Love in New York
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 « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn

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REBEL ; without a cause
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Shawn Ross

Shawn Ross

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MessageSujet: « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn   « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn Icon_minitime111.10.11 22:44


God know we're lonely souls

Je suis un passant, je déambule comme d’autres existent. Mes pensées tournent autour d’une vie que j’invente des mes idées de grandeur. Je rêvais d’Amy à mes côtés, d’une grande maison pour contenir nos enfants, d’être heureux sans mais, sans peut-être, sans questions. Mais la question qui nous a tués, c’est celle que j’ai posée. De lui demander d’être mienne pour le restant de l’éternité, alors qu’elle n’a jamais su qui j’étais vraiment. L’ironie de ma perte me ronge un peu plus chaque jour. À quoi bon la protéger à distance si je lui enlève le choix de m’aimer tel que je suis. Est-ce qu’elle m’entend, alors que je murmure son nom dans la nuit, seul de n’être que moi. J’en viens à remuer cette haine de mes parents, pour qui rien n’était jamais assez bien. Ils seraient bien fiers de mon malheur, ceux là même qui croyaient que je n’aboutirais à rien de bon. Bravo à tous, d’avoir parié sur le bon cheval, le plus grand, le plus fort. Le premier fils, celui qui ne décevra personne, celui qui n’existe pas vraiment. Le héro des masses, le justicier d’une ville en perdition. Je suis le vilain dans ce scénario en noir et blanc. Celui qui sort la nuit pour commettre l’injustice. J’emmerde mes parents, les coupants de mes pensées comme je les ai coupés de ma vie.

Rien n’est jamais assez grand pour moi. Jamais assez d’air pour respirer à mon aise. Il me manque quelque chose. Me voilà devant l’immensité de l’eau, ayant marché dans le sens inverse de ce parc central à ma vie, de central park, l’endroit où je fais vivre et revivre mes souvenirs d’Amy. Central Park loin de mes pieds, je me suis essayé à l’oublier, mais rien n’y fait. Je retourne aux endroits où nous nous sommes déchirés, reconstruits et enfin détruits. On y était, sur cette plage, en pleine nuit, et mon cœur est à vif, blessé par mon passé.

Je soupire, avec l’envie de balancer un coup de pied à l’univers, de l’aveugler d’une poignée de sable, de le blesser comme la vie me blesse. Je pourrais grogner, me prendre la tête dans les mains, hurler un peu, sachant très bien que je ne me sentirai pas mieux. Mes doigts se crispent et je décide que c’est assez, que j’en ai marre d’être posé, d’être mature, de penser avant d’agir. Je veux être le petit con qui n’avait peur de rien, celui de seize ans qui se voyait le roi du monde. Je voudrais renvoyer par la poste mes pensées désabusées. C’est assez!

Je m’avance vers l’eau, tout habillé, pour lui donner ma façon de penser. Spectatrice de mes débâcles, elle me nargue de son immobilité. Je vais détruire sa surface plane et glacée. Un pied, et puis l’autre, jusqu’à être submergé, une tempête qui vas ravager sa tranquillité. J’en viens à faire quelques vagues et à être trempé, et je me sens con de m’être laissé emporté. Maintenant je gèle et j’ai perdu le peu de dignité qu’il me restait.

Une jolie blonde semble sortie d’une photographie. Ses cheveux virevoltant aux vents, un sourire rêveur cousu à ses lèvres. Avec tous mes éclats, elle m’a surement remarqué, autant lui dire la vérité.

« Non non, je ne suis pas cinglé, juste un peu détraqué. »
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Lexie Van Kaes

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MessageSujet: Re: « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn   « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn Icon_minitime111.10.11 23:52


« J'ai perdu mes chaussures, c'est malin. » Regardant autour d'elle, elle frappait dans le sable, à la recherche de ses souliers, sans se rappeler où elle les avait posés. Elle avait croisé Billy un peu plus tôt sur la page, et ils s'étaient assis un moment. Elle avait tout simplement dû oublier de les reprendre, en se relevant.

Billy marchait toujours de travers, dans son grand manteau rapiécé et son grand chapeau qui sentait mauvais. Il n'arrivait pas à aller droit, et c'était quelque chose d'assez drôle à voir. Elle lui avait demandé, une fois, pourquoi il ne marchait jamais droit. Il avait simplement répondu : « Pour pas avoir froid. » et n'avait rien dit d'autre, après ça. Elle n'avait pas vraiment compris, et ne l'avait pas revu depuis.

Et puis, elle l'avait tout juste croisé, lui, son chapeau et son manteau, alors qu'il ramassait des ordures sur la plage, il y a une heure de cela. Quand elle lui a demandé pourquoi il ramasser les ordures sur la plage, il lui avait dit « Fillette, faut respecter la plage. » Elle avait froncé le nez, penchant sa tête sur le côté. Et dans un rire, il avait rajouter : « Puis ramasser ces saloperies me rapporte assez d'piécettes pour ach'ter un peu d'vin. P'être même du bon, c'te fois. » Elle a rit, puis a pensé au vin qu'il achèterait, avec l'argent qu'il gagnerait grâce à ça. Et, en mordant sa lèvre, elle comprit enfin pourquoi il ne marchait jamais droit, et sentait toujours le vin sans ressentir le froid.

Toute à sa fierté d'avoir ainsi trouver la réponse à la question qu'elle se posait, elle avait sorti les loukoums qu'elle venait d'acheter, avant de venir se promener ici. Alors ils s'étaient assis dans le sable pour les manger, jusqu'à en avoir le ventre tout gonflé. Ils les avait tous finis, sauf deux d'entre eux, qu'ils étaient incapables d'avaler. Alors Billy les a mis dans l'une de ses poches, en promettant de les manger pour le diner. Et en se promettant de l'inviter à manger chez elle très bientôt, elle l'avait regardé partir de sa démarche incertaine, le rire aux lèvres.
Sauf que, maintenant, elle avait perdu ses chaussures et ne parvenait plus à les retrouver.

Elle a enfoncé ses pieds plus profondément dans le sable, et a essayé d'avancer, tout en les gardant fermement enlisés. C'était assez amusant, et elle en oublia ses souliers, l'espace d'un instant. Elle porta une main à son ventre, riant doucement de le sentir si gonflé sous ses doigts. Elle avait vraiment trop mangé, et son estomac lui faisait un peu mal.

Elle pensa à un grand verre de lait chaud avec du miel, pour faire passer son mal de ventre, mais surtout parce qu'elle adorait ça. Songeant à abandonner ses recherches qui, de toute façon, semblaient ne mener à rien, elle sortit ses pieds du sable, prête à faire demi tour, lorsqu'il vit un homme seul, en train de nager.

Elle sourit, pensant que la mer avait l'air bien moins seule, grâce à lui. Elle semblait vivante, à nouveau, même sans soleil ni personne d'autre qu'elle et lui pour la voir.
Et puis, l'homme l'a vu. Elle a voulu baisser la tête, un peu honteuse de s'être fait prendre à le regarder, avec le sentiment oppressant de l'avoir espionné. « Non non, je ne suis pas cinglé, juste un peu détraqué. »

Elle a rit, d'un grand rire d'enfant, avant de se rapprocher de l'eau, jusqu'à en avoir les pieds trempés. « J'avais peur que vous puissiez m'en vouloir surtout, de vous avoir regardé... Ca avait l'air un peu intime, ce que vous faisiez, comme si... » Elle fronça les sourcils, ne sachant pas vraiment comment finir sa phrase. « Enfin, parfois, les gens crient sans raison, vous voyez ? »

Elle a continué d'avancer, s'immergeant dans l'eau jusqu'à la taille, avant de rire à nouveau. « Quand j'étais petite, ma mamie disait que la mer et le soleil étaient amoureux, et que lorsqu'il se couchait, les soirs, il allait la retrouver. Et que c'était pour ça que les jours où on ne le voyait pas, la mer était si froide. Parce que ça voulait dire que le soleil ne la rejoindrait pas, le soir. » Dans un frisson, elle a continué sa progression de quelques pas encore, avec l'impression d'avoir elle aussi, permis à la mer de ce sentir moins seule. Peut-être connaissait-il aussi cette histoire, et peut-être était-il là pour remonter le moral de la mer en s'y baignant, comme elle aimait le faire, quand elle était enfant.

