Love in New York
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 « Dog days are over » Shanya & Nathan

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MessageSujet: « Dog days are over » Shanya & Nathan   « Dog days are over » Shanya  & Nathan Icon_minitime111.06.12 22:07



Un jour, je vais entrer dans un ascenseur bondé et lâcher : « Vous vous demandez sûrement pourquoi je vous ai réunis ici aujourd’hui… » mais ce jour n’est pas arrivé.

A la place, je vais dire à quelqu’un qu’il m’emmerde et aller fleurir la tombe d’un inconnu. J’vais pisser du toit d’un building jusqu'à ce que quelqu’un en bas hurle au suicide. Je vais poser les mômes à l’école et chanter un truc à Shanya avant qu’elle n’ouvre. Et je demanderai à Lexie ce que veut dire "pernicieux" puis dire à un des gosses qu’il l’est depuis le début de semaine « Attention tu deviens pernicieux Gontran ! ». Je vais finir ma soirée avec une bière tiède et écrire un autre post-it sur le frigo pour penser à mettre les bières au frais. Et je lui dirai sur un message que je suis en train de regarder un film qui me fait penser à elle. Puis mettre un film qui du coup, me fera toujours penser à elle.

« Mais pas un porno » j’écris sur une photo. Non, pas un porno. Puisqu’on en parle, j’attrape mon instrument. Le manche de mon ukulélé m’électrise d’un frisson, je sens que je vais avoir droit à une chanson. Je sors de chez moi par la fenêtre du salon, mes ongles griffant la peinture rouillée de l’échafaudage. Tétanos, baby. Un jour, j’en ferai un refrain. Lexie dit que je peux mettre en chanson n’importe quoi et si elle le dit, j’y crois.

Dans le métro, on fait de l’œil à mon manche et certains matent mon ku, lélé. Je vais vandaliser un mur. « Faites comme moi, sauvez le monde : pissez-lui dessus. L’urine a ses bienfaits. » Je vais signer Stephen Warbeck. Un type qui n’a pas dormi m’a vu faire et donne un coup de coude à une jeune vieille qui fait signe que non, décidément, les jeunes en son temps étaient moins cons. « Je vous emmerde ! Ce graffiti est une putain d’œuvre d’art ! » C’est ici que je descends. « Souvenez-vous de Stephen Warbeck et passez une bonne journée ! ». S’ils m’obéissent, j’en fais mes chiennes, tous les deux.

La porte du bar est ouverte alors j’entre sur un accord qui résonne fort dans la salle vide. « It’s oh so quiet… » j’observe sans chanter encore. Shanya est au fond, les premières lueurs du jour suspendues à sa peau qui leur renvoie une lumière pure, comme une injure. « Ssh ! » je lui souffle derrière mon doigt en souriant un prélude à son prénom. Sshanya. Laisse-moi faire. Je continue, dérangé par la quiétude qui trouble les souvenirs d’un vacarme qui d’ordinaire se fracasse contre son corps qui fend l’air comme d’autre les âmes. « It’s oh so still » je chantonne enfin, mais « Ssh, ssh ! ».
Je m’approche d’elle, mon pouce effleurant à peine les cordes qui échappent une douce mélopée. « You’re all alone ? » je demande en m’en assurant d’un regard qui bute contre les murs du bar désempli de tout sinon nos intentions et nous. Seule « and so peaceful, until… » je craque un sourire qui déconne avant moi et pince mes cordes qui offrent à mes phalanges un riff dantesque. « You fall in love, zing boom ! The sky up above, zing boom ! is caving in… Wow ! bam ! » j’ai jamais crié aussi doucement, mais j’veux pas la faire virer. Les déchirures dans ma voix lui tombent dessus comme l’amour qu’elle chante et je cache la vérité avec mon sourire qui disparaît, se déguisant jusqu’à se croire sérieux.

