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| « don't you ever wonder how we survive » Amy & Shawn | |
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REBEL ; without a cause - Admin
Shawn Ross Nombre de messages : 757 Localisation : Directeur du centre Occupation : Délinquant cambrioleur. Humeur : Heartbroken
| Sujet: « don't you ever wonder how we survive » Amy & Shawn 27.10.11 1:30 | |
| Je gratte de mon ongle, le tabac qui reste incrusté à même mes empreintes digitales. J’imagine que la fumée, fait maintenant partie de qui je suis. Je vois ma vie à travers le voile de nicotine qui m’empoisonne l’esprit. Si c’était mon seul problème, la vie serait plutôt belle, mais mes idées pourries finissent par m’étouffer. Je me croyais si fort que tout mon courage a été bouffé par mes illusions et qu’il n’en reste pas une goute pour la réalité plutôt fade d’une vie sans Amy. J’ai cherché son visage dans la foule des passants qui croisaient la façade de ma vie, sans jamais trouver l’étincelle qui m’enflammait à seulement la voir approcher. C’était facile d’être con et sans soucis. Si au moins j’avais pu être aussi con et oublier mes idées de grandeur. Je n’arrive pas à regretter ma dangereuse insouciance. La culpabilité et les regrets devraient ronger mes os, et ce qu’il reste de moi. Pourtant, mon cœur est tout simplement incomplet, incapable de ressentir quoi que ce soit d’autre que le manque causé par ma propre connerie. J’aurais pu, tout lui avouer, en plein milieu de Central Park, que je ne suis pas celui qu’elle croit, que jamais je ne serait le bon pour elle, mais ça m’aurait tué, de me l’avouer à moi-même. J’aimais croire que j’étais le gamin qui n’a pas été corrompu, quand elle posait les yeux sur moi. C’était beau, rassurant, de savoir que quelqu’un avait confiance en moi. C’était juste inévitablement éphémère. La vérité sort à un moment ou un autre et je ne suis pas si bon menteur, simplement j’arrive à me faire croire que parfois, c’est nécessaire. J’inspire un bon coup.
J’ai le cœur qui bat si fort que ça résonne à mes oreilles. Tout mon être est chamboulé, parce qu’aujourd’hui tout peut changer. J’aimerais remercier le hasard de la vie, mais ce sont mes parents, qui ont cru bon de rompre le silence et de m’appeler, pour me rappeler que je ne fais strictement rien de ma vie, et que le grand-père d’Amy est mort. Ça m’a fait un choc. Je l’ai rencontré tellement de fois, parce qu’il passait tellement de temps avec Amy, j’ai l’intuition qu’elle était sa préférée, des trois enfants Andrews. Il avait l’air sage, avec ses cheveux blancs et ses faux-airs de grincheux qui ne cachaient qu’un cœur bienveillant. Une fois, alors que j’attendais Amy, il m’a dit : « Petit, tu ferais mieux de la surveiller celle là, il n’y en a pas deux comme elle. » je n’ai pas trop compris, sur le coup, mais maintenant je sais plus que jamais, que jamais personne ne sera comme Amy, qu’elle est la seule, et que je n’y peux rien. Une fois le choc passé, j’ai voulu appeler ma meilleure amie, entendre sa voix, mais je me suis retenu, qu’est-ce que ça changerais que je lui fasse du mal avec un stupide coup de file, alors qu’elle doit avoir le cœur en morceaux. Alors j’ai pris ce qu’il me reste de courage et j’ai enfilé du noir.
Je pourrais m’arrêter et attendre que le malaise passe, que je sois prêt pour ça, mais je sais que jamais je pourrai supporter, de voir Amy pleurer. Parce qu’elle pleurera, de l’intérieur ou de l’extérieur, mais elle pleurera son grand père, cet homme qui a été là depuis toujours, en qui elle avait la plus grande des confiances. Il était une partie de ma Amy, une partie de son âme, de sa personnalité, de son bonheur, et plus jamais il ne souriras de fierté devant la plus banale de ses prouesses. Parce que sans le savoir, elle est éblouissante, Amy.
Alors je mets un pied devant l’autre et j’écrase de mon pas lourd, l’herbe humide. Il ne pleut pas comme dans les films, où le ciel pleure un peu lui aussi. Il n’y aura que la famille pour aujourd’hui pleurer la mort de l’aïeul des Andrews. Un grand homme, dont l’influence vivra toujours, à travers Amy. Je soupire, incapable d’anticiper ce que je trouverai en m’approchant du petit groupe où le chagrin se sent de loin. Je cherche Amy du regard, coincé entre cette misère et cette façade que j’essaie de me composer. Sa frêle silhouette s’accroche à mon regard comme une image trop familière. Elle est de dos, et je crois que c’est mieux. Je n’aurais peut-être pas le courage de faire les quelques pas qui nous séparent, si j’avais ses yeux perçants qui tentent de voir mon âme. Alors je m’approche, sous le regard noir de sa mère, qui soyons honnêtes, ne m’a jamais porté dans son cœur. Ça a du lui faire plaisir, quand Amy lui a annoncé que je n’étais plus dans sa vie. Elle a probablement pensé, qu’Amy aurait enfin la chance d’avoir quelqu’un qui la mérite. Je serre les poings au fond de mes poches, et je me racle la gorge avant de me lancer.
Et je la sens figer, se retourner, et tout ce que je peux faire, c’est avoir envie de la prendre dans mes bras et de la protéger du monde entier. De lui faire croire que son grand-père, il vivra dans les aventures qu’elle lui dessinera, qu’elle peut tout faire, que je crois en elle. Mais je reste là, figé. Figé parce que j’ai juste envie de remonter le temps et de tout faire pour la garder. Jamais je n’aurais du la laisser partir. Mon cœur se recroqueville, honteux, sachant très bien que maintenant, que cette journée, ça n’est pas à propos de moi, pas à propos de nous. Je ne lui demande pas si elle va bien, parce que je sais que non, elle ne le montre peut-être pas, mais elle a mal, et je la connais trop bien, pour simplement faire comme les autres. Je n’ai pas de plates condoléances pour elle. Rien pour apaiser sa peine. Je sors les mains de mes poches et je ne sais pas quoi en faire. Ils sont vides, mes bras, depuis que t’y es plus. Mon cœur s’arrête, et je suis l’égoïste qui donnerait tout pour simplement entendre sa voix.
