Coincé dans le trou du c*l de la Terre. J'y crois pas. Ça devait être juste une petite course en dehors de la ville. Mais non, il avait fallu que cette putain de limousine tombe en panne, juste là, maintenant. J'ai une réunion au sommet de la tour de journalisme dans moins de demi heure. J'ai pas encore de café chaud. Non, il n'y a que de l'alcool dans cette bagnole maudite.

Chuck Van der Woodsen perd le contrôle à cause de son joue-joue préféré. Sa voiture trop grande pour que les gens normaux aient la même. Pauvre d'eux. Même si je ne m'essaierai plus a la conduire, vu la catastrophe que ça a été avec Charlie l'autre jour. J'avais conduis, certes, mais à quel prix. C'est pour ça, je le dis, et le répèterai autant de fois qu'il le faudra. Les gens comme moi, ont forcément besoin d'un chauffeur. C'est tout. Même si mon chauffeur n'a pas regarder le niveau de l'essence avant de prendre la voiture ce matin.

Il finit par arriver avec un café à la main, et l'air essoufflé. Jusqu'où a-t-il couru l'idiot du village pour m'apporter ça ? Loin, je l'espère, ça lui fera les pieds, à cet imbécile. Chuck est roi. Point, lui un de mes paysans. Je commence à boire lentement mon café, le regard tourné vers l'eau. Mon paysan retourne se mettre contre la voiture. Il ne parle pas. pas aujourd'hui. Parce qu'il sait d'où on revient. Et il n'a pas le droit d'émettre un son tant que je ne lui aurai pas ordonné. Il sait lui, et ce doit être surement le seul à le savoir dans la ville de New York, et moi évidemment, que Monsieur Bart Van der Woodsen vient d'être hospitalisé d'urgence.

Oui, il ne doit rien dire aujourd'hui. Parce que les jours où je vois mon père, ils sont toujours mauvais pour moi. Retour à la case enfance torturée. Je ne suis pas un Roi lorsque je suis avec Papa. La café me brûle la langue, et bizarrement je le laisse faire. Charles Bart premier du nom ne va pas aussi bien que ce que les magasines disent.

Mon portable se mets enfin a sonner. Alors je décroche. Mon autre chauffeur me dis que ma solution est bientôt prête. Alors je me retourne, sans regarder s'il y a quelqu'un. Et malheureusement, pour elle. Cette fille n'aurait pas du être là. La collision est rapide, et surprenante. Oui, elle est totalement de ma faute. Je ne la regarde même pas, mes yeux se contentent de regarder tomber au sol mon portable préféré. Celui que Charlie avait retrouvé.

Mon regard remonte sur la jeune fille sportive qui se tient devant moi. Et je crois qu'elle doit remarquer, qu'ils pétillent déjà mes yeux. Mauvaise nouvelle pour toi, petite, C'était pas le bon moment pour sortir de chez toi. Tu ne le sais pas encore. Mais le petit Prince Van der Woodsen, qui s'est auto proclamé roi de New York, va bientôt acquérir réellement ce titre. Mon père est mourant, et ta vie se finit maintenant.

- T'attends quoi pour présenter tes excuses, toi ?

Je fronce les sourcils, et mon âme de gamin prétentieux en colère me dicte une phrase qui m'arrache un sourire espiègle. Allez jolie poupée; Prosternes-toi devant ton nouveau roi.

Oui, oui, elle y arrivera. Pas de doute. Elle y a mis trop de passion dans son mot. Danser. Beaucoup trop de passion. Je me déconnecte de la réalité. parce que pour être honnête, je n'aime pas ce que je suis en train de faire. La gentillesse. Bordel, il m'en écorchera mes lèvres ce mot, si je le prononce à haute voix. Sahara Stanford ne l'entendra jamais. Jamais.

- Je te fais confiance.

Putain ! Mais elle fait quoi là ? Non, petite, tu n'as pas bien écouté ? Il ne faut faire confiance à personne. Sauf à sois même. Même pas à moi, je suis le diable, tu ne comprends donc pas ? Pas un bisounours. Je ne serais pas celui qui te prendra la main pour que tu ailles mieux. Tout ce que je ferai, c'est offrir un voyage en hélicoptère. Pour faire changer ton monde. Pour que tu vois l'envers du décor. Et putain, il est beau, cet envers là.

- Tu as déjà fait du saut en parachute?

Je fronce les sourcils, et regarde la ville, comme elle. Nos ressemblances me frappent. Et pour peu, elle me ferait penser à Jessie. Bordel, j'ai pas besoin d'une autre petite sœur.
Tu as déjà fais du parachute ? On s'en fiche de ça. Il te connait le roi à toi ? Réponds bon sang, parce que c'est là, où se trouve l'importance. Tu veux être comme moi ? Alors tu ressemble à ma sœur. Pourquoi tu fais ça déjà ?

