles, en fait. T'en penses quoi ? Ca te dit qu'on se bourre la gueule en se racontant pourquoi on est là ? En général, je suis payée pour le faire, mais j'ai eu un bon pourboire, aujourd'hui, autant que j'en fasse profiter quelqu'un dans le besoin. Pour moi, je vais rester sur la vodka. Et toi ?

J'y comprends rien et j'ai franchement l'impression d'être pris pour un con. Mais j'en dis rien, je laisse faire, parce que de une si elle, il a envie de s'amuser autant que ce soit avec moi, un mec sympa, plutôt qu'avec un sale connard. Parce que moi, j'suis pas un connard. Je suis un mec plutôt bien, je remonte mon égo comme je le peux, je l'avoue.

Deux bouteilles ? Ok, mais après je tiens à préciser que mes actes ne seront plus calculés. Alors ouais, je ne promets pas que je finirai la nuit avec lui, elle. Putain, j'essaie d'imaginer ma tête quand je verrai son anaconda, je suis sur que je rirai, je le sais. Ce sera comique, et on terminera la soirée sur le canapé, plutôt que dans le lit. Ouais, non, parce que je ne suis pas encore pédé. J'aime trop Ashley, même si j'ose pas l'avouer. On verra après la bouteille, si je tiens toujours le même discours, n'est ce pas ?

J'en pense quoi ? Bah franchement, j'en pense que là, je n'ai pas vraiment le choix. En fait on m'oblige à me saouler avec un joli mec que j'ai pensé à ba*ser. Censure, s'il vous plait. Je ne suis pas un mec qui parle comme ça, je jure que c'est vrai. Et ses fesses ? Je les ais à peine regardé, mes yeux on étaient attirés par ses chaussures de toute façon, même pas par ses seins ou autre partis de son corps. Je suis un saint.

- Je m'appelle Shanya Turner, et toi ?

Ouais, Shanya maintenant, Mortimer après c'est ça ? Je crois que j'ai pas envie de jouer, j’envisage au final d'aller me coucher. Que ce soit moi, le mec qui passe sa soirée devant Les simpson à me lamenter. Je suis douée pour me lamenter. Et avouer enfin ce que je compte faire à Ashley, lui prouver, je ne sais pas, que je tiens à elle et que je vais le faire pour elle avant de le faire pour moi.

Mais avant de lui dire à elle, je décide de m'entrainer sur cette inconnu, fille ou mec, je me dis que peut être elle pourra m'aider, et puis, l'alcool aidant, peut être que je serai enfin décidé. Je lui sers un énorme sourire, prêt à me présenter. A lui dire qui je suis et ce que j'étais, ce que je compte faire pour être comme elle voudrait pour qu'elle finisse par m'accepter, pour qu'enfin je laisse mon côté enfant de côté. Ou peut être que c'est moi qui ne veut plus vivre comme cela. Putain j'sais pas, mais en tout cas :

- Dean Roberts, ancien footballeur professionnel.

Ou presque.