Elle s'est tourné vers l'homme, qui ballotait, dans le coin de l'œil, un sentiment étrange. Il était beau, avec ses grands yeux et son air tourmenté. Ca aurait été insensé, de le laisser seul dans la mer, comme ça. Surtout qu'un homme seul dans la mer, alors qu'il vente si fort, ce n'est pas banal, comme histoire, surtout s'il ne connaissait pas celle de sa grand-mère. Elle a pensé que c'était quelque chose de programmé, et que le Destin l'avait voulu là, pour qu'elle puisse le rencontrer. « J'ai toujours trouvé cette histoire très jolie, c'est pour ça que, quand il ne fait pas beau, je vais à la mer. Mais je ne veux pas vous déranger. » Surtout que se baigner avec ses vêtements ne la dérangeait pas. Mais elle ne retrait jamais dans l'eau avec ses chaussures, ce serait insensé, de faire ça. Alors, elle se dit que perdre ses chaussures étaient aussi programmé, et qu'elle les retrouveraient surement, lorsqu'elle sortait de l'eau. « Vous voulez que je sorte ? » Même si... Elle ne voulait pas les retrouver tout de suite, en vérité. Elle préfèrerait rester encore un peu.
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MessageSujet: Re: « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn   « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn Icon_minitime112.10.11 3:25

Ma vérité résonne contre les parois de ma vie qui se rapprochent lentement, pour m’étouffer. Je me noie dans mes histoires, construisant de toutes pièces celui que je veux être. Présentant un être différent à chacun de ceux qui attendent quelque chose de moi. Pas étonnant que je ne sache plus qui je suis. Je suis étiré entre les réalités parallèles, si loin de chacune d’elles que je ne touche plus au sol. Rien ne me retient, pas même la gravité, de dériver. Ça me rends triste de voir que mes grandes idées, mes folles aventures, n’existeront jamais. Je m’étais bâtis toutes ces ambitions, toutes ces attentes, pour me décevoir, pour m’abattre de ma propre morosité.

Je gèle comme un con, sous le regard d’une demoiselle presque incongrue dans le gris du paysage. Elle respire les couleurs. Le sable pourrait danser sous ses pieds que je n’en serais pas surpris. Ça m’enfonce dans ma triste folie, de voir un ange dans mon enfer. Elle s’avance vers moi, et je voudrais lui dire d’arrêter, que je ne suis bon qu’à détruire, qu’à mentir, qu’à décevoir. Pourtant les mots restent coincés entre mes lèvres et sa voix cristalline valse avec la brise qui la décoiffe gentiment.

    « J'avais peur que vous puissiez m'en vouloir surtout, de vous avoir regardé... Ca avait l'air un peu intime, ce que vous faisiez, comme si... Enfin, parfois, les gens crient sans raison, vous voyez ? »


J’ai envie de rire, juste de rire. De moi et de mes idées ridicules. De sa douceur et de son innocence. Comment lui en vouloir d’être vivante alors que je ne le suis que si peu. Ses yeux brillent de je ne sais quelle nostalgie qui la fait vibrer. Me voilà intrigué, de la trouver sur mon chemin, cette jeune femme qui s’en fait pour ma paix, pour mon intimité. C’est New York, ici, ma jolie. Les endroits publics ont toujours été mis sous contrat de nous dépouiller de nos droits humains. Voilà pourquoi c’est chacun pour soi.

Les gens qui crient sans raison ? Exemple premier : mes parents. Je vois, alors je hoche la tête, encore un peu perdu dans tous ces mots pour lui répliquer quelque chose. Ça fait trop longtemps, je crois, que j’ai eu une conversation avec une autre âme. Entre mes alter-égos et le fantôme d’Amy, j’étais coincé dans un ailleurs. Entre la pire des réalités et les plus beaux des souvenirs.

Mes yeux clignent à chaque pas qu’elle fait vers moi, à travers l’eau. Ma folie me fait probablement don d’un mirage. Une poupée de chair qui n’a peur de rien. Une demoiselle si intrigante que j’en oublie l’incongruité de la situation.

    « Quand j'étais petite, ma mamie disait que la mer et le soleil étaient amoureux, et que lorsqu'il se couchait, les soirs, il allait la retrouver. Et que c'était pour ça que les jours où on ne le voyait pas, la mer était si froide. Parce que ça voulait dire que le soleil ne la rejoindrait pas, le soir. »


J’aimerais que mes mensonges soient aussi beaux que ses vérités. Ça ne peut qu’être vrai, si sa voix d’ange le dit. Je veux y croire, à ses paroles, à cet amour stellaire. J’ai des étoiles au fond des yeux. Personne ne pense à distribuer du rêve aux grands garçons. Je suis comme cette mer glaciale, coupé d’Amy depuis trop longtemps. J’ai besoin d’un soleil pour être réchauffé, pour être ranimé. Avec ses jolis cheveux blonds, qui maintenant flottent autour de ses épaules, elle pourrait être un astre cette vie contagieuse, prise dans un si petit corps que c’en est presque marrant.

La voilà qui patauge, ondule avec le courant. J’aimerais être aussi léger et ne pas avoir les pieds comme deux blocs de ciment, plongés dans le sable trempé. Elle qui pensait me déranger, j’aimerais lui rendre la pareille, m’excuser de la regarder. Je suis hypnotisé, et ça me fait frissonner. Elle est entrée dans ma vie sans me prévenir, juste pour me sortir de cette apathie. Merci, ma jolie, d’avoir le cœur de te tremper, de vivre si proche de moi que j’ai envie d’essayer.

    « J'ai toujours trouvé cette histoire très jolie, c'est pour ça que, quand il ne fait pas beau, je vais à la mer. Mais je ne veux pas vous déranger. Vous voulez que je sorte ? »


Je suis ébahi, de constater qu’elle ne veut pas que la mer se sente seule. Sans le récit des fables de sa mamie, peut-être que j’aurais pensé, à tord, qu’elle était folle à lier. Mais je me surprends à en vouloir plus. À désirer un peu plus de cette magie qu’elle saupoudre sur ma triste réalité. Je ne suis plus le pauvre con tout seul dans l’eau, je suis celui qui troquerais volontiers une place dans sa marrée pour une histoire venant de sa jolie tête allumée. Je n’ai pas ressenti tant d’intérêt depuis des mois, depuis que j’ai cessé de voir la vie en couleurs.

    « Non! »


Non, je ne veux pas me noyer dans ma solitude comme tant de fois déjà. Je veux nager vers un monde doux comme ta présence. Ça doit être beau là d’où tu viens, pour que rien ne contamine tes jolies histoires et ta compassion sans pareille. Ce non, c’était une impulsion, une supplication, une demande. Reste encore un peu, le temps de me dire comment tu fais, pour être si contagieuse. Peut-être que je pourrais en assimiler un peu, pour le partager avec Amy, si son chemin croise le mien, dès que j’aurai une faille à notre impasse, une faille à mes défenses. T’en dirais quoi de ma connerie et mon orgueil, petite merveille sur pieds. Pour qu’elle reste, pour moi, pour la mer, je m’ouvre les lèvres. Elle comprendra, pas vrai ?

    « La mer est bien assez grande pour deux, et puis à nous trois, on est bien moins seuls. »

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Lexie Van Kaes

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MessageSujet: Re: « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn   « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn Icon_minitime112.10.11 5:39


Elle ne voulait même plus retrouver ses chaussures. Elle voulait seulement rester ici, avec ses orteils frôlant doucement le sable à chaque remue de l'eau. Elle rêvait d'être un poisson, lorsqu'elle était enfant. Voyager à travers les océans, voir les merveilles des profondeurs. Mais les poissons n'ont pas de mains, ne peuvent pas jouer de piano ; et, de toute façon, les pianos n'aimaient pas l'eau.
D'autant que, si elle avait été un poisson, elle n'aurait jamais rencontré Sofia, ou Chuck. Elle n'aurait pas assisté à la naissance de Ron, n'aurait jamais vécu avec Aurore. Et puis, ni sa grand-mère ni Nathan ne savaient respirer sous l'eau, et les laisser sur terre, pour nager durant une vie entière aurait été tellement insensé, qu'elle l'a vite abandonnée.