Je soupire et passe une main dans mes cheveux; Décoiffes. Et je finis par la regarder elle. Pas la peine de regarder New-York, je la connais par cœur, cette ville. Alors que Sahara c'est tout un mystère cette petite. C'est le mystère qui attire le monde, depuis toujours.

- Dis toi, que Chuck Van der Woodsen a tout fait.

Je lui réponds dans un petit sourire. Juste pour lui prouver que sa question était presque insultante. Du saut en parachute ? Bien sur, quelle question ! Dans mon monde je fais tout. C'est simple, très simple.

- On en fera un jour, ensemble, si tu veux.

C'est une promesse, une vraie, Sahara. Note là, je la note aussi. Tu pourras venir me la réclamer quand tu veux. Une promesse de Chuck Van der Woodsen. Privilégiée. Sahara Stanford, je crois que ça y est, ton âme est à moi. Et mon cœur ? Il saigne en silence, comme toujours, depuis toujours. C'est ça, être fils de roi.

Elle ne répondra pas. Je le sais. Et de toute évidence, je ne veux pas qu’elle réponde. C’est moi qui choisis, dans toute cette histoire. C’est moi qui choisis qui je garde près de moi. Et si je veux de Sahara, je la garderai. Et j’irais la chercher un jour, peut être, pour qu’elle en fasse du parachute.

Encore une fois je suis à l’inverse de mes principes. Il y a quelques minutes je lui disais qu’elle viendrait me chercher et me réclamer ses cours quant elle voudra. Et finalement, non, je comprends que maintenant que c’est moi, qui irais la chercher. Ouais j’irai, et elle viendra … Comme aujourd’hui n’est ce pas ?

- On peut passer au dessus de la Juilliard? J'ai envie de la dominer.

Je réponds en premier temps par un sourire à son encontre. Et puis je tape sur la vitre qui nous sépare du pilote. Elle s’ouvre après quelques secondes, le temps de stabiliser l’appareil je pense. Je lui dis la direction que nous allons prendre, et il répond affirmativement.

Je reporte mon attention sur Sahara, et souris toujours. Je souris parce que je l’avais aimé sa phrase. Je l’ai trouvé parfaitement employé son mot. « Dominer » Putain, ce qu’il était bon à entendre dans la bouche de quelqu’un d’autre. Non, non, je me trompe, il n’est pas bon dans la bouche de quelqu’un d’autre, il est bon dans la bouche de Sahara.

Les secondes passent, et on reste dans un silence où autant elle que moi, nous restons dans nos pensées. Et puis, tout arrive, tout s’anime. Je souris de plus belle, je ne sais pas si elle le remarque.

- Regarde, Sahara …

Je me contente de murmurer à son encontre, et j’approche mon visage de la vitre. Juilliard s’offre à toi.

Oui, je veux dominer la Juilliard, et peut-être que quand j’aurais assez regardé son toit, j’accepterais de tenter de voir l’intérieur. Je me laisserais aller à aimer cet endroit, et me résignerait à vouloir y vivre. Mon esprit n’est obsédé que par un seul endroit où je l’ai laissé. Il me parait impossible qu’il s’attache ne serait-ce que légèrement à une autre ville. Rien ne saurait avoir l’importance qu’a eue Providence et son internat. Aucun endroit au monde ne saurait réveiller cette colère sourde qui me force à haïr tout ce que j’aime. Et pourtant, je sais que je ne veux pas rester à New York. Je déteste New York, pour des raisons qui m’égarent mais qui existent. Je ne veux pas aimer New York. Car c’est possible, je le sais. Je détestais Providence, et Il est arrivé dans ma vie. Mais ici, il n’y sera pas. Je sais d’avance que je ne supporterai pas mes surveillants et mes professeurs, même sans avoir mis les pieds dans mon lycée. Personne ne lui ressemble, il n’y a aucune chance que ça m’arrive à nouveau. Jamais.

Perdue, je ne sais plus bien quel est le but de cette visite aérienne, et encore moins s’il va être atteint, mais l’impatience se fait sentir dans la moindre parcelle de peau qui me recouvre quand je le vois taper à la vitre du pilote. Je veux la voir, putain, ce que j’ai envie de la voir. Le rêve de toute une vie que je suis prête à échanger contre une douleur abjecte et une peur panique de la souffrance. Et où vais-je aller, ensuite, si je ne veux pas rester, et si l’idée de résider plus d’un an dans une même ville me rebute ? Dans combien d’écoles de danses je crois bien pouvoir entrer ?

