Discussion avec ma mère. [ PV Libre. ]

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Le cimetière...J'ai passé mon enfance et mon adolescence dans cet endroit glauque. Après la mort de ma mère, mon père nous obligeait, mes frères et moi, à y aller plusieurs fois par semaine. Et est arrivé ce qui devait arriver, j'ai pris ce lieu en grippe. Cela fait maintenant cinq ans que je n'y ai plus mis les pieds. Depuis que je suis partie de chez moi. Le cimetière dans lequel ma mère est enterré est tout petit, intime. Là bas, les gens te connaissent et connaissent ta tragédie. Je détestaits lire cette pitié que les cow-boys de notre village arborraient. Aller voir ma mère a toujours été une épreuve, une corvée même. Comment demander à une jeune fille timide comme je le suis de pleurer la seule présence féminine qu'elle n'a jamais connu devant ses frères et son père ? On n'avait pas le droit d'être faible et, comme j'étais une fille, mon père m'en demandait plus à moi qu'à mes frères. Ces heures passées sur sa tombe étaient une vraie torture. Surtout pendant mon adolescence, quand j'ai eu mes règles, la première fois que j'ai été amoureuse, quand j'ai rencontré Loris. J'avais besoin d'elle et je ne pouvais lui parler. Parce qu'elle était morte et que les seuls moments où j'étais proche de son corps, mes frères étaient avec moi. Mais, aujourd'hui, j'ai un besoin irrépressible de lui parler, de la sentir à côté de moi et avec moi. Alors, j'entre dans le cimetière de La Upper New York Bay, je m'assois dans un coin et je pleure. Pendant quelques minutes, je laisse mes larmes courir sur mes joues puis je me ressaisis. Je lève la tête vers le ciel.

- Comment t'as pu faire ça, maman ?? Je murmure. Me faire ça ? J'avais besoin de toi, moi. J'avais tellement besoin de toi. Tu nous a abandonnés. On était pas prêts. J'avais sept ans, j'avais...Je...

Je respire à fond et essuie mes larmes.

- Je me sens si seule...Je n'ai pas parlé à papa depuis presque trois ans. Rachel m'en veut, Loris est...Je n'en peux plus. Qu'est-ce que je dois faire, maman ? Dis-moi...Qu'est-ce que je fais ?

Je n'avais pas vu la silhouette s'approcher et, de ce fait, je sursautai quand elle m'adressa la parole.

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J'avais toujours eu une perspective de la vie bien différente de la plupart des gens. Les bons côtés avant les mauvais, les thérapies du rire pour soigner une vilaine culpabilité et l'humour en toutes circonstances. Je n'avais jamais vécu d'évènements horribles ou pénibles et c'était peut-être pour cela que j'avais tendance à voir la vie comme une chance, un cadeau, tel n'était pas le cas de tout le monde...Malgré tout, lorsque je passais devant les cimetières, j'avais toujours un élan de pitié, après tout, les morts aussi avaient le droit à un peu de couleur, de chaleur...Non? C'était mon côté fillette, je détestais voir une tombe dénudée entre des dizaines d'autres, tous pleines de fleurs. Alors quelques fois, un hélan de compassion me prenait et je me retrouvais un bouquet de fleur à la main zigzaguant entre les tombes, comme aujourd'hui.

J'avais déjà déposé mon bouquet sur une tombe inconnue, lorsque j'entendis des paroles secouées de sanglot d'une femme, sans le vouloir mes pas me menèrent à cette jeune voix et je me retrouvai devant cette jeune femme qui paraissait très mal en point. Je m'en voulais de la déranger, mais d'un autre côté, je ne pouvais pas repartir, de toute façon elle me voyait probablement à présent.

Je sortis un mouchoir de papier de ma sacoche et lui tendis.

Prenez-le, je vous pris.

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La silhouette bouge un peu et mee tends quelque chose. Puis elle murmure :

Prenez-le, je vous pris.

Je m'avance un peu et, grâce à la clarté de la lune, je réussis à voir le visage de la jeune femme qui me parle. Elle doit faire à peu près ma taille et a les cheveux clairs. C'est tout ce que je réussis à voir. Je la regarde, saisit le mouchoir qu'elle me tend depuis un certain temps et m'essuis les joues avec.

Merci.

Elle me regarde et sourit. Je me relève pour être à sa hauteur.

Je suis désolée si je vous ai déranger dans votre recueillement...J'étais un peu bruyante. Je m'excuse. Heuu, merde, je peux pas m'excuser toute seule...Vous m'excuser ? Pour le bruit et le gros mot ? Je grimace. C'est juste, j'avais bessoin d'une explication avec ma mère...Une explication qui attend depuis plus de dix ans...

Qu'est-ce qui me prend ? C'est pas moi ça...De me dévoiler comme ça, c'est pas moi...En plus, elle en a sûrement rien à foutre.

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Elle me remercie et utilise le bout de papier pour essuyer ces joues humides.

Elle reprend la parole, une fois debout, face à moi. Je distingue à peine la couleur de ces cheveux. Il fait si noir ici! Seul le clair de lune nous éclaire légèrement.