Alors elle aimerait rester dans l'eau encore un moment, avec son mal de ventre, ses orteils qui commençaient doucement à glacer, et cet homme tout en noir qu'elle avait déjà vu quelque part, elle le savait. « Non! » a-t-il crié, la faisant sursauter. Son visage, durant un instant immergé, revint à la surface, et elle rit silencieusement, par peur qu'un nouveau cri réveille de nouveau la mer, qui l'avalerait.

Elle se dit qu'il devait être très grand, cet homme là. Parce qu'elle peinait à toucher le sable de ses pieds, et qu'elle était déjà très grande, elle. Tellement grand, vraiment.
Elle recula d'un pas, vers le bord, pour planter ses pieds dans le sol. Puis, d'un regard lointain, elle fixa un point, juste à côté de lui. Elle se concentra fort, très fort, comme sa grand-mère le lui avait appris. Parce que pour voir l'aura d'une personne, il faut commencer par ne pas la regarder. Elles se cachent, un peu pudiques, un peu secrètes. « La mer est bien assez grande pour deux, et puis à nous trois, on est bien moins seuls. » Ses yeux revinrent vers lui, et elle sourit.

Et son visage... Elle était sûre de le connaître déjà. Elle l'avait vu, sans se souvenir où ni quand. Un peu perturbée, son nez se fronça de concentration,tandis qu'elle laissait à nouveau la mer balloter son corps doucement, comme pour la bercer. La sensation faisait naitre un quelque chose dans le bout de ses doigts, comme une mélodie au lyrisme incertain, comme le chant d'un sirène, amoureuse du bruit d'un bateau.

Elle rit à l'idée, la trouvant un peu idiote. Et puis, les yeux un peu écarquillés par un flash de sa mémoire, elle se souvint. « Je me rappelle, où je t'ai déjà vu. Tu étais au mariage de Jack et Marianne. » Elle a mordu sa lèvre, passant une main dans ses cheveux pour les ramener en arrière. « Je t'ai vu donner de l'argent à un colosse en noir, et après, je ne t'ai plus revu. Alors je suis aller lui demander pourquoi, juste avant que le mariage ne commence. Mais je n'avais pas beaucoup de temps, la musique allait presque commencer quand je suis arrivée et je n'avais pas encore remit mes souliers. »

Au souvenir du mariage, elle sourit doucement, repensant à son costume, si noir. Elle l'avait d'abord remarqué à cause de ses habits, plus sombre que n'importe quel autre personne présente ce jour-là. Et même plus sombre que Chuck, et ses couleurs crépusculaires. A cette pensée, elle sentit son cœur s'envoler l'espace d'un instant, ratant quelques battements, comme s'il espérait pouvoir quitter son corps pour rejoindre le sien, à lui. Elle se sentit si légère qu'elle aurait voulu laisser la mer l'emporter au loin, se laisser lentement dériver jusqu'à lui.

Elle cligna des yeux, l'esprit un peu embrouillé, revenant à l'homme en face d'elle. Il devait être une sorte de signe du Destin, envoyé ici pour quelque chose.
Elle aimait croire que dernière chaque rencontre, se cachait une raison. Comme une grand main blanche, qui poussait les gens les uns vers les autres, pour qu'ils se rencontrent lorsqu'il est important qu'il le fasse. Il y avait une raison, elle en était certaine. Une autre raison que la mère, et les histoires de sa grand-mère. « C'est tellement insensé, de payer pour un mariage. Surtout que j'aurais pu t'inviter, moi, si j'avais été plus rapide à venir. Mais j'étais occupée, je suis désolée. » Elle sourit à nouveau, plongea sous l'eau un instant, avant de remonter vers la surface. « Enfin, au moins, tu n'as rien saccagé. Jack avait peur que quelqu'un saccage tout, c'est pour ça qu'il a engagé tous ses gens pour trainer partout. Vraiment insensé... »

Son nez se trémoussa un instant, son envie de nager grandissante. Elle sentait ses lèvres trembler un peu, les imaginait déjà un peu bleu. Riant à cette idée, elle sauta un durant quelques secondes, comme pour se réchauffer. « J'ai les orteils glacées, et j'ai trop mangé de sucreries avec Billy, tout à l'heure. Billy, c'est un ami. Il est très gentil, mais sent l'urine et le mauvais vin. Il ne veut jamais prendre de douche, quand il vient chez moi, mais amène toujours de grosses gourdes pour les remplir d'eau. »

Elle sauta encore un peu, les sourcils un peu froncés. « Ça doit être horrible, de ne pas avoir de maison, ni de travail. Je ne pourrais pas acheter mes loukoums, mes abricots et mon lait... Donc au prochain mariage, je t'inviterai, et on ira acheter des loukoums et du vin à Billy, au lieu de donner l'argent à un grand monsieur à l'air mauvais. D'accord ? »
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MessageSujet: Re: « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn   « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn Icon_minitime119.10.11 1:14

Mon cœur bat un rythme qui m’est inconnu. J’en ai mal à la tête, de ce froid qui me glace jusqu’à la moelle. Dire que cette étincelle de demoiselle semble se prendre pour une sirène, complètement à sa place dans l’eau et dans cette vie. Ma tête souffre d’un court circuit. En quelques secondes je suis passé de furieux à fiévreux. Je dois délirer cette rencontre. Qui suis-je pour m’imaginer plusieurs vies. Les vies d’un homme qui se veut honnête. Toutes mes histoires à la Robin des bois, quelles folies. Je ne suis que le personnage que j’invente. J’ai cessé d’exister pour moi, pour cette réalité qui m’écrase. Le temps ne fait que me noyer un peu plus dans mon délire. Pas surprenant, qu’Amy ait cessé de croire à mon personnage. Au Shawn qui se disait bien comme il faut. Quelle connerie. Jamais l’adolescent délinquant que j’étais, n’aurait pu devenir quelqu’un. C’est stupide, si stupide que j’en soupire, faute de pouvoir le crier au monde entier.

Et voilà que j’en oublie ma rage, parce qu’elle rit. Elle rit d’une blague à part que son cœur a conté à sa tête, et j’aimerais bien savoir, ce qui lui donne des ailes. Elle rit alors qu’elle devrait crever de froid et s’enfuir des inconnus qui se battent avec la mer plutôt que d’affronter la réalité. Les secondes me donnent envie de m’arracher l’air des poumons. Je suis jaloux à en crever, de son bonheur, des étincelles dans ses yeux, de la façon qu’elle a d’être parfaitement imparfaite. Elle ne doit pas s’inquiéter, d’être bien comme il faut, cette fée de l’eau.

    « Je me rappelle, où je t'ai déjà vu. Tu étais au mariage de Jack et Marianne. Je t'ai vu donner de l'argent à un colosse en noir, et après, je ne t'ai plus revu. Alors je suis aller lui demander pourquoi, juste avant que le mariage ne commence. Mais je n'avais pas beaucoup de temps, la musique allait presque commencer quand je suis arrivée et je n'avais pas encore remit mes souliers. »


Je fronce les sourcils. Oh, oui, quelle idée de con. J’ai pensé que le mariage d’un autre me ferait oublier Amy, qu’une demoiselle d’honneur en détresse aurait probablement besoin de quelqu’un pour danser. Que pour une journée, je pourrais tromper ma solitude. Mauvaise idée, mauvais moment. J’avais le goût de crever alors qu’ils souriaient de toutes leurs dents et que les mères pleuraient à l’unisson quand ils ont dit : je le veux. Moi, je ne le voulais pas du tout, je voulais que quelqu’un s’oppose, que l’amour tout blanc n’existe pas. Qu’il y ait une raison pour que ça ne soit pas moi et Amy à l’avant, en robe blanche et moi en veston. S’aurait pu être beau. On aurait été heureux, je pourrais le jurer. Le monde est à sa place, lorsque j’ai Amy avec moi. On se complète comme des morceaux de casse-tête, comme le soleil et la mer. Sans Amy, je suis si froid, si perdu. J’attends simplement de la retrouver, pour qu’elle me réchauffe. Ma tête tourne en rond alors que moi, je n’avais rien remarqué de la jolie blonde qui s’est inquiétée de ma présence un jour où je n’avais rien à faire là. Elle en sait plus sur moi en une seule anecdote que je ne l’aurais voulu. Ce ne sont pas les gars en blanc qui paient leur entrée pour un mariage qui est une torture.