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| Sujet: Re: « don't you ever wonder how we survive » Amy & Shawn 29.10.11 0:10 | |
| Son cœur a flanché, comme ça, un soir d’octobre. Probablement au même moment où une feuille a frémit jusqu’au sol. J’aurais voulu un « au revoir », qu’il me raconte une dernière histoire. Sa voix rauque comme seule narration à ses délires imaginatifs. Son âme d’enfant, meurtri par l’âge de son corps. Moisir en soi-même. Je n’ai pas su quoi dire à maman, préférant pleurer avec elle dans son silence que d’écorcher la vérité par des paroles incongrues. Le téléphone a sonné, encore et encore. Des « désolé » qui ne servent à rien, rien d’autre que de saigner nos cœurs à nous, toujours vivants, à se remémorer que le sien n’est plus dans l’orchestre. « C’est probablement mieux comme ça. » « Il est mieux là-haut ». Je leur rétorque que non, histoire qu’ils taisent leurs phrases prédéfinies et qu’ils cessent d’imprégner à mon esprit le fait que le monde est mieux sans lui, qu’il est mieux sans le monde. La terre a continué à tourner, bêtement. Tourbillonnante et m’entraînant avec elle dans l’illogique de son mouvement. Je fixe le ciel en pensant à lui, croyance populaire qu’il est aux cieux, alors que clairement, son corps est sous terre, engouffré dans la noirceur éternelle. Deux jours, et puis trois qui s’écoulent alors que l’air s’agrippe contre les parois de ma gorge, les yeux asséchés. Je n’ai plus le courage de pleurer, plus assez d’énergie pour sombrer dans le sommeil. Le soleil se lève de nouveau, éclaire ma chambre mortifiée qui me sert de cercueil. Hommage à toi, grand-p’pa. J’ai les yeux ouverts, le cœur fermé, la tête ailleurs. Mes pieds me supportent, endoloris. Je ne ressens plus rien, à défaut d’avoir trop ressenti. J’enfile du noir, couleur monotone qui me grince les dents. Ma silhouette dans le miroir est comme un reflet que je n’aurais pas dû voir. Je voudrais, tellement, être belle pour toi. Une dernière fois, porter cette robe que t’aimais – robe que je ne portais jamais, détestant la sensation de féminité qui n’émane pas de mon corps enfantin. Mais aujourd’hui, je me tais, seule dans mon silence à faire taire mes reproches. Juste pour lui, je porte ce qu’il faut, sans argumenter. J’ai l’habitude de ne pas avoir la langue dans ma poche, mais les mots que tu m’as appris n’ont plus le sens d’autrefois. La situation ne se dose pas. Pas de maquillage, pas de fausse identité pour lui dire adieu, rien de noir qui glissera avec dégât contre mes joues pâles. Le salon mortuaire alourdit le poids sur mes épaules, la gravité exponentielle à celle du dehors. Tout respire la mort, de la musique sans étincelle, à la décoration ancestrale, aux fleurs colorées irréelles qui jurent dans ce décor fade. Je croise mes mains, le bout des doigts glacés pressés contre mes paumes. Ma mère se tient à mes côtés, sa stature fière courbée par le chagrin. Ses hochements de tête sont dédiés à tous ceux qui nous offrent des condoléances avec monotonie. Je ne les écoute plus, le regard vitreux, perdu quelque part, loin du réel. Tout est plus alléchant que le monde réel aujourd’hui, et il comprendrait. Pionnier de mon monde fantaisiste, ses histoires inventées ont modulé ma personnalité, ses morales inconscientes glissent sur ma peau comme un frisson de souvenirs. Ma mère s’évade, ses pas résonnant dans mon univers alternatif. Je cligne des yeux, réapparaît à la surface, incapable de saisir la haine qui propulse ses mouvements. Elle s’en va, et je ne l’agrippe pas. Je fixe son ombre disparaître sur le tapis régulier qui orne la pièce. Une voix de plus, murmurée avec incertitude et perplexité. J’expire silencieusement, les tripes de nouveau comprimées. Je redresse le visage, serrant les dents. Shawn, mon Shawn. Celui qui perdure dans mes rêves innocents, qui entache mes nuits de sa présence indésirée. Ma gorge s’obstrue et j’entrouvre les lèvres sans réussir à projeter un son. Ma tête tourne, le corps fiévreux de l’intérieur, figé de froid à l’extérieur. Mes yeux s’embuent, subitement. Parce que je ne veux pas penser à lui, à ce nous qui s’acharne à perdurer malgré son échec à exister. Je voudrais hurler, suivre le chemin que ma mère a piétiner deux secondes auparavant. Je tends ma main dans le vide, à deviner la personne qui a fait fuir sa présence. Elle ne l’aime pas, ne l’a jamais aimé. Et je voudrais me convaincre que de le voir ici, de sa stature insécure dans ces habits mortuaires n’illuminent pas mon être d’un brin de bonheur, au creux du ravin de douleur qui me tient prisonnière. Mais je ne réfléchi pas, incapable de mettre un sens à la logique de mes gestes. Mes bras s’enroulent autour de son cou, sur la pointe des pieds, le visage au creux de son épaule. Protégée du monde, vulnérable à ses griffes acérées. Les sanglots silencieux transparaissent dans mes répliques soupirantes. Mais je m’accroche à lui, sans raison. Parce qu’il est Shawn, étrange partie de moi-même, complémentaire à mes besoins. De manière irrégulière, mais avec succès. AMY – « Tu veux bien