Mes pieds m’éloignent d’elle et je recouvre une distance que le début de mon chant avait abattue. L’heure de vérité, ma beauté, te chante que « You’ve never been so nuts about a guy. » je confesse en m’improvisant sa conscience compatissante. « You wanna laugh ? you wanna cry ? » je lâche dans un soupire à fendre l’âme. « You cross your heart and hope to die…. ‘til it’s over. » … l’est-ce ? Je me tais, figé dans une ombre. Ma main abattue sur mes cordes ne cille pas quand je murmure « And then, ssh… » sourire « it’s nice and quiet. » je reviens vers elle, attiré comme un aimant par ses grands yeux noisettes, presque dorés. Je joue seulement, un air répété qui tombe comme une cascade sur des sirènes aux cheveux d’anges avant de prévenir « but soon again… » whattention : « starts another big riot ! » Je joue pour ma vie, son sourire et la matinée qui commence bien, faisant vibrer les cordes qui sous mes doigts claquent comme tant de fouets qu’elle enchante. Mes cheveux martèlent l’air quand j’abaisse ma main et improvise un solo qu’accompagne un déhanché me menant à elle. La dernière note tombe et résonne, impatiente dans l’air devenu chaud. D’un sourire, je l’embrasse au coin des lèvres quand la note sonne encore un ultime tintement qui emplit mon crâne de promesses oranges. Elle finira par peindre mes rêves, un jour. Au fait, je t’ai pas dit ?

« Bonjour. »


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MessageSujet: Re: « Dog days are over » Shanya & Nathan   « Dog days are over » Shanya  & Nathan Icon_minitime112.05.13 0:26

C'est tôt, c'est le matin, et pourtant, je le vis bien. C'est un de ses CD qui m'a tirée du lit. J'ai mis une de ses chansons en guise de réveil, parce que je sais que c'est tout ce que mes humeurs sont capables de supporter, quand j'dois me lever. Lui et ses couplets. J'emmerde son absence à côté de moi en me disant que l'écouter, c'est sans contexte aussi bien que le regarder pioncer. Ca me gonfle de me réveiller seule, le matin, je n'arrive pas encore à m'y habituer. Ca me fait vomir sur les radiateurs. Pire que ça, en fait, ça me fait carrément chier. Du coup, sa voix me calme, c'est un peu comme s'il était là. C'est cool, presque bandant, mais j'ai trop envie de pisser, pour profiter de l'orgasme mental. Je décide donc de me bouger, j'éteins le réveil et me lève tout à fait, une fois que la voix de Nathan se tait.

C'est le bordel dans mon salon, on dirait une garçonnière, faudrait une gonzesse pour faire le ménage, moi, je ne sais pas faire ces trucs là. De toute façon, là, je n’ai pas le temps. J'appellerai Shane plus tard, maman a bien dû lui apprendre à manier un balai. Je ne crois pas qu'il laisse Nat faire le ménage, quand même, si ? Putain, je réalise, assise sur la lunette des toilettes que Shane, j'ai jamais vu quel genre de mec c’est quand il vit avec une nana. A-t-il seulement été jusque là, avant ? Il ne m'a pas dit, ou je n'ai pas entendu. Ca me turlupine, putain, maintenant qu'il est là, ça me fait vomir sur les radiateurs de ne pas tout savoir sur sa vie. On a déjà essayé de foutre nos cinq dernières années sur la table mais faudrait un compte-rendu minute par minute, là en fait. Perdre les cinq prochaines années de nos vies à tout se raconter, juste parce qu'on s'est retrouvé. Qu'est ce qu'on s'en fout, du temps, quand deux moitiés d'un tout sont réunies ? Ca se compte plus, c'est dépassé. Je pisse sur le temps, et ça me fait marrer parce que pile quand je pense ça, j'ai finis de pisser. Ouais, merde, faut que je me grouille, en vrai.

Je tire la chasse et me lave les mains, et comme les chiottes sont dans la salle de bain, je n'ai pas besoin de contempler le bordel de mon salon/chambre à nouveau avant de prendre ma douche. Si je n'aimais pas autant ce dernier vestige d'Ethan, j'irais squatter un coin du loft de Shane, tant pis pour Natalie. Ce n'est pas bandant de se voir dans le miroir pendant qu'on est sur le trône.