Je souris au coin des lèvres sans vraiment le vouloir, alors qu’une question me pend aux lèvres. Pourquoi ne semble-t-elle jamais porter de chaussures. Pourquoi est-ce que je trouve ça adorable. On dirait une gamine dans un corps de femme et c’est touchant de voir que le monde n’est pas peuplé que d’enfoirés. Que parmi la foule d’égoïstes se cache quelques perles d’innocence. Une âme rêveuse qui enchante les vies qu’elle croise. C’est beau, tellement que ça illumine la noirceur dans laquelle je vis. Le reste du monde vit dans le noir, mais elle est la veilleuse qui éloigne les monstres et les ténèbres. Petite demoiselle, si frêle qu’elle pourrait partir au vent. Je n’en serais pas surpris, elle a quelque chose de magique.

    « C'est tellement insensé, de payer pour un mariage. Surtout que j'aurais pu t'inviter, moi, si j'avais été plus rapide à venir. Mais j'étais occupée, je suis désolée. Enfin, au moins, tu n'as rien saccagé. Jack avait peur que quelqu'un saccage tout, c'est pour ça qu'il a engagé tous ses gens pour trainer partout. Vraiment insensé... »


Je fronce les sourcils, me demandant d’où elle sort tout ça. C’est comme si elle pensait tout haut. Je crois que ça me fait peur qu’elle soit si ouverte. Elle est si honnête qu’elle serait incapable de mentir. Pas une seule cellule de mal placée en elle. Je mens comme je respire. J’ai peur de respirer, de la contaminer. Ce qui est insensé, c’est que personne n’ait pensé à la mettre dans une cloche de verre, pour que jamais le monde ambiant ne salisse son cœur d’enfant. Elle a la générosité de penser qu’elle aurait pu faire plus, qu’elle aurait pu aider un inconnu, quelqu’un à qui elle ne doit strictement rien. Elle croit encore que le simple fait qu’il y ait un mariage signifie que tous ceux qui passent par là seront heureux d’y assister, que les gens ne viendraient pas abuser du bar et du buffet. J’ai l’impression d’être détraqué, d’avoir pris un mauvais chemin et de simplement avoir oublié le chemin du retour. Les années d’innocence semblent tellement irréelles. Il y avait mon frère et des voiturettes de métal, et mes parents qui criaient que je faisais trop de bruit. Après, qu’une longue marche vers le moment présent. Toujours plus profond, enfoncé dans mes entrailles, dans ma capacité à me détruire à temps partiel.

    « J'ai les orteils glacées, et j'ai trop mangé de sucreries avec Billy, tout à l'heure. Billy, c'est un ami. Il est très gentil, mais sent l'urine et le mauvais vin. Il ne veut jamais prendre de douche, quand il vient chez moi, mais amène toujours de grosses gourdes pour les remplir d'eau. Ça doit être horrible, de ne pas avoir de maison, ni de travail. Je ne pourrais pas acheter mes loukoums, mes abricots et mon lait... Donc au prochain mariage, je t'inviterai, et on ira acheter des loukoums et du vin à Billy, au lieu de donner l'argent à un grand monsieur à l'air mauvais. D'accord ? »


Mes organes protestent contre tout ce qu’elle dit, contre le message derrière sa bonne humeur. J’ai envie d’arracher quelque chose, de tromper mon malaise par des mots qui la feront fuir. Ça me fait mal de voir qu’elle existe, que finalement, elle est vraie. Que c’est possible d’être vivant et de ne pas se méfier de tout le monde. De pouvoir vivre sans regarder derrière son épaule à chaque fois qu’on entend des sirènes de police. De vivre sans avoir peur de tout perdre. De pouvoir inviter tous les Billy de ce monde à sa table sans préjugés, sans réticences. Je me sens mal de savoir que jamais je ne pourrai faire ça. Jamais plus je ne serai cet imbécile heureux qui croit que le monde tourne à l’endroit. Je soupire encore un peu, alors qu’elle sautille sur la pointe des pieds. Je m’entends parler, ça sonne si stupide, mais je ne peux pas m’arrêter.

    « Tu ne devrais pas inviter d’inconnus, tu sais . . . »


Pas moi, pas personne. Je fais quelques pas vers le rivage, vers la plage, mes pieds emprisonnés dans la marre d’eau qui s’est infiltrée dans mes souliers. J’envie sa bonne humeur et la façon qu’elle a de ne pas porter de souliers, comme si c’était la plus normale des choses. C’est fou de ne pas la connaître mais de simplement avoir envie d’être comme elle. Je me peins un portrait d’elle et je ne peux pas imaginer qu’elle en soit différente. L’image qu’elle doit se faire de moi, est par contre bien loin de la réalité. J’ai menti, volé, fait du mal autour de moi, et je ne peux pas changer. Fais attention à toi, petite étincelle, parce que des gens mal intentionnés pourraient vouloir t’éteindre.

    « La majorité des personnes, ce ne sont pas des gens bien. »


Exemple numéro un, droit devant toi, à moitié dans l’eau glacée. J’évite son regard et fais les quelques pas qui me sortent de l’eau. Je m’assois au sol, alourdi par mes pensées sombre et par mes vêtements trempés. Ça me rappelle que peut-être je devrais la laisser s’envoler. Que de tromper ma solitude ne vaut pas de prendre la chance de déteindre sur son bonheur. Je vais survivre seul, même que ça sera mieux pour tout le monde.

    « Si tu savais, même moi, je ne suis pas quelqu’un de bien . . . »
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Lexie Van Kaes

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MessageSujet: Re: « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn   « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn Icon_minitime122.10.11 15:33


La lèvre coincée entre les dents, elle a sautillé encore un peu, pour réchauffer ses orteils gelés. Lorsqu'elle était enfant, elle avait rencontré un monsieur, qui lui avait dit « Tu risques de perdre tes orteils, comme ça, tu sais ? » alors qu'elle marchait dans la neige, ses souliers dans la main. Elle avait relevé sa tête très haut, jusqu'à voir le visage du monsieur, et avait remit ses chaussures, courant jusque chez elle, les yeux grands ouverts.
Puis, assise sur le sol, elle avait voulu compter ses orteils. Mais elle ne savait pas très bien compter encore, alors, elle a simplement placer un doigt sur chacun d'eux. Elle savait qu'elle avait autant d'orteils que de doigts, alors elle avait, à trois reprises, posé un doigt différent sur chacun de ses orteils, pour vérifier qu'elle n'en avait laisser aucun dans la neige. Et, rassurée, ses yeux se sont un peu fermé, et elle a rit ; s'est arrêté, puis a rit une nouvelle fois, et une troisième.
Parce que, disait sa grand-mère, les choses importantes doivent être faites trois fois.

Le lendemain, elle avait regardé les pieds de sa poupée, remarquant qu'elle n'avait aucun orteils, elle. Elle s'était dit que c'était surement normal, pour une poupée, de ne pas avoir d'orteils. Mais... mais peut-être Sophie avait-elle simplement perdu ses orteils elle aussi, alors qu'elle l'avait amené avec elle jouer dans la neige. Peut-être n'avait-elle pas fait attention à Sophie, qui avait perdu ses orteils à cause d'elle.
Elle avait regardé sa poupée, s'était excusée, et avait courut voir son papa, pour lui raconter toute cette histoire d'orteils, de vieux monsieur, de neige et de Sophie, sa poupée, qui avait perdu les siens à cause d'elle. Elle avait parlé de sa voix d'enfant, les mots se cognant les uns aux autres dans un rythme saccadé et coupé de sanglots.

