| | | — Every night has a Day. — ( Ashley & Sarah ) |  |
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 | Sujet: — Every night has a Day. — ( Ashley & Sarah )  02.12.09 22:55 | |
| 8h00. Le réveil ne sonne pas, se fait vieux. Qu’importe, je suis déjà réveillée. Comme toujours. D’un pas mal assurée, je quitte mes draps nullement froissés par ce sommeil hypothétique qui m’a, sans que je ne m’en sois rendu compte, échappé. A nouveau.
La nuit. Pas une seconde ne m’est épargnée, et je me trouve obligée de les subir et le compter, comme autant de minutes à espérer que le sommeil veuille me libérer. La nuit. Je la craint comme j’aime l’espérer, sachant qu’à sa toute fin, j’aurai un but, des projets, aussi infimes soient-ils.
Me lever, me laver, m’habiller, partir travailler. Une routine qui me maintient vivante, faute de me faire vivre réellement.
8h30. La porte d’entrée claque, les clés peinent à entrer dans la serrure, soumis aux tremblements impromptus de mes mains décharnées. Et comme chaque matin, la porte restera ouverte, puisque qu’après tout, je ne possède rien dans ce minuscule appartement qui est mien.
Autour de moi, la rue grouille de vie. Rien ne me parait calme, loin de la quiétude de mon appartement. Rien n’est simple, tout me semble tourmenté. Agressif, violent, offensant. Un songe éveillé où tout est impur, troublé. Aurores noirs, nuits blanches ; tout un monde où le noir est toujours un peu blanc, et vice versa.
Je me dis doucement qu’aujourd’hui, je n’ai pas envie de me faire mal. Je voudrais simplement me reposer de moi, et pouvoir me quitter un peu, quelque fois.
8h45. Les portes du Starbuck s’ouvrent, impériales. Toujours la même rengaine, toujours les mêmes gestes. Mes pas trouvent leurs places, dans ce balais si souvent interprété, qu’il laisse un sillage que j'empreinte sans faux pas, chaque jours, inlassablement.
Je commende mon café, qui, brûlant, rougit la paume de mes mains. Mais anesthésiée par tant d’années passées à me complaire malgré moi dans ma petite mort personnelle, je ne sens rien, ne ressent plus.
Mon café se renverse sur mon chemisier, brûlant certainement ma peau glacée. Mais je ne sens rien, et ne vois qu’une chevelure blonde, une tache de café, et toute une routine fracturée, foutue.
Dernière édition par Sarah Howard le 01.04.10 18:14, édité 1 fois |
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| | Sujet: Re: — Every night has a Day. — ( Ashley & Sarah ) 31.03.10 21:21 | |
| Le réveil est difficile, comme toujours. C'est le moment que je déteste le plus, dans ma journée. Pourquoi ne puis-je pas passer ma vie au pays des rêves, où je n'ai pas besoin de me battre contre moi-même et les autres pour que les choses changent ? Je ne sais pas vraiment ce que je veux voir changé, mais je sais que le monde est moche tel qu'il est et qu'il aurait grandement besoin d'un bon coup de pied au cul. Ca passera avec le temps, cette pensée, mais pour le moment, je l'ai. Je suis de mauvaise humeur le matin, j'en deviens cynique et bougonne. Mieux vaut ne pas me parler avant au moins une demi-heure - voire trois-quarts d'heure - , une bonne douche et un grand verre de jus d'orange bien frais. C'est mon fuel pour voir la vie avec des couleurs chaudes. Je ne m'en passe pas.
Je prends mon temps pour me préparer, je déteste être pressée le matin. Le reste du temps, je suis une pile électrique, mais vous l'aurez compris : je suis une autre personne le matin. Je suis sûrement tout ce que je refoule, terminant peut-être le passage du monde de l'inconscient vers celui du conscient en douceur. Ca doit être déroutant pour un cerveau de voir son propriétaire rêver sa vie jour comme nuit. Pour s'y retrouver, il lui faut du temps. A près tout, je suis une blonde. Si j'étais un ordinateur, je n'aurais pas l'ADSL, c'est sûr.
Je fais ensuite mon lit, range un peu ma chambre. Je suis devenue maniaque du jour au lendemain, je n'arrive plus à partir tant que tout n'est pas nickel. Je suis devenue ma grand-mère, qui ne supporte pas le moindre grain de poussière dans sa maison. Je l'aime à en crever, ma grand-mère, mais si c'est d'elle que je tiens ça, je n'ai pas pris le meilleur. Elle nettoie son appartement deux fois par jour. Deux fois par jour !!
La tête de nouveau joyeuse pleine de souvenirs attendrissants de ma grand-mère je sors de chez moi, pour constater que pour une fois, je suis vraiment en avance au boulot, et pas qu'un peu. Je pourrais rentrer chez moi, mais une idée me vient alors à l'esprit. Ou plutôt une personne : Charlie.