J'prends des vêtements un peu au pif, quand j'ai fini. Mes fringues sont par terre, et mes cintres sont vides, what the fuck ? Je le répète tout haut. Même quand je n'ai personne à qui parler, je parle quand même.

- Tiens, c'est marrant, j'ai commencé ma pensée par "même quand" et je l'ai finie par "quand même".

Ok Shae, retourne te coucher. Je ne m'exécute pas, je vais plutôt me faire un café et j'y rajoute un peu de Whisky, pour bien me réveiller. C’est Irish, comme Ethan. J’enfile mes grôles en attendant qu’il refroidisse un peu. Il y a un silence de mort, dans ma piaule, et je trouve ça déprimant. J’allume la télé, mais comme d’hab, il n’y a rien. Alors je mets les dessins animés et plie mon lit pour qu’il redevienne mon canapé avant de m’avachir dessus. Le premier truc qu’on ait acheté avec Ethan, quand on s’est posé ici. On a décidé de le prendre neuf, mais on a regretté, car on n’a plus rien pu s’acheter pendant un petit moment, après ça. En plus, on n’avait même pas de télé à regarder, donc on ne le repliait jamais.

Je bois mon Irish Coffee en me poilant devant les gags débiles pour enfants. J’ai toujours été sensible à ces conneries. C’est couillon, mais tant mieux pour moi. J’aurais un truc à partager avec mes gosses, au moins. Je jette un regard à mon ventre, soulève un peu mon tee-shirt. « Attends un peu, quand même. » que je lui murmure, pour le foutre en garde. Des fois que ça lui donne des idées.

C'est l'heure, alors j'éteins sans regret la télé avant de choper mes clefs et un peu de liquide dans la corbeille de fric. J'ai pas de porte-monnaie, putain, il m'en faut un. J'me dis ça tout les matins, mais j'oublie dans la journée. Promis, demain, je le fais.

J'descends les neuf étages à pieds, parce qu'on a pas d'ascenseur qui marchent. Une légende raconte qu'il était très performant, le premier jour, mais que des jeunes l'ont pété et qu'après quelques tentatives toujours soldées par des échecs, les réparateurs ont arrêté de passer. Faut dire que les mômes leur balançaient de la caillasse pour se marrer. Je n'ai jamais compris pourquoi ils n'aimaient pas les réparateurs. Ils devaient sûrement bander à l'idée de monter les 14 étages à pieds, j'imagine. Ouais, parce qu'ils n'étaient même pas du rez-de-chaussée, ces merdeux-là.

J'arrive en bas, même pas essoufflée, et je regarde instinctivement sur le muret, parce que j'y ai vu du mouvement. Bordel, les mecs ne se sont pas couchés de la nuit. Des gars, ils doivent avoir mon âge, toujours accrochés à ce muret à se fumer des bédots, à traîner, parler, jurer. Des fois, je descends les voir, quand je m'emmerde trop. Ils sont trois, parfois cinq. Enrique, Jordan, Marvel sont les trois principaux. Marvel, c'est mon préféré, c'est un peu le geek de la bande. Il parle énormément, et est beaucoup trop intelligent pour passer son temps avec les losers de potes mais les mecs l'adorent, parce qu'il sait pirater un ordinateur comme pas deux dans le quartier. Probablement parce qu'il n'y en a pas deux qui ont les moyens de s'en payer, un, ici. Marvel adore regarder les films et il collectionne les comics. Il est cool, il aime bien mes histoires et j'aime beaucoup les siennes, même si elles n'existent pas. Jordan commençait à devenir bien pote avec Ethan avant qu'il ne meurt. Il m'a même pris la main, à l'enterrement. Il pleurait, ça m'a fait un sacré truc, parce que Jordan, c'est un grand black costaud d'1m95. Il s'est excusé, mais que ça lui rappelait des trucs merdiques, et ni lui ni moi n'avons voulu rentrer dans les détails. Enrique, par contre, je ne l'aime pas beaucoup. C'est un vrai voyou, lui, il a la gueule qui me donne envie de lui foutre des tartes à longueur de journée. Il jure tout le temps pour rien, en plus, ce connard, et parle fort. Il fait le chef en permanence, c'est un con. Je ne lui dis jamais bonjour, j'parle pas aux mecs qui me matent les seins.