Et son papa lui avait dit que non, ce n'était pas de sa faute. Que Sophie était né sans orteils, parce qu'elle n'avait pas besoin de marcher, ni de porter de souliers. Que quant les orteils étaient très – vraiment très – froids, ils pouvaient comme mourir et qu'il fallait réchauffer ses orteils, et ne pas les laisser avoir froid trop longtemps. Puis, il lui avait dit qu'elle ne perdrait pas ses orteils, en marchant dans la neige, si elle les réchauffer correctement, après ça. On ne perdait ses orteils que dans les histoires, comme Peter Pan qui lui, perdait son ombre.
Alors, elle avait regardé son ombre un moment, pour s'assurer qu'elle était toujours là, et se jura de toujours réchauffer ses orteils, lorsqu'ils auraient froid.

« Tu ne devrais pas inviter d’inconnus, tu sais . . . » Elle a sursauté un peu, oubliant ses souvenirs d'enfants. Elle avait un peu perdu le court de la conversation, et dû réfléchir un moment, pour se souvenir de ce qu'ils parlaient, avant que ses orteils ne commencent à geler.
Elle se dit qu'elle n'avait pas inviter d'inconnu, puis, pensa qu'il devait parler de Billy. Mais Billy n'était pas un inconnu. Elle aimait Billy, et le connaissait bien. Elle savait qu'il touchait toujours son ventre après avoir manger, qu'il enlevait son chapeau quand il était gêné. Elle savait qu'il parlait toujours très vite, qu'il oubliait des syllabes et même des mots, parfois. Qu'il aimait les animaux, et aider les enfants qui perdaient leurs parents, dans la rue. Il était toujours gentil avait tout le monde, même ceux qui se montraient méchants avec lui sans raison. Elle connaissait Billy, donc.

Elle le regarda dans les yeux, et pensa qu'il devait être ailleurs. Il y avait tant de choses qui passait dans son regard, qu'elle se sentait un peu perdue. Il a dit « La majorité des personnes, ce ne sont pas des gens bien. » alors qu'il s'éloignait d'elle, pour aller s'asseoir sur la plage. Elle l'a regardé partir, le cœur un peu serré, le trouvant si sombre, si triste, qu'elle eut envie de pleurer, pour lui. Et puis, à le voir si sombre, ainsi, elle pensa à Chuck. Chuck était bien plus sombre que lui, a-t-elle pensé. Bien plus sombre, mais avec tellement plus de couleurs. Tellement de couleurs que les gens autour de lui se sentent petits, se sentent fragiles. Elle se sentait fragile, à côté de lui. Tellement fragile, qu'elle pourrait avoir peur, si elle n'avait pas confiance en lui. Il ressemblait à un roi, un prince. Un vrai roi, pas ceux des dessins animés. Un roi qui vous donne le sentiment d'être fragile, mais en sécurité. Ce genre de roi, que l'on aime regarder, juste parce qu'ils sont fascinant à voir... Chuck lui manquait.

« Si tu savais, même moi, je ne suis pas quelqu’un de bien . . . » Elle a froncé les sourcils, puis un rit un peu. Elle a rit parce qu'elle trouvait l'idée insensée. Il était gentil, elle en était certaine.
Sortant de l'eau à son tour, elle a enlevé sa veste trempée, l'a essoré un peu, avant de s'asseoir à côté de lui, et d'enrouler sa veste autour de ses pieds. Elle ne voulait pas perdre ses orteils, ni les laisser mourir. Ce serait assez horrible, si ça arrivait. « Tu n'es pas une mauvaise personne. » Elle a rit un peu, intimement convaincue qu'il mentait. Il n'était pas une mauvaise personne. D'ailleurs, d'aussi loin qu'elle se souvienne, elle n'avait jamais pensé que quelqu'un pouvait être une mauvaise personne.

« Personne n'est mauvais, je crois. Il y a juste des gens qui font de mauvaises choses, mais ils le font sans le savoir, ou le font parce qu'ils sont un peu obligés de le faire, je pense. Mais faire de mauvaises choses de veut pas dire qu'ils sont mauvais. Ce sont juste des gens bien, qui font de mauvaises choses, parfois. Sans compter qu'il y a plein de gens qui disent ne pas être des gens bien. Plein, si tu savais... Alors qu'en fait, au final, ce sont des gens bien, aussi. »
Elle a frotté ses tempes, riant aux éclats, un peu perdue dans ce qu'elle disait.

Elle se sentait un peu distraite, parce que le souvenir de toutes les mauvaises choses qu'elle avait un jour faite, elle. Elle se sentit un peu honteuse, d'y penser, et frictionna ses pieds, pour occuper ses mains qui tremblaient doucement. Les lèvres pincées, elle se dit qu'elle avait fait des choses mauvaises, d'une façon ou d'une autre ; qu'elle avait même fait pleurer des gens, dit des méchancetés à quelqu'un une fois ; n'avait pas laissé sa place dans le bus à une personne âgée un jour, en se disant qu'elle n'arrivait pas à se lever, parce qu'elle avait la cheville qui lui faisait mal. Elle avait même oublié le nom de jeune fille de sa maman, et pensé des horreurs au sujet des cheveux de Shanya, l'autre fois.

Mais elle n'était pas une mauvaise personne pour autant, elle en était persuadée. Elle n'était pas mauvaise, parce que les gens le lui aurait dit, si elle n'était. Elle n'était pas mauvaise, non. Parce que personne ne l'était.
Tournant son visage vers lui, elle avoua chacune de ses fautes : « Un fois, sans faire exprès, j'ai marché sur un insecte, je l'ai écrasé sous mon soulier. Une autre fois, j'ai fait pleuré une fille, parce qu'elle était amoureuse de Nathan, et que je lui ai dit que Nathan ne l'aimait pas. Un jour, j'ai même cassé une poupée, juste pour qu'elle arrête de danser. Et même qu'une fois, dans un magasin, j'ai volé une perle qui était par terre. Elle avait du tomber d'une veste, et je l'ai juste mise dans ma poche. Ca ne veut pas dire que je suis une mauvaise personne... Si ? »
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MessageSujet: Re: « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn   « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn Icon_minitime103.11.11 2:11

Le sable colle contre mes vêtements et ça m’énerve. Poussière de folie qui ma rappelle à quel point je suis con. Quelle idée aussi de m’en prendre comme ça à la mer, en plein air. Comme si je n’étais pas le seul responsable de ma situation. Pauvre con, trop fier pour tout lâcher, pour vivre une vie normale, pour être du bon côté de la loi. Je me suis si longtemps battu contre ma famille que je pense bien être incapable d’être du même avis qu’eux, peu importe le sujet. Ils étaient pareil, tous strictes, sans ouverture d’esprit. Je n’étais que le petit dernier, jamais aussi fort, aussi parfait que le premier. Chris restera toujours mon alter-ego, mon parfait contraire. Ça me fait peur de voir qu’on a grandis ensemble, et qu’on ne se ressemble pas du tout. Qu’il est devenu un mec bien, une foutue police, et que moi, et bien disons que j’ai pris le chemin inverse. Je suis simplement . . .

« Tu n'es pas une mauvaise personne. »

Je fronce les sourcils. C’est dit avec tant de conviction que j’ai envie de la croire. Mon bon sens me crie le contraire. Elle n’est qu’une petite fille dans un corps trop grand pour elle. D’espérer et de croire, ça ne fait que causer des déceptions. Jamais je ne serais quelqu’un de bien. Je ne prétends pas être le diable en personne. Je sais aimer, comme je sais faire souffrir, mais si je regarde ce que j’ai accomplis dans ma vie, les choses bien sont si minuscules comparé aux zones sombres. C’est plus compliqué que de simplement le penser. Il faut le mériter le titre de bonne personne, ou bien être un menteur hors pairs et tromper tout le monde. Alors là, personne ne sait la triste vérité.

