Chapitre 1 – la petite sœur
Être enfant, c’est le bonheur. On croit être Peter Pan, et la seule chose qui compte c’est de retrouver Wendy et de ne jamais grandir. Ma Wendy à moi, c’était Joey, ma petite sœur. La plus petite des blondinettes. Pas plus lourde qu’une plume, toujours sur mes talons à partager les aventures les plus folles, du haut de la cabane dans l’arbre. C’était un château, un vaisseau spatial, un refuge pour nos rêves les plus fous. On passait nos journées là haut, la tête dans les nuages, le cœur dans l’irréel, puis on filait au lit, simplement pour se cacher sous les couvertes et se raconter toutes les histoires que nous n’avions pas eu le temps de vivre. On revenait sales et avec des coupures partout, s’était battus avec des Aliens, ayant sauvé les enfants emprisonnés. Notre bateau pirate, c’était un endroit où maman ne venait pas. Elle n’avait pas le droit. Notre beau père l’avait construit, et même si je leur ai fait la vie dure, c’était un homme bien. Mon père à moi, je ne l’ai jamais connu. Enfin, j’ai le souvenir d’une silhouette, quelque chose de flou, mais maman a toujours refusé de me parler de lui, alors je brisais des choses, je lançais au mur tout ce qui me passait sous la main. Ce qui me surprend, c’est que Joey n’ait jamais eu peur de moi. Elle a vu mes pires côtés, mes pires colères, mes crises, et tout ce qui fait que suis loin d’être fréquentable. Mais elle, c’est autre chose. Elle me regardait comme si j’étais un prince, comme si jamais je n’avais tord, comme si on passerait notre vie ensemble, à jouer à imaginer un autre monde. Un autre monde, j’en avais toujours rêvé. Sortir de ce trou, sortir de cette ville, m’enfuir ailleurs, sans jamais me retourner. Certains ont des fantasmes de rockstar, le mien c’était une vieille bagnole et la liberté de faire ce qui me plaît. À l’école, j’étais l’emmerdeur numéro un. Celui qui fait rire les demoiselles et qui est toujours au centre des bagarres. Je ne me suis jamais bien entendu avec les autres gamins, trop con et vantard pour qu’ils me trouvent sympathique. Ça n’est pas grave, j’avais mes rêves et un futur loin d’ici. À l’adolescence, ça a été la guerre froide entre moi et ma mère. J’ai découvert bien des choses sur ce père qu’elle me disait être mort. Il était vivant et en prison. Ça a été le début des soirées de folie, des clopes au bord de la bouche, de l’attitude de connard. J’en suis venu à être un peu trop saoul, à fumer beaucoup trop, à baiser celles qui le voulaient sans jamais les rappeler. Je me suis ramassé quelques gifles et quelques baffes de leurs copains, sans jamais broncher. J’étais un enfoiré et ça me convenait. Ma petite sœur dans tout ça, elle m’aimait encore gros comme le monde. C’était tout ce dont j’avais besoin, de sa petite tête blonde qui s’accotait contre mon épaule avec confiance. Je séchais ses larmes comme elle réchauffait mon cœur.
Chapitre 2 – la princesse
Lux, meilleure amie de ma Joey. Une petite rousse qui me regardait en bégayant. Elle n’était qu’une gamine. Je ne la voyais pas vraiment, elle et ses joues rougissantes. Si j’avais su que c’était moi qui lui faisait cet effet. Après des années à accumuler les conneries, je me suis retrouvé à regarder les étoiles avec elle, et je me suis dit que ça devait être ça, le bonheur. Elle ne demandait rien, mais je lui aurais tout donné. Pas ce soir là, mais quelques jours plus tard, j’ai trouvé le courage de l’embrasser, ébloui parce que je voyais dans ses yeux. C’était une gentille fille, un ange. Elle rêvait du grand amour, du prince charmant, et à ma grande surprise, je l’ai traitée en princesse, délaissant la plus part de mes emmerdes et mes coups d’un soir. S’aurait pu être parfait, mais Joey était contre. Ma petite Joey, qui savait pertinemment que j’allais briser le cœur de Lux. Elle n’a pas eu tord. Elle a même été la plus brillante. Lux a tout lâché pour moi, pour nous. Sa meilleure amie, ses parents, personne ne voulait la voir avec moi. Maintenant je sais qu’ils avaient raison. Ce que j’ai su par la suite, c’est qu’elle m’aimait depuis toujours. J’étais son premier amour. On a rêvé ensemble durant plus d’un an. Sa présence m’a empêché de partir vers l’inconnu, abandonnant tout derrière. Elle me retenait, mon ancre, ma princesse, mon amour. Pourtant ce qui devait arriver arrivas, après une nuit à deux, une nuit parfaite, sa première fois, rien n’a plus été pareil. Je ne pouvais plus réprimer cette envie de liberté qui m’asphyxiait, qui m’empêchait d’avancer. Je ne pouvais plus être tout son monde. Je n’en pouvais plus. Alors je suis parti, quelques jours plus tard, sans même lui dire au revoir.