"Hey ! Shanya !"

C'est Marvel. Il m'fait signe de la main, et j'réponds. Jordan fait pareil, alors je lui réponds aussi. Enrique fait comme si je n'étais pas là, ça m'arrange, même si je me demande s'il c'est parce qu'il est vexé que je ne le trouve pas beau. Il croit toujours que toutes les meufs n'en veulent qu'à sa... Ah mais oui, ça me revient ! J'lui ai foutu un coup de genou dans les couilles, une fois. Il pouvait pas me le rendre, il ne frappe pas les femmes, ce sexiste. Mais depuis, il fait comme si je n'existais pas. Il doit croire que c'est une punition.

J'entends un vague « Ca veut dire que c'est l'heure d'aller me coucher, les mecs. ». Je souris en me disant que je suis un anti-réveil. La classe. Je suis... un « coucheil ». Très très fière de mon nouveau mot, je le garde en tête, me disant qu'il fallait absolument que je l'apprenne à Nathan. Je suis sûre qu'il n'a pas de coucheil, lui. Son coucheil, c'est lui-même. J'ai parfois l'impression qu'il peut décider tout seul de l'heure à laquelle il est fatigué. Mais quand même, faut que je partage. Un coucheil, un coucheil, un coucheil.

Je monte dans ma voiture. Un coucheil, un coucheil, un coucheil. Je la démarre, j'adore son ronron, putain, c'est une bien brave bête. Je l'aime. Un coucheil, un coucheil. J'me tape tous les feux sur le chemin, mais la musique qui passe à la radio est géniale. Y'a du monde, en plus, c'est l'heure de pointe. Un chouqueil... Non, merde, un coucheil. Putain, c'est soporifique, de se répéter la même chose encor et encore. « Coucheil » fait vraiment bien son boulot, je veux dormir, là. Il n'est même plus drôle ce mot, à force. Surtout qu'imaginons que je ne vois pas Nathan avant demain... Putain, j'vais pas oblitérer toutes mes pensées pendant 24h juste pour lui annoncer que je suis un coucheil ! J'vais passer pour une con toute la journée.

Un coucheil, un coucheil.... Putain ! mais je l'ai dans la tête maintenant ! On dirait une chanson genre le poussin piou. J'me connais, j'vais même le dire tout haut à un moment donné. Sauf que maintenant, c'est le poussin piou que j'ai dans la tête.... Parfois, vraiment, je m’assommerais.

Je monte le son de la musique, rêvant de pouvoir m'y abandonner, mais j'peux pas, parce que je dois me concentrer sur la route. Du coup, j'ai un poussin qui crie coucheil dans mon crâne pendant que The Faders chante No sleep tonight, et j'ai vraiment, vraiment, vraiment hâte d'arriver au bar et de m'envoyer un rhum pour nettoyer un peu toutes ces conneries de mon crâne. Y'a des poules qui caquettent pour nous endormir pendant que ça beugle dans mes oreilles. Ca me fait vomir sur les radiateurs, bordel de merde.

J'arrive enfin Chez Joe, je gare mon char en deux-deux, le ferme et cours au bar, que j'ouvre dans un mouvement rapide. Je serai toute seule jusqu'à huit heures du mat'. Joe viendra faire des allers-retours pour voir s'il faut remplir la réserve, s'il faut une personne supplémentaire, si j'ai oublié un trucs et Jimmy Bush, mon chou, il arrivera plus tard. Je ne sais pas à quelle heure, je n'ai pas retenu l'horaire. Le Poussin Piou fait des claquettes devant les poules qui caquettent « Coucheil », Bordel, ma tête. J'ai pourtant pas bu, hier soir. 'Fin, je crois pas. Non mais je blâme la télé, ce sont les dessins animés de ce matin. Ca m'a abrutie, effet instantané, assuré. Mes gosses, ils regarderont pas ces conneries, j'vais les foutre devant des films d'horreur, on verra ce qu'ils penseront de la petite boite à images, après ça. Ils me supplieront de pouvoir aller faire leur devoir, et ils vivront longtemps et intelligents. Ils ne seront pas obligés de se bourrer la gueule pour oublier que c'est le bordel dans leurs crânes. Ils sauront ranger tout ça, eux.

