Love in New York
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 Boomerang {Charlie & Shanya}

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MessageSujet: Boomerang {Charlie & Shanya}   Boomerang {Charlie & Shanya} Icon_minitime102.06.12 23:14

Il n'y a rien d'ouvert, c'est un scandale. Pas de petite épicerie, de droguerie, de bar ou de conneries du genre. Pourquoi y a rien d'ouvert, putain ? Une machination du Destin qui a décidè de me laisser sans rien à grignoter dans ce grand moment de détresse que j'ai vécu tout à l'heure. Je voulais juste une bonne glace Ben&Jerry's et une bière pur effacer cette putain d'image que j'ai en tête et qui ne veut pas me lâcher. Je voulais regarder la télé, mais rien de tel qu'un épisode de Chasse et Pêche pour me rappeler le limier de la fin du monde qui a envahi mon espace onirique. Du coup, je comptais un peu sur ma voiture et le bruit hypnotisant de son moteur, ronflant et cahotant comme on en fait plus, mais même ça, ça ne marche qu'à moitié.

Je devrais aller voir Shane, mais je ne veux pas réveiller Natalie. Puis si je dérange monsieur pendant sa contemplation capillaire, va savoir ce qu'il serait capable de faire. Alors je me dis que je pourrais voir Nathan, mais s'il dort, je vais avoir l'air fine, putain : "Je t'empêche de dormir parce que j'ai fait un cauchemar." Avec n'importe qui, je l'aurais fait, sans problème. Mais Nathan, je le fais pas chier avec des trucs de gonzesses. 'Fin, je le fais... Mais pas à cinq heures du matin. 'Fin pas pour ce truc là en particulier, disons plutôt. C'est plus un truc qu'on partage pas avec les autres. C'est encore plus privé que l'essayage d'un maillot de bain, je pense.

Putain, mais c'est New York, bordel de merde ! La ville qui ne dort jamais ! Insomniaque ? Mes couilles, oui. Y'a que des boites de nuit d'ouvertes et à cette heure-ci, je ne donne pas cher de l'état de la clientèle qui la peuple. Si je m'arrête, je vais juste réussir à me faire gerber dessus, c'est tout ce que je vais gagner.

Au point où j'en suis, je me demande si je ne ferais pas mieux d'aller vérifier dans mon salon que les chaines de télé n'aient pas recommencé leur programme de la journée. Ou aller voir le coucher de soleil dans un endroit sympa. Juste arrêter la voiture quelque part, m'allonger sur le capot et profiter du paysage. On adorait voir ça, avec Ethan. On se réveillait tôt, on montait sur une colline... Quoique réflexion faite, je ne vais pas faire ça. En vrai, j'en ai juste un peu marre de faire toute seule le trucs qu'on avait l'habitude de faire ensemble.

J'accélère un peu, écoute mon moteur crier ; j'aime ce bruit, putain ! Je ne l'aurais jamais cru avant de l'acheter, mais j ne m'en lasse pas. J'y connais rien en bagnole, mais j'apprends tous les détails possible sur la mienne, pour le plaisir, parce qu'elle me passionne. J'ai l'impression d'être un mec, à part que je ne parle à personne de carburateur et de pot d'échappement, car je sais que si je lance une fille là-dedans, elle va pas piger un broc, et qu'un mec va vouloir me répondre à propos de sa voiture. Et moi, les voitures des autres, j'en ai juste, rien à carrer. J'aime que la mienne. C'est un bijou, elle est orange et blanche, elle a du vécu, et elle a un vieil auto-radio à cassettes. Sans compter qu'à l'instar de ma machine à laver et de la télé, elle n'a aucun rapport avec Ethan, ni de près, ni de loin. Au contraire, elle a même tout à voir avec Nathan, car c'est grâce à lui si j'ai eu mon permis, c'est un pote à lui qui les fabrique, et j'avais pas le courage ni la thune de passer le mien. Il était hors de question que cette petite carte coûte plus cher que la voiture elle-même.

Je nique mon essence, mais je m'en fous, faut que j'oublie ce cauchemar de merde. Un truc tellement vieux, en plus, je n'en reviens pas qu'il soit revenu du tréfonds de mon enfance. Un monstre, je vous jure. Avec des dents, des grandes oreilles et quatre pattes. Mais le pire, c'est son nez... C'est le pire, parce qu'il n'y en a pas. C'était effrayant, énorme, et le bruit qu'il faisait pouvait couvrir celui de mon moteur. Et je l'ai rencontré, bordel ! Shane dit que c'est un chien, mais je sais que ce n'est pas le cas. Ca puait trop. Aucun animal vivant ne sent aussi mauvais, exceptés les vieux alcolos incontinents en état de putréfaction cérébrale avancée. 'Fin, en même temps, ce truc n'avait pas de nez... Voldemort aussi, l'a mal vécu.

Je souffle une envie de café hors de mes poumons, mais le café, c'est pour les tapettes. Il va avoir un sale goût de poule-mouillé, il faudrait le diluer, mais je ne veux pas passer pour une poivrote, à mes yeux. Je regarde l'horloge, comme si ce qu'elle allait afficher serait une heure moins indue pour boire un canon. Il est six heures, ça fait une heure que je tourne dans les rues de New York. Mais quand même, trop tôt.

