Je dormais, je crois. Prisonnier de douloureuses songes assoiffées de bien-être.
D'un cœur battant pour amour, de cordes pour argent et d'une chanson pour bande-son.
J'ai dépeins dans un pur silence ce qui est juste là, à portée de cœur, à portée de main.
Tout ce que mon conscient crève d'avoir dort à côté de moi, m'enlace de ses bras...
Putain mais qu'il est con. Elle est étalée à ses pieds dans son rayonnement. Sa vie songée.

J'entends le vibreur étouffé de mon portable égaré quelque part dans l'appartement trop grand.
Sofia a fait de cet endroit un cocon, a dépecé mon angoisse de par sa minutie. Mon foyer.
Il est si évident maintenant que je serre d'une main tout ce qui pourrait, de mieux, m'arriver.
J'en souris d'accomplissement, souhaiterai la présenter à mes parents. Elle l'aimerait, maman.
Comment lui demander de sourire au ciel, de parler aux anges morts de m'avoir créé ?

Le bruit sourd et perpétuel m'agace, le réveil m'indique qu'il est trop tôt pour pleurer.
Ne pas se lever. Rester couché là contre elle et continuer à faire semblant d'être heureux.
Prétendre que mes parents viendront manger chez nous ce soir, que tout est bien, finalement.

Mais parce qu'une seconde de connerie me suffit, je me défais d'elle avec une douceur exagérée.
J'abandonne mon cœur à ses côtés pour ne pas regretter de m'être décidément levé. Désolé.
Guidé par la vibration émise par un plastique contre un autre, je trouve la source de mes regrets.
Un message, venant de Shawn. Putain... De plusieurs heures déjà, la technologie déconne aussi ?
Je soupire de n'avoir rien à dire. J'interroge le répondeur et me réfugiant dans la cuisine.
Je me cache contre le marbre froid, m'allonge au sol et frissonne d'avoir à déconner encore une fois.
Mon dos nu se tend nerveusement lorsque je l'entends, lointain mais ouais, pour moi.

« Charlie, c'est moi, si t'est toujours partant, 8:00 am, là où on s'est rencontrés. . . Supprime ce message une fois écouté.»

J'essaie de tout assimiler, si vite que mon esprit s'élance, à peine réveillé, dans un débat.
Partant... j'ignore jusqu'à la nature même de nos plans. On plaisantait, n'est-ce pas ?
Je trouvais un sens caché à tous ses mots, me complaisaient dans les miens, serein.
Le froid me rappelle qu'il court sur moi. Bien sûr que non, je ne retournerai pas en prison.

Je souris en bouclant sa dernière phrase contre mon tympan. Pour un peu, j'en rirais.
Un ordre... supprimer un putain de message égaré au fond de mon putain de portable.
N'importe quoi, comme moi. Il regarde trop de séries B, mon prétendu frère adopté.
Je ferme mon téléphone, lui désobéis dans un soupire et me relève, prêt à marcher.

J'enfile les fringues les plus proches de moi sous le regard d'un chien frais comme un cabri.
Il me suit jusqu'à la salle de bains, je lui parle en brossant mes dents, comme tous les matins.
M'emparant d'un stylo, j'écris les mots qu'elle n'aura pas le temps de relire, je crois, avant moi.

Sortis faire un tour. On te revient avant le matin.

Je tape ma cuisse et il se lève, m'impressionne de s'être épaissi. Plus musclé que moi.
La porte se referme derrière nous et, mon compagnon sur les talons, je fends le temps.
J'avance sur de moi jusqu'à l'endroit qui restera à jamais celui où je l'ai rencontré.

Le froid ne suffit pas à me faire regretter de n'avoir pas couvert mes bras. Le molosse gambade.
Les minutes filent, quelques lampadaires trouvent même l'occasion de s'éteindre malgré nous.
Et puis, exactement où il l'avait prédit, se trouve Shawn. Il me parait plus jeune que je l'avais laissé.

- J'te présente mon associé, lui souris-je en désignant le boxer.

Je tends ma main fraîche à mon frangin, ne suis pas prêt à entamer un quelconque projet.
Réveille-moi un peu avant de m'égarer parce que je te jure que je ne sais plus chanter.
Je veux savoir pourquoi je suis là, et si, lorsque je m'en irai, tu pleureras encore une fois.

- Toutes les décisions passent par lui.

En revanche, ceci est vrai.