J'allume les lumières. Je commence le ménage en chantant l'air de No sleep tonight avec une voix d'enfant, me disant que mine de rien, si Marvel savait dans quel état il a mis mon cerveau, il se croirait beau. Il m'a dit une fois qu'il aimait bien me perturber, parce que j'étais « délirante ». Là dessus, j'ai imaginé Cody de « Notre Belle Famille » dire « Troooop Déliiiiiiiire » en me rappelant que même gamine, je le trouvais beau mais con. Je lui ai demandé s'il se foutait de ma gueule, il m'a dit « Oui, mais c'est parce que je t'aime bien. ». Ok...

Je fais une petite pause, pour boire un coup, histoire de me remettre de mes émotions matinales, puis je continue à descendre les chaises et à laver les tables. Une heure passe quand j'ouvre finalement pour de bon le bar, après avoir allumer les machines et mis en route tout ce que je devais mettre en route. Je me sers un autre verre en attendant. Je me fais chier, faut que je fasse un truc. Je repasse de l'autre côté du comptoir, cherche un n'importe quoi à faire un peu partout et me rend compte que... Je n'ai rien oublié du tout. Putain, j'peux pas continuer à me faire chier comme ça, y'a un poussin dans mon crâne qui me pioupioute :

« You can't stop this feeling
You can't run away
Baby I'm what's on your mind »

« It’s oh so quiet… » Et ça, ce n'est ni un poussin, ni dans ma tête. Ca, c'est la voix qui m'a réveillée ce matin, comme tous les matins. Ca, c'est la voix que j'aimerais entendre tous les soirs aussi. Je ne connais pas sa mélodie, je le soupçonne de l'écrire au fur et à mesure. Je me retourne vers lui, et le voit m'intimer de me taire dans un sourire qui m'époustoufle. J'obéis et cale ma respiration sur le rythme de ses doigts qui me chantent son talent. Les musiciens ont des super-pouvoirs sur moi. J'ai l'impression que Nathan, tout comme Ethan, pourrait me contrôler en dessinant mes faits et gestes sur les cordes de ses instruments, comme on le fait avec les marionnettes. Me demander n'importe quoi. Quitter la ville, vivre dans la rue, prendre un appart', se marier et faire des gosses. Vivre. Me taire, même. Je le ferai. « It’s oh so still » Putain, je pourrais rester accrochée à ces lèvres-là, pour longtemps. Il n'y a que lui dans le bar, mais même s'il y avait des gens, je suis sûre que nous y serions seuls au monde. Il impose à nouveau le silence dans mon univers et j'ai l'impression que je dois attendre quelque chose. Le temps est suspendu, je le regarde, ébahie de tout ce qu'il peut faire. Je suis une enfant face à un géant.

« You’re all alone ? » C'est une question. Je n'ouvre pas la bouche, n'ose pas l'interrompre et me contente d'acquiescer. Je comprends ce qu'il veut dire quand il dit que je ne chante pas assez, finalement. Je ne chante jamais devant lui, préférant lui laisser la vedette. Il ne voit pas ma tête bouger, il vérifie de lui-même. Je le trouve tellement sexy dans son mouvement, j'avais à peine remarqué qu'il commençait à s'approcher. « and so peaceful, until… » Y'a un truc qui se prépare dans le coin de son sourire, je me sens décoller avant le décollage. Et c'est parti. Putain, il est trop bon. Tous les musiciens du monde sont parfaits comme ça, ou c'est moi qui ne tombe que sur les meilleurs ?