Certains bars commence à ouvrir et je me gare à la première place que je trouve. Je suis dans la cinquième. Il me semble qu'il y a le Starbuck où travaille Natalie, pas loin. Il doit être ouvert. Je n'ai d'ailleurs pas à le chercher longtemps. Je le trouve directement. Je lance un dernier regard fier à ma voiture, puis j'entre.
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MessageSujet: Re: Boomerang {Charlie & Shanya}   Boomerang {Charlie & Shanya} Icon_minitime103.06.12 19:00



La musique des clés contre ma paume fait siffler les poumons de mon fils qu’un mal fatigue.
Ma nuit passée à l’écouter respirer fait chanter dans mon cœur de fines brumes étoilées.
Je vois plus grand-chose sinon son corps qui danse une vague éternelle dans la pénombre.
J’veux pas le laisser mais sur son torse, y a la main de sa mère qui le couve comme une ombre.

Une douleur nouvelle aux griffes acérées accroche mes tripes quand elles s’en vont.
La porte contre mon dos devient le coffre-fort d’otages précieux à mon nom.
Je courrais si je faisais confiance à la bête qui gronde dans mon ventre et sous ma peau.
Dans mon cou et mes paumes. Sur mes lèvres et dans le fond de mon cœur à mal.
Je la berce pour qu’elle s’endorme en me faisant des promesses elles aussi, malades.

J’irai pas chez le médecin, je sais. La clé dans le contact lance une musique vibrante.
J’me souviens de la blague que me sortaient les parents quand j’étais môme.
La dernière de la journée, celle qui promettait des rêves et un je t’aime.
J’ai hâte que le mien comprenne, qu’il sache que je serai là pour le protéger.
Que je l’aimerai quitte à en user mes rêves peint de mon sang sur les murs de ma déraison.

J’accélère en pensant qu’une grippe à la con me rend fou de m’épargner.
Je tombe jamais malade, comment ça se fait ? Est-ce que j’ai déjà crevé ?
On pourrait me l’annoncer, là. Charlie, t’es mort, comment t’as pu penser …
que t’étais en vie, encore ? Mon con, y a pas que les anges qui crèvent.
T’es un cabot et tes ailes sont allés nicher dans un ailleurs plus beau.

Ashley aimerait pas lire mes pensées. Personne ne m’aimerait, s’ils savaient.
Ce bordel que j’ai dans la tête, les horreurs qu’elle vomit quand je m’inquiète.
Elle buterait chacun de ses pas de fée sur une connerie que le vide désorganise.
Y a des manques partout dans les recoins de mon crâne qui les emmerdent.
J’ai des trous dans les fondations de la maisons où dorment les autres.
Je m’en veux d’être aussi vieux, d’épouser la rancune quand la vie danse.
De chialer sur mes carences. D’aller vite alors que les rêves s’en balancent.

Je cale la moto contre un mur blême que mes phares éclairent encore.
Et fermer ta gueule Charlie ? Ça devrait pas demander trop d’efforts.

Le soleil chante le préambule d’un changement qui gronde.
Derrière un rideau, il revêt une lueur pâle qui bien vite fera mal.

Les clés dans la serrure chantent une nouvelle musique. Son parfum dans le vent m’absente.
La lumière qui se fait. Les chaises retournées. Le vide qui percute les murs du café.
Ma gorge serrée par la bête inquiète ma voix qui se perd, alors je siffle un air qui la détend.
Une chanson qu’il connaît pour l’avoir entendu depuis maman et qui me rassure, enfant.

Les minutes passent et la vie se teinte d’une parodie de légèreté dans laquelle je me perds.
J’emmerde un instant mes vieilles prières et attends, allongé sur mon comptoir, qu’ils viennent.
Tous. Qu’ils frappent et qu’en un éclair la folie me prenne. Qu’on retrouve les autres.
Qu’on chante la mort et qu’on la baptise de nos empreintes sur son front blanc.
Qu’on déconne si fort que le carnage des bas-fonds nous envie nos orages.

J’attends quand on entre et saute sur mes pieds, espérant ne pas avoir été vu.
Plus éveillé que jamais, je laisse la bête ronfler. Puis souris à l’inconnue. Bienvenue.

- Merci de crever l’ennui. Nouvelle promotion : La première cliente consomme au frais de la maison.

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MessageSujet: Re: Boomerang {Charlie & Shanya}   Boomerang {Charlie & Shanya} Icon_minitime103.06.12 20:25

Aïe ! Putain ! On m'a frappée dans le ventre. J'ai froid et je ne bouge plus, j'ai l'impression qu'on m'a tiré dessus. Mes oreilles sifflent et je veux pleurer, je vais exploser dans trois secondes, si je ne me remets pas à respirer. Le pire, c'est que j'ai pas tout de suite compris pourquoi, d'un coup, comme ça, j'ai eu si mal. J'ai juste eu le temps de tourner la tête pendant que j'ouvrais la porte, et l'espace d'une demi-seconde, j'ai eu un putain de flash-back. Un cauchemar, encore, nouveau, cette fois. Un truc qu'on veut plus revoir et qui hante, et même si je n'en parle pas, même si je ne m'en plains pas, j'oublierai pas. Ca a pas duré longtemps, mais j'ai eu une saloperie d'hallucination, comme j'en avais jamais eu avant. D'habitude, quand j'y vois, je dors. Il n'y a pas de mélange avec la réalité. Ce truc là, putain... Pourquoi ?

Ethan était allongé sur le comptoir, comme la dernière fois que je l'ai vu, dans cette putain de pièce blanche. J'oublierai jamais parce qu'ils m'avaient demandé de m'approcher, pour que je l'identifie. Si son ventre n'était pas immobile et sa peau bleue, j'aurais cru qu'il dormait. Mais bordel, non, il dormait pas, pas cette fois. Et là... J'sais plus où je suis, je suis là-bas, au commissariat ? Non, je voulais un truc pour oublier... Quelque chose... Faut croire que ça a marché.