être le meilleur ami ? Aujourd’hui seulement, Shawn l’ami ? » Mon cœur tambourine dans ma poitrine, douloureux d’être aussi vivant, épuisant par son rythme furieux. Mais je reste dans ses bras, à m’engouffrer dans sa chaleur, sentant ses bras contre mon corps, de cette protection qui relâche tous mes muscles. Je déserre l’emprise, chassant une larme de ma joue, incapable de lui offrir la promesse d’un sourire. Sa tête hoche fébrilement d’avant en arrière, alors que je glisse mes doigts entre les siens et l’entraîne sur mes pas. Je bouscule la foule, de manière délicate, pour ne pas brimer leur petit réconfort de savourer le malheur des autres et termine ma course au mur opposé. La foule y est moins dense, la vie moins amer. Je lâche prise, lui offrant le choix. Je ne sais pas quoi dire, quoi demander ou quoi partager. Chaque question est un problème que je renie, remplace par une larme qui ne résout rien. Je me penche, à quatre pattes sur le tapis lugubre et je glisse furtivement sous la table, faiblement protégée de la nappe basse, qui m’offre l’intimité d’un endroit. Miniature petit refuge, assombri et pourtant tellement plus illuminé que la pièce qui l’encadre. Je vois ses pieds, fixes dans le vide, mon dos s’appuie sur le mur, mes genoux repliés sur ma poitrine, la robe moulant mon corps recroquevillé. Mon crâne se fracasse de multiples petits coups qui résonnent jusqu’à mes orteils sur le mur qui me sert de colonne vertébrale. Viens Shawn, parce que si tu m’abandonnes maintenant, je ne le supporterai pas. Et aujourd’hui, aujourd’hui uniquement, tu garderas tes secrets pour toi, et j’oublierai que tu as tout gâché. |
| | | REBEL ; without a cause - Admin
Shawn Ross Nombre de messages : 757 Localisation : Directeur du centre Occupation : Délinquant cambrioleur. Humeur : Heartbroken
| Sujet: Re: « don't you ever wonder how we survive » Amy & Shawn 03.11.11 14:57 | |
| Mon cœur se serre, alors qu’Amy se retourne vers moi. Mes entrailles se serrent, de la voir si chamboulée, de simplement imaginer le mal qui la fait trembler. Elle a perdu une partie d’elle-même, et je voudrais juste la guérir, faire cicatriser la plaie encore à vif de la perte de son grand-père. Je ne crois pas que ça me ferait vraiment de la peine, si mes parents mourraient. Ils ne sont que la personnification de tout ce qui me révolte. Mais Amy, elle est si vivante que la mort ne peut que lui faire cet effet. Je suis simplement chamboulé de la revoir, et jamais je n’aurais souhaité quelque chose d’aussi horrible pour nous réunir. Ça n’est pas supposé être comme ça la vie. J’aimerais en faire quelque chose de beau, pour que ses grands yeux pétillent de malice plutôt que cette allure vitreuse qui me donne l’impression qu’elle est aussi fragile que du verre, sous sa peau de satin. Parce qu’elle a toujours eu la peau douce, ma Amy, pas comme ces filles qui portent tellement de maquillage qu’elles en ont de la peau d’éléphant. Non, Amy c’est autre chose, ça n’a pas de nom, parce que c’est unique.
Elle s’approche de moi, et j’ouvre les bras, parce que c’est aussi naturel que de respirer. Je me contente d’envelopper ses épaules, alors que ses bras se nouent à mon cou. J’en ai le souffle coupé. Me voilà ému, de m’être tant ennuyé de ce petit bout de femme, qui veut toujours croire qu’elle ne grandira jamais. Elle m’émerveille, et elle ne le sait même pas. Tout ça parce que j’ai méthodiquement saboté notre relation. Je devais bien le savoir, quelque part, qu’elle ne voudrait jamais m’épouser, que ça n’avait aucun sens. Alors j’attends en silence, la serrant à lui casser les côtes. Je t’aime encore, Amy, juste là, maintenant, ça fait plus de sens que les six derniers mois. On était bien ensemble, pas amis, pas amoureux, juste quand on était tous les deux. C’est con, pas vrai, qu’on ait passé autant de temps séparés. Je me mords l’intérieur des lèvres pour ne rien dire. Aucun de mes mots ne pourraient lui faire du bien, mais je suis là, c’est tout. Il y a des choses contre lesquelles on ne peut rien, il y a des moments où seul le temps peut transformer la perte en souvenirs nostalgiques. J’espère que tu sais, ma belle, que jamais il ne te quittera vraiment. Je ne crois pas en Dieu, mais je crois en toi, presque autant que lui.
« Tu veux bien être le meilleur ami ? Aujourd’hui seulement, Shawn l’ami ? »
Qu’est-ce que je peux bien répondre à ça. Oui, mille fois. À n’importe quelle heure, n’importe quel jour, t’as qu’à demander. Je suis là, un peu trop grand, à adorer t’entendre parler contre mon épaule. Et elle pourrait me faire jurer n’importe quoi. Ça me tue, de voir qu’elle demande si peu. Mais c’est Amy, ma meilleure amie. Celle qui m’empêche d’être n’importe quoi, n’importe qui. Je ne sais pas où je serais sans elle. Probablement que je ne serais plus rien. Alors je hoche la tête, incapable de chasser l’énorme boule qui entrave ma gorge. J’aimerais me traiter de mauviette, d’être aussi émotif. Je ne sais même pas pourquoi, ça me bouleverse. C’est peut-être Amy, ou cette ambiance, ou rien du tout. Mais c’est comme ça.