J’ai l’impression de voir Superman montrer Metropolis à Loïs Lane. Et j’aimerais être méchante et l’envoyer chier, l’ennuie, c’est qu’à cette instant précis, je n’ai rien de différent avec cette midinette émerveillée par le paysage. Je l’aime cette vue, et pour un peu, j’en pleurerais de joie. Cette école, c’est toute ma vie, depuis que ma mère m’a trainée en Californie. C’est elle qui m’a permis de tenir, toutes ces années, l’idée qu’un jour, j’y entrerai. Putain, je suis née pour danser, je ne suis pas faite pour une école de seconde zone. Je mérite la plus prestigieuse, j’ai bossé dur pour en être digne, je n’arrive pas à croire que je suis prête à me porter préjudice de la sorte. C’est la chance de ma vie, pourquoi je me fais ça. Et si on la déménageait, cette école, comment je le ressentirais ? Hey, Charles, tu te sens de changer une école d’Etat ? Je la verrai bien à Boston, tiens, ce n’est pas loin de Providence, sans être trop près. Je pourrais revoir les gens que je ne voulais pas quitter, sans m’approcher de ceux que je veux éviter. Sauf qu’en réalité, personne ne me manque vraiment là-bas. Je ne sais plus vraiment ce que je veux. Qu’Il ne m’ait jamais quittée, peut-être.

Je regarde plus attentivement l’école, et une douleur aux joues m’informe que je souris à m’en décrocher la mâchoire. Je me sens tellement grande, j’ai l’impression d’être une géante, trop immense pour cette école. J’ai l’impression de pouvoir décrocher une montagne. Peu importe que je n’entre pas à la Juilliard, je peux faire ce que je veux, non ? Je peux devenir danseuse, pas vrai ? Je peux vivre heureuse, et même tourner dans le monde entier, pour me représenter.

Retour dans le passé, Charles Bart Van der Woodsen à une quinzaine d'année, dix sept peut être à tout cassé, comme cette fille qu'il à fait entrer dans son monde en voulant obtenir son âme, et voila qu'il lui promet des choses. Donc oui, Chuck à dix sept ans, et il veut devenir rédacteur en chef, alors je ferme les yeux, en tentant d'imaginer ce que ça m'aurait fait de survoler mon rêve.

Je me demande si j'aurais souris, ris, pleuré, hurlé peut être. La vérité c'est que je ne sais pas ce que j'aurais ressentis. Parce que l'histoire de Chuck à cet âge là, elle est bien différente de celle de Sahara, l'année de ses dix sept ans, c'est celle que Bart avait choisit pour oublier son garçon chéri. C'est cette année là, que Chuck a été foutu dehors par le grand roi de New-york, et là de ses souvenirs, je sais que je pourrais en chialer.

Mais ce qui est drôle, tu vois, Sahara, c'est que moi, mon rêve, il n'existait pas lorsque je me suis retrouvé seul. Tu comprends ? C'est moi, qui l'ait inventé mon Imagination. C'est moi, qui ait donné l'idée. C'est moi, moi et personne d'autre. Je n'aurais pu survolé le bâtiment de journalisme en me disant, tiens c'est là que je vais travailler, non. J'ai racheté le bâtiment, j'ai engagé des gens pour travailler pour gérer la chose. Et je leur ais dit que le jour où ils penseront que je serais prêt, je deviendrais rédacteur en chef de mon entreprise. Tu vois, c'était ça la vraie ambition.

- Ce ne sont… Que des pierres montées les unes sur les autres, en réalité.

Et sans le vouloir j'oublie l'ancien Chuck, et je pouffe de rire devant cette phrase trop belles pour être d'une gamine. Elle a de la prestance, la Sahara, croyez moi. Un peu de ma sœur sur les bords, mon père t'adorerait. Ou peut être le contraire, je ne sais pas, peut être que dans le fond, elle est trop comme moi ... Pauvre Sahara, si c'est le cas.

- Chuck, et Charles alors, il est mit de côté ? Merci, je pense que j'ai eu ce que je voulais.

En réalité, je crois que moi aussi, j'ai eu ce que je voulais. J'ai réussis à prouver une nouvelle fois, que mon père ne m'a jamais aimé. Alors dans un mouvement las, je tape une nouvelle fois sur la vitre qui nous sépare du pilote, et je sais qu'il comprend qu'il est temps de rentrer. Mon Imagine, mon magasine, n'attends plus que moi. Et cette petite fille souhaite être délivrée. Et bizarrement, je n'ai pas la force de me battre pour qu'elle me déteste avant la fin de la journée. Elle sera une exception pour un temps, preuve qu'elle a trouvé les bons mots au bons moments.

L'hélicoptère vire de trajectoire, et je ne prononce plus un mot, puisqu'il n'y a plus rien à dire. L'escapade folle est terminée, ma réunion va surement bientôt commencer.
Je me demande ce qu'il peut bien se passer dans la tête de Sahara, est-elle aussi tourmentée que moi la petite ? Devrais-je lui dire que les choses ne vont ps en s'améliorant en grandissant ? Peut etre, oui, mais me connaissant je ne pourrais jamais lui dire un truc du genre, parce que je suis Chuck et j'aime imaginer le malheur des autres.
Et puis voilà, mon batiment. C'est dans un murmure que je prononce ce mot là ;

- Imagine.

En sachant très bien qu'elle ne comprendra surement pas, tout ce que ceci représente pour moi.