« . . .Tu ne me connais pas, tu sais . »

Son enthousiasme, sa foi en moi, me fait peur. L’eau et le vent, la plage et le ciel, j’essaie de me distraire. Mon ton était probablement plus sec que je ne le souhaitais. Elle est si adorable, si altruiste, que j’en viens à m’inquiéter d’avoir froissé son égo. Comme si un égo surdimensionné pouvait se cacher dans un corps si frêle. Elle ouvre la bouche pour continuer de parler, comme si j’avais été des plus courtois et que j’étais digne de ses confidences. Elle respire quelque chose d’unique et j’aimerais bien en avoir une pincée, pour tenter d’être ce quelqu’un de bien, qu’elle pense trouver en chaque être humain.

« Personne n'est mauvais, je crois. Il y a juste des gens qui font de mauvaises choses, mais ils le font sans le savoir, ou le font parce qu'ils sont un peu obligés de le faire, je pense. Mais faire de mauvaises choses de veut pas dire qu'ils sont mauvais. Ce sont juste des gens bien, qui font de mauvaises choses, parfois. Sans compter qu'il y a plein de gens qui disent ne pas être des gens bien. Plein, si tu savais... Alors qu'en fait, au final, ce sont des gens bien, aussi. »

Alors tout le monde est bien, mais les malheurs, les guerres, les meurtres, ne sont causés que par des gens biens. C’est encore pire, non ? Sinon peux au moins catégoriser les gens, on peut mettre la faute sur quelqu’un. Si les gens sont biens, pourquoi font-ils de mauvaises choses. J’ai la tête qui tourne de tant de questions sans réponses, et j’aimerais que pour moi, tout soit aussi clair que pour elle. Les gens ne sont pas tout blanc. Après une certaine quantité de méfaits, ils tirent vers le gris, et plus on ajoute de noirceur, plus ils sombrent, et on ne revient pas de la noirceur. On est entaché à jamais.

« Une fois, sans faire exprès, j'ai marché sur un insecte, je l'ai écrasé sous mon soulier. Une autre fois, j'ai fait pleurer une fille, parce qu'elle était amoureuse de Nathan, et que je lui ai dit que Nathan ne l'aimait pas. Un jour, j'ai même cassé une poupée, juste pour qu'elle arrête de danser. Et même qu'une fois, dans un magasin, j'ai volé une perle qui était par terre. Elle avait du tomber d'une veste, et je l'ai juste mise dans ma poche. Ca ne veut pas dire que je suis une mauvaise personne... Si ? »

J’écarquille les yeux, ne sachant pas si je dois rire de sa candeur ou plaider la pure folie. Elle est blanche comme neige et elle ne le sait même pas. Bien sur que le monde entier semble gentil quand ses pires méfaits à elle sont aussi anodins. Jamais elle ne pourrait faire physiquement du mal à quelqu’un, voler assez pour ruiner quelqu’un, mentir jusqu’à ne plus savoir la vérité. Elle ne sait rien de tout ça. Je ne crois pas qu’elle puisse imaginer qu’une personne puisse être si profondément mauvaise. Ça doit être beau de vivre dans son monde à elle, où rien ne fait peur, où personne ne nous veux du mal. Je ris doucement, juste parce qu’elle m’enchante de son innocence, avant de lui répondre.

« Tu ne pourrais pas être une mauvaise personne même si t’essayais. »

Et je pense bien que ça la rends unique. Elle est une étoile dans le ciel, intouchable. Regarde-moi, pauvre mortel qui joue des jeux jusqu’à en détruire ce qui l’entoure. Regarde ma vie et ses résidus. Regarde ce que j’en ai fait, de ma volonté d’être grand. Regarde le monde, qui serait bien mieux sans moi. Regarde ceux qui jamais ne sauront sourire comme toi, ou croire aux belles histoires. Moi, mes mensonges, personne n’y croit, pas même moi. Je n’ai plus confiance en moi, je me suis tellement menti, que je me dégoûte. Si c’est pas beau la vie. Il n’y a pas quelqu’un de bien, sous cet enfoiré, je t’en fais la promesse.

« Moi, je ne parle plus à mes parents, et j’ai traité ma mère de mots qui choqueraient tes oreilles. Je me suis battu avec mon frère, et je pense sincèrement qu’il est un suiveur lobotomisé par mes parents. J’ai menti tellement de fois que je ne sais plus ce qui est vrai de ce que j’ai inventé. J’ai perdu la seule fille que j’ai jamais aimé parce que j’étais trop fier pour lui avouer la vérité, parce qu’elle n’aurait pas pu m’aimer pour vrai. J’ai même volé des gens, des gens probablement biens, parce qu’ils avaient de l’argent, et qu’ils ont travaillé pour, et je n’ai même pas de remords. Alors je crois bien, que moi, je suis une mauvaise personne . . . plus mauvaise que toi, ça c'est certain. »
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MessageSujet: Re: « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn   « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn Icon_minitime108.11.11 16:44



Elle sentait le froid mordre sa peau, de ses orteils jusqu'au bout de son nez. Elle le sentait même essayer de s'infiltrer dans ses veines, pour parvenir à atteindre son cœur. Mais le froid avait beau s'acharner pour se frayer un chemin vers ses entrailles, la douce chaleur qu'elle sentait au fond d'elle semblait impossible à vaincre.

Elle aimait le froid, l'avait toujours aimé. Les bruits naissant du mauvais temps faisaient grandir des harmonies qui appelaient à être couchés sur une feuille de papier, et donnaient envie à ses doigts de danser contre les touches de son piano. Elle aimait le froid, parce que même sous la neige, la pluie, le vent où l'orage, il existait au fond d'elle une chaleur, toute proche de son cœur, tatoué contre ses côtes, que le froid rendait plus vive encore.

Alors elle aimait le froid, parce qu'il ne saurait avoir raison d'elle. Le froid de l'atteindra jamais, parce qu'elle n'était pas mauvaise, non. Et elle ne laisserait personne la convaincre du contraire : le froid n'aurait pas raison d'elle. « Tu ne pourrais pas être une mauvaise personne même si t’essayais. » Elle a sourit, et les muscles engourdis de son visage n'ont rien pu faire contre ça. Elle a sourit, parce que le froid ne saurait arriver jusqu'à son cœur.

Et puis, elle a regardé l'homme à côté d'elle, et eut envie de pleurer. Il avait froid, même au delà de son corps. Il semblait avoir froid en dedans aussi, parce que, trop sûr d'être mauvais, il laissait le froid l'emporter. « Moi, je ne parle plus à mes parents, et j’ai traité ma mère de mots qui choqueraient tes oreilles. » Elle fronça les sourcils, et, écrivit dans le sable le mot ''Maman''. « Je me suis battu avec mon frère, et je pense sincèrement qu’il est un suiveur lobotomisé par mes parents. J’ai menti tellement de fois que je ne sais plus ce qui est vrai de ce que j’ai inventé.  » En mordant sa lèvre, elle a de nouveau enfoncé son doigt dans le sable pour écrire les mot ''frère'' et ''mensonges''. « J’ai perdu la seule fille que j’ai jamais aimé parce que j’étais trop fier pour lui avouer la vérité, parce qu’elle n’aurait pas pu m’aimer pour vrai. » Puis, elle a écrit ''amour'', en se sentant un peu triste. « J’ai même volé des gens, des gens probablement biens, parce qu’ils avaient de l’argent, et qu’ils ont travaillé pour, et je n’ai même pas de remords. Alors je crois bien, que moi, je suis une mauvaise personne . . . plus mauvaise que toi, ça c'est certain. »
Son doigt en suspend n'a pas su quoi écrire, cette fois. Remontant plus haut dans sa liste, elle a écrit, juste à côté de son ''mensonges'' le mot ''menteur''. Parce qu'elle en était certaine : il mentait. Il avait des remords, face à ce qu'il avait fait, autrement, il n'aurait pas à se cacher sous des mensonges. Peut-être se mentait-il aussi alors, pour se protéger de ses remords.