Je suis désolée si je vous ai dérangé dans votre recueillement...J'étais un peu bruyante. Je m'excuse. Heuu, merde, je peux pas m'excuser toute seule...Vous m'excuser ? Pour le bruit et le gros mot ? Je grimace. C'est juste, j'avais besoin d'une explication avec ma mère...Une explication qui attend depuis plus de dix ans...

Oh vous savez, vous n'avez pas à vous justifier devant moi. Et à vrai dire vous ne m'avez pas dérangé...En fait je n'étais même pas en...recueillement.

Okay...C'est assuré elle devait trouver bien étrange qu'une jeune femme comme moi se retrouve à errer dans un cimetière à cette heure de la soirée...

Et je vous excuse, bien entendu. Et je suis certaine que c'est le cas de tout le monde présent ici. Dis-je en pointant les alentours.

Tentative infructueuse de faire de l'humour.

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Et je vous excuse, bien entendu. Et je suis certaine que c'est le cas de tout le monde présent ici.

Je l’observe un moment, tentant de déceler ses pensées derrière les traits de son visage. Je tourne ensuite la tête vers la Lune et m’enferme un instant parmi les étoiles. J’aime à penser que chaque personne se réincarne dans une des ces boules de lumière. J’essaye de me persuader que je vois ma mère à travers cet infini d’étoiles. Que si je souhaite lui parler, elle m’entend. Je frissonne. Les nuits d’été peuvent être froides à New York. On reste silencieuses un moment. Je réfléchis, repense à ce qu’elle vient de me dire. Un détail me hante. [Faut dire, avec tous les esprits qu’il doit y avoir dans le coin…]

Qu’est-ce que vous faites dans un cimetière, si vous ne vous recueillez pas ?

Elle sourit et hausse les épaules avant de me répondre.

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Elle me demande alors ce que je pouvais bien faire ici, une question tout à fait normale quand on y pense. Je la regarde quelques secondes avant de sourire et de hausser les épaules, à quoi bon cacher quoi que se soit, j'ai toujours été honnête et franche.

À vrai dire il m'arrive de venir déposer quelques bouquets sur des tombes dépourvus de fleurs...

Je ne peux malheureusement pas distinguer le regard que me lance mon interlocutrice, mais je suis prête à mettre ma main à couper qu'elle me trouve assez farfelue. Ce qui serait justifié...

Je sais que ça peut paraître étrange, mais je crois que même les âmes oubliées méritent un peu de couleur...

Je crois distinguer un sourire sur les lèvres de cette jeune femme, à moins que ce ne soit qu'une grimace de terreur...J'espère ne pas avoir l'aspect d'une folle furieuse au moins...

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- Je sais que ça peut paraître étrange, mais je crois que même les âmes oubliées méritent un peu de couleur...

Je souris. A vrai dire, j'ai même envie de rire. Cette fille est géniale...Je ne la connais pas mais...Je l'apprécie déjà. Elle me change les idées. Et c'était loin d'être gagné d'avance. Elle a l'air tellement vrai, ça fait du bien de rencntrer quelqu'un comme ça à New York. C'est rare. Elle a de l'amour à revendre.

- Je vais peut-être vous paraître un peu...Engageant pour une fille que vous connaissez pas mais, ça vous dirait d'aller boire un café ? J'aurais bien besoin d'une oreille et de quelques conseils...

Elle me regarde, surprise. Mais j'espère qu'elle ne sera pas effrayée par le fait qu'une inconnue lui propose un café. A New York, ça arrive tous les jours, non ??
"Mouais..." Marmonne ma conscience.

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Je suis un peu surprise lorsqu'elle me propose d'aller boire un café, surtout pour entendre mes conseils! Mais après tout qu'avais-je à perdre? Elle n'avait pas le profil d'une tueuse en série et je n'avais rien de prévue pour se soir.

Je lui souris, même si avec cette noirceur elle ne dû rien voir, puis je lui lançai ma réponse.

Se serait avec grand plaisir! Mais je vous avertie je ne sais pas si mes conseils vous seront réellement utiles...

Il vaut mieux être franche, je n'ai pas de dîplome en psychologie et j'aborde la vie avec une joie un peu trop excessive par moment...Je suis le type de personne qui prend avec humour tout ce qui lui arrive (c'est-à-dire pas grand chose)...

Trève de bavardage silencieux. Avant d'aller boire un café avec une inconnue, il serait peut-être préfèrable de me présenter, question de logistique et de principe.

Au fait, je m'appelle Emily. Et vous pouvez me tutoyer.

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- Au fait, je m'appelle Emily. Et vous pouvez me tutoyer.

J'étouffe un rire. Il y a dix minutes, je pleurais et maintenant, je m'empêche de rire. Cette fille est extraordinaire..

- Je suis Kate. Et vous pouvez me vouvoyez aussi. Je souris.

Elle sourit.

- Le starbuck Café, ça te dis ?

Elle hoche la tête.

- Alors, le Starbuck Café, ce sera !

Je ris et me dirige vers le portail du cimetière. Une fois la main sur la poignée du portail, je me retourne. Emily est derrière moi. C'est parti !

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