Je ne suis pas de ceux qui savent les mots, ou comment les aligner. Je n’ai pas la classe d’un jeune homme bien comme il faut, pas plus que je n’en ai la lignée. J’ai un passé, comme tout le monde, mais ça non plus, ça n’est pas bien drôle à raconter. Il y a eu des cris et des larmes, puis une mort. Et c’est là que mon aventure a pris son envol. J’ai vécu mille vies à travers ceux qui m’ont fait don de leur histoire. Des vies aux cicatrices parfois visibles, mais trop souvent impossible à voir à l’œil nu.

J’avais quinze ans quand j’ai rencontré Rick. J’étais à New York depuis quelques semaines, à vivre dans les rues, comme tant d’autres. C’était parfois drôle, parfois moins, mais j’étais déjà si grand vous voyez. J’avais les mains habilles, assez pour étourdir quelques touristes aux yeux brillants, le temps de leur piquer leur portefeuille. Juste assez pour manger, pour ne pas crever de cette faim qui tord les boyaux. J’aurais pu faire comme tant d’autres et me poster dans une station de métro pour mendier, mais j’étais trop fier. Je voulais me débrouiller comme un homme, comme celui qui aurait pu protéger maman. Je venais de faire une grosse pêche, et je vidais un portefeuille, bien installé sur un banc au beau milieu de central park. Une voix m’a interpellé. J’ai sursauté, voulant cacher mon butin, certain qu’un cop venait de me prendre sur le fait. Pourtant, l’homme n’avait rien d’un officier, ses vêtements plus sales que les miens, ses souliers baillant par le bout. Je l’ai envoyé promener, n’ayant pas appris les bonnes manières, trop égoïste dans cette survie quotidienne pour penser à quelqu’un d’autre qu’à moi. Moi, c’était un, déjà un de trop. Pourquoi penser plus loin ? Ce jour là, Rick a tout simplement ris, de mon attitude, de la situation. Encore aujourd’hui, je me souviendrai de son rire. Le rire simple et franc de quelqu’un qui n’a pas appris la complexité de la vie moderne. Je crois que c’est ce qui m’a fait accepter sa compagnie. Il s’est assis à mes côtés, ses mains tâchées de tabac et sillonnées des intempéries, ont sorties de ses poches un vieux jeu de cartes aux coins tordus. Je ne sais pas si ce sont les couleurs délavées qui m’ont hypnotisé, ou l’agilité de ses mains. Peut-être le sourire enfantin qu’il avait au visage, sous cette barbe de plusieurs semaines.

Rick, c'est une âme parmi tant d'autres. Il a simplement été le premier à croiser mon chemin. Parfois, j'ai l'impression d'avoir voyagé depuis que je suis né. Je me définis aux rencontres qui m'ont marquées. Je me décris par les autres plutôt que par ce moi que je n'ai jamais vraiment essayé de connaître. C'est étrange de regarder la suite d'évènements qui m'ont mené à ce point ci dans ma vie. J'ai traversé l'océan, pour mieux revenir dans cette ville qui a été mon refuge et ma famille quand je n'avais personne d'autre. J'ai un passé comme tout le monde, mais pour moi, il a commencé le jour où j'ai pris ma liberté. Avant, je me fais croire que ça n'a jamais existé. Je ne sais pas où je vais et j'ai depuis longtemps effacé mes racines. Ici et maintenant, j'ai appris que c'est tout ce qui compte.

Camille Deschamps (Alexa Chung) Camille, c'est une française tombée du ciel. J'ai cru qu'elle était un ange, une princesse dans sa forteresse, un oiseau dans son arbre. Elle aurait pu voler si elle n'était pas enchaînée à la réalité. Sa rencontre est le début d'une nouvelle vie où elle joue le rôle principal. Je serai le magicien qui tenteras de faire disparaître les cicatrices de sa vie à défaut de celles de son corps. Je l'ai expatriée d'une vie qui voulait l’étouffer. La voilà aussi belle que New York, aussi perdue que le temps, mais je sais qu'on pourras s'en sortir. J'aimerais être un magicien, pour pouvoir la sauver. Il n'y a rien de plus beau que ses yeux qui ont peur de sourire.

Bonjour New York, je m'appelle Isa mais je réponds aussi au nom de Za. Je suis un-une fille âgé de 21 ans. Mon personnage est un personnage inventé qui porte le visage de Toby Hemingway. Ce compte est mon troisième. (Je souffre parfois d'un dédoublement de la personnalité. Vous pouvez me retrouver sous les noms suivants : Shawn Ross et Amber McMillian.) J'aimerais terminer en vous disant que Cam et Tom méritaient une autre vie, une autre ville.