Elle a regardé ses doigts, si fins et si longs Ils lui semblaient soudainement trop faibles, trop pleins de sable pour rester seuls. Alors, elle les a joint, la tête baissée, un peu comme si elle priait. Elle a pensé que oui, c'était un menteur. Elle l'a pensé si fort, qu'elle a finit par le dire : « Oui, tu es un menteur. » Elle a soupiré un peu, triste à l'idée qu'il aille mal, sans qu'elle ne puisse rien y faire. Elle a reporté son attention sur sa liste, et un dit d'une toute petite voix : « Tu mens aux gens, et tu m'as même menti à moi. Et je suis sûr que tu te mens à toi-même. Tu vois, c'est écrit là. » De son index, elle montra sa liste, entourant de son doigt le mot ''menteur''.

« Tu as menti, parce que tu as dit que tu n'avais pas de remords. Alors que tu es plein de remords. Tu as le cœur si balafré de remords que tu laisses le froid l'emporter. C'est insensé. » Elle a sourit un instant, pensant à Nathan. Elle avait fait rimer ses phrases, sans même le vouloir, sans même s'en apercevoir. Ballotant contre son cœur l'envie de rire si fort que sa joie parviendrait à quitter son corps pour rejoindre le sien, où qu'il soit, elle a tracé un ''N'' dans le sable. Puis, elle s'est dit que Nathan lui aussi, avait déjà menti. Il conduisait un bus avec un faux permis, et ça, ce n'était pas rien, comme mensonge. Mais Nathan n'était pas quelqu'un de mauvais, surement pas. Les rimes ne mentent jamais.

« Mais tu n'es pas quelqu'un de mauvais. Tu es juste trop plein de remords, parce que tu as fait de mauvaises choses. C'est assez insensé, le nombre de personnes qui préfère juste se dire qu'ils sont mauvais, plutôt que d'assumer les mauvaises choses qu'ils ont faite. Mais c'est peut-être plus facile de se convaincre qu'on est mauvais, plutôt que d'admettre qu'on ne l'est pas, et qu'on a simplement fait de mauvaises choses.» Elle a mordu sa lèvre, un peu perdue. Elle avait plein de mots, dans sa tête. D'images, d'idée, de sentiments. Tout un bazar monstrueux qui valsait contre les parois de son crâne, prouvant sans conteste que personne n'est mauvais, au fond. Elle se sentait déconnectée, incapable de lui faire comprendre, de le convaincre de la vérité. Alors, elle songea à instant à lui prêter ses yeux, pour lui permettre de voir par eux. De lui donner son cœur, pour qu'il puisse réchauffer le sien et lui expliquer le caractère inné de la bonté.

Et puis, elle a pensé que s'il mentait, c'est qu'il avait peur. La peur était le pire sentiment qui soit, pire même que la jalousie ou la haine, selon elle. La peur avait ce pouvoir immense capable de vous pétrifier tout entier, de vous empêcher d'agir pour obtenir ce que vous désirez. « C'est surement moins risqué. Comme ça, on ne souffre pas quand on perd quelque chose, parce qu'on pense le mériter. Alors on continue simplement de mentir, et de faire de mauvaises choses... » Elle a plongé ses yeux dans les siens, les plissant légèrement, avec l'espoir fou de pouvoir absorber chacune de ses peurs, une à une, par la seule force de son regard.

Il ressemblait à un petit garçon, effrayé par les montres que son esprit inventait dans les jeux d'ombres et de lumière de la nuit. Elle a froncé les sourcils avec un peu plus d'intensité, essayant plus fort, sans résultat. Elle ne sentait aucune peur nouvelle grandir en elle. Aucune autre que les siennes, qui dansaient paresseusement dans un coin de sa tête.
Se sentant un peu idiote, elle a rit doucement, se moquant d'elle, avant de soupirer une nouvelle fois. « C'est insensé, d'avoir si peur. »
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MessageSujet: Re: « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn   « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn Icon_minitime121.11.11 3:01

Je suis hypnotisé, perdu dans mon discours, distrait par ses longs doigts gracieux qui dessinent dans le sable, au rythme de mes mots. J’en oublie ce que je disais et le mal-être qui me ronge. J’en oublie le froid et les frissons. J’en oublie le ciel gris et le monde de béton dans lequel je vis. J’attends simplement qu’elle me dise que j’ai raison, qu’elle ne peut plus me côtoyer, qu’elle s’en va. Ce serait le bout de la fin. Le pathétique du pathétique. Être laissé par une inconnue qui semble apprécier le monde entier. Abandonné pour cette fois avoir dit la vérité. Une ironie au goût amer me donne envie d’abandonner. C’est un bien beau rêve de croire que je peux exister dans ce monde. Dans cet univers où je ne suis pas le seul. Je crois que le pire, ce serait de contaminer un joli cœur comme le sien, je ne pense pas que je pourrais me le pardonner. « Oui, tu es un menteur. » Ouais, je sais, c’est si gentil de me le rappeler. J’attends la suite, certain qu’elle a quelque chose à ajouter, que sa grand-mère a un remède contre tout ça. Que je ne suis pas condamné, ou noirci de l’intérieur, comme je l’imagine. Un de mes sourcils se hausse d’un air interrogateur, et les mots attendus suivent par une magique logique. « Tu mens aux gens, et tu m'as même menti à moi. Et je suis sûr que tu te mens à toi-même. Tu vois, c'est écrit là. » Je reste muet, et je me demande comment une si petite demoiselle peut avoir autant à l’intérieur. Comment elle fait, pour lire à travers moi, comme ma propre famille n’a jamais su le faire. Bien sur que je me mens, sinon, comment est-ce que je pourrais vivre avec moi-même. Les jours m’écraseraient de leur poids. La réalité me forcerait à me détester. C’est plutôt drôle que tout ça sorte de la bouche de l’innocence en personne. Ironie en puissance, ou rêve détraqué de mon esprit, je ne suis pas encore convaincu qu’elle existe pour vrai.

Et puis mes pensées se sont mises à se contredire. Je réalise que je ne sais rien. Que mes convictions peuvent être renversées d’une vague de belles paroles. Qu’il suffit qu’une jolie blonde croie en moi pour que j’en oublie tous ceux qui ne l’ont jamais fait. Regarde, ma belle, celui qui n’a pas la force d’être aussi bien que tu le pense. Mon cœur n’est pas blanc, il est ravagé par les cicatrices d’une vie bien moins plaisante que la tienne. Et en partie, c’est ma propre faute. Je me suis refusé bien du bonheur, par orgueil, par peur, par ressentiment. « Tu as menti, parce que tu as dit que tu n'avais pas de remords. Alors que tu es plein de remords. Tu as le cœur si balafré de remords que tu laisses le froid l'emporter. C'est insensé. » J’entoure mes genoux tremblotants de mes bras, et le froid dont elle parle me glace jusqu’aux os. Peut-être que c’est la différence entre elle et moi. Jamais elle ne pourrait crever d’hypothermie parce qu’elle a cette chaleur intérieure, cette lumière, ce quelque chose qui la garde heureuse et confiante. Je ne sais pas, je ne comprends pas, mais j’y crois. J’y crois aussi fort qu’elle semble croire en moi.

Les chansons de mon enfance me reviennent à l’esprit. Toutes ces mélodies que j’ai bloquées. Tous ces souvenirs souillés par mes réalisations de grand garçon. De découvrir que nos parents n’ont pas toujours raison, qu’ils ne nous protègeront pas contre le monde, que leur amour n’est pas inconditionnel. Et voilà que toutes ces convictions sont ravivées par deux mètres quelque chose de jeune femme trempée. J’ai envie d’en rire. « C'est surement moins risqué. Comme ça, on ne souffre pas quand on perd quelque chose, parce qu'on pense le mériter. Alors on continue simplement de mentir, et de faire de mauvaises choses... » Mon cœur se coince quelque part. Comme s’il y manquait un muscle. Comme si elle l’avait pris pour réparer la pièce qui clochait. Comme si dans quelque secondes, tout serait réparé. Ses mots sont magiques. Amy est juste là, parfaite, la meilleure amie que j’aime de tout mon cœur. Et je pourrais presque la toucher, elle et notre vie à deux, si je n’étais pas certain qu’elle cesserait de m’aimer, si elle savait. Parce qu’autant qu’elle me déteste, elle m’aime encore. Quand elle tirera un trait sur moi, ce sera terminé, pour de bon, et elle pourra passer à autre chose. J’appréhende ce moment, priant de tout cœur qu’il ne vienne jamais. Je soupire, avec l’envie de ne plus être un homme. Avec l’envie de pouvoir pleurer si j’en ai envie. Parce qu’il est là le problème. Résumé en une phrase par une vérité sans nom. Par une étincelle sur la page.