La vision a disparu, je crois que j'ai fermé les yeux un peu, pour être sûre que je rêvais pas. Je les ouvre donc, mais Ethan est encore là, debout. Sauf qu'un truc va pas. Ouais, bon il est pas mort, mais y'a pas que ça. Je sais pas, je bouge plus, j'écoute pas, j'vais vomir. J'me remets doucement, j'ai l'impression. J'ai inspiré fort deux trois fois, mais j'ai toujours mal au ventre. C'est pas Ethan. C'est pire, peut-être. Ou pas, je ne sais pas. Du coup j'avance, pas très, très sûre. J'dois dire quoi ? Il a les mêmes yeux. Vraiment. Aussi noir, aussi profonds. Mais c'est pas lui. Il a les boucles de la même couleur, mais plus longues. Je le détaille alors que j'avance machinalement vers lui. Remarque tous les petits détails qui font qu'ils auraient pu être frères, mais dans une autre vie. Il ne se rasait pas comme ça, avait le visage plus fin. Il souriait tout le temps et tapait des mains sur ses cuisses quand l'envie de jouer du violon le démangeait. Il pinçait les lèvres quand je restais trop longtemps sans parler, ou faisait une grimace quand j'avais l'air bouleversée. Il n'aurait pas aimer bosser ici. Et il aurait adoré rencontrer ce garçon... Je monte une main devant ma bouche, mais c'est trop tard, je vais pleurer, je le sais. Je déteste ça, j'pourrais me frapper, mais bordel... C'est son sosie... mais c'est pas lui.

Faut que je ravale les larmes qui me montent aux yeux. J'peux pas craquer, il va pas comprendre. Puis en plus, j'ai jamais pleuré, pour ça, même pas quand on l'a enterré. Pourtant j'avais mal parce qu'il n'y avait personne à part moi. Pas un membre de sa famille, pas un ami. J'aurais même pas su qui appeler, si j'avais voulu, parce que j'ai jamais pensé à demander si on pouvait contacter quelqu'un, de son vivant. Et j'en revenais pas de me dire que peut-être quelque part, quelqu'un l'attendait encore. L'attends toujours. Pourtant, non, ça ne m'a pas faite pleurer, j'ai pas voulu. Donc j'veux pas commencer maintenant.

J'enlève la main de devant ma bouche, je m'appuie sur le comptoir, que j'ai atteint. Ethan me manque encore plus, maintenant que j'ai eu cette putain d'impression de l'avoir retrouver, pendant deux secondes. J'ai besoin de l'entendre parler, pour pas avoir cette impression sordide qu'on me fait une sale blague. Que pendant un an, il s'est caché, à appris le rôle d'un autre, en sachant qu'un matin, j'allais me pointer pour remplacer un cauchemar par une chimère.

- Dis-moi les trois premiers mots qui te passent par la tête, s'il te plait.


J'entends ma voix s'enrouer. Craque pas Shanya, s'te plait.
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MessageSujet: Re: Boomerang {Charlie & Shanya}   Boomerang {Charlie & Shanya} Icon_minitime103.06.12 21:12




Le silence craque seul ma voix qui retombe lourdement contre ma gorge.
J’ai la sensation d’avoir dit une connerie immense, d’avoir commis une atrocité.
Une erreur grave rature mes idées qui se foutent en l’air, j’en bazarde mon nom.
Foutu de ne rien comprendre, je trébuche sur ma propre langue qui a le goût du sang.

J’me mords pour pas crier une connerie, pour pas courir et arracher le supplice de ses yeux.
Je me mords pour me souvenir être un chien qui aurait jamais, jamais du apprendre à parler.
Je me mords pour me sentir exister et tords ma lèvre dans une supplique fendue par le mal.
Je suis tellement désolé. A ne pas en savoir pourquoi. A sentir mes veines devenues pales.

J’ai la sensation de n’avoir jamais heurté quelqu’un avec autant de précision.
Même pas en prison, quand on jouait avec la terreur pour lui donner sept autre noms.
Faisant de chaque jour un enfer de chaleur moite aux braises lentes et cousues sur mes plaies.
Je jure, je savais pas que le mal savait broder, encore moins qu’il me poursuivrait.
Je m’en veux putain et je ne sais pas depuis quand. J’me suis jamais senti si peu innocent.
Seul, sale et dégoûté d’être moi, je bute les revers de mes idéaux retors.
Je plie mes aveux qui puent la haine en m’imaginant déjà plus que mort.

Y a des limites à tous les mondes et le mien semble pas connaître de lendemain.
Je crève mes bulles les unes après les autres pour aller de mal en chaine.
Le sens me quitte et j’ai juste envie d’implorer pardon, de la toucher. De dire non.
D’halluciner les pleurs records qui inondent ses yeux inconnus.
De pas lui avouer d’un cri que son regard inhumain me tue.

Je sais pas quoi faire, alors je fais rien.

Elle s’accroche au comptoir comme un agonisant à son dernier souffle.
Je souffre. Tu souffres. Il souffre. Nous souffrons. Ta gueule, du vent.

- Dis-moi les trois premiers mots qui te passent par la tête, s'il te plait.

Musique. Pardon. Violon ? Je rime des erreurs que mes peines envient.
La douleur joue sur moi des airs que les conneries ignorent encore.

Mes ravages me domptent avec une force insoupçonnée.
Je cède le contrôle à un instinct qui me domine et ferme mes crocs sur mon museau.
A jamais la larve d’un autre, je titube contre les rêves qui baisent sur ma propre tombe.
J’avorte d’immondices que mes parjures rendent fous et la raison de loin me salue.

Ses yeux me tuent. J’ai l’impression d’appartenir à son monde.
Avec la conviction maudite qu’elle peut m’en bannir, d’une seconde.
J’ai envie de toucher sa main, de lui promettre que tout ira bien.
Je suis tellement navré, je sais même pas pourquoi. Elle a mal, j’ai froid.