Sa main attrape la mienne, comme tant de fois par le passé. Pas même le temps, ne feras de nous des inconnus. Je voudrais effacer les six derniers mois. Tu me pardonnes et on recommence ? On se tient par la main et plus jamais on ne se lâche. Ça serait plutôt bien, de pouvoir juste faire semblant. Je suis si bon à ce jeu là, tu sais. Sauf que nous deux, c’était vrai, c’était la seule chose vraie de toute mon existence. Me revoilà si petit que je voudrais qu’on se serre, pour se prouver que maintenant, ça n’est pas un rêve. Je ne sais plus rien, si ce n’est que sa famille disparait au profit d’une nappe et d’un espace exigu.
Les secondes passent, et je n’ai pas besoin de parler, je veux seulement qu’on soit seuls au monde, et que le reste disparaisse. On pourrait être sur une île déserte, ou dans le noir de son sous-sol, illuminés seulement par les reflets de la télévision, générique d’un film d’horreur qu’on a pris pour une comédie. La vie, elle a tout son sens, lorsqu’on est ensemble. J’avais oublié à quel point ça fait du bien, d’exister. Mon cœur bondit dans ma cache thoracique et j’aimerais juste qu’il se taise, le temps de penser à quelque chose. Quelques mots, rien de bien intelligent, juste assez pour lui rappeler que je suis là, qu’elle peut me tabasser si ça lui fait du bien, qu’on peux partir tous les deux au bout du monde, si elle le veut, que je la laisserai me battre aux jeux vidéos en nous hallucinant d’un rush de sucre. Qu’on sera jeunes pour toujours et que rien ne changeras. Alors je souris, comme un con, parce que j’y crois encore. Ma tête recroquevillée, je passe mon bras autour des épaules d’Amy, juste comme ça. Puis je me couche, parce que je suis si coincé, que je ne peux même pas la regarder. On se retrouve tous les deux, couchés sur le dos, à regarder le dessous d’une table, le bruit des condoléances en trame de fond. Les souliers grincent sur le plancher, mais je n’entends rien d’autre que le souffle d’Amy.
« C’est déprimant comme endroit. Tu crois pas qu’il aurait voulu autre chose, ton grand-père. Il adorait te voir sourire, pas pleurer. . . »
Et je prends sa main dans la mienne, juste parce que c'est ce qu'il ferait, Shawn l'ami. Il restera aussi longtemps qu'elle le voudras. J'aimerais juste qu'elle sache que ça n'a pas besoin d'être tragique, qu'elle peut lui rendre hommage d'une autre façon qu'à rester ici. Dessine le sur le banc d'un métro, fais de lui un super-héros, dis lui que tu l'aimes à ta manière.
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| Sujet: Re: « don't you ever wonder how we survive » Amy & Shawn 09.11.11 0:52 | |
| Son bras s’enroule contre mes épaules et la chaleur m’étire un frisson. Le monde rationnel ne tient plus. Et je n’ai pas la force de m’évader dans ma tête, là où les questions s’imposent avec lourdeur et nervosité. Je ferme les yeux pour arrêter l’univers, mais être seule avec moi-même, c’est pire. Je retourne au moment présent, inspirant ce parfum minime et printanier qui glisse contre mon visage. Sentir la vie, dans un salon mortuaire, ça a quelque chose d’ironique. Je pourrais presque en rire, mes nerfs prêts à céder au surplus d’émotions qui bouscule mes entrailles. Mais nos corps silencieux s’écoutent, fébriles aux vibrations qui communiquent sans un mot. Comme c’était avant, se deviner. Se connaître trop bien. Mon être s’étale sous la table, les cheveux étalés contre un tapis rugueux. Je suis ses impulsions, à défaut de savoir quoi faire. Texture terne, assombri. C’est tout ce qui s’offre à mes yeux béants, humides de larmes qui ne glissent plus contre mes joues rosies, mais s’extirpent de mes orbites pour s’écraser au creux de mes cernes. SHAWN - « C’est déprimant comme endroit. Tu crois pas qu’il aurait voulu autre chose, ton grand-père. Il adorait te voir sourire, pas pleurer. » AMY - « Il avait qu’à pas mourir. » Sa main s’empare de la mienne, et je la lui laisse. Morceau de chair glacé, aucune sensation à m’agripper à sa personne, si ce n’est qu’une impression de présence. Je suis choquée par mes propres mots, ma voix rocailleuse qui a propulsé une phrase tant négative que mon métabolisme se recroqueville contre lui-même, brisé par ses actes. J’écoute nos respirations, intercalées, les mâchoires qui craquent à se maintenir fermées. Je ne veux plus rien dire, plus rien souffler. Je pense à mon grand-père, enchaîné à la mort pour toujours, son image d’une milliseconde qui saccage toutes mes pensées. Mon menton tremble, ma gorge se noue. Je déglutis bruyamment, le regard dans le vide. Incapable de faire le focus sur la nonchalance de la table qui nous surplombe. Bercée par l’insécurité de mes mots, écoutant ma voix comme la narration de ma vie, n’émergeant que de mon subconscient, rythmé par mes battements de cœur qui se décuplent dans ma poitrine. AMY – « Personne sait comment dire au revoir. Moi incluse. Alors on suppose que si les gens font ainsi, ça doit être ça, la solution. J’crois qu’au final, on n’est simplement pas prêts à dire au revoir. Il était debout, à murmurer une chanson, respirant la santé, il y a même pas une semaine… » Mes ongles s’incrustent dans la chair de sa paume, mais il ne dit rien. Je suppose qu’il sait, que sa douleur physique ne compense pas à mes maux psychologiques, au béant qui grandit dans mon ventre. Je reste figée, la tête lourde, à supporter ma vie. J’expire bruyamment, pour me plaindre contre la vie adulte, contre les malheurs du monde réel. Des pas tambourinent les environs, résonnant contre mes tympans meurtris. Je devrais peut-être marcher parmi eux, les laisser me bercer dans leurs bras, pleurer sa mort. L’impuissance qui nous submerge, comme un besoin d’agir. Notre corps combat, inutilement, en déshydratant mon être, pour le rendre