Et puis elle a ri. Un petit rire doux qui me dit que tout ira bien. Que peu importe, elle sait que tout finira par être au bon endroit au bon moment et que la terre continueras de tourner. Je mords ma lèvre inférieure, complètement ébahi par une inconnue, par une hasardeuse rencontre. Comme si le soleil s’était levé avec elle. Une étrange sensation de plénitude. « C'est insensé, d'avoir si peur. » Et tout ce que je voudrais pouvoir lui dire, c’est qu’elle a raison, c’est que tout ce qui passe ses lèvres semble être une vérité absolue. Et au lieu d’avoir peur, je suis rassuré. « Je sais . . . » Maintenant qu’elle m’a ouvert les yeux, je le réalise mieux que jamais. Cette blondinette doit être sortie d’un chapeau, du pays des merveilles ou bien du ciel. J’inspire à fond, mon cœur quelque part entre ma tête et mon cœur. « . . . Comment on fait alors, pour ne plus avoir peur, pour penser mériter plus que ça . . . » Mes pensées sont décousues, incomplètes, comme moi. Je suis une œuvre inachevée. Un quelque chose de pas terminé. C’est peut-être pour ça que je ne veux pas m’avouer tant de choses. Peut-être que je nourris ma noirceur des remords que je me convaincs ne pas avoir. Ma tête tourne. Tout semble plus simple lorsque ça sort de sa bouche à elle. « Comment on fait, pour être comme toi . . . »
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MessageSujet: Re: « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn   « god knows we're lonely souls » Lexie et Shawn Icon_minitime105.12.11 5:48




Elle hoche la tête, souffle un nouveau « insensé » sans timbre. Elle laissa ses doigts courir à nouveau dans le sable, dessinant des symboles étranges qui ne rimaient à rien. « Je sais . . . » dit-il et elle releva la tête, un peu triste pour lui. Elle scruta son visage, en mémorisa chaque détail et se jura de l'aimer, pour qu'il ne se sente plus jamais seul. Mais le mieux, a-t-elle pensé, serait que lui aussi l'aime. Ainsi, il n'aurait plus besoin de lui mentir, puisqu'on ne ment pas aux gens que l'on aime.

Il a ouvert la bouche et toutes ces idées s'envolèrent, avide de connaître la suite. « . . . Comment on fait alors, pour ne plus avoir peur, pour penser mériter plus que ça . . . Comment on fait, pour être comme toi . . . » Elle a sourit, d'un sourire immense, qui lui donna l'impression de ronger ses joues, pour se faire encore plus grand. Elle sourit mais retint son rire, de peur qu'il lui paraisse offensant, ne voulant pas qu'il croit qu'elle se moquait de lui. Elle connaissait la réponse à cette question, pour avoir eu à y répondre, bien des années avant.

Elle était avec sa sœur, dans le jardin, juste à côté de la cage à oiseau géante que son papa avait fabriqué et qui faisait office de cabane. Lexie avait alors demandé à sa sœur pourquoi ses bras, son dos et son cou étaient tout griffés, chaque matin. Elle avait pensé que Lux passait ses nuits à grimper aux arbres pour mieux voir les étoiles, comme elle le faisait parfois, mais c'était idiot, comme idée, parce que Lux n'aimait pas les étoiles ; ne les avait jamais aimé. Elle lui avait demandé pourquoi, et sa sœur lui avait simplement répondu « Pour ne plus avoir peur. » Lexie n'y comprit rien, et commença à parler, parler, et parler encore, jusqu'à ce que sa Lux la fasse taire, lui demandant : « Comment fais-tu, toi, pour ne plus avoir peur ? » Elle avait alors saisi son menton, comme le faisait son papa parfois, lorsqu'il réfléchissait à un problème important. « Je n'ai pas peur, je crois. Maman est là, elle nous protège, c'est Mamie qui le dit. » Elle avait levé le doigt au ciel à ces mots, et Lux avait rit. Elle a rit très fort, et Lexie l'a regardé rire, la trouvant si sombre, et si lumineuse à la fois. « Tu es insensée. » lui avait dit sa sœur entre deux rires, avant de tourner des talons, et de la laisser seule. « Insensée » elle avait répété, une fois seule, la tête encore pleine de l'écho du rire de sa sœur. Insensée, insensée. Elle répéta le mot dans sa tête, encore et encore ; le grava contre son cœur et le sacralisa, se jurant l'utiliser jusqu'à l'usure.

Elle avait finit par réfléchir à cette histoire, et pendant longtemps, très longtemps, elle s'était demandé comment ne pas avoir peur sans avoir à abimer sa peau comme sa sœur. « Et bien, j'ai une étoile qui veille sur moi. Mais je peux te la prêter, si tu veux, je suis certaine qu'elle acceptera de veiller sur toi aussi. » Elle a rit un peu, enfonçant ses orteils dans le sable. Elle en était certaine : sa maman accepterait de veiller sur lui aussi, si il le lui demandait cette nuit, en regardant les étoiles.

« Mais l'étoile ne fait pas tout. Ce qu'il faut surtout, je crois, c'est de l'amour. Les gens ont besoin d'amour, c'est comme ça. Ils ont besoin d'eau, de nourriture et d'amour J'ai aussi besoin de lait, d'abricots et de friandises, mais ça, ce n'est que moi. Certains ont besoin de café et de cigarettes, mais tout le monde à besoin d'amour. C'est important, l'amour. » Elle hocha la tête, comme pour appuyer sa propre affirmation, la rendre un peu plus vrai. Elle pensa à sa grand-mère, à ses parents. A Lux, à Sofia, à Aurore, à Nathan et tous les autres ; se dit que vraiment, elle n'avait pas peur. Elle était bien trop pleine d'amour pour ça.

Faisant pianoter ses ongles sur sa joue, elle fronça les sourcils, réfléchissant. « Je pense que c'est plus simple d'aimer les gens, d'abord. Il faut que tu aimes, aimes, et aimes encore. » Elle dessina sa mâchoire de son index, rit de sentir sa peau presque chaude, sous ses doigts. Rien n'était gelé, en elle. Elle n'avait pas peur du froid. « Il faut que tu laisses les gens t'aimer aussi, même s'ils ne t'aimeront pas tous. Ce n'est pas grave, ça, du moment que toi, tu aimes, et que tu sois aimé. C'est le plus important. » Elle écrivit dans le sabler le verbe ''Aimer'', juste à côté du mot ''Amour'', songeuse.

Son cœur eut un sursaut, alors que le nom de Chuck flottait encore dans sa tête. Son prénom plein les pensées et le mot ''aimer'' dansant devant ses yeux, elle eut la soudaine envie de le voir. Elle s'imagina devant sa porte, trempée et sans chaussures, couverte de sable et de saleté. Elle ne voyait déjà tout salir chez lui, y mettre un beau bazar, hésita à passer le voir, lorsqu'elle partirait, à cause de ça. Puis, ce dit que tout n'avait pas d'importance. Il avait mit un beau souk dans sa tête, alors tant pis si elle semait le souk chez lui, elle nettoiera.

Elle revint à l'homme à côté d'elle, pensant encore à la différence entre aimer, et être amoureuse, lorsqu'elle parla « Et puis un jour, je crois que tu finiras par t'aimer toi. Tu verras. » Et ce jour là, il pourra être amoureux, sans tout saccager, elle le savait.
Elle lui a sourit doucement, avant de poser sa tête sur son épaule, et de répéter un peu plus bas : « Tu verras. »

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