« You fall in love, zing boom ! The sky up above, zing boom ! is caving in… Wow ! bam ! » Dans toute sa retenue, il déraisonne mes sens, qui veulent danser. Je sens ma tête qui suit son rythme alors que dans ses cris étouffés, j'entends mon propre amour se déclarer. Il ne sourit plus et recule, il joue avec mes nerfs, parce qu'il sait. Putain, il sait, et j'adore qu'il sache. « You’ve never been so nuts about a guy. » me confirme-t-il et ma tète se secoue, comme pour le décourager dans un sourire qui ne sait pas mentir. « You wanna laugh ? you wanna cry ? » Je ris, parce que je suis fière. C'est à moi qu'il chante. « You cross your heart and hope to die…. ‘til it’s over. »

Puis plus rien. Je sens ma tête se pencher légèrement en avant en l'attente d'une suite qu'il est obligé de m'offrir, sinon je le frappe. Sérieux, Nathan, j'étais à fond dedans, là. C'était trop court. Chante-moi jusqu'à la fin des temps. « And then, ssh… ». Il sourit. J'attends, anxieuse, qu'il parle, chante ou joue, s'approche, m'embrasse, disparaisse ou reste... « it’s nice and quiet. »

Il revient vers moi, une petite mélodie sur le bout des doigts. Ses yeux s'approchent de moi et j'apprends tous les jours un peu plus comment voir ce regard là, comment écouter sa voix qui est désormais cachée au bout de sa langue, derrière ses dents parfaites. « but soon again… » Oui ? « starts another big riot ! ». Je pars sur la même planète et alors qu'il s'approche en se trémoussant et en jouant, je sautille sur place sans le quitter du regard.

Mais plus il avance et moins je bouge, jusqu'à ce qu'il soit juste devant moi. La dernière note résonne sur un baiser à peine donné, comme une promesse, et la réalité revient dans un bonjour. Putain, j'lui suis tellement reconnaissante d'exister. Nathan est toujours là pour me sauver, je remarque. Pas que j'en ai nécessairement besoin, mais au cas où, il est dans le coin, comme s'il attendait pour apparaître et devenir ma source de bonne humeur.

- Tu n'imagines même pas comme je suis contente de te voir. C'était mort avant que tu arrives, j'me faisais tellement chiée que je n'arrivais à m'enlever de la tête le Poussin Piou qui chantait No Sleep Tonight des Faders avec un orchestre de poules qui caquetaient derrière lui, tout ça parce que j'avais inventé le mot « Coucheil ». Je voulais te demander si tu avais déjà eu besoin d'un coucheil, mais pour être honnête, ce mot m'a juste complètement foutu le bordel, donc j'suis pas sûre de vouloir l'entendre de nouveau, un jour. Même si, bon, dans le fond, c'est moi le coucheil, et que j'y penserai tous les matins jusqu'à ce que Jordan, Marvel et Enrique se trouvent un boulot, ou jusqu'à ce que je déménage, ce qui est beaucoup, beaucoup plus probable, car je ne les imagine vraiment essayer de se trouver le moindre job. Je crois qu'ils dealent, pour gagner leur vies, et la merde qu'ils fument rapporte plus que mon boulot de serveuse. Maintenant, fais comme si tu savais ce qu'était un coucheil et n'en parlons plus jusqu'à ce que je sois de nouveau fière de ce mot. C'est quand même moi qui l'ait inventé, merde. En tout cas, merci beaucoup pour ton chef-d'oeuvre qui éclipse largement le mien en beauté. Nouvelle création que tu es venue me présenter ou c'est de m'avoir vue qui t'as inspiré cette merveille ? Tu as le droit de choisir la deuxième solution, j'te comprendrais.

Je ris dans un clin d'oeil et le prend par le bras pour l'amener vers le bar sur lequel je monte. Assise sur mon comptoir, je n'ai plus qu'à me pencher ou à basculer de l'autre côté pour lui donner ce qu'il veut.

- Tu bois un truc ?
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