Je ne l'ai pas vu depuis longtemps, du moins, c'est l'impression que j'en ai. Ca embellira ma journée, je pense. Avec Charlie, je me sens bien. Je ne sais pas vraiment ce qu'il y a de si spécial dans cette amitié, mais elle me fait sourire rien que d'y penser. Surement le fait que lui et moi, sur le papier comme en pratique, nous n'avons pas tellement de points commun. Je crois plutôt qu'on se complète, en fait. Et quelque part, je pense aussi qu'il me comprend. Certainement bien mieux que moi je ne le comprends, cependant. Même si le mystère n'est plus aussi épais depuis le temps, il reste assez imprévisible et plutôt secret. Je peux assurer avec certitude qu'il en sait bien plus sur moi à présent que je ne sais de choses sur lui. Je m'en veux à chaque fois que je me fais cette remarque, car elle est vraie.
Après avoir pris le bus, je me rends au Starbucks en galopant presque, à la manière des petites filles. Pas trop, cela dit, parce que la rue est bondée, elle ne comprendrait pas mon comportement et me prendrait pour une folle et me penserait échappée de l'asile. Je m'arrête de sautiller d'un coup. Je ne suis pas ma mère.
J'entre alors dans le café, me rappelant alors pourquoi je suis là, ce qui a immédiatement le don de me faire presser le pas. Grave erreur. Une jeune femme brune au yeux azur se matérialise alors devant moi. Elle ne m'a pas vue. Mais même si ça avait été le cas, je ne pense pas qu'elle aurait été plus douée que moi pour esquiver l'impact, trop proches que nous étions. Il fut inévitable, mais, heureusement, peu violent. Cependant juste assez pour renverser son café brûlant sur elle. - Et merde… Dit-elle comme si ce n'était qu'un petit problème sans importance et qu'elle n'avait pas mal. Affolée, je ne sais pas quoi faire. Elle a l'air d'être amorphe, ne cherche pas vraiment à éponger son torse plein de café. Peut-être qu'elle dort. Dois-je la réveiller ? - Je suis désolée. Je m'excuse bêtement, au lieu de faire quoi que ce soit. Ai-je déjà dit que le matin, j'étais vraiment lente d'esprit ? Il faut croire que je viens à nouveau de me réveiller, car plus rien ne fonctionne à Blondieland. Allez Ash', fait quelque chose n'importe quoi... - Vous allez bien ? J'ajoute, vraiment inquiète pour elle. Son café fume et pourtant, elle ne bronche pas vraiment... C'est Wonder Woman, cette fille ou quoi ? |
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| | Sujet: Re: — Every night has a Day. — ( Ashley & Sarah ) 29.05.10 22:53 | |
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Comme prisonnière d'un songe dont je ne parviens à me défaire, je baisse les yeux sur mon chemisier blanc, qui gardera certainement à jamais les traces de cette journée anormale et entachée. J'en viens tout à coup à espérer pouvoir inverser le cours du temps. Empêcher ce café de se renverser, empêcher tant d'autres choses d'arriver. Mais cette chimère est bien trop belle pour être vrai.
« Je suis désolée. » J'entends les mots s'élever, et mettre du temps avant de m'atteindre. Je relève la tête, pour croiser une paire d'yeux un peu trop rieurs, encadrés d'une chevelure à la blondeur angélique.
J'aimerais parler, mais ma voix se meurt. Quand bien même, je ne saurais quoi dire, quoi faire, ni même comment me comporter. Existe-t-il un guide, pour le paraitre en société ? Si tel guide existe, nul doute que je serais la première à l'utiliser.
« Vous allez bien? » Ajoute-t-elle, apparemment soucieuse de mon état.
Je me fais l'effet d'un zombie, d'une vivante qui ne devrait pas l'être, face à cette femme qui respire la vie et insouciance par tout les pores de la peau. A-t-elle seulement conscience, la belle, qu'elle rayonne tellement qu'elle enflamme mes myocardes déjà rudement mises à mal par le temps et les aléas d'une vie trop terne et trop vide, remplie de larmes et de dépit ?
« Je crois... » Je lâche en un murmure qui résonne dans mon crane comme si je venais de le crier. Je sens cette phrase brûler ma gorge et fissurer le temps, et secoue la tête de déni.
Calquant les traits de la jeune femme en face de moi sur mon propre visage, je tente de créer en moi un semblant de vie, pour essayer de prouver au monde qu'elle n'est pas morte, la petite poupée orpheline.
« J'ai simplement besoin d'un nouveau café... Et de rentrer me changer. » Je fais trainer ma voix sur les derniers mots, et tente de faire chanter cette phrase dans le vent. J'achève la réplique d'un sourire que je veux sincère, même si celui me donne l'effet d'un leurre.
Je pris et espère de tout mon cœur que mon attirail semble vrai, que mes tentatives pour sembler vivantes ne soient pas vaines.
Alors, je force un peu plus mon sourire, balaye une mèche rebelle qui obscurcie ma vue.
« Désolée, de vous avoir bousculer. Je suppose que je ne suis pas vraiment réveillée, ce matin »Ni ce matin, ni jamais. Mais ça, nul n'a besoin d'en être informé.
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