Chapitre 3 – l’aventure
Je me suis retrouvé, au volant de mon chevy’, le visage de Joey hantant mes souvenirs. Je me souviens des larmes ravalées, celles me suppliant de ne pas l’abandonner. Mais je suis parti, sans me retourner, avec la promesse de revenir pour la chercher. Je lui en fais la promesse, mais j’ai cessé de téléphoner après quelques semaines, après avoir réalisé que je ne pourrais jamais lui mentir. Je n’ai jamais pu. Je crache des vérités comme de la fumée de cigarette, celles qui font mal, celles qui écorchent, mais garder des secrets pour la protéger, je n’ai jamais su. Alors je suis parti à la recherche de ce père qu’ils n’ont jamais me voulu laisser connaître. Je ne voulais rien, seulement le rencontrer, savoir qui il est. Je n’étais que le gamin qui rêvait que son père était un héros. J’ai fini par retrouver sa trace. Une prison du Texas où les gardes sont armés jusqu’aux dents, où les barbelés sont présents jusqu’à la frontière, où ils te fouillent jusque dans les oreilles avant de te laisser entrer. Je me suis retrouvé face à un inconnu, et pour la première fois de ma vie, j’avais la trouille. Le regard vide, un sourire effrayant au coin des lèvres. Celui à qui j’avais bâtit une histoire de toutes pièces dans ma tête d’enfant, n’était qu’un monstre. Emprisonné pour avoir violé et tué une jeune femme. Si ça se trouve, il a probablement fait la même chose à maman et s’aurait pu terminer de la même façon. Il n’était qu’un monstre sans regrets. J’ai passé plusieurs mois à essayer d’oublier son visage, même l’abus d’alcool n’apportait que des black out parsemés de rêves cauchemardesques. La drogue qu’une consolation suivie de nuits blanches. J’ai passé trois ans, loin de chez-moi, sachant que je ne pouvais plus faire face à cette famille sans leur infliger le même sort que moi. Avec le temps, les malaises ont passés. J’ai voyagé, rencontré des gens, baisé quelques filles rencontrées dans des bars, et l’ancien Reed est revenu à la vie. Celui qui s’amuse, celui qui vit sans penser à demain. Je suis revenue et je me suis accroché à l’enfoiré que j’ai toujours été sans remords. Mes yeux ont vu le Nevada, les montagnes du Montana, les déserts du Texas, les rues de New York, les hauteurs du Grand Canyon et tant d’autres choses qui ont formé celui que je suis maintenant. J’étais heureux, à rouler sans destination, travaillant un jour de temps en temps, lorsque la tinque de mon vieux chevy était vide. Je n’ai jamais pensé à revenir à la maison. Je ne pouvais pas regarder Joey dans les yeux. Les souvenirs de notre père ne seraient pas restés enfouis à jamais, et elle n’était qu’une enfant. Pourtant, malgré tout, elle a grandis durant mon absence, détestant le monde. Je m’en voudrai toujours pour ça. Elle a perdu cette étincelle d’innocence, elle est devenue forte et combattante. Pourtant, un jour, trois ans plus tard, la vie m’a ramené à elle.
Chapitre 4 – la réalité
Un téléphone, en plein milieu de la nuit. C’est tout ce que ça a pris pour me faire revenir à cet endroit que j’avais évité depuis bien longtemps. Cet endroit que j’avais voulu quitter à tout prix. J’ai pris le volant. Je suis revenu au point de départ. Juste à temps pour enterrer ma mère. Après tant d’années à me battre avec elle, je suis revenu. Elle et mon beau-père, morts sur le coup dans un accident de voiture. Ma petite sœur de dix-sept ans me détestant. La belle vie, quoi! Je me suis retrouvé avec tout ça sur les épaules, avec le peu de conscience que j’ai, je n’avais pas d’autre choix que de rester. Je n’avais plus qu’elle, ma Joey. Malgré les atrocités qu’elle a pu crier, malgré sa destruction méthodique, malgré toutes ces fois où elle a fait comme si je n’existais plus. Je l’avais mérité, pas de question là-dessus. La guerre froide, le feu et la glace, tout ça en même temps. Malgré la haine, on est fait sur le même moule, on se ressemble et je la connais. Parfois je pense même la connaître mieux qu’elle ne se connaît elle-même. Les jours ont passés, et j’ai détruit ce qu’il restait de nos vies. J’ai foutu mon poing au visage d’Ezra, le pauvre enfoiré qui tournait autour de ma sœur, la poussant vers la noirceur, la déchirant un peu plus. J’étais d’une jalousie noire, parce que personne n’a le droit de marquer ma Joey autant que moi. Il était sous sa peau, et je l’ai arraché de là. J’ai aussi revu Lux, pour être happé par tout ce que j’avais laissé derrière. Juste le temps de partager une dernière nuit, avant de la voir se marier, pour me blesser autant que j’avais pu le faire. Elle a gagné, plus jamais je n’aimerai. C’est bien de voir que les choses ne changeront jamais vraiment. Je suis qui je suis et je ne m’excuse pas pour ça.
