J’ai aperçu en face de moi, le regard d’un gars.
Dans un miroir, il était minable, c’était pas moi.
Et me le répéter n’a pas suffit à le changer.
A qui sont ces cheveux, qui ont poussé ?
Depuis quand je suis aussi fatigué ?
Il est où, le baiser de Sofia ?
Pourquoi tu souris pas ?

Et puis, sous son regard s’en trouvait un nouveau.
Dans un berceau, il était parfait, c’était un mirage.
Un ange baptisé par un miracle qui l’a fait naitre.
De la magie, une prouesse, un brin de paradis.

J’ai chanté, l'air a changé nos yeux.
Les siens, les miens. Ceux des cieux.
Dans le miroir, j’étais de nouveau moi.
Et un sourire à achever de m’en persuadé.
Ils sont à mon père, ces cheveux bouclés.
Je suis pas fatigué, je préfère juste être éveillé.
Il est là, là et partout sur moi, le baiser de Sofia.
Ça te prend souvent, de sourire aussi fort que ça ?

- Merci.

Je souris, mais j’ai mal au cœur de les faire payer.
Je pensais que ça passerait, mais je m’y fais pas.
Je leur donnerais tout, du café à mes fripes.
Mes chaussures, la bouffe et la boutique.
Je partagerais, si je pouvais. Mais.
Ce n’est pas à moi d’en décider.
J’ai trop de responsabilités.
J’habite pas dans une forêt.

- Ashley !

J’ai souri depuis mon comptoir.
Je veux qu’on la rebaptise l’Espoir.
Mon soleil, mon étoile, la lune du soir.
L’étincelle qui me tient éloigné du noir.
J’enverrais tous les clients dehors, si je pouvais.
En leur donnant ce qu’ils veulent pour rien, pour moi.
Je libérerais notre théâtre pour qu’il témoigne encore une fois.
D’elle, de moi, de la vie et de tous ses rires. Du monde, des souvenirs.

- Comment tu vas ?

Si ça va pas, moi non plus. Si t’as pleuré, mon cœur le sait.
Si tu souffres, je te vengerai. Si tu crises, je te soignerai.
Je la prends dans mes bras dès qu’elle en approche.
Si elle est à portée, elle sait que ça va lui arriver.
Je peux pas m’en empêcher. Je dois la cajoler.
Dis-moi que le soleil t’a réveillé.
Que t’as envie de chanter.
Que tu vas bien.
Ou un secret.
Ashley.