- Musique. Désolé. Bébé.

J’ai réussi ? J’interroge sans mots.
Putain, et maintenant ? Putain…
Ce matin, j’apprends à lire les gens.

Je sais pas quoi dire, alors je dis rien.

J’me sens crever de solitude, j’aime pas être le centre du monde.
Je sais des choses que la nuit ignore à présent. J’ai volé la lune.
Le temps crève et je sais des trucs que j’ignorais avant.
J’apprends. Je sais plus. Je sais. Mes yeux la tuent.

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MessageSujet: Re: Boomerang {Charlie & Shanya}   Boomerang {Charlie & Shanya} Icon_minitime103.06.12 23:42

Je sais que je suis en vie, car j'ai le coeur qui bat sérieusement la chamade, j'ai un peu peur de sa réponse. J'attends, c'est con, j'ai l'impression d'être une écolière qui attends de savoir si elle est acceptée à la fac. Quoique ça ne m'est jamais arrivé... C'est peut-être moins épique que je ne le crois. Toujours est-il que j'ai l'impression que les trois mots qui vont sortir va bouleverser ma vie. Ca ne peut pas être les siens, pas vrai ? Ta gueule, Shanya, bien sûr que ce ne sera pas les siens.

- Musique. Désolé. Bébé.

Je ferme les yeux, souffle un soulagement si grand que je me sens incroyablement plus légère. Je vous le dis, une écolière.

"Violon". C'était son premier mot. Il y mettait une passion qui m'envoûtait. J'arrivais pas à dire si je préférais l'écouter en jouer ou en parler. On s'est connu alors qu'il séduisait les passants. Il jouait Wind of Change, de Scorpions. Sans guitare, ni percu. J'ai pas pu m'en empêcher, j'ai avancé vers lui et j'ai chanté. Il m'a souri, et tout a commencé. "Musique", c'était trop vaste pour lui, il disait "Violon".

Je crois que je souris quand j'ouvre les yeux. Pas un grand sourire radieux, je suis encore un peu choquée, mais j'ai réussi à ravaler mes larmes, alors que ma détresse s'intensifie quand d'un côté, je comprends que j'aurais beaucoup trop aimé que ce soit lui. Aller de l'avant, c'est bien beau, mais quand le passé rattrape, c'est douloureux, qu'il ne fasse que semblant. Je dis pas que j'aurais préféré qu'il se soit foutu de ma gueule. J'ai même pas envie de penser aux mauvaises raisons. Mais j'ai retrouvé Shane. Pourquoi pas lui ? Putain, j'm'en veux d'être aussi cucul, mais merde, c'est Ethan, et j'ai tout quitté pour lui. Des fois, j'me dis que revenir d'entre les morts, il saurait le faire. Et puis je réalise qu'on a le droit d'espérer dans la vie, mais qu'il faut pas déconner. J'suis pas une mijorée.

"Liberté". C'était le deuxième mot. Il aimait beaucoup trop ça. Il disait que rien au monde ne serait capable de l’enchaîner à une vie de sédentaire, et que s'il venait à se poser, ce serait quand il le déciderait et où il le déciderait. C'est pour ça qu'il a jamais vu notre appart' à New York comme une prison. Au contraire, il voyait ça comme une aventure supplémentaire. Et c'était le seul homme au monde, je crois bien, qui n'assimilait le mariage à des liens qui l'entravait. Même moi, j'avais du mal à capter ce délire-là, mais ma liberté à moi, c'était son rire. Il ne se serait pas excusé, il aurait continué à rêver de "Liberté".

Je me mords d'ailleurs la lèvre en me demandant s'il croit m'avoir blessée. Ca m'emmerde qu'il se flagelle pour un truc qui n'est pas de sa faute. Il n'a pas tué Ethan, et ne s'est pas approprié son visage. J'aimerais lui inventer des conneries et lui dire qu'il a rien fait. Me blesser encore un peu en déconnant sur cette ressemblance, lui dire que c'est pas grave, que ça ne me fait rien, et que j'ai juste eu un moment de faiblesse, de panique passagère. J'aimerais rigoler à m'en faire pleurer intérieurement et lui mentir ouvertement, habilement. Mais je ne sais pas par quoi commencer. Peut-être tout lui raconter. A qui je l'ai pas fait, sérieux ?

- Merci. Merci de ne pas avoir dit les mots que je voulais entendre. J'avais un jeu, avec mon fiancé. Quand ça n'allait pas, je lui demandais de dire les trois premiers mots qui lui traversaient l'esprit. C'était toujours les mêmes, parce qu'il disait qu'il pensait toujours aux mêmes choses. C'était con, mais il y mettait tellement de passion, dans ces trois petits mots. Tant qu'il les disait, je savais qu'il s'y accrochait et que tout irait bien. En quatre ans et demi, ils n'ont jamais changé, il n'a jamais arrêté de les aimer. Je suis sûre qu'il les avait en tête quand il est tombé dans l'Hudson. Tu lui ressembles énormément, en fait. Mais bon, c'est pas de ta faute, ne sois pas désolé. Ca l'aurait fait rire, lui. Il en aurait sûrement fait une chanson, dans laquelle vous seriez devenu frères l'espace de deux couplets que son violon aurait sublimé. Tu as beaucoup de chance de lui ressembler, tu sais ? Il était parfait. A part qu'il était vraiment vraiment très mauvais avec des ciseaux. Mon jumeau en a d'ailleurs fait une syncope quand il a vu ce qu'Ethan avait fait de mes cheveux. Tu sais couper les cheveux, toi ? T'es pas obligé de me répondre, si je te fais chier, hein. T'inquiètes pas, j'arrive de nouveau à parler, c'est que le choc est passé, un peu. C'est que c'est pas une blague quand je te dis que tu lui ressembles vraiment beaucoup, en fait.