plus léger, plus supportable. Mais il est trop loin, quelque part d’inaccessible et d’inconnu. Un monde imagé, mais incompris. Pour une fois, ça ne suffit pas, les pensées magiques, alors je ferme mon esprit en serrant les dents. Tout ce qui monte en l’air revient sur terre. Les souvenirs me fouettent la chair et je détourne les yeux, loin des jambes qui peuplent le décor environnant, loin de ses yeux naïfs et ravageurs. Le mur accueille mes ondes négatives avec impasse, même si l’écho de chaque remarque haineuse, joviales ou brutales. Tout se mélange, dans une recette incongrue. Je blâme la terre entière, de la mort de cette idole qui a créé ma vie, de la masse humaine qui agit pour les autres avec monotonie, de mes décisions de gamines qui n’aident personnes. Et à lui, lui qui est là, maintenant. Qui ne l’était plus pourtant. Et mes mots s’échappent de mes lèvres, évanouis dans l’air environnant au même moment où ils se forment dans mon crâne inondé. AMY – « J’suis contente que tu sois venu, Shawn, mais… J’peux pas. J’pleure pour lui, aujourd’hui, et j’peux pas penser à nous. » C’est plus ou moins vrai. Ce ne sont que des syllabes agencées qui mènent à un son, qui formule une idée que je ne comprends pas moi-même. Une cicatrice qu’on n’ose pas guérir, épanouie devant les souvenirs qui la hante. Admirer le passé, chose qui me détruit. Je ne voulais pas, me rattacher à lui, à cette enfance idyllique. Pour la première fois, je sens l’enfance me délaisser. Les idées ridées, le corps en décomposition et les responsabilités qui m’écrasent au sol. Je me mordille la lèvre, réflexe de merde qui ne change rien. Je pense à ma mère, abandonnée à la foule incompétente. Je devrais la rejoindre. Mes jambes pétillent de malaise, d’être ici. À l’abri de tout, mais si loin d’elle. C’était son père. L’homme qui avait implanté l’univers fantastique à ses rêves d’autrefois, organisé sa vie en morales et priorités importantes. Mes doigts le délaissent, mais n’ont pas la force de me rejoindre. Ma paume fraîche s’abandonne sur la surface régulière, à mes flans. Mon regard se redresse, mais pas jusqu’à lui. Parce que trop de choses sont difficiles à admettre à ses iris pétillants. Trop de choses sont cachés derrière son cœur palpitant. Vouloir est un bien grand mot, mais la supposition plane dans l’air, des phrases sillonnant dans les airs, au-dessus de nous, au-dessous de la table. Dans notre recoin isolé. Et je prononce ma dernière phrase comme un boulet qui se râpe aux parois de ma gorge, étouffant un sanglot involontaire. Je ne suis pas crédible, illogique. Mais ne reste pas, ne me donne pas de faux espoirs que tu balaieras de la main quand mon nuage sera passé et que ta tempête surplombante réapparaîtra… AMY – « J’crois que tu devrais partir… » |
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Shawn Ross Nombre de messages : 757 Localisation : Directeur du centre Occupation : Délinquant cambrioleur. Humeur : Heartbroken
| Sujet: Re: « don't you ever wonder how we survive » Amy & Shawn 12.11.11 3:54 | |
| « Il avait qu’à pas mourir. »
Je fronce les sourcils, le cœur quelque part sur le plancher. Ça n’est pas ma Amy. C’est sa peine qui parle. Bien sur qu’elle ne lui en veut pas d’être mort, comment pourrait-elle. Elle se sent simplement abandonnée, ou peut-être qu’elle aurait voulu être là pour lui, je ne sais pas, c’est dur de comprendre à quel point elle l’aimait. Tous les « au moins il n’a pas souffert » de ce monde ne pourront jamais atténuer le manque. C’est un trou dans son cœur, il faut seulement apprendre à vivre avec. Jamais rien ne viendras remplacer celui qui l’aime et la comprends depuis les premiers jours de sa vie. Même moi, je ne peux pas compétitionner avec ça. Alors je la laisse parler. Parce qu’on ne dit pas à quelqu’un en deuil, qu’elle ment. Et puis, qui je suis, pour lui reprocher une chose pareille. L’ironie serait si palpable qu’elle pourrait former une vitre entre nous deux. Alors je me tais, et je me dis que ça ne valait pas la peine, que j’aurais préféré ne pas revoir Amy, plutôt que de la voir comme ça. Que je préfèrerais mille fois lui redonner son grand-père, et subir son absence dans ma vie. À travers notre silence, les pas se font entendre, les conversations déprimantes nous entourent, la mort se sent à plein nez, et je suis soulagé de ne pas avoir à embrasser la famille, et à distribuer des condoléances, alors que la seule pour qui je suis vraiment désolé, c’est Amy.
« Personne sait comment dire au revoir. Moi incluse. Alors on suppose que si les gens font ainsi, ça doit être ça, la solution. J’crois qu’au final, on n’est simplement pas prêts à dire au revoir. Il était debout, à murmurer une chanson, respirant la santé, il y a même pas une semaine… »
Réveille, ma belle. C’est pas parce que les gens font quelque chose que c’est bien. Célébrer la mort. Cette réunion morbide. Tu crois que c’est parce que c’est bien ? Ou parce qu’ils veulent seulement suivre les conventions. Parce qu’on les a trainés au salon mortuaire chaque fois que quelqu’un est mort et qu’ils croient que c’est normal de se sentir si misérable à chaque condoléance trop peu sincère. Mais tu sais mieux que ça, c’est toi la reine d’être toi-même, prends seulement le temps de respirer pour t’en rappeler. Le monde est un peu trop terne sans toi, ne le laisse pas t’arracher tes couleurs. Tu savais mieux que personne, dessiner ma vie aux marqueurs de toutes les teintes. C’était le mieux je crois, quand on était toi et moi. Pas nécessairement amoureux, quoi que je ne me souviens pas de ne pas t’avoir aimée, mais juste ensemble. Si j’avais le courage de t’arracher à ce maintenant qui ne fait qu’amplifier le pire moment de ta vie, je le ferais, mais je ne m’en sens pas le droit.