Chapitre 5 – les cendres
Nos vies étaient sur la ligne. Balançant entre le désastre et l’autodestruction. C’était le genre de situation où tout peut casser d’un instant à l’autre. Il a suffit d’une nuit à la chandelle et tout a changé de direction. Je ne me souviens plus vraiment du pourquoi, mais j’ai eu envie de tout flamber et de disparaitre. Pour Joey qui n’arrivait plus à respirer dans cette ville, et surtout pour moi qui n’a jamais su vivre au même endroit trop longtemps. C’était le temps de se débarrasser de nos encrages, de nos vies détestables. De courir sans jamais se retourner. De réaliser nos plans les plus fous, nos délires d’enfants. De se retrouver, elle et moi, dans un ailleurs où il nous serait possible de vivre. Alors on a mis pêle-mêle quelques trucs dans un sac, avant de mettre le feu. De belles légendes disent qu’on peut renaître de nos cendres. Je souhaite seulement que nos secrets restent bien enfouis sous les décombres. Peut-être qu’ils nous croient morts, peut-être que les assurances nous recherchent, peut être que tout le monde s’en fout, tant qu’il n’y a pas de poussière sur leur très chère pelouse verte. On a troqué le voisinage caustrophobique de notre ville natale pour l’anonymat des grandes villes et l’air des routes qui nous claque au visage. On se remet tranquillement de nos maux, au rythme des aventures à bord de mon fidèle Chevy’ qui aura vu le monde le jour de son aller simple à la ferraille. On a fini par se poser par besoin d’argent, pas par volonté, mais ça fait un moment, qu’on arpente les rues de New York. J’ai troqué mon Chevy’ qui tombait en morceaux contre une moto, tellement plus facile à stationner dans les rues de la ville que ce montre de métal. J’ai fais le deuil de mes trois ans d’exil où je vivais pratiquement sur la banquette arrière. Je travaille plus que je ne l’ai jamais fait de ma vie, et ça paie notre minuscule. Une chambre et un divan-lit au beau milieu du salon. Une petite cuisine en ruines et un réfrigérateur pour entreposer les restes de pizza. La vie suit son cours. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis encore là. À regarder les jours passer. J’ai besoin de quelque chose pour me faire vivre, l’aventure n’est plus assez. La vitesse me calme, le danger m’anime, mais je ferais mieux de trouver un autre passe temps, avant d’y crever.

Joey Armstrong (Skye Ferreira) Joey, elle devrait me détester. On était si proches étant gamins que frère et soeur ça n'était pas un mot assez fort pour nous décrire. Elle était si petite mais si intrépide qu'on s'en balançait qu'elle ne cours pas très vite ou qu'elle soit une fille. Rêver ensemble, ça a été les plus belles années de ma vie. Quand rien d'autre ne comptait que nos histoires dans la nuit. Bien des choses ont changé depuis, je suis parti, je suis revenu, nous avons fini par tout quitter ensemble. Parfois c'est pire, lorsqu'elle me rappelle Lux, lorsque je lui rappelle Ezra, mais on s'en sort, on n'a pas le choix. Il ne nous reste personne d'autre. On s'emmerde pour se dire qu'on s'aime, mais on est deux inadaptés dans un monde de fous, bienvenue dans notre paradoxe.

Bonjour New York, je m'appelle Isa mais je réponds aussi au nom de za. Je suis un-une fille âgé de 21 ans. Mon personnage est un personnage inventé qui porte le visage de Garrett Hedlund. Ce compte est mon quatrième. (Je souffre parfois d'un dédoublement de la personnalité. Vous pouvez me retrouver sous les noms suivants : Shawn Ross, Amber McMillian, Thomas Parker.) J'aimerais terminer en vous disant que Jack vient d'un autre forum qui a fermé. Et qu'il me manquais atrocement. Alors le voilà, lui et sa soeur.