"Shanya". C'était le troisième mot. Et ça se passe de commentaire, il était tous les miens. Je lui aurais fait la gueule s'il ne m'en avait pas dédié un.

- Pourquoi "bébé" ?

Ca me... turlupine. Un peu.
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MessageSujet: Re: Boomerang {Charlie & Shanya}   Boomerang {Charlie & Shanya} Icon_minitime125.06.12 21:54



J’aimerais disparaître sous mes mains, arracher mes yeux qu’elle dévore des siens.
Je sais pas ce que j’ai fait, les choses qu’y ont été dites sans moi, comment et pourquoi.
Elle a mal d’une terreur morte qui porte mon odeur et ça me tue, d’avoir fait une erreur.
Son souffle coupe le mien, j’oublie la barrière qui sépare le mal du bien. Le chaud du froid.
Je sais plus qui j’étais, toutes les conneries que j’ai faites. Pourquoi je suis né.

Je la vois comme si elle était dessinée. Peinte. Sa douleur m’éreinte. Je la vois comme ça.
Je la vois comme si un dément avait filmé l’agonie d’un loup avec impudeur. Comme moi.

J’aimerais mentir, me détacher de son visage mordu par les émotions.
Je voudrais parler, qu’elle parle, chanter, qu’elle danse. M’en foutre.
Parce qu'il est parfois plus facile de dire qu’on ne s’en soucie pas,
plutôt qu’expliquer toutes les raisons qui font que c’est le cas.

- Merci.

Ah ouais ?

- Merci de ne pas avoir dit les mots que je voulais entendre.

Putain, on me remercie d’avoir échoué. Et c’est sincère. C’est vital. C’est vrai.
De rien ? Je comprends rien. Je voudrais savoir faire semblant.
Ne plus être aussi évident. Engager un peu de mystère pour qu’il me couvre.
Je voudrais savoir fermer ma gueule et n’être qu’un pion, petit, blanc, con.

- J'avais un jeu, avec mon fiancé. Quand ça n'allait pas, je lui demandais de dire les trois premiers mots qui lui traversaient l'esprit. C'était toujours les mêmes, parce qu'il disait qu'il pensait toujours aux mêmes choses. C'était con, mais il y mettait tellement de passion, dans ces trois petits mots. Tant qu'il les disait, je savais qu'il s'y accrochait et que tout irait bien. En quatre ans et demi, ils n'ont jamais changé, il n'a jamais arrêté de les aimer. Je suis sûre qu'il les avait en tête quand il est tombé dans l'Hudson. Tu lui ressembles énormément, en fait.

Comment elle a fait pour ne pas hurler, quand elle m’a vu ?
Je lui ai fait un mal de chien, rien qu’en étant moi.
Ça devait arriver Charlie, maintenant que c’est fait, t’en dis quoi ?
Tu peux le caser, vas-y. Dis-lui. Je suis désolé d’être moi.
Mais ça marche pas, ça vaut plus rien. Tu la fermes, tu te mens.

Etre moi, c’est la meilleure chose qui puisse m’arriver maintenant.
J’espère qu’il n’avait pas ma connerie, mes deuils et mes envies.
Qu’il y avait pas un bordel sans nom sous ses cheveux bouclés.
Qu’il savait aligner deux mots sans craquer des aveux. Moi, en mieux.

Je voudrais pouvoir griffer ma peau jusqu’à la peler comme une orange.
Je me déteste, même ma putain d’âme me démange.

- Mais bon, c'est pas de ta faute, ne sois pas désolé.

Je veux m’arracher le cœur. L’offrir à un docteur.
Qu’il baptise la monstruosité de mon nom.

- Ça l'aurait fait rire, lui. Il en aurait sûrement fait une chanson, dans laquelle vous seriez devenu frères l'espace de deux couplets que son violon aurait sublimé. Tu as beaucoup de chance de lui ressembler, tu sais ? Il était parfait. A part qu'il était vraiment vraiment très mauvais avec des ciseaux. Mon jumeau en a d'ailleurs fait une syncope quand il a vu ce qu'Ethan avait fait de mes cheveux. Tu sais couper les cheveux, toi ?

Elle a dit que j’étais parfait.
Je me suis rasé le crâne en taule, mais je pense pas que ça compte.
Lui dis pas Charlie putain, mords ta langue. Rends-toi service.
Je sais pas pourquoi elle me raconte tout ça. Son frère et Ethan.
Est-ce qu’elle me croit spécial ou elle laisse tout le monde tutoyer son âme ?
J’ai l’impression d’être né le même jour qu’elle, qu’un truc nous appelle.

Je voudrais ne pas vouloir lui répondre, m'en foutre. Je voudrais être loin.
Mais je suis là, heureux d’y être et de maudire, maudire, maudire ma tête.
Car sans ça, j’aurais quoi ? Rien que le corps d’un mort, une pensée d’autrefois.

-T'es pas obligé de me répondre, si je te fais chier, hein. T'inquiètes pas, j'arrive de nouveau à parler, c'est que le choc est passé, un peu. C'est que c'est pas une blague quand je te dis que tu lui ressembles vraiment beaucoup, en fait.

J’ai pas eu le temps de répondre.
Est-ce qu’elle s’en fout ? Jure.
Est-ce qu’elle l’assume ? Encore.
Est-ce qu’elle me hait ? Plus fort.
Est-ce qu’elle me parlerait, si elle me connaissait ?
Jure que non, Charlie, sur la race de ton nom.