« J’suis contente que tu sois venu, Shawn, mais… J’peux pas. J’pleure pour lui, aujourd’hui, et j’peux pas penser à nous. »
Wow, comment est-ce qu’on est passés de la mort à se quitter. Je fronce les sourcils, incertain de comprendre ce qui vient de se passer dans la tête d’Amy. J’aimerais juste qu’on reste là, qu’elle me parle de n’importe quoi, triste ou joyeux, je peux tout entendre. Tout ce qui se passe entre ses deux oreilles, tout ce qu’elle ne peut pas dire aux autres. Toutes les folies qu’elle voudrait crier au monde entier parce qu’il n’est plus là pour l’écouter. Peut-être que je ne suis qu’un égoïste de première, mais malgré la partie de moi qui voulait la revoir comme si ma vie en dépendait, le reste de mon être voulait simplement être là, peu importe qu’elle me pardonne ou pas. Je m’en ferai toujours pour Amy, même si plus jamais elle ne m’aime. J’ai peut-être grandis un peu, durant notre période froide, l’antarctique ouais. Mais aujourd’hui ça ne change rien, on fait une pause de tout ce que j’ai fait de mal, de tous mes secrets. Il y a autre chose que moi, que nous, et je le sais, j’ai eu six mois pour le réaliser. On ne parle pas de trois jours, parce qu’un laps de temps aussi minuscule, je crois que j’aurais pu faire semblant d’être désolé, que j’aurais pu dire n’importe quoi pour la ravoir. Mais pas aujourd’hui, pas maintenant.
« J’crois que tu devrais partir… » « Okay, si tu veux que je parte, je vais partir, mais pas parce que t’as peur d’avoir besoin de moi. Je demande rien, y’a pas de nous aujourd’hui, je le sais bien. »
Je me tape la tête dans les mains, sachant très bien que mes mots ne sont pas sortis comme il le faudrait. Peut-être un mauvais réflexe, de ceux qui cherchent la pire des excuses pour reste là, encore un peu. On ne fait rien de mal, on est simplement dans notre monde. C’est mieux que là haut, c’est juste. C’est probablement le fait qu’elle m’ait serré contre elle, quand elle m’a vu arriver, et le fait qu’elle m’ait trainé ici par la main, mais je ne comprends pas. Elle a le droit d’être insensée. J’aimerais juste être celui qui comprend malgré tout, qui sait ce que ça fait. Mais je ne sais pas. Mes grands parents, ils sont morts quand j’étais tout petit, mes parents ne m’ont même pas laissé aller aux funérailles. Pas un endroit pour les enfants, qu’ils ont dit. Alors la seule personne qui pourrait me faire aussi mal à mourir, ça serait Amy. La seule pensée d’exister dans un monde sans elle me donne la nausée. J’ouvre la bouche, pour couvrir les bruits ambiants, sans vraiment choisir mes mots, parce que je n’arrive plus à être comme il faut.
« Je sais pas comment dire, t’as un passe droit aujourd’hui. Parce que si j’étais à ta place, je te voudrais avec moi, peu importe ce qui s’est passé entre nous. »
Je me relève, m’assieds, me recroqueville le plus que je peux sans me cogner la tête sur la table, histoire de ne pas être couché par terre, comme le dernier des imbéciles. J’inspire, essayant de mieux choisir mes mots, de ne pas me mettre Amy à dos. Je veux juste que maintenant, on soit du même côté, rien d’autre n’a d’importance. Je ne te demande pas de sourire ou de m’aimer. Je peux même servir de punching bag, tu sais. Alors, t’en dis quoi, ma belle, juste maintenant, et après, je te laisse vivre en paix, je te laisse choisir si un jour tu veux me revoir ou pas. Mais maintenant, tu veux vraiment être seule, entourée de tous ces gens ?