- Pourquoi "bébé" ?

C’est à moi de parler ? J’attends, pour être sûr.
Mais elle parle plus, et le monde s’emmêle.
J’me sens être le connard d’une ritournelle.
J’ai vomis sur mes rails et les machines empestent la haine.
Ta gueule Charlie, bordel, on va t’entendre.

- Parce que… Parce que j’en ai un ?

Putain. J’ai peur de me tromper, de dire des conneries. De l’achever.
On dirait que je pose une question. « Est-ce que ça suffit ? Est-ce que j’ai bon ? »
D’autres encore m’envahissent le crâne, et le retournant, je me calme.
Le tourment s’enraille, il rougit et puis fane. Je reprends.

- Parce que je pensais à mon fils. Maintenant, je pense à ton frère, à tes cheveux, à ton Ethan, à ce que t’as dit, sur moi et sur lui. C’était déjà en vrac, là-dedans… Mais là, je crois que mon cerveau a carrément foutu le camp.

Je craque un souffle qui se marre, je sais pas comment.
J’lui souris un truc dément, la tête vide. Et pourtant.

Je m’en veux comme je ne l’avais pas fait depuis longtemps.
J’ai mal, pour son cœur, le mien et tous ceux qu’ils ont gracié d’un battement.
Les absents me tuent, j’enrage un manque. Je suis une putain de faute.

Défait de mes fantômes, je deviens celui d’une autre. Une ecchymose, sur un cœur propre.

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MessageSujet: Re: Boomerang {Charlie & Shanya}   Boomerang {Charlie & Shanya} Icon_minitime124.03.14 21:54


Est-ce qu'il a le même rire ? J'sais pas, j'aimerais bien que ce soit le cas, l'entendre encore une fois, Rien qu'une dernière fois. Comme un fantôme qui resterait sur Terre pour accomplir sa dernière tâche inachevée, j'ai le sentiment que je pourrais enfin arrêter de penser aux choses qu'on a faites ensemble à chaque fois que j'en entreprends d'autres sans lui, si je l'entendais une nouvelle fois se marrer d'un air attendri, comme à chaque fois qu'il se foutait de ma gueule. Mais son sosie n'a pas l'air du genre à se foutre, même sympathiquement, de la gueule des gens. Puis il m'connait pas, donc je suis pas sûre qu'il oserait même si je lui demandais. Il y a trop de sérieux dans son regard et une empathie tellement forte que j'ai de la peine pour la peine qu'il éprouve pour moi. J'sais plus où me foutre, parce que là, j'me dis que j'lui ai peut-être fait plus de mal que son apparition m'en a fait. J'me suis jamais sentie gênée de toute ma vie, pas même la fois où j'ai surpris ma mère avec son ex-copain dans une position pas très catholique (... Et encore moins confortable, si vous voulez mon avis), ni quand j'ai accidentellement renversé de l'encre indélébile sur le trois pièces blanc du Patriarche (quoique là, c'est surtout que j'ai pas eu le temps de ressentir quoi que ce soit avant de me prendre ma raclée) ou encore quand je suis tombée sur la botte de foin dans laquelle Shane avait caché la grenouille qu'il voulait apprivoiser pour lui apprendre à dire "Quoi ?". Mais cette situation est inédite pour moi et pour la première fois, j'sais pas quoi faire. A part cette idée fixe : Est-ce que je pourrais le faire rire ? Juste comme ça. Pour vérifier.

Il hésite, j'ai dû lui retourner le cerveau, le pauvre. J'ai envie de me racheter comme j'en ai jamais eu envie auparavant, pourtant c'est de la faute de personne, ce qu'il se passe. Il a pas choisi son visage, j'ai pas choisi d'avoir mal. Il a même pas choisi de tomber sur moi, ce matin, dans son café et moi, j'ai pas choisi de faire un horrible cauchemar à propos du monstre de mon enfance. C'est comme ça, c'est le Destin, on n'y peut rien, c'est tout. Dans quelques années on en rigolera, on parlera à nos enfants de cette rencontre, et... Ah oui, tiens, d'ailleurs, et pourquoi "bébé" ?

- Parce que… Parce que j’en ai un ?

Mazeltov ! Je l'imagine dans ma tête portant ce tout petit bébé, encore plus minuscule dans ses bras. Je l'ai déjà fait avec Ethan, c'est pour ça que c'est si facile. Chaque fois qu'il m'en parlait, je le voyais et je savais qu'il aurait été un bon père. Il aurait rattrapé toutes les conneries que j'aurais faites. Je suis mal placée pour juger, car je ne sais pas quel est le boulot d'un paternel, n'en ayant jamais eu, mais je suis sûre que le sosie d'Ethan est un bon père, il le porte sur lui. Faudrait peut-être que je lui demande son nom, d'ailleurs.

- Parce que je pensais à mon fils. Maintenant, je pense à ton frère, à tes cheveux, à ton Ethan, à ce que t’as dit, sur moi et sur lui. C’était déjà en vrac, là-dedans… Mais là, je crois que mon cerveau a carrément foutu le camp.

J'éclate de rire. J'sais pas si c'est ce qu'il a dit où mes nerfs qui lâche, mais ça fait du bien. Qu'est-ce que je disais, hein ? Je savais que je lui avais retourné la caboche, je fais ça tout le temps. Si on me donnait un dollar à chaque fois que je déboussole quelqu'un, j'serais milliardaire. J'me mords la lèvre quand j'ai fini et lui fais un clin d'oeil.

- C'est l'effet Turner. Mon jumeau Shane est comme moi, donc je te laisse imaginer nos conversations. J'vivais dans un ranch, petite, et parait que j'rendais fous les canards à force de leur parler. La dernière fois, j'ai saoulé une meuf en parlant à son sac, dans le bus, parce qu'elle voulait pas me laisser la place (celle du sac, hein, on est d'accord ?). J'ai fait croire à un mec qui me draguait que j'étais un gars en pleine transformation sexuelle et qu'il ne me restait plus qu'à me faire retirer le zigouigoui pour qu'elle soit complète. Il a même pas chercher à comprendre, il a juste décidé de me croire. Quand j'ai demandé à Nathan s'il trouvait que je parlais trop, il m'a dit que je chantais pas assez. J'sais pas ce que ça veut dire, mais du coup, j'en déduis que lui non plus comprend pas toutes les conneries que je débite à la seconde, même s'il les aime bien. Je t'explique pas qui est Nathan, c'est trop long, mais pour faire court, c'est un ange affublé de dreadlocks à la place de l'oréole. Bref... Donc comme ça, tu as un fils ? Comment il s'appelle, quel âge a-t-il ? Et toi, d'ailleurs, comment tu t'appelles ?




Je m'installe à une chaise au comptoir. J'sais pas trop pourquoi, mais je le fais. J'vois Ethan dans ses traits, mais pas dans son sourire, et je dois avouer que désormais, ça m'intrigue de voir deux mecs aussi différents se ressembler autant. Puis je ne désespère pas de le faire rire à mon tour. Juste pour savoir, juste comme ça, par curiosité.
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MessageSujet: Re: Boomerang {Charlie & Shanya}   Boomerang {Charlie & Shanya} Icon_minitime123.05.14 22:59



Je m’imagine être quelque chose de mort et pendu à mes étages. Une bouteille vide sans âge.
Un objet que ses mots empliraient. Une chose, un rien qu’elle serait venue tâcher.
Et elle lance ses bombes sur moi avec une vitalité qui excite ma paranoïa.
Elle vise sans viser, me touchant toujours, ratant quand même jusqu’à dessiner mes contours.
Elle me signe, sans me saigner. C’est comme si on se connaissait.

J’observe les nouvelles couleurs qu’elle a foutues sur ma peau.
Toutes ces poudres qui me trempent la vie jusque dans les os.
Et son rire me réagrafe mes putains de grandes ailes dans le dos.

Ça me bouscule, ça me réveille. Je mords une lèvre, dans ma bulle.
Son œil papillonne et j’sens mes ombres qui l’imitent.
Derrière moi, sur ma tête, dans mes plumes… ça s’agite.

- C'est l'effet Turner. Mon jumeau Shane est comme moi, donc je te laisse imaginer nos conversations. J'vivais dans un ranch, petite, et parait que j'rendais fous les canards à force de leur parler.

Je pense pas qu’on puisse rendre fou un canard à moins d’lui parler en canard.
Et de sortir des conneries qui lui font remettre en question toute sa vie de volaille.
Comme lui demander « j’te gave ? » en regardant si ça le fait grossir un peu.

Mais j’arrive pas à l’imaginer petite. J’la vois telle qu’elle est là, parler à ses canards.
Dans son ranch,  dans la cour, dans ses bottes, leur parler de sa vie, des leurs, des orages.
Puis leur donner des gages qu’ils relèveraient pas pour qu’elle demande « j’vous gave ? »

- La dernière fois, j'ai saoulé une meuf en parlant à son sac, dans le bus, parce qu'elle voulait pas me laisser la place (celle du sac, hein, on est d'accord ?). J'ai fait croire à un mec qui me draguait que j'étais un gars en pleine transformation sexuelle et qu'il ne me restait plus qu'à me faire retirer le zigouigoui pour qu'elle soit complète. Il a même pas chercher à comprendre, il a juste décidé de me croire.

Je me sens plein alors qu’elle lance ses couleurs sur ma chair qui prend tout.
Et mes toux qui prennent cher.
Je commence à suivre son rythme, comme si j’étais monté à bord d’un truc terrible.
D’un engin hors la loi qui sillonne la route 66 en montrant le paysage du doigt.
Et tout ce qu’on rencontre est vivant, gorgé de tous les sentiments du monde.

Y a de la douleur, mais elle est belle. Belle parce qu’on s’en sert, quand on la pardonne.
On la pardonne parce qu’on comprend qu’elle y est pour rien, qu’elle nous singe.
C’est pas de sa faute à la douleur, si on a choisit d’s’en faire un manteau.
Elle jure qu’elle en avait jamais voulu à notre peau. Que c’est pas d’sa faute.
Ça me fout en vrac et je me laisse faire, me disant qu’on verra mieux hier.

Y a de l’humour quand elle agite son doigt qui me fait me marrer comme un môme.
Quand j’imagine toutes ces rencontres qui tapissent les orfèvres de ses mondes.

- Quand j'ai demandé à Nathan s'il trouvait que je parlais trop, il m'a dit que je chantais pas assez. J'sais pas ce que ça veut dire, mais du coup, j'en déduis que lui non plus comprend pas toutes les conneries que je débite à la seconde, même s'il les aime bien. Je t'explique pas qui est Nathan, c'est trop long, mais pour faire court, c'est un ange affublé de dreadlocks à la place de l'auréole.

Ah…  Moi, je crois que je comprends. Je crois qu’il n’y a que peu de gens qu’on l’on écoute vraiment et que la plus belle façon de le faire, c’est encore en chanson.
Mais ce sont les balbutiements d’un vieil homme ou en tout cas, d’une vieille âme.
En réclamant ta voix, il veut plus de toi. Il aurait aussi bien pu se mettre à genou.
Y a pas grand monde qu’on languit d’entendre chanter. C'était son I love you.