« Alors t’as le choix, je peux partir, ou je peux rester. Je peux même m’asseoir dans un coin, en attendant que t’aie besoin d’une pause des condoléances et tout ça. Je suis tout petit, je te jure. »
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| Sujet: Re: « don't you ever wonder how we survive » Amy & Shawn 20.11.11 21:55 | |
| SHAWN - « Okay, si tu veux que je parte, je vais partir, mais pas parce que t’as peur d’avoir besoin de moi. Je demande rien, y’a pas de nous aujourd’hui, je le sais bien. » Je mélange ce que je veux dire et ce que je veux entendre. La collision de mes pensées se bloque à ma gorge, la respiration rauque, presque souffrante. Mes poings se glissent entre mes dents, me ronger la chair à défaut de supporter la réalité. Je n’ai pas peur, je n’ai pas honte. J’ai mal. Durement, le cœur pressé, les souvenirs tailladés, le vide qui m’englobe. Pas comme toi, petite âme fébrile qui craint les remarques, la réputation. À choisir, je t’aurais choisi toi, plutôt que mon acceptation sociale. Ta fuite a niché dans ma tête trop longtemps, alternant entre l’incompréhension et la déception. À juger tes actions, à réviser mes demandes. Ma mâchoire tremble, à trop forcer, à trop pleurer. Des larmes voudraient quitter mes yeux, mais ne font que perler ma vision, simplement. Je relâche mon étreinte, sensation étrange de m’enfoncer sous terre. Mes poings restent coincés, les os figés dans la froideur de mon être. Je tourne les yeux vers lui, vers les phrases qui écoulent le temps, gardent sa présence à mes côtés. Mais le temps, ça ne se gagne pas, ça se gaspille et se perd. SHAWN - « Je sais pas comment dire, t’as un passe droit aujourd’hui. Parce que si j’étais à ta place, je te voudrais avec moi, peu importe ce qui s’est passé entre nous. » J’assimile ce qui se dit, la formule des mots qui résonne entre mes oreilles qui cillent. J’entrouvre les lèvres, prête à souffler « peu importe » entre mes lèvres craquelées. Je corrigerais ta phrase, version amochée de ma véritable réalité. La dernière phrase - passée le « parce que » et le « si » qui conditionnent la remarque - résumerait le tout, l’ensemble. Pas d’introduction qui exclu tout le reste. Je te voudrais avec moi, tout le temps. Mais malgré son slogan accrocheur, « vouloir, ce n’est pas pouvoir. » Il réalise peut-être, sent les frémissements de mon être, le regard de dégoût égaré dans le flou de mes idéaux. Son métabolisme se redresse, recroquevillé sous mon bouclier minable contre le monde en deuil qui absorbe mon énergie et mes pleurs. Je l’imite, assis, comme une gamine influençable et fixe mes pieds, étalés sans vie devant moi. Mon dos courbé, partiellement tangent au gypse qui me maintient à la verticale, j’inspire et expire - fonction que j’oublie soudainement, trop délaissée de ma tête et de mon subconscient. SHAWN - « Alors t’as le choix, je peux partir, ou je peux rester. Je peux même m’asseoir dans un coin, en attendant que t’aie besoin d’une pause des condoléances et tout ça. Je suis tout petit, je te jure. » AMY – « J’arrive pas à choisir, Shawn. J’ai l’impression que peu importe ce que je te demande, ça va être une erreur. Que j’vais regretter, anyway. Si… Si tu pars, je… J’veux pas être toute seule, j’veux mon meilleur ami. J’veux que tu sois là. Mais ça durera pas. Et, et, tu peux pas vraiment rester... » Chaque mot se grave entre nous, déviant contre une vitre imaginaire qui nous sépare. Ça n’est plus « nous », ces versions individuelles égoïstes qui ne s’agencent plus. Mon ton se brise, perdure pourtant. Parce que le silence éternise mes feintes de voix, et que supporter le chaos de moi-même, ça n’est pas vraiment mieux. Le tissu de ma robe danse entre mon index et mon pouce, l’angoisse transpirant à travers mes pores. Être inactive, à supporter ma vie me panique. J’voudrais le gifler, ou hurler à en perdre la voix, à en casser ses tympans. Ça ne changerait rien, mais ça enfouirait les autres problèmes sous une couche différente. Ma mâchoire tremble, littéralement, mes dents claquant, sec et durement. Le froid me gagne, loin de ses bras d’autrefois. Tout est si différent. D’une variante qui ne m’intéresse pas. Je découle des répliques, flot constant qui s’échappe de moi, avec l’étrange impression qu’un nuage de buée glissera entre mes lèvres. C’est l’hiver, ici, maintenant. Une douleur, un malheur ressurgit et je l’alimente. Le cœur pincé à chaque son. AMY – « Tu sais, jt’ai dit « non », alors tu fais pas partie de ma famille et t’as pas à être ici… Tu sais ce que je veux, tu l’as toujours su. Mais… tu, t’es jamais revenu, Shawn. Et je t’ai attendue, toi et tes réponses. » Ça me surpasse, ça m’emporte. Tu aurais dû me dire. Surtout après, après m’avoir perdu, quand plus rien ne nous rattachait. Risquer ton lourd secret. Parce qu’on s’était toujours dit que ça ne nous changerait pas, tous ces trucs débiles. On se comprenait, d’un talent inné. Et sentir ce sentiment perdu si loin, ballottant à la dérive. Tu aurais dû me noyer, ou ne jamais m’entraîner dans les eaux vives. Tu aurais dû, et tu devrais encore. Et mes pensées se frappent à ma boîte crânienne, au travers du désordre habituel de mes raisonnements. Être debout, je courrais. À perpétuité, le souffle court, les jambes mortes. Pour m’éloigner de tout, de mon existence et recommencer avec les défauts en moins. Mais je suis toujours agrippée au tapis, les paumes à plat, le regard soutenant ses iris attristés. Et ma voix hurle, hors de notre monde, résonne dans la salle entière. Un choc de plus pour eux, pauvres petites victimes qui déambulent sans raison. Tu ne dois plus être ici, Shawn. Tu n’aurais jamais dû venir, finalement. J’aurais subit un moment terrible, ruiner par les traditions collectives, j’aurais probablement pris mon courage, aurait réussi à voir sa débouille maquillée qui dormait paisiblement dans un cercueil de bois verni. Des gouttes salines glissent contre mes joues, sans fin, chutant de l’arcade de mon menton pour s’éteindre au creux des plis de tissu. Je pleure, la gorge serrée sur les mots qui se faufilent et se dresse entre nous. Je voudrais t’aimer comme avant, mais la haine est plus facile, alimentée par mes pleurs épuisés. AMY – « Pourquoi ? Pourquoi maintenant. Tu réapparais, mais pas pour ça, pas pour régler rien, évidemment. Et j’voudrais être heureuse, pouvoir passer à autre chose, tourner la page, whatever. MAIS MON CŒUR EST DANS UN FUCKING MALAXEUR, RIGHT NOW ! ALORS NON, SHAWN, TU N’ES PAS TOUT PETIT ! » [ C'est moche, je suis pas du tout convaincue, sorry. --' ] |
| | | REBEL ; without a cause - Admin
Shawn Ross Nombre de messages : 757 Localisation : Directeur du centre Occupation : Délinquant cambrioleur. Humeur : Heartbroken
| Sujet: Re: « don't you ever wonder how we survive » Amy & Shawn 27.11.11 0:33 | |
| « J’arrive pas à choisir, Shawn. J’ai l’impression que peu importe ce que je te demande, ça va être une erreur. Que j’vais regretter, anyway. Si… Si tu pars, je… J’veux pas être toute seule, j’veux mon meilleur ami. J’veux que tu sois là. Mais ça durera pas. Et, et, tu peux pas vraiment rester... »
Je ferme les yeux, ne voulant pas entendre. Mes sens sont engourdis et je ne veux pas comprendre le sens de ses paroles. J’aurais simplement voulu qu’elle pleure un peu, que je caresse ses cheveux, m’assurer qu’elle finira par bien aller, et partir avant de plus en avoir le courage. Mais même ces quelques minutes ont mis à néant le sevrage que j’avais commencé à notre rupture. Parce que c’est le mot exact. Rupture, coupure, déchirure. Soudain, d’un coup, elle n’était plus dans ma vie. Et je veux être là et c’est bien que me souhaite ici, mais c’est le reste. De devoir penser à plus tard. Au moment où je ne voudrai plus la quitter. Parce que le fil de ses paroles fait rapprocher ce moment là et que j’en crève lentement, mon cerveau tentant de trouver une solution, négociant avec moi-même quelques minutes supplémentaires en présence d’Amy. Juste cinq, ou le temps d’un café. Pourquoi pas un petit tour dans les rues, ou un encas quelque part. De simplement imaginer un peu plus, j’en voudrais toute une vie. Bien sur que je peux rester, ma belle. Je suis là, et le monde n’a pas encore explosé, le ciel ne nous est pas tombé sur la tête. J’ai le cœur en feu, alors qu’il était brûlé par le froid de la solitude il y a si peu de temps.