-Bref... Donc comme ça, tu as un fils ? Comment il s'appelle, quel âge a-t-il ? Et toi, d'ailleurs, comment tu t'appelles ?

Je ris, touché, halluciné, dément. Putain… ça fait du bien.

Je sais plus de choses d’elle que de mon voisin. Et on se connait depuis deux minutes.
J’ai retrouvé mes rêves de goudron, ces grandes ailes qui déteignent sur mes partitions.
Elle a comblé mes manques, dépassant sur les côtés comme une môme qui colorie son personnage préféré tel qu’il était au début de son aventure, avant de tout perdre, de changer.
Mais quand elle me regarde, toute agitée, j’ai l’impression qu’elle m’a donné du reste,
une annexe, une suite, une promesse.. une arme. Elle me donne de l’espoir et même du rab.

- Je m’appelle Charlie, récite le rire dans ma voix. Mon fils Aaron et ma femme Sofia. T’as pas demandé, je sais, mais j’avais envie de dire son nom. Et j’me sens sourire comme un con alors hum, avant que j’oublie : qu’est-ce que tu bois ? En passant, tu me diras s’il est musicien ton Nathan.

J’attrape deux verres. Une chope. Une tasse. Un autre verre, plus grand.
Je pose tout entre nous, comme si on s’apprêtait à faire un marathon d’un autre monde.
Tout boire, rien qu’un peu. Mélanger et se regarder dans les yeux
pour voir qui ira tout recracher le premier. Et puis rincer avec un long café.

Je m’imagine plus sur l’étagère, pendu entre deux bières.
Je me sais là, je me sais bien. Ça peut suffire, hein ?
Au moins jusqu’à ce qu’elle me quitte, au moins jusqu’à demain.

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MessageSujet: Re: Boomerang {Charlie & Shanya}   Boomerang {Charlie & Shanya} Icon_minitime106.04.15 17:00


J'vais mieux et putain, ça fait du bien. J'ai encore des piques dans le coeur quand il bouge comme Ethan ne l'aurait jamais fait, quand il regarde comme Ethan n'aurait jamais regardé, quand il parle comme Ethan ne l'aurait jamais fait. Y'a pas d'accent irlandais. Y'a pas de sourire en coin, de leprechauns dans ses yeux. Il rit, enfin, et il n'a pas le même rire. C'est bien, je crois, je ne sais plus. Globalement, je vais bien quand je le vois ne pas être Ethan, mon amour. J'pourrais m'en faire un ami, de cet homme-là, juste pour avoir une toute petite dose d'Ethan et une grosse dose de lui-même, dont j'attends encore le nom. Juste pour voir si leurs différences me charment comme leur ressemblance m'a frappée. Juste pour pouvoir halluciner, chaque jour et accepter les coups sans broncher. Qu'ils fassent mal comme autant de caresses. Voir son fantôme puis me rappeler, comme un mémento qui me ferait avancer. Oh oui, je pourrais.
- Je m’appelle Charlie. Mon fils Aaron et ma femme Sofia. T’as pas demandé, je sais, mais j’avais envie de dire son nom.

Je souris en réponse à son rire que j'ai envie d'applaudir. J'me sens grandir quand je l'entends être aussi amoureux. Putain, ce que j'adore ça. Il chante le nom de sa femme avec une musique qui me plait comme si je l'avais inspirée. S'il caillait pas autant, dehors, je suis sûre que je me baladerais en couche culotte avec un arc entre les mains, les ailes au vent. L'amour, c'est géant.
- Et j’me sens sourire comme un con...

Non, moi je trouve pas.

-... alors hum, avant que j’oublie : qu’est-ce que tu bois ? En passant, tu me diras s’il est musicien ton Nathan.

Ah-AH ! Et devin, en plus de ça. Je pointe un doigt vers lui. Mi-accusateur, mi-amusé, mi-impressionné. Oui, trois « mi », mais après tout, y'a bien trois phalanges à mon index, non ? Ma bouche est ouverte dans un sourire qui lui dit avant moi :
- Comment tu le sais ?

Il pose toute sorte de récipients devant moi pendant que j'me remets pas de la magie de son esprit. Tant de clairvoyance, sous ses bouclettes, ça me rend toute chose. J'ai même pas eu besoin de parler. J'me demande si on peut réussir à faire toute une conversation, avec moi qui parle pas et lui qui répond, mais j'suis pas sûre d'y arriver. J'vais chier dans la colle à un moment donner et faudra que je hurle pour rattraper tout ce temps sans entendre le propre son de ma voix. J'ai déjà envie de sautiller parce que j'suis assise. J'tiendrai pas deux secondes en télépathie.
- Tu le connais ? Il t'a déjà demandé de chanter, à toi aussi ? Je plaisante, avant de réaliser.

Pourquoi pas, après tout. Je suis déjà venue ici avec lui et avec Lexie. C'était Natalie, qui servait, mais peut-être que c'était pas une première pour Nathan.

- Je suppose que t'as déjà dû le croiser, maintenant que j'y pense. Il est peut-être déjà venu ici avec Lexie. Lexie, tu peux la reconnaître facilement. Elle est blonde avec des plumes dans les cheveux et a l'air d'un ange. Après je sais pas, j'suis venue qu'une fois avec eux et c'était Natalie qui servait, c'était pas toi, j'ai pas fait le rapprochement. Nathan m'a pas dit s'il était déjà venu avant ça. Après ça ne veut pas dire que vous vous connaissez, mais avoue que ce serait marrant, non ? C'est peut-être le Destin.




J'éclate de rire. Si Charlie, le sosie d'Ethan, me dit qu'il connait Nathan, va me falloir un sacré cocktail.

Toutes ces émotions et le soleil n'est même pas encore levé.
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