« Tu sais, jt’ai dit « non », alors tu fais pas partie de ma famille et t’as pas à être ici… Tu sais ce que je veux, tu l’as toujours su. Mais… tu, t’es jamais revenu, Shawn. Et je t’ai attendu, toi et tes réponses. »
Je ferme les yeux, captif. Mon instinct de préservation avait espéré que le sujet ne soit pas abordé, qu’on laisse filer nos anciens maux, que tout ce qui n’est pas résolu soit oublié. Je me mords les lèvres, le cœur gros. Je ne t’ai peut-être pas attendue, Amy, mais je t’ai vue chaque jour. Dans les rues, à travers tout ce qui me fait sourire, en cette fille qui portait le même t-shirt que toi. Dans les publicités du journal quand il y avait des dessins. Les choses les plus anodines et les plus fortes. Je vivais avec ton fantôme, dans l’espoir que tu me reviennes, que tu puisses me pardonner, que tu puisses accepter que je ne serai jamais celui que tu voulais, celui que tu croyais. Que ma parole puisse compter pour les questions sans réponses. Que le fait que je t’aime puisse compenser pour le reste. Parce que si quelque chose est bien clair pour moi, ma belle, c’est que je t’aime. T’es la seule belle chose dans ma vie. La seule qui existe à mes yeux. Le monde est vide sans toi, et je crève un peu plus chaque jour. J’essaie de me faire croire que je vais bien, que je vais quelque part, alors que je sais maintenant que ma vie c’est toi. . . c’était toi . . . Même dans l’absence, tout tourne autour de toi. C’est pathétique, je sais, mais je ne sais pas vivre autrement.
« Pourquoi ? Pourquoi maintenant. Tu réapparais, mais pas pour ça, pas pour régler rien, évidemment. Et j’voudrais être heureuse, pouvoir passer à autre chose, tourner la page, whatever. MAIS MON CŒUR EST DANS UN FUCKING MALAXEUR, RIGHT NOW ! ALORS NON, SHAWN, TU N’ES PAS TOUT PETIT ! »
Et puis mon cœur se brise encore un peu, parce que tout ce que j’ai réussi à faire c’est de nous rendre tous les deux misérable. Je voudrais hurler, me tenir la tête dans les mais, et hurler, mais ça ne se fait pas en publique et surtout pas dans des funérailles. Alors je coince l’air dans ma gorge, m’asphyxiant au passage. Mes jointures craquent sous la pression. Je regarde ailleurs. Qu’ils se demandent tous qui sont les deux enfants qui font tout ce boucan sous la table. Qu’ils ne sachant pas que la seule chose dont j’ai vraiment envie, c’est de ne jamais la quitter. Mais que ça vas me tuer de le faire, de la laisser là, parce que je n’aurai rien de plus à lui donner. Je n’ai rien. Je suis vide, je ne suis personne. C’est pas compliqué, elle ne le sait pas, mais elle est mieux sans moi.
« Pourquoi ? . . . » Mes mots étranglés sortent étrangement, mais je continue, à voix basse, ses dents serrés. « Je sais pas Amy, parce qu’il me fallait une excuse comme une autre. Parce que je te vois partout. Je ne peux pas marcher dans la rue sans me retourner chaque fois que je croise une petite brune, dans l’espoir que ça soit toi. Parce que j’en peux juste plus. C’est probablement pas juste, et je voudrais tellement, tellement, que tu sois heureuse. J’aurais voulu te croiser dans le rue et te voir sourire, pour pouvoir me dire que c’était pour le mieux, que si au moins j’étais misérable, tu ne l’étais pas. »
Je me mord l’intérieur des joues, le cœur au bord des lèvres. Je n’ose plus la regarder. Je veux ma meilleure amie, qui aurait tout écouté, qui aurait tout compris. Qui m’aurait dit la vérité, sans être biaisée. On était bien, nous deux, Amy. Et j’ennuie de nous, à en crever. Je soupire, sachant très bien que je m’étais promis de pas aller là, mais voilà, j’y suis et elle demande. Alors je ferme les yeux. C’est pas bien compliqué, c’est même tellement évident que ça crève les yeux. Je me lance.
« Parce que tu me manques, Amy . . . Tu me manques à en crever, ok ? »
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